Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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28 September 1917
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s.n. 1917, 28 September. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Seen on 17 June 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/0p0wp9v45z/
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PARIS 3, Place des Deux-Écus, 3 Téléphone s Central 33-04 PUBLICITÉ S'adresser à l'Administration du Journal tes petites annonces sont également reçues à la Société Européenne de Publicité, 10, rue de la Victoire, Paris, qui en a le monopole pour Paris. LE XX' SIÈCLE QUOTIDIEN BELGE Directeur* : Fernand NEURAY . LE HAVRE 28ter, Rue de la Bourse, 28*"* Téléphone i 64 Beige ABONNEMENTS France...... 2 fr. 50 par mois — 7 fr. 50 par trimestre Angleterre .. 2 sh. 6 d. par mois — .. 7 sh. 6 d. par trim. Autres pays. 3 fr. par mois — . 9 fr. par trimestre L'Allemagne et la Belgique " Indépendance belge sans réserves et compensations matérielles aussi complètes que possible..." déclare M. ASQUITH au nom de l'Empire britannique Le gouvernement allemand s'est chargé de nous édifier lui-même sur le parti qu'il comptait tirer des fameuses propositions de M. von Kuihlmann au cas où les gouvernements de l'Entente auraient eu l'air d'y être le moins du monde attentifs. ■Dans ces propositions qui ont été décidées au cours d'un Conseil de la Couronne tenu le 18 septembre sous la présidence de Guillaume II, la Belgique devait servir de monnaie d'échange. C'est ce «fue déclare l'agence Wolff dans une note dont les termes ont été soigneusement calculés : L'avenir réservé à la Belgique, dit cette note officieuse, n'est pas une chose qu'on peut envisager isolément ; il ne peut être considéré que comme une des nombreuses tractations en vue de la paix et depend de tout un ensemble. La ligne directrice que le gouvernement et le peuple allemands se sont imposée pour toutes ceb tractations est qu'on ne doit procéder à aucune conquête, mais à des ententes et à des compromis. C'est là notre point de vue, mais, naturellement, à la condition que nos ennemis s'abstiendront aussi de toute conquête et ne rechercheront aue des arrangements. Cela est dit aussi pour la Belgique. Si nos ennemis sont prêts à renoncer à leur politique de eonguête économique et ? territoriale, s'ils veulent renoncer aux conquêtes qu'ils ont faites pendant la guerre sur l'Allemagne et ses alliés, nous sommes prêts, nous aussi, complètement prêts à restaurer l'indépendance de la Belgique, sous la garantie qu'il ne sera porté aucune atteinte aux croits des diverses-nationalités vivant en Belgique, et sous la réserve que la neutralité de la Belgique sera réellement garantie par des clauses sérieuses. Jusqu'à la solution de toutes les questions qui se rapportent à la paix, la Belgique, comme tous les autres territoires que nous avons conquis, nous servira de gage. On voit, bien esiquissé, le maquignonnage. Inutilé de dire qu'il n'a aucune chance de séduire l'Entente. Au moment où M. von Kuhlmann lisait sa note à Monseigneur Valîré di Bonzo, M. Asquith affirmait à Leeds la volonté irréductible de l'Empire britannique de mettre le militarisme prussien hors d'état de nuire et de ne pas se contenter pour cela du statu quo ante. « L'Allemagne, disait notamment l'ancien Premier anglais, est-elle prête à rendre à la Belgique son INDEPENDANCE politique et économique ENTIEREMENT ET SANS RESERVES et à lui accorder DES COMPENSATIONS MATERIELLES AUSSI COMPLETES QUE POSSIBLE pour la dévastation de son territoire et les souffrances subies par son peuple. ? » La réponse est venue. On sait ce qu'elle est. Si menaçante qu'elle sait pour notre existence nationale, elle n'exprime que le 6entiment des éléments modérés. Ce que pensent les autres, on peut l'imaginer par le discours prononcé lundi soir à la séance de constitution du parti de la Patrie allemande par l'amiral von Tirpitz. Parlant de la Belgique dans ce discours dont nous avons déjà signalé l'esprit, von Tirpitz a déclaré que von Moltke lui avait dit, un peu avant sa mort, qu'il était parfaitement informé de l'attitude de la Belgique, en cas d'une guerre mondiale. Aucune injustice n'a été faite à la Belgique, a dit le père de la guerre sous-marine, mais justice a été faite et nous avons la preuve die ceci : la "ielgique n'a jamais été neutre ipt, cflans l'avenir l'Allemagne et non pas l'Angleterre, doit être la puissance protectrice de la Belgique. C'est pour nous une question Vitale au point de vue économique. Il ne peut, pas y avoir de statu-quo pour nous. Nous avons besoin de compensations tangibles afin que nous puissions récupérer ce que nous avons perdu même si cela nous prend une dizaine d'années. La nation allemande pour qu'elle puisse être sauvée de la déception, doit être éclairée sur les dommages qui ont été infligés à sa situation. N'oublions jamais que quand les von Kohlmann sont « modérés » c'est pour donner plus de chances de succès aux von Tirpitz... — Stylo. " Document ignoble!..." écrit M. Stéphen PICHON La presse française continue à exprimer avec vivacité les sentiments qu'inspirent à nos alliés les propositions allemandes an sujet du sort de la Belgique. ;é II faut surtout souligner un article de il M. le sénatéur Stéphen Piohon, ancien mi-.e nistre des Affaires étrangères qui écrit 3- dans le Petit Journal qne « jamais les pré-y tentions cyniques du gouvernement du Kaiser et l'infamie de ses procédés ne se L- sont étalées avec une plus scandaleuse im-e Dudence. » e e Sous couleur de refaire une Belgique indé-e pendante et libre, l'Allemagne propose en fait de supprimer son indépendance et sa liberté. Si les suggestions quelle adresse au Vatican etaient admises, le royauipe d'Albert e 1er ne serait plus qu'un Etat feudataire de lt l'enjpire, constitué sous l'autocratie de la .a Prusse. Il lui serait incorporé politiquement, lS militairement, diplomatiquement, administra-tivement et économiquement. Il serait divisé, contre sa volonté formelle et ses plus nobles 'e traditions, en deux parties, dont l'une, sous prétexte qu'elle est flamande, deviendrait une ,s terre d'expériences et d annexion future, et ;e dont l'autre serait ligotée comme le Luxem-j_ bourg ou les armées prussiennes s'installè-.j renî, avant même la déclaration de guerre, ,s comme dans un pays conquis. i A ces perfidies, à peine déguisées sous les formules mensongères que démasquent si >t bien les télégrammes déchiffrés de la 'fehan-5 cellerie impériale (et qui émaillent en ce "j, moment même les notes envoyées par Kuihl-, mann en Suède et en Argentine pour couvrir les turpitudes de ses agents), le gouvernement L_ de Guillaume ajoute l'injure la plus sanglante x que puissent imaginer les criminels instiga-I teurs de la guerre présente « La Belgique, g disent-ils. devra garantir que, dans l'avenir, ;s « toute menace comme celle qui a assailli l'Allemagne en 1914 » sera exclue.» Ainsi s parlent les gens qui ont comploté pendant , quarante-cinq ans l'agression de l'Europe, organisé le guet-apens où ils l'ont attiré traîtreusement, commencé contre elle leurs opérations de guerre en violant le territoire belge, poursuivi leurs attentats en détruisant e les trésors d'art de la Belgique, en incendiant ± ses villes et ses villages, en affamant, déportant et assassinant ses habitants, en les sou-!" mettant à la plus vile tyrannie qu'ait enregis-■- t.rée l'histoire. Je ne crois pas qu'il y ait e dans les pièces diplomatiques connues aucun ,- document plus ignoble que celui dans lequel e figure cette abominable tentative de diver- 0 sion. , Le gouvernement du roi Albert, qui s'est à jamais couvert d'honneur et de gloire par sa magnifique conduite depuis le jour où, pris £ à la gorçre, il a préféré le martyre au parjure ' et à la dégradation, saura relever comme il r convient un payeil affront. Nous pouvons en 5 toute confiance nous en remettre à lui.. « LA VRAIE REPONSE e Dans la Victoire, M. Gustave Hervé e trouve aussi d'une audace scandaleuse les e suggestions de M. von Kuhlmann : g Quant on examine d'aussi injurieuses propositions, on se demande si le gouvernement 1 allemand, remonté et réconforté par le gâchis - où le Soviet a. plongé la Bussie, parle sérieu-;. sement, ou s'il bluife, à la manière de cer-s tains commerçants qui, à la veille de la ban-! queroute, jettent de la poudre aux yeux pour t faire de nouvelles dupes et prolonger leur . crédit. Mais que les Allemands bluffent ou ne bluf. fent. pas, à leurs trois conditions relatives à la Belgique, il n'y a pas trente-six réponses , à faire. , ' A la première condition, il faut répondre ® en fabriquant, chez les Alliés, toujours plus ® d'avions et en dressant toujours plus d'avia-® teurs, de façon à être, au printemps prochain, , les maîtres incontestés de l'air. A la seconde condition, répondons tous en , fabriquant toujours plus de canons, plus ;' d'obus, plus de mitrailleuses, plus de grena-'• des, et plus de gaz asphyxiants. ' A la troisième condition, répliquons en ® construisant toujours plus de navires de transports pour faciliter le ravitaillement des Alliés d'Europe et pour permettre aux Amé-* ricains et aux Japonais de venir rapidement à la rescousse. Après cela nous reparlerons avec les Alle-a rrnands de leurs conditions relatives à la Belgique. 1 Même note indignée dans l'Evénement sous la signature de M. Pierre Bertrand : ■Ces propositions sont, à parler franc, un monument d'impudence. Elles seront reipous-sées avec mépris. Elles le sont déjà. A un peuple héroïque qu'elle a martyrisé l'Allemagne offre la servitude ! Qu'en pense le Vatican et que va-toi en î dire ? 1 Dans tous les cas, l'opinion des Alliés ne s fait pas de doute. On ne discutera même pas ces conditions. ! LA BATAILLE DES FLANDRES — g"i' m BEIMIM mon m commis Ti« ont fait 1,614 prisonniers ie L'AVIATION EST TRÈS ACTIVE Après-rrLidi. Les derniers rapports font ressortir l'ex-trême violence des combats livrés hier après-midi et dans la soirée sur le front de bataille. L'ennemi a fait les plus grands ■ efforts pour reprendre les importantes positions que nous lui avions enlevées. Entre 1G heures et 19 heures quatre puissantes contre-attaques ont été successivement lancées contre noire nouveau front Tetve? jl -H amie t et la route de Saint-Julien à Gra-venstafel.La lutte a atteint le plus haut degré de violence dans le secteur sud du bois du Polygone, où les troupes anglaises, écossaises, galloises et australiennes ont brisé les efforts répétés de l'ennemi contre nos positions. Les attaques allemandes ont été toutes repoussées après une lutte achar- , née, où nos feux d'artillerie et d'infanterie ont fait subir aux assaillants de& -pertes . extrêmement élevées. , Vers la fin de la soirée, la bataille a fini par s'arrêter, nous laissant maîtres du ' terrain conquis au cours de la journée. Soin. Nous avons eu hier, après avoir atteint tous nos objectifs, à faire face à sept puis- , santés contre-attaques lancées dans l'après-midi et la soirée. Toutes ont été rejetées avec de fortes pertes pour l'ennemi. Le chiffre des prisonniers faits par nous au cours des opérations d'hier s'élève à mille six cent quatorze dont quarante-lmit officiers. Nos pertes sont légères. Notre position a été aujourd'hui légèrement améliorée sur le front de bataille au ( Sud du bois du Polygone. Grande activité par intermittence des deux artilleries au , cours de la journée. j Hier, le temps brumeux dans la mâtinés, , est devenu nuageux dans le courant de la -, journée et le vent d'ouest a soufflé avec , violence Nos aéroplanes d'artillerie et d'infanterie ont néanmoins déployé une ( très grande activité dans la zone de ba- ( taille. Nos pilotes ont harcelé tout le jour par leurs feux de mitrailleuses les troupes ennemies dans les lignes de combat et les réserves stationnées à l'arrière. Ils ont tiré ' environ trente mille coups en descendant ' quelquefois jusqu'à trente mètres du iol et dispersé de nombreuses formations d'in- -, fanterie allemande. Ils ont pu tirer sur . trois canons ennemis se portant sur de < nouvelles positions. Les attelages de deux de ces pièces se sont emportés et la troisième a été culbutée. L'aviation allemande a opposé une vi-aaureuse résistance et de très nombreux > combats se sont engagés à faible hauteur. 1 Les pertes ont été lourdes de part et d'au- • tre par suite de la difficulté de reprendre la direction des appareils atteints à faible i hauteur. ' M. Brouville écrit de même dans le Radical : > A la base de la paix qu'il offre à la Belgique, le gouvernement, allemand place la con- < sécration matérielle de son attentat. Après avoir violenté cette noble nation de toutes manières, après l'avoir martyrisée, l après l'avoir coupée en deux, il prétend au- ( joturd'hui entretenir les blessures et empêcher 'la guérison. Pour s'assurer du résultat, Anvers deviendrait port allemand et toute la vie économique du pays serait régentée par 1 Berlin ; de plus, par toutes sortes de condi- S tions de détail qui, lui seraient imposées, la < Belgique serait maintenue en état de vasse- ; lage. Son territoire serait le glacis d'où s'é- ( lanceraient plus tard les armées allemandes pour assaillir une dernière fois l'Angleterre 1 et la France. i Si M. de Kuhlmann et son maître sont sin- s cères dans leur désir de paix, qu'ils évacuent i la Belgique et paient les dommages causés 1 par leurs armées. c La Libre Parole constate qu'après les £ belles tirades de M. Michaëlis sur la So- £ ciété des Nations et l'arbitrage obligatoire ^ la note lue au nonce de Munich fait, de- i van t l'univers entier, la preuve de la mau- i vaïse foi, de l'hypocrisie, da ,1a duplicité è et de la sournoise mégalomanie de l'Allemagne. Le temps a entravé dans la journée les opérations de bombardement de quelque envergure. Pendant la nuit plus de deux tonnes d'explosifs ont été jetées sur les réserves ennemies à l'arrière du front de bataille.Sept appareils allemands ont été abathis en combats aériens et trois autres contraints d'atterrir désemparés. Cinq autres <té-",onl,anes ennemis ont été abattus par nos feux d'infanterie. Treize des nôtres ne sont pas rentrés. COMMUNIQUE BELGE Activité d'artillerie assez grande 'au cours des deux dernières journées. Nous avons exécuté des tirs de riposte de nuit sur les communications de Vennemi et ca-nonné plusieurs de ses ouvrages et observatoires. Notre artillerie de tranchées à terminé, à son avantage, une lutte de bombes au Nord de Dixmude. Hier 2G, en coopération avec l'action des artilleries française et britannique, nos batteries ont pris à parti quelques batteries allemandes de la région de Dixmude. Aujourd'hui 27, une reconnaissance ennemie a été repoussée à la grenade au Nord de Dixmude. Notre aviation a exécuté ses. missions journalières. COMMUNIQUES FRANÇAIS 14 heures. Sur le front de l'Aisne, les Allemands ont manifesté dans la soirée d'hier et au cours de la nuit une particulière, activité. Après un violent bombardement de nos positions depuis les Vœuxmérons jusqu'à l'ouest de Cerny, Vennemi a attaqué, au sud de l'Arbre de Cerny mais il a dû, sous nos feux, regagner ses lignes, non sans avoir subi de lourdes pertes. Une seconde attaque déclanc.hée ce matin à Vaube, entre le plateau des Casemates et le plateau de Californie, a été également repoussée. Une opération de détail effectuée par nous à l'ouest de la ferme Froidmont nous a permis de ramener des prisonniers. Deux coups de main ennemis, l'un sur la rive droite de la Meuse dans la région de Beaumont, l'autre en Alsace dans la région du Linge, ont complètement échoué. Rien à signaler sur le reste du front. 23 heures. Actions d'artillerie intermittentes sur la Plus grande partie du front, plus vives dans le secteur au Sud d'Aillés et dans la région au Nord de Douaumont, Un coup de main ennemi dans la région de Beaumont, rive droite de la Meuse, a échoué sous nos feux. « Laissons l'ennemi à ses soliloques, écrit la République Française ; il ne mérite pour l'instant pas d'autre réponse que celle du canon ». _ C'est aussi la réflexion de la France militaire qui dit qu'il n'y a qu'une conclusion à tirer de tout cela : Il n'en faut tirer qu'une conclusion, la seule vraie, la seule à retenir : c'est que l'Allemagne est à bout, c'est que le souffle lui manque ; c'est que le dernier quart d'heure est arrivé pour elle. A nous d'en profiter, à nous d'avoir l'énergie voulue. Que les faibles et, les hésitants se rappellent toute l'histoire de la guerre, le fol orgueil allemand, son appétit insatiable, ses cruautés, son vandalisme. Pourraient-ils supposer un instant que la modération, le désir de conci-lition sont intervenus en quoi que ce soit dans la réponse boche ? Allons donc ! Ce serait méconnaître la plus aveuglante feinte. Le Boche parle même de céder, parce qu'il se sent battu ! Il recule comme il reculait en mars 1917. entre Meuse et Oise. N'écoutons rien de tout ce qui peut cacher ce fait. Il recule. Donc il commence à être battu. Sus à lui de toutes nos forces ! Il parle ! Achevons de l'assommer, et nous aurons la paix nécessaire au monde. AD FRONT BRITANNIQUE Autoir de la victoire fc la route de Neeit Comment les Boches apprirent qu'ils avaient affaire aux Australiens — Un chien courageux — Un four crématoire — Des journaux pendant l'assaut m Cg* ~ 1 Quelque par$ en Flandre. | A peu près à mi-distance de Westhoek à j ; Zonneheke, à 500 mètres au nord du Ha-: nebeek et au point le plus élevé de la route ' oui relie ces deux localités s'élevait une 1 vaste ferme que les troupes britanniques dénommaient Anzac Farm. D'épais béton-: nasres l'avaient transformée en fortin et^ en • poste d'observation. Grâce à sa position ' dominante, cette redoute, non seulement ' barrait la vue vers Zonnebeke, mais en : même temps permettait aux observateurs ennemis de surveiller tous les mouvements opérés par les Alliés sur la portion du front comprise entre le chemin de fer d'Ypres à Roulers et la forêt. d'Houthulst. ; Une compagnie australienne avait été chargée de s'emparer de ce point. Les trois officiers chefs de 'peloton, liés d'auii-' tié depuis de longues années s'attendaient à voir l'un d'eux tué au oours de 1 atta-' que, car les officiers australiens ne se laissent jamais devancer par leurs hommes à l'assaut. Aussi l'un des trois lieutenants avait-il emporté un drapeau australien, aux étoiles blanches sur fond bleu, qui ; devait être planté sur la tombe de celui qui tomberait. Mais les soldats de la com-' pagnie suivirent les feus de barrage de si près qu'ils parvinrent à leurs abris sans perdre d'officier, avant que les Boches aient eu le temps de tirer. Les otflfMers décidèrent alors de fixer leur étendard sur Anzac Farm même. Les Allemands apprirent ainsi sans retard quelles étaient les troupes qui avaient réussi l'extraordinaire exploit d'enlever en trois heures de temps les formidables positions d'Herenthage, du Bois des Nonnes ei la crête du Polygone, dont la possession par l'ennemi interdisait impitoyablement toute avance de nos alliés tant vers Men'in que vers Roulers. r * * Quand les Boches enfermés à l'intérieur de l'abri d'Anzac Farm se furent rendus, les soldats australiens furent surpris de voir un grand chien roux, genre berger, suivre les prisonniers. Us remarquèrent aue l'animal portait un tube métallique suspendu à'son collier. Comme le .chien était de bonne composition et qu'il faisant « Kamarade » à sa façon en frétillant de la queue, les Australiens curieux détachèrent le tube. Celui-ci contenait un ordre, en- • \oyê tout juste avant la prise de l'ab,ri par le colonel' du régiment allemand — de 1 Ersatz de Bavière — d'avoir à reprendre, ; coûte que coûte la ligne de trous d'obus et d'entrer immédiatement en com nunication par fusées de couleur avec l'artillerie. Le , chien, traversant plusieurs barrages, s'é- , tait acquitté admirablement de la mission que lui avait confiée le colonel. On ne peut pas en dire autant de tous les soldats boches. Pour récompenser le brave toutou, de sa • vaillance, l'état-major de la brigade 1 a- ( dopta comme mascotte, lui promettant force reliefs — rien de la cuisine allemande — et plus de sales commissions à faire. r* * * Les Boches renfermés dans Anzac Farm ■ eurent de la chance d'être faits prisonniers. Ceux qui occupaient un abri voisin, -de dimensions énormes, eurent un sort moins enviable. Encore une fois les Aus- : traliens arrivèrent sur eux, sous la protec- ; tion des tirs d'artillerie. Les Allemands : avaien-t fermé la porte d'acier et ne pa- : raissaient pas vouloir se rendre, bien qu'ils i fussent dans l'impossibilité de se servir de leurs armes, les assaillants étant au ; contact de l'abri. Pendant quelques minu- ■ tes, les troupes britanniques essayèrent ' vainement de les faire sortir par persua- i sion. .Rien ne servait, ni les noms tendres, j ni les noms d'oiseaux. On utilisa alors i d'autres arguments plus convaincants sous < forme de grenades envoyées par les meur- i trières et les trous d'aérage. A la sixième 1 grenade, d'énormes flammes surgirent sou- ( dain par toutes les ouvertures. Un dépôt i de fusées lumineuses avait pris feu à Fin- 1 térieur. Naturellement tout ce qui se trou- ] vait dans la redoute, tables, chaises, lits, ] ! bidons de pétrole pour ;flammenwerfer, ! munitions, etc., se mit à flamber. Trente I heures après, l'incendie durait encore et dégageait une chaleur telle qu'on ne pouvait en approcher. Quant aux Boches qui se trouvaient à l'intérieur, s'ils avaient exigé dans leurs dispositions testamentaires d'être incinérés, ils ont été servis à souhait. r * ! * * Encore une petit™ histoire, moins macabre et qui fera plaisir aux braves soldats vendeurs de journaux au front belge, qui journellement risque leur peau aux tranchées pour apporter à nos « iasses » le <( Vingtième' » jusqu'en première ligne. Donc les Anglais devaient avancer ert trois bonds jusqu'à l'objectif fixé par la haut commandement. Après le premier bond, il devait y avoir un arrêt assez long! pendant lequel les hommes n'avaient rien à faire qu'à attendre. Un général de brigade trouva le moyen d'occuper le loisir de ses soldats. Il envoya, immédiatement derrière la vague d'assaut, des hommes, convoyant un mulet chargé d'exemplaires des journaux illustrés les plus populaires et tout récemment parus. Il y en eut pour tout le monde. Les soldats pour remercier leur général lui expédièrent quelques heures après un lot de trois cents prisonniers. A. MATACNE. ——.. . wvwv • . INQUIÉTUDES ALLEMANDES Que prépare le Japon? On se préoccupe vivement, en Ailemâ* . - gne, des intentions du Japon. Le critique* militaire connu, major Mohrat, a examiné la question dans la « Deutsche Tageszei-< tung », au cours de trois articles d'ailleurs très- vagues et peu concluants. Néanmoins l'écrivain militaire croit pouvoir rassurer son public : « Après mûr examen, dit-il, lai cirainte s'évanouit de voir le Japon arriver; au secours de la Russie. » De même, les « Hamburger Nachrich-ten » trouvent que les formidables prépa* ratifs de guerre des Etats-Unis sont plutôt dirigés contre le Japon que contre l'Allemagne.. Il ne pourrait être question, pour le président Wilson, d'envoyer, en Europe une puissante expédition militaire, de dégarnir ainsi les côtes américaines et de1 s'épuiser dans une longue guerre, tant que la menace japonaise n'est pas écartée dei l'Amérique. « De là, d'après l'organe pamgermaniste,. les négociations en cours entre Tokio et Washington et la mission du vicomte Ishii en Amérique. On pense accorder au Japon l'avantage commercial de ravitailler lai Russie, ce qui occuperait sa flotte et sort activité tout en détournant son attention loin des côtes américaines. » Il y a comme un mot d'ordre dans la presse d'outre-Rhin : Le professeur Hoetzsch, dans la pangermaniste « Gazetta de la Croix » parle de la même façon. Le but est clair. Rassurer le public allemand effrayé et jeter la zizanie et la suspicion entre ces deux anciens rivaux que furent le Japon et les Etats-Unis. Seulement les organes allemands se gardent bien de montrer la vraie solution, celle que le Japon a, loyalement offerte pour dissiper toute méfiance : Cette solution c'est que, comme les Etats-Unis, le Japon « entre des deux pieds dans la guerre ». Et cela est possiole même, en dépit de l'argumentation peu solide du major Mohr.at. La transsibérien est pour le moment l'objet de grands travaux : Il s'agit de mettre cette immense voie ferrée à même d'effectuer des transports intensifs. Quoi qu'il doive circuler sur ces 5,000 kilomètres de rubans d'acier, hommes ou matériel et munitions,-tout ce qui passera venant du Japon sera pour l'Allemagne une cruelle surprise, au prochain printemps. — P. CfcU. O U- | OU Uiu. oui U i FEUILLETON DU « XXe SIECLE » 13 EN MARGE DE CYRANO Le Filleul inconnu PAR JULIEN FLAMENT ' {Suite) Je vous dis nous, car deux lettres, sous la même enveloppe, venaient de notre petite ville. Dieu sait comme elles auront passé la frontière pour, d'abord, venir en Hollande ; et si le brave homme qui les portait n'y manqua pas laisser sa peau. Une lettre de chez nous ! Nous étions tout pâles, marraine ; et nous n'osions pas lire. Qu'apportaient-elles ? Rien que de n. bonnes nouvelles : que tout va bien chez nous ; mon père, ma mère — à part que ses cheveux ont blanchi davantage — et ma sœur qui m'écrit, comme naguère, je crois vous l'avoir dit, marraine ? Le serin a mué. il chante mieux ; la chatte a des 'chatmîs ; le pharmacien, qui était veuf, t'est remariée La. vie est chère, a km s&urk p 3 me marque le prix des denrées. Mais je - m'y entends si peu ! L'on nous attend • l'on attendra, aussi longtemps qu'il le faudra, pour que nous rentrions vainqueurs. C'est tout mon pays en ces quelques li-qnes. marraine ; c'est toute la Belgique, qui tient bon, qui souffre et qui sourit ; et qui dit « Je vais bien ». Toute la race, inhabile aux phrases, fru-ste, insensible en apparence ; mais dont la douleur et l'amour sont plus profonds, de ce qu'elle les exprime moins... Je vous parlais, marraine, d'une grande joie. Je vous disais vous souvient-il ? que je voyais s'asseoir, parmi les miens, quelqu'un qui n'était pas encore de la famille. A la très jeune fille que je devine en vous, s je n'osais pas, vraiment, en dire davan- - tage. J'avais laissé, chez nous, une amie, t Ma sœur était notre seule confidente ; nous 1 nous rencontrions souvent au pied du s Monument. Le « Monument ? » Voilà,, marraine : le s Monument, c'est une très vieille chapelle s où Von prie la sainte Trinité ; en dessous, 5 creusé dans le roc, il y a un saint Sépul-z cre, où dort, — depuis que je suis tout pe- 2 tit,' je l'ai toujours vu dormir — le Christ t enseveli. Tout au sommet du roc, plus haut e que la chapelle, se dresse une croixt de i pierre, couverte d'un clocher, comme légli-s sette et la grotte. Derrière, de grandes prai-', ries plantees d'arbres et de bouleaux, sont r\(fleuries, du colchi&u&s. tout Vautomnes Noms} ? nous y sommes promenés souvent ; c'est là \ i que, pour la première fois, nous avons 1 , parlé d'amour... s Alors, ma mère et ma sœur ont rencon- r. - tré Henriette à N.-D. des Grâces, où Von ; , dit, tous les samedis, une messe pour les i t soldats : « Tiens, disait ma mère à ma ( - sœur, pour qui donc Henriette — qui n'a 1 1 pas de soldat dans sa famille — pour qui _ - donc vient-elle prier ? » Ma sœur a fini par s lui dire ; elles se sont revues à l'ouvroir, r où Von travaille pour les pauvres et pour 5 les prisonniers. Henriette est venue chez j 2 nous... c Cette lettre, — bien longue, marraine -— " . ne vous a pas dit la moitié de ce que je , voulais vous dire, de la joie que nous - avons eue. Car les nouvelles pour mon ami . étaient aussi bonnes que les miennes. Vos s lettres me rappelaient les bonnes lettres t de ma swur. Mesurez au bonheur que j'ai de la sienne, la joie que nous donnaient e les vôtres... e XII QUI N'EST GUERE QU'UN . MONOLOGUE... j f Chacun de nous a sa blessure, j'ai r ' [la mienne... ^ * (« Cyrano », acte V, scène V.) j Rose — qui a passé quelques jours chez c une de ses tantes —■ rentre ce soir. Avant c t son départ, elle a chargé Mme Lemeunier £ s dia lix« les lettres de ses fiJ|euis et d'y £é- [i — U J-.; - W i poudre — sauf au septième —. Une longue s habitude a formé Mme Lemeunier à la résignation; elle a répondu aux vieux de la - Territoriale; aux Morvandiaux dont le ciel i a béni la famille; même au tirailleur, qui s appelle sur Rose l'effusion des faveurs i d'Allah. Elle a lu la lettre de Songeux-Gri- '[ bammont, et s'est d'abord sentie soulagée 1 — et satisfaite : r — Je l'avais bien pensé ! Ce jeune hom- ' me aime, chez lui; un étudiant, à vingt- . quatre ans qui n'aurait pas d'amie, serait " bien le premier!. Si Rose s'est fait des illusions, elle en sera bien guérie... Il est tout ~ de même peu délicat, ce Monsieur : pren- j dre ma fille pour confidente de ses amou- ^ rettes... Voyons, Madame Lemeunier, à qui s veux-tu qu'il les conte ? L'<\>sentiel egt. qu'il s n'aime pas ta fille, et tu t'alarmais à j tort. t * * — Et si Rose allait en souffrir ? Si elle s'était mis en tête que ce jeune 'homme l'aimait ? Elis tenait tant à ses lettres, elle les attendait ; des phrases, i parfois, auraient donné à croire... j'ai dé-' jà pensé à lui écrire, à ce filleul... Rose ! ma pauvre petite ! Elle croyait peut-être, z ou, du moins, elle rêvait d'être aimée ; t quand elle saura... Mais je l'ai interrogée; r elle m'a dit non... Avec cela, Madame Le-.- .meunier, <ju<o les jeunes filles disent tou- e jours la vérité .à leur mère ; et que toi-mê- dt - me, quand tu aimais feu, Lemeunier, tu jo i l'aurais avoué, avant qu'il fût agréé par te 1 tes parents... m i Et le regard de Mme Lemeunier s'arrête at s sur un portrait placide et fin, qui lui sou- . rit. e -*»' er t© — Ai-je été sotte, aussi, de lui permettre Si - ce filleul ! Quelque chose me disait bien... - Est-ce ridicule, ce marrainage ? Et faut-il, j-,. t en temps de guerre, songer à cela ? Au- 1 - r.ait-on, voilà trente ans, toléré cette cor- t respondance avec des jeunes gens ? avec ± - des soldats ? N'en est-il pas, parmi eux, dc - qui ont plusieurs' marraines, et content i fleurette à chacune ? Alors, ce monsieur ^ 1 se serait moqué de moi ? moqué de Rose i i Et que lui faut-il donc, si ma fille ne lui plaît paÏK 11 ne l'a jamais vue, il lui en- m voie de^ettres qui lui tourmente la tête; et puis, un beau jour, lui annonce : « Vous savez, je vous écrivais pour passer le s temps; mais j'ai reçu des nouvelles des s miens. J'ai, là-baSj une petite amie à qui , j'imaginais écrire, en vous tournant des - billets doux. Je l'ai retrouvée, elle m'aime; bo ! il me reste à vous remercier... Ah ! mais ! , je vais lui écrire à ce jeune homme ! » ; ' • '! ch « « ,- Et Mme Lemeunier aurait tenu parole, - si elle! n'avait soudain ®edisé au, jeune sol- . dat, presque aveugle, qn'elle avait, un jour, guidé par la rue affairée. Elle l'entendait répondre à sa question par' ces nipts : tt En Belgique, Madame, lors d'une attaque avec le liquide enflammé... » En Belgique i Qu'avait-elle — elle-même — dit à Rose en rentrant : « Ne tarde pas à leur écrire; tes lettres, peut-être, sont leur seule joie.... Si quelqu'un a tort, c'est moi, par faiblesse, par imprudence : faites alors, mou Dieu ! que ma petit-fille ne l'aime pas, ou que, du moins, elle ne souffre pas trop ! Rose revient souriante, animée : « La! tante va bien ; elle a de bonnes nouvelle^ de ses fils. Les soirées, déjà, sont froides, à la campagne ; pauvres soldats! Qu'il fera froid l'hiver sous le gel et la neige l Et, tout de suite : — Est-ce que mes filleuls ont écrit, maman ? Est-ce que tu leur as répondu ? ' Madame Lemeunier affermit sa voix : — Tous ont écrit, Rose ; à tous, j'ai répondu, et envoyé le colis d'habitude. — A tous ? — Qui, mon enfant, sauf au dernier. S al lettre est arrivée ce matin. Il a eoi, de bonnes nouvelles. — Lesquelles, dis, m,aman ? — Voici sa lettre. Rose, des nouvelles de chez lui : de son frère, de sa mère... (A suivre.) (l TROISIEME ANNEE. — N° 1070 ' Le Numéro : ÎO oentiïîies "VENDREDI 28 SEPTEMBRE 191^

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This item is a publication of the title Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique belonging to the category Katholieke pers, published in Bruxelles from 1895 to 1940.

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