NUMERO 10 GE/sTIMES. 39e ANNEE 9 JUILLET. — N. 40. MEPHISTO JOURNAL HEBDOMADAIRE PARAISSANT TOUTE L'ANNEE PRiX D'ABONNEMENT Un AN (Belgique) .... Fr. 6.00 (Étranger .... 10.00 L'abonnement se poursuit jusqu'à refus formel. ' es abonnements prennent cours le 1" octobre de chaque année RÉDACTEUR EN CHEF: Georges Warfaaz, 51. RUE OSY. Téléphone 17 21 Anvers Bruxelles : 68. rue Maes. Les annonces sont reçues an bureau du Journal || sera rendu compte de tous ouvrages dont DEUX exemplaires seront envoyés à la rédaction Les manuscrits ne sont pas rendus. Les articles signés n'engagent, qtie leurs auteurs. Un Mémorial Lemonnier Dimanche il y a eu huit jours a été inauguré à Esneux le petit monument élevé en souvenir de Camille Lemonnier qui habita quelque temps le joli hameau de Ham où il écrivit son roman « L'Hallali ». C'est un bas relief de simple modèle; il représente le héros de ce livre sonnant du cor, et porte cette inscription : « C'est ici que, en 1906, Camille Lemonnier, inspiré p: r cette ravissante vallée, écrivit «l'Hallali». Le sculpteur Georges Petit a fait là une œuvre de belle conception décorative. La plaque, en bronze patiné, a été incrustée dans une roche naturelle bordant un chemin creux du Beaumont, vers le barrage de Lhoneux. Notre rédacteur en chef M. G. Warfaaz, a écrit à ce sujet l'article suivant : CAMILLE LEMONNIER. Dans l'ensemble un peu gris et terne des œuvres de notre littérature nationale, les livres de Camille Lemonnier sont comme un rayon de soleil éclatant, et plus particulièrement celui dont la villette d'Esneux va commémorer la parution : « l'Hallali ». J'ai souvenance de l'époque où j'en pris connaissance, c'éfait, si mes souvenirs sont exacts, il y a sept ou huit ans déjà, les jours passent si vite ! l'avais lu avec un plaisir inexprimable 1? délicieux « Droit au Bonheur», qui est comme une halte reposante au bord de l'Escaut endormi; j'avais vécu en compagni 1 du (( Petit Homme de Dieu », sur nos plages mornes et si pleines de charmes mélancoliques; j'avais admiré les jolis tableautins que sont les chapitres de ((Comme va le Ruisseau)); j'avais frémi avec « l'Hystérique » ; vibré avec «Un Mâle»; et profondément pensé à la lecture de ce livre si fort et si juste ((l'Homme en Amour » ; mais (( l'Hallali » fut pour moi, une fulgurante révélation. Je ne possède malheureusement, au moment où j'écris ces quelques lignes, ni le roman dont j'eusse voulu parler, ni la moindre des notes que je pris alors ; je suis un peu dans la situation du naufragé, perdu sur la pointe extrême d'un roc et qui, pour remplir cette colonne, ne pourrait appeler à son aide que ses vagues souvenirs. Mince et fragile bagage! Tant de volumes sont lus par le malheureux critique dans le courant d'une seule année! Aussi, à la longue, toutes ces impressions s'amalgament, se brouillent, et l'on est tenté de s'écrier comme « Faust » : « Fuis loin de moi, inutile fatras des sciences stériles, et que seule, la jeune et puissante Nature s'empare de mon être et lé re\ivifie!» Eh ! bien, à chaque page du puissant roman de Lemonnier, c'était comme si les souffles du printemps, les ardeurs de l'été et la violence lourde de l'automne eussent pénétré mon âme, renouvelée, comme un organisme affaibli est rénové par les haleines rudes de la mer. C'était une porte ouverte sur les beautés grandioses de la nature, de l'air pur entrait avec les senteurs champêtres et aussi de nobles ressouvenantes d'un passe aboli. Et je vécus là des heures précieuses. Que vous dirais-je de ce livre, un peu oublié? 11 nous conte, en un style large, évocateur, sobre et précis, l'agonie ultime de la seigneuriale famille des Quevauxcamps (est-ce là le nom exact?). Agonie causée d'abord par le manque d'argent, ensuite par la pénurie d'héritiers mâles. La lignée, jadis hautaine, s'est éteinte peu à peu et le vieux marquis reste seul, avec je crois un fils indigne, pour porter le lourd nom légué par les glorieux ancêtres. Il faut voir la façon magistrale dont est campée la figure du dernier des Ouevauxcamps ; il faut lire les des criptions du domaine, que la déchéance morcelle et qui bientôt se réduit au seul château en ruine où s'e'ffrite un blason. Un jour meurt, crève plutôt, le cheval du marquis, le vieux compagnon d'armes et c'est alors une des pages les plus remarquables de notre littérature. « La mort du cheval »,qui, un jour, sera lue et étudiée dans nos éco-j les, comme une page de très grand style. Tout le livre est d'ailleurs plein de pages admirables et il s'en dégage une inoubliable impression de force et de puissance sauvages et indestructibles. Il paraît que Lemonnier a écrit son livre durant un séjour qu';l fit à Esneux, et c'est cet heureux événement que la jc-'ie cité mosane se prépare à fêter aujourd'hui, en même temps que ses dirigeants rendront un éclatant hommage à celui qui fut sans conteste notre premier romancier et qui peut revendiquer hautement une des premières places dans la littérature française, au milieu des Concourt, Flaubert et Zola. Il ne manque à Lemonnier, pour atteindre à leur célébrité qu'une seule qualité, un seul avantage : être Français ! Georges WARFAAZ. Spa, le 26 juin 1914. ♦©❖©♦ Courrier des Théâtres PARIS. — Au théâtre lyrique municipal de la Gaîté on a donné une opérette en 3 actes de M. Raphaël Adam, musique de M. Henri Dérouville, intitulée « Le Prince Bonheur ». L'œuvre n'est pas dépourvue de mérite, la musique a de la verve et de la gaîté. — (( Le Carnaval des Enfants », la pièce de M. Saint-Ceorg.s de Bouhelier, vient d'être retenue par M. Paul Gavault pour l'Odéon, où elle passera dès la saison prochaine.— La direction de l'Opéra-Comique de Paris vient d'engager Mlle Renée de Ladrière. Les débuts de Mlle de Ladrière auront lieu dans « la Tosca »'. CETTE. — L'ouverture de la saison au Kursaal de la Plage a été for*, brillante. La troupe d'opéra-comique a débuté dans « Lakmé », « Manon » et « Mignon ». On a beaucoup applaudi M. Orand, un ténor léger d'avenir; Mlle Forcade, chanteuse légère, à la voix souple; MM. Colonne, Cargues, M mes Damois Mlle Berthe Bover. BORDEAUX. — Mlle Mérentié a chanté «Carmen» avec un vif succès sur la scène en plein air aux arènes de Beziers. Ses partenaires étaient : Mlle Bleuzé (Micaëla) ; M. Fontaine (Don José). Ce rôle convient admirablement à cet artiste dont on se rappelle le succès dans « Guillaume Tell ». Sa voix chaude et puissante se prête aux demi-teints les plus délicates. ENGHIEN.— Dans l'amusante opérette d'Hervé, ((Mlle Nitouche» on a fêté Mlle du Brasy, Denise captivante; MM. Parian, Dambrine, Dubressy, Lary. AUX SABLES D'OLONNE. — Nous trouvons Mon-tel, administrateur artistique, régisseur, metteur en scène; Tavernier, chef d'orchestre; MM. Lheureux, ir ténor léger; Kanony, baryton; Leroux, basse noble; M mes Béliard, ire chanteuse légère c"opéra-comique ; Lermi-gneau, ire chanteuse d'opérette; Mme Viola, maîtresse de ballet. VITTEL. — A la reprise de « Thérèse » M. Dezair a obtenu un grand succès dans le rôle d'André de Thorel. AU MONT DORE, Mme Lucette Néry triomphe dans tous les rôles qui lui sont confiés. On a joué successivement (( La fille de Mme Angot », « Le jour et la nuit », « La Périchole ». Mme Darmvl, seconde chanteuse, a beaucoup de talent. A citer encore M. Ringhi, un ténor expérimenté. VIX-LES-BAINS. — « Kaatje », poème lyrique de MM. Spaak et Henri Cain, musique de M. Victor Buffin, a été joué pour la ire fois en France et a été accueilli à Aix d'une façon très chaleureuse. Plusieurs rappels après chaque acte. L'œuvre belge fut défendue par Mlle Fanny Heldy, qui incarnait ((Kaatje», rôle qu'elle a créé à Bruxelles; par MM. Girod, Castrix, Mlle Symiane, Montfort et Mme Vrai. Un succès de plus pour l'art lyrique belge. TOULOUSE. — Théâtre du Capitole. — Le ténor Sorrèze, qui, après deux saisons brillantes au Théâtre des Arts de Rouen a connu à l'étranger de nombreux succès, vient de signer avec M. Andisio pour la saison prochaine. Il débutera dans « Samson et Dalila », « Hérodiade », et (( Le Jongleur de Notre-Dame». AMELIE-LES-BAINS. — Pour les adieux de M. De-chesnc on a donné « Carmen », le sympathique ténor donna de Don José une interprétation parfaite. A ses côtés Mme P. Darclès, émouvante Carmen ; M. Barlen-ghi, Zuniga ; Mlle Lattie-Saige, une touchante Micaëla. VICHY. — Au Grand Casino la reprise de « Roma » a . été triomphale, écrit « Comœdia », triomphe pour l'œuvre et triomphe pour l'interprétation. Mlle Lucy Arbell, l'incomparable créatrice de « Posthumia » fut l'objet d'ovations enthousiastes. Mlle Suzanne Cesbron eut un gros succès de cantatrice et de comédienne sous les traits de Fausta. M. Fontaine fut un Lentulus superbe. A citer cncore: M. Journet (le grand Pontife); M. Lasserre (Flavius) ; M. Ridldez (Vestapor). — Le Théâtre du Casino de Vichy donnera, le 9 juillet, la première de « Parsifal », dont les interprètes principaux seront : MM. Verdier, Rouard, Albers et Journet 1 et Mlle Demougeot, de l'Opéra. Les décors seront ceux confectionnés en Allemagne en vue des représentations de l'œuvre au théâtre des Chants Elvsées, de Paris, et qui servirent, l'hiver dernier, au Théâtre Lyrique flamand d'Anvers. TROU VILLE. — On a beaucoup applaudi Mlle Alice Parys, engagée spécialement pour jouer Benjamine, dans la (( Petite Chocolatière », la délicieuse comédie de Paul Gavault, qui servait de pièce d'ouverture de la saison. A ses côtés il convient de citer Mlle Renée Franck, M. Choisv, M. Fertinel, Mme Saudry, Altem, MM. Scipion, Veber, Dauroy, Pascolis. AUX SABLES D'OLONNE, ((Casino des Pins» nous retrouvons dans la troupe de M. Mercier : M. Léo Duval, du Vaudeville de Bruxelles; Mlle Lily Mounet du Gymnase de Liège; Jane Dorville, du Vaudeville de Bruxelles.SAINTES. — « Les Huguenots » aux arènes gallo-romaines. — Voici quelle sera l'interprétation du célèbre opéra de Meverbeer, le 12 juillet prochain aux arènes gallo-romaines de Saintes. Raoul de Nangis : M. Granal, de l'Opéra; Marcel: M. Party, de l'Opéra ; Valéntine de Saint-Bris; Mlle Cornés, de l'Opéra; Nevers : M. Castel ; Saint-Bris: M. Combes, basse chantante; La Reine Marguerite: Mlle Chambellan ; Le Page : Mlle Delavat. Le cadre de chœurs sera celui du Grand-Théâtre de Bordeaux, et la distribution sera complétée, pour les rôles mondains, par des artistes de ce théâtre, et des meilleures scènes d'opéra de France. DE PERIGUËUX. — La municipalité de Périgueux, sur l'initiative artistique du maire, M. Saumande, député de la Dordogne, vient de faire construire en pleine ville, dans le magnifique parc Gamenson, un Théâtre de la Nature admirablement aménagé. La direction de cette nouvelle scène de plein air a été confiée au poète périgourdin, René Berton, dont l'«Ores-te» triompha, il y a deux ans, au Théâtre antique d'Orange.M. René Berton, qui va donner pour débuter deux représentations le 25 et le 26 juillet (« Electre » et le ((Père Lebonnard»), avec Mmes Louise Silvain, Marcelle Gé-niat, Marcelle Frappa, MM. Silvain, Jean Hervé, etc., se propose par la suite d= faire œuvre de décentralisation artistique en créant au théâtre du Parc Gamenson les pièces inédites de ses confrères les poètes. C'est là un bel exemple de solidarité littéraire qu'il convient de signaler et d'applaudir. DE ROUEN. — MM. Masselon et Malausséna, directeurs du Théâtre des Arts de Rouen, ont reçu, après une brillante audition, une comédie lyrique de M. René Fauchois pour le livret et de M. Louis Vuillemin pour la musique. Cette œuvre, très gaie, intitulée « Cache-Cache », est en trois actes et sera représentée en décembre prochain. ACHERON. . 1^ I 9 Kl I \f Ci C I r CompagûlS d'Assurances au fesurez-tons au KM tlN lA DCLub de Frs. 2.000.000 Siège social : Rempart Ste-Catherine, 55, ANVERS. Administrateur-Directeur: René KINART

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