Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

1816 0
close

Why do you want to report this item?

Remarks

Send
s.n. 1914, 18 August. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Seen on 02 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/5m6251g74x/
Show text

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

ABONNEMENT© Pour toute la Selgique Un an. . ♦ . . . . ft. 9.00 Six mois ....... 4.110 Trois mois . , . . . . 2.S9 Gr.-Duché de Luxemb. 20.00 9nios postale. ..... 30.00 Directeur : Fernand NEURAY Editlcn (6 h. $oir) Edition {10 h. soir> Edition Sf- (minuit) Tóléphones 3646 et 3S8Q Instant are omnia in Ohrlsto x Rédaction et Administration : 4, impasse de la Fidélité, 4, Bruxelles ANNONCES Annonces ordin., petite ligne , 0.40 Réclames (3° page), la ligne. 1.50 Faits divers corps . « » 4.00 Faits divers fin. . • » S.QO Réparations judiciaire» v 3.00 Mécrologies • 2-00 Les «nnonces sont revues au bureau du Journal 5 centimes Ie numéro A BEAURAING EN 1870 C'était au vi'lüage de ma mère,a Beauiraoing, aux confins de l"Ardenne ét die la Famenne, après Sedan. Ma plus grande préoccuipa.tkm, em ce temps-la, était de m'expliquer comanemib la vachs uoire avait, dans le car til die la-hauit, avalé Le Petit-Pauoet et 1'avait fait ressolntiir ensuite, après ie passage de 1'ogre, sans lui causer lie moindre pré;j udT.ee, comme nouis fe-rions d"uin noyau de cerise aboorbé par mé-garde.M-ais la résolution die oe grave problème Int brusquement interrampue, car lia maison si tranquille, dans les chambm^s de laquelk-jiofctait coinm-e an regret du tenips passé, avec une odeur de réséda, la vieille maison pai'sable et calme, aux habitudes réguliere, se remplit de mandie. L'e.scafer de cnêne nek, avec sa rampe seulptée, fut mains luasant que d'habitude ; je ne voyais_ plus mo-n reikt monter avec moi lorsque 3'en gravissais les dogrós. Et les ch ambtfes mystérieuises, de puis 'longfcemps iinutiiiles, oü 1'on n'entnait plus que narement. oü rêvait, au milieu des reliques, l'&me d'une autre époque, mie de-vi 11 nent vite familières. Outre quelques chasseurs beiges en logement chez nous, faisant partie du petit corps d'armee qui était allé surveilüer 'Ba fronttiière, mon aieule avait reeueilli trois ou quiatre soldats frangais d'armes diverses. L'un avait la tête entourée d'un bandeau de todle blan-che qui sedonnait des airs de turban, un autre portait le bras en écharpe, un troisTième marcnaiit avec Une béquiiiMe, la jambe eanmi-touflé dans des linges. Dvans eet encombrement, comme les femmes n'avaient plus le temps de s'occuper de mod, ils se chargèrent de ma smrved'lllance. Je no fais-a.is que gagner au change; aussi fümes-nous bi en vite de grands amis. Je n'avaiis pas encore pu pénétrer la cause do tous ces évónements, lorsquie nos hötes m'ennmenètent au chateau dont on voyait, de chez nous, se profrler sur le ciel 'la ma.se e des touirs et des toits pointus. Nous atten-dimes quelque temps sous les hêtres de 1"esplanade, puis un cortège déboucha die la cour d'honneur, précédié du prêtre et de fcroiis enfants de choeurs, parmi lesquels mon cousin Oct-ave, qud branckssait la croix. Des hommes portaient quelque chose qui était recouvert d'un grand dnap nok avec une croix blanche au milieu. Ce dvap était tenu aux ooins par des soldats qm avaient Tak bieoi tniste. Je me seuviens aussi du man-teau bleu, d'un eabre et d'un cheval qui boitait. On me <lit que c'était 1'enterrement du généd-al Margaieritte. II me sembla bi zarire que ce général eüt le même nom qu'unie de mes petifces amies. Mais mes fa-rouches compagnons répondiitrient a mes questdons par un : « Petit bèta! » qui ne me porm.it pas d'en demander davantage. Nous nous mimes a la suite du chevai qui _ bcitaifc ^t ia theorie _fnTtémai»*e diesceodii le viillag-e, entre les maisons de pdeore grdse couvea'te cbe chaume, précédées de leurs fu-miiers bruns. Elle prit la route de Martou-7.in, longeant le bois d'Ouchi, dotré par 1'au-fcomne ,et les grands prés 011 1'on fanaat le regain. La trifiitesse grise d'un léger brouil-lavd flottait dans 1'air et des pleurs de ro-sée pen daden t aux filfe de la Vaerge acoro-chés aux épines des haiiles. Lemtemeait, parmi lies chan.ts de moirt, on s'achemdnait vers oimetière. Je mo sooiviens de la fosse oü descendit lle oeffcueid/ca-r un de mes oncd'es, éfcant mort pen de temps après, fut enterré tout a coté. Pluis tard, quand on exhuma le oorps de J'hén'oïque chasseur d'Afrique pour ie trans-porte-r clans «on pays, ma grand'mère rache-ta ie tnou pouir edlle, afin de reposer a. cöté de soai fiils. Elle y est mamtenarat. Nous retrouv^mes un peu no® aisies le jour oü, lés claÏTons ayant sonné au milieu du villlage, les pioupdous beiges nous firent lleuirs adieux. Leiw départ ne manqua pas die solenndté. Le ralflii'ement se fit suir la route de Dinant. Quand nous y arrivames, les officiers con-ver©aient en groupes devant chez Tautaume, a cöté d'ume bande d'odes qud oacardaient. On claironna une seconde fois et de tous les oarnefouiis on vit amver les retarda-taires, de shako sur le cöté, le fusil a la maan, le sac ballottant sur le doe avec la. gamalle, les basques de la capote flo.ttant au vent. ? Les pelotons s'esquassèrent et l'an fit 1'appel. Quand1 les rangs fua-eai/t formés, le <;olonel tira son grand sabre du fourreau et langui urn comman<iement d'une voix formi-dabl'e. On entendit un oldquetis d'ai'mes, le bruit étouffé d'un ohangemeint de fremt et tout le régimenrt) fit face au hiord de la route, présentant les armes aux blessés frangai^s qui étaient venus pour le voiitr partir. Le cobaneil s'avang.a vers eux, iles salua de son éipée, puis, s'étant déeouvert-, dit d'uoe vodx emuie : « Honneur et gïioine par tout a ceux dont le sang a coulé pour lla patrie!» Je ne m'expliquai guère oe qui se passa a oe moment-la, mais je vis ces hommes ba-is-ser ki tête et j'enbendis mes compagnons ©oupirer, oomme j'avais iiemairqué que font les gens quli ont du chagrin. De nouveaux commandements retentirent et de nouvieaux cliquetOs d'aranes, les Fran- n saluèrent eit le régiment s'ébranla. On it sinuer avec la route, comme un dragon aux scintillantes écailles, et ientement lil dai9pa.rU/t au tournant de Berry. Un temps heureux, plein d'imprévu et de pittoresquie, commenga. pour moi. Débar-rassé dio 1'autaraté t&tiiMonne des femmes et de leurs craintes riddoules, je savournis le bonheur de la liberté en compagnie de' mes 'amns. Leurs blessures se guérissaient Ientement et, pour passer le temps, ils arran-geaient Ie jardin ou me fabriquaient des iouets. Nous rodions toute la journée "dans les etables, le fournil, la grange oü 1'on bat-tait le gJ'ain et 1'enclos. Quand on cuisait le ^uln'jfC nous que 1'on chargeait de chaulfer le four. Quelle joie de jeter les fa-gots au chenil, de les enfourner dans le trou noir avec de la paille, puis de voir s'illumi-ner une gueule béante et de grandes lan- fies de feu sortir et lécher le raur ! t puis, on ne nous oubliait pas. Dans un coin du pétrin, Catherine roulait P?ur nous des raubosses, dont nous atten-dions avec impatience la cuisson pour les manger aussitöt, toutes brölantes. *** Souvent, mon grand oncle, le vieux Blanc, arnvait du bois faire la conversation avec nos hoies ,pour qui il avait de 1'amitié, car il prétendait avoir connu le père de l'un d'eux aux armees de Napoléon. C était un persoiinage peu banal que le vieux Blanc. II mourut a 96 ans, non point de sa belle mort, comme on lo supposerait a inais du chancre du fumeur. Je ne 1 ai jamais vu autrement que tirant sur un brüle-gueule dont le tuyau n' était pas plus long que mon petit doigt et dont le fourneau touchait sa moustaene, Sa pipe lui joua donc un vilain tour; mais cela ne le décida pas a 1'abandonner; il mourut en la serrant entre ses gencives! On le voyait, a 1'heure dite, descendre la route, guêtré de cuir jaune, en blouse bleue, la casquette a oreillettes placée au poi^net par une lanière de cuir, enveloppé toujours d'un nuage dc fumée. Sa- voix 1© précédait comme un tonnerre. Mes compagnons, séduitr par ce charme martial, se mettaient au port d'arme pour lui souhai-ter le bonjour. — Ahl m'fi, disait-il en m'élevant dans ses bras jusqu'aux solives du plafond, est-; ce que tu es toujours un homme 1 Un homme, a mon Hge, pour le vieux Blanc, cela consistait a être turbulent, dif-ficile, k ne point obéii aux femmes, a ré- f>ondre en regardant son interlocuteur dans es yeux, dans un langage de corps de garde. IÏ m'empèchait aussi de me laisser em-brasser par mes tantes, mes cousines et toutes autres personnes de ce sexe : — Si tu te laisses1 embrasser par elles, m'fi, tu n'auras jamais que de la barbe de commère! Je ne sus jamais exactement en quoi pou-vait consister la barbe de commère, mais c'était pour moi la pire des choses. Toutes les hontes me paraissaient résumées en ces mots. Du reste, quand me remémore le ton d'impitoyaDle mépris du vieux Blanc lorsqu'il parlait de la barbe de commère, je suis encore tout inquiet. La cohviction de ce ton coupait court a toute réplique. Aussi quand une bonne femme voulait me pren-dre dans ses bras et me donner un baiser, me mettais-je a me démener comme un diable, a frapper des pieds et des poings et même a menacer de mordre; enfin, je de-vins inapprochable. Le vieux Blanc, d'après ses récits, avait été de la Grande Armée. II parlait avec abondance de 1'incendie de Moscou, du passage de la Bérésina, de la destruction des drapeaux. L'Empereur lui avait frappé sur 1'épaule en lui disant : «Mon brave ! » et cela ne manquait jamais d'exciter 1'admi-ration des auditeurs. II fallait 1'entendre parler de la guerre, devant un quart de péket "qu'il avait fait chercher au cabaret de Cadie Perruque; la voisine. Les favoris blancs qui encadraient sa figure lui donnaient un air de ressem-blance avec Guillaume, le Itoi de Prusse? mais ses petits yeux pétillaient de vivacite et sa moustache blanche tremblait quand, ayant retiré le brüle-gueule de la bouche, il s'écriait : — Ah! si 1'Empereur pouvait revenir, comme il les ba,layerait tous depuis Paris jusqu'a Berlin! Oüi, il les chasserait devant lui comme un troupeau rle pojres et les pousserait jusque dans la mer! Puis, ii ferait fusiller les traïtres qui ont frappé la patrie dans le dos a Metz et a Sedan! Et les Francais, le visage Mve, les yeux luisants, les dents serrées, le cou tendu, la pomme d'Adam saillante, 1'écoutaient avi-dement,' buvaient ses paroles avec d'A.pres délioes. Puis, aïLlumés, iSls mettaient a hur-ler avec lui. Et 1'on eüt dit une bande dft loups affamés. Ah! oui, mon oncle le vieux Blanc était un héros et je me sentais 1'élme d'un con-quérant quand, après ces proclamations energiques, il mettait sa main sur ma tête et disait, comme si le doute ne fut pas possi-ble : « Toi, tu seras soldat et tu te souvien-dras de nous! » Mes amis, élcctrisés, me levaient dans leurs bras et, résumant en ces paroles leurs espoirs confus de revanches et de vengeance, répétaient : « Oui, tu seras soldat et tu te souviendras de nous! » Et ils me faisaient promettre de me souvenir d'eux dans ma gloire future. Comme on le voit, mon éducation était en bonnes mains. Je ne tardai pas a faire de grands progrès et a me rendre digne de tels maitres. Ma grand]mère essaya bien de réa-gir contre un pareil système, qui n'était re-commandé par personne, mais le vieux Blanc s'emporta : — Voulez-vous faire de lui un gamin comme la plupart de ceux dé maintenant ou bien un homme comme moi, comme feu son grand-père, un homme. enfin! dit-il en torturant la malheureuse taole qui gémissait sous ses coups. II faut le dire pour que 1'on sache a quoi s'en tenir! Ah! les heureux jours! *** Uri matin, 1'oncle était arrivé plus tot quf> de coutume et, ayant a toucher 1'argent de ses regains, nous avait emmenés chez le gref. fier, qui habitait a une extrémité du villa-ge, sur la route de Bouillon, au Ti-voli. Nous cassions une croüte dans la cuisine en écou-tant le vieux Blanc qui racontait pour la quantième fois la retraite de Russie, quand 011 nous cria de la porte : « Yenez voir, ve-nez voir! » Nous courümes au dehors en nous bous-culant. II y avait tout un attroupe*. ent devant la maison. Pour me rendre a mème de participer au spectacle, le vieux Blanc me mit a califourchon sur ses épaules. Une charrette a baudet descendait la col-line entre les arbres de la route grise. Un vieillard y était assis. Son nom circula dans la foule en ohuchotements. Beaucoup de soldats francais blessés se trouvaient sur le chemin en ce rnoment-la; on se serait cru dans la cour d'un höpital. Hs étaient vêtus de lambeaux d'uniformes et, malgré leur énergie et leur fier té natives, ils paraissaient h&ves, décharnés, lamentables pour la plupart. Quand la charrette se fut appro-chee et que le vieillard les eüt vus de prés, dans toute la misère de leurs glorieux nai-1-lons, il se couvrit la faee des mains ei san-glota... C'était un grand exilé qui retour-nait enfin vers sa patrie... II 1'avait quittée florissante et ^orte, il allait la retrouver vaincue, saignée a blanc, envahie... II pleu-rait... Devant cette douleur, les paysans se découvrirent. La casquette a la main, la ' tête inclinée, respectueux et fraternels, ils regardèrent passer le vieillard qui s'en allait vers la France 1 Dans le silenoe poignant oü 1'émotion gon-flait les coeurs, tous les hommes s'animaient. . Je 'ie sent/ite avec une infinie douceur. Le vieillard passa. Dans sa vie héroïque et glorieuse, il déchaina des torrents de co-lère, il suscita de délirants enthousiasmes, le monde entier écouta sa voix et le consi-déra comme un dieu. Mais je ne sais si ja- ' mais il sentit une ardeur plus vive que celle de Ja sympathie muette de ces paysans en 1870. La-bas on répète encoie son nom quand on parle de 1'a-nnée terrible. C'était Yictor Hugo. 1 Mauric© des OMBXA^UX. . * 9'i Un violent combat s'est livré samadi & Dinant D'importantes forces allemandes essayent de passer la Meuse êt Houx-Bouvignes ei Dina ^ — Les Frangais les repoussent en leur infis.^ant de trés grosses pertes.— L'artillerie frangaise fait preuve d'une supériorité écrasante. — Les Prussiens battent précipitamment en retraite sur Celles et Ciney. • o o — (De notre envoyé spécial) Canons, fusils et mitrailleuses n'ont cessé de tonner et de crépiter toute la journée de samedi aux environs de Dinant. Dès six heures du matin, les habitants de la ville sont réveillés par le bruit du canon. Ce sont les batteries allemandes qui, arri-vées a quelques kilomètres de Dinant, protè-gent la marche de leur infanterie, de leurs mitrailleurs et cavaliers. An bout de deux heures-les Allemands et les Francais sont en contact. Le premier ef-fort allemand porte sur le pont de Bouvi-gnes. Fusils et mitrailleuses tirent sans ar-rêt, la voix du canon allemand domine le tout, mais le tir des ennemis fait beaucoup plus de bruit que de mal. Finalement, les Allemands sont repoussés de ce cöté et chan-gent de position. lis attaquent le pont de Dinant vers 2 heures de 1'après-miai, et leurs obus, probablement tirés par des obusiers ou des canons lourds, ne font guère que peu de dégats. Nous disons des obusiers ou de la grosse artillerie, car la fumée des obus de3 canons de campagne allemands est blanche et c'est une fumée nóire et iourde comme de la suie que 1'on distingue la oü éclatent les obus. L'infanterie frangaise et ses mitrailleuses tieunent toujours bon. Tout d'un coup les détonations d'artillerie deviennent plus précipitées, c'est l'artillerie frangaise qui s'est mise en batterie, qui a dé-couvert la position de 1'ennemi, remplacement de ses pièces et vient soutenir 1'action de ses fantassins. Le tir des artilleurs fran-gais est merveilleux. Ils utilisent les replis du terrain avec grande habileté. Nous voyons distinctement au bout de nos jumelles les schrapnels a fumée blanche éc"«ate/ au-dcssxii des gros po^itü n'birs yui indiquent la présence de 1'ennemi. Sous le canon frangais, les Allemands essaient toujours de foreer le passage, cette fois au pont de Houx. Une compagnie frangaise avec mi-trailleuse les en empêche en leur tuant beaucoup de monde. Bientöt les Allemands pren-nent la fuite. *** Pour se protéger du tir des troupes fran-gaises, une compagnie de mitrailleurs de la garde s'empare d'habitants de Houx et les placent devant eux! Plusieurs habitants sont tués de cette fagon. Les Prussiens vont tuer des habitants jusgue dans 1'intérieur de leur maison. Ceux qui ne veulent pas servir de bouclier sont tués. Un moment, trois bourgeois se précipitent pour ramasser un de leurs concitoyens tués, un sous-officier allemand tire s<)n revolver et en abat un. Un officier intervient a temps pour 1'empêcher de continuer sa besogne de bandit. Pendant qu'une partie de troupes allemandes sont repoussées a Houx et a Bou-vignes, le gros de leurs effectifs porte son ef-fort sur Dinant. Ils s'emparent de la vieille citedalle et hissent un énorme drapeau prus-sien, noir, blanc, rouge. Les obus ennemis continuent a pleuvoir mais le tir est fort mauvais. L'infanterie frangaise, venue a la rescousse, s'avance toujours avec des pertes trés minimes sur les hauteurs surplombant la ville. Les batteries frangaises qui sont ad-mirablement dissimulées, n'ont pas été dé-couvertes par 1'ennemi et celui-ci ne peut en conséquence leur riposter. Aussi les canons de nos alliés changent leurs positions et avancent. Une violente canonnade se produit vers 5 heures : plusieurs batteries sont en position de chaque cöté. Les fumées noires et blan-ches se mêlent et les obus se croisent au-dessus de la Meuse. Finalement seule la iu-mée blanche des obus frangais se distingue encore, de plus en plus loin sur la rive droite de la Meuse. Les canons allemands se tai-sent. Leur armée bat en retraite précipitamment sur les routes de Ciney et de Celles. Seuls nos alliés tirent encore sur 1'ennemi en retraite. A Houx et Bouvignes le feu a cessé. »— (jr vy II no continue plus qu'a Dinant. Les Frangais sont maitres de la ville. *** Le haut des crêtes de la rive gauche se garnit de nouvelles troupes fra^aises. Celles qui sont dans la ville les accueillent de for-midables hourras et de « Viv© la France! * ré^étés. La canonnade sur 1'ennemi en dé-route continue avec une violence extraordinaire. On voit des pans des murailles de pierre de 1'ancienne citadelle tomber sous les obus dans un nuage de poussière. Des obus éclatent même sur le sommet du fort. Le drapeau prussien n'est pas amené, c'est la mitraille frangaise qui le déchire en enle-vant les deux couleurs, blanc et rouge du dehsous. Seul fiotte encore un lambeau noir 1'emblème des Prussiens, le pavillon des pi-rates!Après la bataille. — Une visite a Dinant et a Bouvignes Pendant (}ue le canon tonnait, nous avons pil arriver jusque Dinant. Sauf les troupiers frangais, pas un cbat dans la ville, au-des-suf de laquelle se croisent encore les obus. Biontöt ce ne sont plus que les canons fran-gjiis qui envoient leurs projectiles par-des-sus la ville sur Vennemi en fuite et la seule fusillade qui crépite encore provient des Lebel. Somrne toute, il y a peu de dégê-ts en r . • Le chateau des Roches brüle, ainsi ja IcaAio co ?o ühdteau 4e Mai et (Jeux ou trois maisons. Par contre, énormément do carreaux cassés. Par-ci par-la un obus a fait un trou dans une maison. A proximité du passage a niveau une fagade entière d'une petite maison a été enlevée et n'était le platras don-nerait 1'illusion d'un décor de théatre. Pa^ un habitant ne se risque encore a 1'exterieur. A Bouvignes, par contre, oü les Frangais sont au repos, les habitants sont dêja sortis et ca-usent avec les troupiers. Énormément de carreaux cassés, mais pas un habitant, nous dit-on, n'a été touché. Quelques obus ont atteint des maisons. Autant que nous avons pu en juger d'après la précision du tir de l'artillerie frangaise et la rapidité avec laquelle les Allemands ont fui, ainsi que d'après les récits d'ambulan-ciers, les pertes allemandes sont considéra-bles. En certa-ins endroits, il y a des mon-ceaux de cadavres. Des unités entières pa-raissent avoir été anéanties. d'autant plus que les Allemands étaient en ordre serré au moment oü l'artillerie frangaise a donné. En effet, les positions allemandes avaient été soigneusement repérées alors qu'il fai-sait clair, que la fumée des shrapnels n'avait pas encore recouvert d'une espèce de brume épaisse la rive droite de la Meuse. Une reconnaissance effeetuée sur la rive droite de la Meuse entre Bouvignes et la route de Ciney, c'est-a-dire dans un secteur oü l'artillerie frangaise ne pointait plus, évaluait 'les pertes allemandes sur ce terrain a deux ou trois mille hommes. II n'est pas impossible que_ ce chiffre soit dépassé, d'autant plus que si le feu de l'artillerie frangaise sur 1'ennemi en retraite a été quelque peu ef-ficace, les pertes allemandes sur les routes de, Ciney et de Celles doivent aussi être im-portantes.Quant aux pertes frangaises, elles sont minimes. Un seul bataillon a été assèz for-tement éprouvé. Insistons encore sur la supériorité des canons 'frangais : leur tir est magnifique de précision et la portée énorme. Nous croyons que cette artillerie établira sa supériorité sur l'artillerie allemande, tout comme elle 1'a établie durant la g-uerre des Balkans. A. M. Ce qui se passé a Fétranger Au cours de la journée de vendrediy les trou-pes -frangaises ont occupé Vimportant massif de Donon, dans la Haute-Alsace. Elles y ont fait un grand nombre de pri-sonniers. En se retirant, les Allemands se sont rendus coupables d'inqualifiables cruautès. On a trouvè les habitants bnïlés sous les ruines de leurs habitations. Les cadavres d'habitants fusillés encombrent les rues. Les Allemands et Autrichiens êtablis au Maroc ont été robjet d'un décret d'expulsion en masse. Une dépêche de Berlin, re$ue 'par voie détournée, a?inonce que la levée en masse a été ordonnée pour toute VAllemagne. Pour atténuer les effets de la proclama-tion du Tsar a la Pologne, les agences allemandes répandent le bruit qu'une révo- lution a éclatè en Pologne et elles mettent | en avant la candidature d'un Hohenzol-lern, appartenant a la branche catholique. Le prince Louis Napoléon a été autorisé par le Tsar a reprendre son grade et son commandement de général dans V armée russe. Le gouvernement allemand fait démen-tir la nouvelle que le député socialiste Liebknecht et Rosa Luxembourg auraient été fusillés. Contre les exploiteurs Une excellente mesure Le ministre de la guerre « porte a la connaissance des populations que les négo-ciants qui ont vendu depuis le 1" aoüt jusqu'a ce jour du froment, de la farine, du pain, des pommes de terre, du sel, du su-cre et du riz a des prix supérieurs a ceux fixés par Parrêté royal du 14 oourant se trouvent dans 1'obligation de rembourser intégralement la différence aux intéressés. Tout refus de remboursement sera si-gnalé au ministre de la guerre qui en sai-sira le procureur du Roi. » Li ci BarMe alMi officifllMt constatee Nonveanx et horribles exploits de nos ennemis —»o«— Le Comité d'enquête sur 1'observation des lois de la gruerre sig-nale les faits suivants com-mis par les troupes allemandes opérant en Belgique : 1° Certai'ns soldats alieanancüs ont, au cours de plusieurs engagemeaits ou après oes . engage-ments maltraité ou a-chevé dies soldats beiges blessés,. désarmés et incapables de se défendre. Les faits de ce genre sont nombreux et sont établis par les témoignages précis de té mams ocaiiLaines multdples. 2° Des soldats allemands ont pendu et éventré un soldat beige appartenanfo a.ui foia-tailllKxn des carabin&ers cyclistes et ont fust Mé un autrte soidat beige qui soignaiit son cama-radie.3° Des soldats ailIemands ont pendu et brülJé vif urn vieililard de Neerhespen. D'autres ont violé des jeunes filles et des enfants a Oi^smaeil. Les parties 6/exuieilles de divers habita-nts d'Ormael ont été ariviehées. 4° Les troupes allemandes ont, a HaeJen, ouatert le feu sur des ambulancier^ reillevant leurs blessés ; ei'les ont tiré sur des vodibure* d'ambulance pontenit le aigne de la Croix Rouge. Ce qu'ils écrivent Au cours de cette interminable journée, si peu mouvementée — trop peu même de 1'avis des pessimist-es qui ont voulu y voir le calme précurseur des tempêtes — la curiosité et 1'inquiétude des Bruxellois n'ont rien trouvé qui fut de nature a les alimenter quelque peu. Finies ces courses vertigineuses de véhicu-les de toutes sortes, s'en allant vers des des-tinations inconnues des profanes; finies ces chasses tumultueuses données par la foule a quelque individu convaincu, ou simplement soup|gonïié d'étre un espion prussien; fini, lui aussi, ce tant lugubre va-et-vient d'automo-biles concluisant avec une précautionneuse lenteur des blessés dans l'un ou 1'autre de nos höpitaux ; puis revenant a vide, a des allures d'aéroplanes semblant moins rouler que voler par nos larges artères vers les gares, ou d'autres blessés attendaient. De toute la journée,on a été surpris,n'ayant pas eu encore le temps de s'y accoutumer, de ne plus entendre dJédition spéciale d'au-cun journal. Les vendeurs de cocardes et autres personnes faisant appel a la charité en faveur des victimes de la guerre sévissent beaucoup moins, 1'importance de leur recette (et ce"i était forcée; ayant diminué depuis les premiers jours. Aucun événement, même minime, n'a marqué la journée... car nous ne pouvons évidem-ment considérer comme tel la tentative de lancement dans la circulation d'une lettre de faire-part aussi dénuée d'esprit que plato de mauvais goüt, annongant le décès de Guillaume, empereur des 'Saucissons. Mais heu-reusement pour les families, la poste, sans doute moins encombrée, a pu faire une am-ple distribution de lettres émanant des chers absents. Ces lettres, on se les communiqué entre amis, entre voisins, heureux des bonnes nouvelies regues, et toutes ou presque toutes, qu'elles soient d'un laconisme bien explicite chez ceux qui se sont déja frottés a 1'ennemi, ou qu'elles aient la longueur d'un journal de campagne rédigé au jour le jour, disent, a peu pres, la même chose. Deux mots tout d'abord pour rassurer ceux dont le troupier, qui pense bien plus aux siens gu'a lui-même, devine 1'angoisse : « Je vais bien, je n'ai pas le temps de m'ennuyer» ; parfois même : « Nous sommes ici cPune gaité folie ». Iimnéddatement après, un concert d'éloges a 1'adresse de la population a laquelle on a dü demander le logement et la subsistance. Dans tous les coins du pays, le soldat beige est traité partout oü il passé comme 1'en-fant de la maison et c'est a qui imaginera un moyen nouveau de diminuer sa t&che et d'augmenter son bien-être. Puis, les épanehements familiaux plus in-times. Nos grands gargons, sans s'être donné le mot, trouvent dans ces billets écrits a la hAte des expressions plus tendres, des recru descences d''affection qui vont droit au cceur des mères. Ils adressent des embrassements pleins d'effusion aux frères avec lesquels, il y a quinze jours a peine, les querelles n'étaient point rares. Et les jeunes papas, éerivant a leurs femmes, ne manquent pas, s'ils savent oü ils seront demain, d'ajouter : « Viens me voir... avec 1'enfant ». Nous n'oserions prétendre que ce désir soit toujours raisonnable : la séparation a eu pour elle la cruauté de la brusquerie; mais par le fait même, on a échappé aux émo-tions des longs adieux. Ces émotions, ne va-t-on pas les renouveler? Et pais, le mari soldat songe-t-il a la douleur de sa femme, si, arrivant dans la ville qu'il lui indique, elle ne 1'y trouve déja plus et doit s'en revenir l'&me plus désolee que jamais? Mais qui aura le courage de conflamner un désir si explicable et si humain? Le paragraphe final de toutes les lettres est une explosion dont 1'enthousiasme sin-cère n'est- évidemment pas de commande, d'ardent amour de la patrie et de 1'indépen-dance nationale. Chez ceux qui n'ont pas encore été au feu, il y a comme un regret, comme une sorte d'envie du sort de ceux qui furent les premiers « de la fête », car, parole d'honneur, c'est a la fête qu'ils se croient partis : 1'ennemi a violé notre terri-toire; 1'en faire repentir sera une joie et chaque jour oü il faut attendre eette joie semble du temps pe>rdu a nos vaillants soldats. Ce sentiment, sans doute, est bien de leur &ge, mais il n'en est pas moins contagieux et au re$u de lettres comme celles-la, les pè-res, les mères, les épouses se sentent disposés a partager 1'optimisme qui, a tout pren-dre, sera peut-être avec 1'aide de Dieu le plus sür garant du sucrèn fin*»'* E D I T I ON *** La situation Une offensive allemande repoussée ►—— DIMANCHE, 10 H. DU SOIR _Les masses de cavalerie ennemie renfor-sées se sont dirigées vers Wavre. Au cours de leurs marches, elles ont essuyé le feu de nos avant-postes. Après des escarmouches sans importance, Poffen-sive allemande a été arrêtée. Les troupes de cavalerie allemandes battues précédem-ment par nous et refoulées ont, après une trêve de deux jours, ténté une nouvelle offensive sur un autre point du front de nos troupes. Le plus grand calme a régné sur le reste du front de 1'armée. CE QUE DISENT LES PRISONNIERS ALLEMANDS On cite ce mot d'un soldat des carabi-niers qui a déja fait pas mal de prison-niers allemands : « Je ne prends plus mon fusil, maintenant, je m'en vais avec une tartine; lorsqu'ils la voient, ils me suivent!» Un prisonnier déclare que les ordres re-$us sont formels : il faut marcher, sinon on est fusillé! II ajoute : « Si on ne nous donne pas quelque repos, hommes et che-vaux seront bientót crevés. » Le même dit que, embarqu? a Dantzig, il a su seulement le 15, samedi, qu'il y avait guerre et que les Francais avaient envahi 1'Alsace-Lor-raine.UN JOLI COUP DE DiEUX AVIATEURS BELCES On cite ce trait de la part de nos avia-teurs : Deux d'entre eux, regagnant leur centre, avaient dü atterrir par suite de panne, dans le voisinage des uhlans. Impossible de réparer. Les aviateurs s'échap-pent, restent dans les lignes. L'avion est considéré comme perdu. Deux jours plus tard, on apprend qu'il est toujours en place, gardé par les uhlans. On arme aus-sitöt d'une mitrailleuse une auto de 80 chevaux trainant une remorque. On arrivé a grande allure auprès de l'avion, on surprend les uhlans qu'on met en fuite et qu'on tient en respect a 1'aicfe? de la mitrailleuse. Pendant ce temps-lk, les hommes démontent l'avion, le chargent sur Ia remorque, embarquent, puis le convoi file a la barbe des Allemands, stupéfiés de tant d'audace. M. DOUMER CHEZ M. DE BROQUEVILLE M. Doumer, ancien président de la Chambre .frangaise, a fait visite dimanche au ministre de la guerre. Voir suite " Dernières Nouvelles,, Une nouvelle bataille prés de Jodoigne »o« Nos régiments mettent en dêronte ia cavalerie et 1'artillerie ennemies Un engagement assez important a eu lieu dimanche dans les environs de Meldert,Hou-gaei'de et Saint-jean-Geest, prés de Jodoigne. La bataille a commencé vers 4 heures du matin. Ce fut d'abord un duel d'artillerie, auquel succéda une fusillade tres nour-rie. La cavalerie beige prit ensuite part a 1'action; arrivée a une certaine distance d'es adversaires, elle mit pied a terre, fit cou-cher les chevaux, derrière lesquels les hommes s'abritèrent. Les Allemands mirejit alors sabre au clair et tentèrent vainement, en rase campagne, d'effectuer une charge : ils su-birent d'énormes pertes; les régiments beiges qui chargèrent furent magnifiques d'en-train, de vaillance; l'un d'eux lutta quati'e heures durant contre le 18° hussards allemand et lui fit perdre beaucoup d'hommes. A Haelen et en d'autres villages, a quelques mètres seulement de distance des lignes allemandes, 1'aspect des dévastations faites par les Allemands est terrible : les mai-| sans sont saccagées,les murs écroulés,!'ameublement détruit; les églises mêmes ne furent pas respectées : celle ae ia paroisse d'Haelen a particulièrement souffert des obus des Allemands, heureusement chassés actuellement. Durant leur occupation de ce village, les Allemands écrivirent sur les murs qu'il était défendu, sous peine de mort, d'entrer dans ce village. Prés de Haelen, les champs de blé sont maintenant des cimetières oü des hommes et des chevaux sont étendus cöte a cóte. Des lances, des fusils, des harnachements^ des baïonnettes jonchent le sol. Et pour ajouter a 1'horreur de cette vision, des oiseaux de proie planent en croassant au-dessus de cette plaine. ABONNEMENTS" L'ADMINISTRATION D/ES POSTES NE POUVANT PLUS SE CHARCER DU RE-COUVREMENT DE NOS QUITTANCES, NOUS PRIONS LES ABONNÉS DE VOU-LOIR BIEN NOUS ADRESSER LE MON-TANT DE LEUR ABONNEMENT EN UN MANDAT-POSTE. De ce jour a fin septembre: I *r. 40 » » » décembre :3 fr. 75 MARDI 18 AOÜT 1914 ^ UUNION L'ACTION VINGTIEME ANNEE — N 230 j — , . — — — ■ III.B

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software. 

Er is geen OCR tekst voor deze krant.
This item is a publication of the title Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique belonging to the category Katholieke pers, published in Bruxelles from 1895 to 1940.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Add to collection

Location

Subjects

Periods