L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1916, 18 Decembre. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 28 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/k35m90363n/
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3ème Année V®. S cents Lundi ï© décembre 1916 L'ECHO BELGE L'Union fait la For se, Journal quotidien naatl&i paraissant en H<*ll*ératSe w Eeigs est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent Être adressées au bureau de rédaction: N. 35. VOOB8URGWAL 234-240, AMSTERDAM. Téléphone: 2797, R^'^acteur en Chef: Gustave Jaspaers. _ , . „ >. .. ( Charles Bernard, Charles Hcrbieî, Comité de Rédaction: < _ , ( René Ctiambry, Emile Palnpare. four les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration i ti journal: N.Z. VoorburSwal 234-240, Amsterdam Téléphone: 1775. Abonnements! Hollande fi. 1.50 par mois. Etranger fi.2.0C par mois Annonces: 15 cents la ligne. Réclames: 30 cents fa ligne. Le Pape et les Catholiques belges Un article publié dans l',,Echo Belge" du 8 de ce mois, sous la signature d'un catholique parfois mieux inspiré, représente la situation religieuse de la Belgique comme absolument anormale au point de vue canonique. L'épiscopat allemand usurperais la juridiction de nos évêques et entreprendrait de remplacer notre clergé par des membres de son clergé à lui. Cela étant l'auteur exprime l'espoir que le Saint-Siège se départira enfin de son indifférence (sic) aux attentats de l'Allemagne sur notre malheureux pays. On est assez surpris de ce reproche aprcs les divers actes du Pape en faveur de la Belgique, qui ont été rappelés une fois de plus ici même, il n'y a pas longtemps, sur tout après la courageuse allocution con-sistoriale qui vient de condamner avec la dernière énergie les abominables déportations auxquelles l'Allemagne épuisée demande vainement son salut. Quant aux empiétements de l'autorité religieuse allemande sur celle de chez nou,-., je serais le premier à les dénoncer et à les flétrir. La Belgique souffre déjà bien assez bous la botte de ses barbares occupants pour n'être pas violentée encore dans le domaine treis fois sacré et inviolable de la conscience. Mais c'est mal servir notre cause que de l'appuyer d'arguments caducs. L'ennemi s'en prévaut et les retourne cou tre nous. Pour avoir tort sur un point, on a tort, aux yeux de beaucoup, sur toute la ligne. Je dois donc constater dans notre propre intérêt que l'auteur ne justifie ses dires par aucun fait pertinent. Jamais affirmation plus nette ne fut à la fois plus , gratuite. Il fait grand état, il est vrai, de la messe pontificale célébrée à Liège et à Bruxelles, sans l'autorisation de l'Ordinaire, i par les cardinaux archevêques de Cologne i et de Munich. On ne saurait trop les en blâmer. C'est une preuve de plus qu'il ne faut pas demander le tact aux Allemands quels qu'ils soient. Mais, on le sait, les cardinaux sont comme les princes du sang de l'Eglise. Ils jouissent à ce titre de maint privilège, notamment de célébrer pôntifi-calement n'importe où, les églises épiscopa-les exceptées, sans devoir y être autorisés par personne. Sans doute, nos Seigneurs de Cologne et de Munich auraient bien fait de se souvenir de l'adage aussi juste que connu, Summum, jus summa injuria. Rien d'injurieux souvent comme d'aller jusqu'au bout de son droit. C'était bien le cas dans les circonstances données. La déférence envers nos évêques s'imposait plus que jamais aux Eminences allemandes. Nul doute que le parfait gentilhomme qu'est Benoît XV n'en ait jugé ainsi. Mais enfin le droit est le droit; et on ne saurait reprocher au Pape de s'incliner devant le droit. Il y a ensuite le service avec oraison funèbre célébré à Ste-Gudule pour François-Joseph, enfpereur d'Autriche. En quoi ne clésarme-t-on pas devant la mort? Jusqu'entre ennemis, pourvu qu'ils soient civilisés, la sainteté de,-la tombe .n'est-elle pas toujours reconnue} Les honneurs militaires rendus à l'adversaire tombé sur le champ de bataille partent du même sentiment, autant que du respect pour le courage, surtout malheureux. Mais il y a plus. Les inimitiés humaines <lcivent expirer au seuil du sanctuaire. En temps de guerre comme de paix nos autels sont accessibles à tout prêtre, quelle que soit sa nationalité, qui est en règle avec ses supérieurs légitimes. A plus forte raison le sont-ils quand il s'agit de sacrifier pour les défunts. La pensée de refuser son église aux obsèques impériales ne pouvait pas seulement se présenter au doyen de Ste-Gudule. Une fois la paix revenue et le calme rentré dans les esprits, on sera surpris soi-même d'avoir, pu perdre de vue quelque chose d'aussi élémentaire. Et, au vrai, ne faut-il pas se réjouir que dans l'immense et sanglante arène des conflits de ce monde il y ait au moins un coin neutre, réservé à cette nouvelle Arche d'Alliance de la charité chrétienne, où la grande famille humaine ne devrait jamais cesser de communier?Le clergé ne laisse pas pour cela d'être ardemment patriote. Il y % en nous l'homme et le prêtre. Si le prêtre ne peut pas oublier qu'il est investi d'un ministère de paix, l'homme n'oublie pas davantage qu'il se doit à la Patrie. C'est au point que chez nos ennemis l'homme empiète trop souvent sur le prêtre, jusqu'à faire taire en lui le chrétien. Les milliers de prêtres-soldats, séculiers et réguliers, qui se battent dans les armées françaises, ne forcent-il3 pas l'admiration de leurs camarades jadis les plus anticléricaux? Et nos prêtres n'ont-ib pas l'honneur d'être tenus en particulière -suspicion par l'envahisseur, qui voit en eux l'un des principaux ressorts de l'in-domptabilité belge1' L'auteur s'apitoie longuement sur le sort des fidèles, rnenacés de se voir imposer un clergé allemand, au mépris de la juridiction de nos évêques. Qu'il se rassure ! Le jour où cette monstrueuse éventualité serait vraiment à craindre, Rome n'attendrait pas res objurgations pour agir. Ignore-t-il d'ailleurs que des églises desservies par un clergé intrus seraient par le fait même frappées d'interdit et que les catholiques n'auraient pas seulement le droit, mais le | devoir de s'y abstenir de toute participation I au culte, sous peine de sacrilège et d'excommunication ? Plutôt se passer des sacrements que de les recevoir de mains non commises à cet effet! Tout est prévu; et, le cas échéant, l'entreprise schismatique dont il s'agit serait frappée automatiquement aussitôt que tentée. Nous sommes loin par conséquent d'une coupable inertie de l'autorité supérieure; et, pour mettre en cause le Saint-Siège, il faudrait cependant avoir autre chose à mettre en avant que des griefs imaginaires. Une fois encore, que l'auteur se rassure I la juridiction ecclésiastique n'est pas en jeu. Il faut que je le dise, non pas à la décharge des prélats allemands, que je désapprouve de toute mon âme, mais pour l'éclaircîsse-raent de la question et la défense du Saint-Père: quand bien même ils auraient outrepassé leur strict droit en pontifiant comme ils l'ont fait, il n'y aurait pas encore là, au sens reçu du mot, usurpation de juridiction. Car cela n'intéresse ni le ministère des âmes, ni le gouvernement des diocèses, double objet de la juridiction ecclésiastique, suivant qu'elle est intérieure ou extérieure. Quoiqu'en dise l'auteur, ni l'archevêque de Malines, ni aucun autre de nos évêques n'est dépossédé, pas plus en fait qu'en droit. La Houlette boche n'est qu'un mot. Nos églises sont toujours belges. Nos compatriotes demeurés au pays peûvent toujours aller y chercher dans la prière la consolation et le réconfort dont ils ont tant besoin, sans y respirer une atmosphère teutonne. Us y sont toujours chez eux. La lampe du sanctuaire y est toujours alimentée par les soins pieux de nos propres lévites. Le cardinal Mercier n'a pas eu à protester de ce chef en cour de Rome. Le voyage de M. Van den Heuvel au Havre ne saurait s'y rapporter. Aussi bien, voit-on notre éminent ministre accrédité au Vatican se donner le ridicule de courir prendre son recours auprès du gouvernement belge contre un Pape oublieux de ses devoirs en matière religieuse? On croit rêver en lisant chose pareille Impossible par conséquent dans l'espèce de prendre le Saint-Siège en défaut. Qu'on ne se méprenne pas sur ma pensée. L'insolente bravade des Cardinaux allemands m'a révolté autant que personne. Qui, mieux qu'un prêtre, peut comprendre et sentir combien elle répugne à l'esprit sacerdotal ou simplement chrétien? Mais la question est de savoir si le Pape avait à intervenir et s'il est permis de lui faire la leçon à propos d'une situation inexistante. J'ai parlé en acquit de conscience. Il fallait rétablir la vérité des principes et des faits. Il y allait aussi de l'honneur du Saint-Siège. Je ne reviendrai pas à la charge. Mon devoir est rempli. C'est tout ce que je voulais. Chanoine Hoynssens. * —li > i ' ' ■ La bonne Reine En Belgique, le long de l'Yser, une petite tombo s'accote au parados dp la tranchée do première ligne; si exposée qu'elle soit dans ce coin mauvais où l'on est tout près do l'ennemi, elle est entretenue, comme toutes ses soeurs, par les soldats belges ou français de la tranchée: une petite garniture de briques rouges entoure l'enclos que surmonte une croix où se lit l'inscription: sous-lieutenant du e zouaves, tué à l'ennemi le 24... L'année dernière, do France, une vieille maman avait écrit à la Reine des Belges pour lui dire que son fils dormait sans fleurs sur le sol belge dans un endroit où elle ne pouvait-' pas aller. Alors, la Reine avait fait porter des fleurs, et cette année, sans que la maman ait osé le redemander, d'elle-même elle s'est souvenue dii petit soldat français, et un do ses officiers, la veille du Jour des Morts, e£t venu poser une magnifique gerbe de chrysanthèmes et de roses sur la dépouille de l'officier français que la Reine n'avait pas oublié.^ ( L'Intransigeant.) - Les déportations et ies neutres Une dépêche adressée do Rome au ,,Petit Parisien" dernièrement assure que lo Pape déploie une grande activité auprès des cabinets de Berlin et dp Vienne pour faire cesser les scandaleux abus des déportations de citoyens belges en Allemagne. Toutefois, cette action diplomatique, parallèle à cello du président Wil-son et peut-être du roi d'Espagne, n'a pas été concertée ontre les trois protestataires. Le Saint-Siège s'est borné, pour son propre compte, à accentuer avec une énergie nouvelle la .protestation faite récemment contre les déportations de citoyens français des régions envahies. Jusqu'ici on ignore !e résultat des démarches du Vatican. D'autre part, voici ce qu'écrit le ,,Journal" au sujet de l'attitudo de la Hollande dans cette question : ,,Le gouvernement hollandais a fait, à Berlin, I à propos des déportations belges, une démarché dont on affaiblirait la portée très réelle en cher- ! chant à la grossir démesurément. Co n'est pas une protestation en due forme: c'est ui*e communication faite par le ministre de Hollande sur l'impression très pénible produite dans les Pays-Bas par les mesures prises à l'égard des ouvriers belges."' // y a m an 18 décembre 1915 : Dans la Baltique un Wus-marin anglais coule le croiseur allemand i}Bremen" et un, torpilleur allemand, j En Belgique. I Les aktivistes, la paix et ur?s déclaration d'Edmond Pseard. On commence, lentement, à s'agiter un peu partout. Les neutres ont compris qu'il était du devoir de tous les peuples civilisés, sans exception, de protester énergiquement contre des mesures aussi odieuses que celles qu'emploient les Allemands contre la population désarmée de Belgique. On protesta lorsque les Arabes de Kassongo déportaient les nègres de l'Etat Indépendant du Congo. Les puissances adressèrent même à Bruxelles des notes énergiques pour qu'il soit mis fin à un état de choses dont les Belges n'étaient pas responsables, car nous ne demandions qu'à agir avec décision contre les Arabes esclavagistes qui n'étaient pas seulement les ennemis des nègres, mais aussi nos propres ennemis. Nous avons publié il y a quelques jours des extraits de journaux qui flagellèrent, comme il convient, les Teutons barbares II n'y a pas unanimité, — on le pense bien —- et quelques Sleeswiik trouvent tout naturel qu'on réduise les Belges en esclavage. De la part de ces gens-là, convertis par des Bcches et des flamingo-bcches, rien n'étonne.Que lisons-nous, en effet, dans la ,,Tce-komst" ? ,,Les activistes flamingants voient dans une victoire de l'Allemagne la meilleure garantie de leur émancipation durable du joug franco-belge. Us sont d'avis que le peuple flamand, pour atteindre ce but, doit subir pendant et même après la guerre de lourdes épreuves et de grands sacrifices." Les rédacteurs de la ,,Toekomst" ne voient que la question des langues. Les Belges, fort heureusement, savent ce que sont les ,,activistes". C'est ainsi que Léo Picard — qui en est un — écrit, par exemple, que les déportations ne doivent pas décourager les flamingants! Le3 activistes, devant la monstruosité des manoeuvres allemandes,'se sont déclarés plus que jamais pro-allemands. Leur traî- I trise ne connaît donc pas de bornes. Aussi, d'ores et déjà, doit-on se préoccuper au Havre des peines qui frapperont ces infâmes individus sitôt la paix signée. Il faut protéger nos. soldats qui rentreront, triomphants et prêts à la clémence, — du voisinage d'êtres malfaisants. Les activistes ont perdu le droit et l'honneur d'être Belges. On devra sévir contre eux avec la dernière des énergies, afin que la source de la vie nationale ne soit pas empoisonnée par tous ces Hendrickx et tous ces Augusteyns. Mais, puisque nous parlons journaux, nous devons mentionner aussi nu extrait de ,,La Métropole", journal catholique paraissant à Londres — et qui remet avec à propos à leur pLice deux organes belges que lisent nos solaats et pour lesquels la censure paraît avoir une tendresse maternelle. Voici ce qu'écrit ,,La Métropole": ,,U en est ainsi, par exemple, de l'orga-nj de Mlle Belpaire, le catholique „Belgi-sche ,,Standaard", qui, pas plus tard que le 16 novembre, publiait encore un article du Dr. J. Verduyn tentant d'excuser ou tout au moins de suspendre la condamnation d',,activistes" flamands avérés, signataires du manifeste, comme le pharmacien A. van der Spuit, le Dr. Depla, le Dr. Bauwens, l'avocat Hendriekx, le Dr. Quintens et même le Dr. Dousây... que tout Courtrai peut voir se promener chaque jour avec des officiers allemands! L'attitude d',,Ons Vlaanderen", de Calais, et de l'organe des aumôniers flamands à Londres manque également de franchise à l'égard d'un mouvement qui a été condamné avec force et inconditionnellement par le gouvernement du Roi. Ces hésitations regrettables, inspirées uniquement de la ,,spéculation à la baisse" mettent en danger l'avenir du mouvement flamand et sont de nature à retarder l'avènement de réformes sur lesquelles tout le monde est d'accord." Il était utile de mettre au point la conduite des activistes flamingants devant l'épouvantable martyr qu'endurent nos compatriotes, tant Flamands que Wallons. Les déportations? Ils ne s'en préoccupent pas. Il n'y a que la question flamande qui les intéresse. Ils sont pareils à ce Mark de Salm qui ne s'intéresse qu'à la question gros sous. Pendant que les déportations, systématiquement, continuent, ce méprisable indi-vr' i et les salariés de la Kommandantur, ses collègues, applaudissent à tout rompre. Le ,,Bruxellois" profite de la situation pour ouvrir une tribune libre — pour la paix. On • y lit avec regret l'opinion d'Edmond Picard qui a fait à une association quelconque ; en faveur du théâtre belge (le moment est bieiij choisi!) des déclarations qui nous at- , tristent: ,,La Belgique" de? frères Hutt en- ; registre, avec une joie qu'elle parvient mal à dissimuler, le compte rendu de la conversation. Nous en reproduisons quelques extraits:— Et la guerre, Maître, qu'en pensez- « vous? ! ! — La guerre! Je ne sais pas si j'ose y ' i penser encore, tant elle me paraît inouïe, j : monstrueuse. Cette folie de. carnage, cet affreux gaspillage de sang, de belle vie humaine, me rappelle, à peu de choae prè9, ce pauvre Mexique oiv Fernando Cortès trouva, érigé en coutume, un sacrifice quo-épouvantable, sinon le meurtre haineux, publique un parc où l'on entretenait, les malheureux destinés à ces égorgements ! — Et vos prévisions, Maître ? — Que voulez-vous prévoir dans ce chaos épouvantable, sion le mourtre haineux, l'obstination stupide qui compromet un peu plus chaque jour l'avenir! J'ai beau regarder autour de moi, chercher une trouée lumineuse dans la brume opaque et la fumée noire.des canons, je ne vois que des chairs meurtries, du sang qui coule, des enfants qui souffrent, des femmes qui pleurent, des richesses sociales qui s'écroulent. Ah! c'est ,,de la belle ouvrage", comme on dit. Us veulent aller jusqu'au bout!... Sinistre plaisanterie! Où est-il ce bout en travers duquel on a déjà couché tant de ruines et de cadavres! L'écrasement do l'Allemagne? On ne raye pas du globe quelque chose comme 70 millions d'-hommes. On n'en comprime pas la vie politique, commerciale e<t industrielle. Et il ne se trouve pas, dans le tas de ceux qui tiennent le glaive levé, un homme qui ose dire, qui ose crier: ,,Assez de morts ! Assez de néant!" En d'autres termes, je voudrais qué quelqu'un parcourût l'Europe, comme le Dante parcourait la campagne florentine, en criant éperdument: ,,La paix! La paix ! La paix ! ' ' N'est-ce pas la leçon d/impuissance réciproque donnée, depuis plus de deux ans, aux deux groupes de peuples en lutte? N'est-ellê pas suffisante pour dessiller les yeux ? — Mais que peut être la paix, présentement ? — Il est bien difficile de la préciser. Ce que la raison et le coeur indiquent, c'est qu'elle devra ménager les droits de chaque nationalité, essayer d'établir un équilibre permettant à chacune la libre réalisation de sa destinée historique humainement entendue. Elle ne pourra prétendre à l'effacement de personne, à l'écrasement de quiconque. Il faudra qu'elle comprime les funestes manies d'impérialisme qui étaient devenues la prétention de plusieurs; qu'elle réussisse, si possible, à empêcher toute domination militaire excessive tant sur terre que sur mer; qu'elle organise une ligue des peuples raisonnables contre celui Ou ceux qui voudraient franchir lès bernes prescrites par la. sagesse. - s — Le moment vous semble-t-il venu d'en- ( treprendre pareille tâche? — Tout cela paraît encore bien difficile. Mais que de solutions qui faisaient l'effet de rêves ont pris peu à peu l'apparence de la réalité, des que les diplomates se sont < assis autour de la table des négociations : avec la volonté ferme de faire cesser des calamités affreuses et d'arriver à un résultat empreint d'équité réciproque! U 'y a, , dans les congrès de ce genre, une vertu conciliatrice puissante qui plane, au-dessus des délibérations et qui est riche en imprévus heureux. Je répète donc: ,,La paix! La paix!" Qu'on s'abouche pour arriver à cette paix nécessaire ! Qu'on renonce à la forfanterie j des victoires quasi impossibles! Qu'en ^e 1 rende à l'évidence et qu'il y ait des âmes , courageuses pour crier partout, partout, 1 sans hésitation et sans crainte: ,,La paix ! La paix ! La paix ! ' ' Aussitôt, la Kommandantur donna l'ordre •' à sdn domestique Belvaux de reproduire les j déclarations d'Edmond Picard. Ces déclara- , tions'n'avaient pas été tronquées, car l'émir ] nent juriste confirma à l'Agence hollando- ; belge que les opinions qu'on lui avait prê- < té-cs étaient exactes. Il en profita pour ajou- i ter: _ _ j ,jL'article qui a paru exprime bien ma * ptnsée. C'est d'ailleurs ce que je ne cesse de ( dire autour de moi. Mais, entr'autres fléaux . que nous devons à la guerre, nous vivons dans une sorte de fièvre cbridionale qui j oblitère le bon sens du public. Personne n'ose dire à haute voix ce qu'il pense tout 1 bas. Chacun se méfie de son voisin, do crainte d'être taxé de' manquer de patrio- 1 bisme. Comme si c'était faire acte de vrai J patriote que de se leurrer, de se beroer d'il- ( lusion ou de refuser de voir la situation telle f qu'elle est en réalité. ,,Oui, j'ai dit et je le répote, il faut cesser 1 la guerre, oe , ,molochisme" odieux qui dé- i pore depuis plus de deux années la fleur de £ la jeunesse. Oui, il faut faire comprendre c ■lux hommes d'Etat obstinés que la.guerre j actuelle ne peut plus aboutir aux résultats t }ue chacun avait cru pouvoir obtenir, .cette m erre qui sombre dans un piétinement sur c ^lace, qui serait ridicule si elle n'était tra- c îique. Oui, il faut que la voix des peuples f s'élcve de toutes parts pour forcer les diplo- 1 nate3 à se réunir et à s'entendre. Oui, j'ai t lit tout cela et il faut que chacun le crie r lutour de soi... la Paix! la Paix'... <■ ,,Je n'ai pas provoqué la publication qui a i été faite, mais, maintenant que c'est un c !ait accompli, je ne suis pas loin de m'en réjouir. Il faut toujours que quelqu'un ( J commence. Combien y en a-t-il qui pen- . J :ent comme moi? Mais avec le régime de j :r ai n te et de suspicion que nous nous soin- c nés créé, par une sorte de patriotisme mal ) compris, personne n'avait osé commencer, C'est donc moi, paraît-il, qui ai ouvert le chemin; j'espère que cela en décidera beaucoup d'autres à suivre la* même voie... la voie qui mène vers la Paix la plus prompte-rnent possible!" Aussitôt, le crocodile de la rue Henri Mans de verser des larmes de plaisir. ,, Voilà un an et demi, écrit-il, que le ,,Bruxellois" a entamé la croisade pour la paix; l'adhésion d'Edmond Picard nous réjouit profondément!" Il ne manquait plus au grand homme que le coup de pied de l'âne. Bel-vaux s'est rappelé ce qu'il était: il le lui a donné ! En attendant, les Allemands continuent leurs razzias. Il n'est quasiment aucune localité qui n'ait pas reçu la visite des esclavagistes. Personne n'est libre de chagrin. On vit dans la peur du lendemain et l'on ne sait même pas, lorsqu'on sort, si l'on rentrera. Ah ! parbleu, Edmond Picard ne sera pas déporté, lui! Mais souffrira-t-il que cette paix qu'il appelle comme une bénédiction du ciel fasse de la Belgique une terre d'Empire? Tous les efforts perdus, tout le sang inutilement versé, tous les sacrifices, sans résultat, et nos déportés qui nous reviendraient coiffés d'un casque à pointe, — non, n'est-ce pas? La paix, c'est bien. Mais la victoire, —c'est mieux, Et nous "n'avons droit à la première qu'après avoir remporté la seconde. Elle nous vengera de ce que nous avons souffert. Par elle, et seulement par elle, nos morts pourront dormir tranquilles. Elle vengera Dinant, Louvain, Aerschot, tous ceux qui ont été suppliciés, tous ceux qui ont souffert pour que la patrie restât libre des chaînes que les Barbares de Berlin préparaient avec des rires effrayants. Nous avons droit à une réparation éclatante. Et quand cette paix sera signée, il faudra bien que les Allemands soient obligés de dédommager ces braves et fiers ouvriers qui, s'ils avaient pu choisir entre signer un manifeste en faveur de la paix ou être déportés, auraient préféré l'esclavage. L'exemple des douze ouvriers de Blankenberghe, que les inquisiteurs à la suite de la IVe armée ont fait circuler par les rues de Gand, montre que, s'il y a deux Picard pour demander la paix, Edmond, qui est quelqu'un, et Léo, qui n'est rien, il y a tout un peuple qui, malgré les privations, îes souffrances, les tortures et le régime de terreur sous lequel il vit, préfère souffrir des semaines et des mois que perdre à jamais la liberté et voir son pays natal réduit à la merci de sanguinaires bourreaux, pour des siècles et des siècles ! A Bruxe!!es Une personnalité belge, qui - passé au cliâ-iteau de Celle de nombreux mois auprès de M. Adolphe Max, le -vaillant bourgmestre de Bruxelles, vient de rentrer en France. Elle a expose au ,,XXe Siècle" les conditions faites là-bas au fier représentant de ces ,, indécrottables' ' Bruxellois, pour parler comme lo sieur von Bissing. — Lors de son arrivée au château de Celle, M. Max n'eut pas trop à se plaindre, nous dit notre aimable interlocuteur. Lo commandant, alors, était un vieux boolie qui nous laissait une certaine liberté et ne s'amusait pas à nous importuner. Mais un inspecteur de Berlin arriva un beau matin et le bonhomme fut i'dvité à démissionner.Un directeur de prison qui ne fait pas souffrir ses prisonniers, cela ne se conçoit pas dans l'empire du Kaiser! Survint un directeur, très correct, qui eut do -réels égards envers le bourgmestre de Bruxelles. L'inspecteur étant revenu au bout do quelques semaines, le nouveau directeur ne tarda pas à avoir pour remplaçant une sombre brute, sorte de fou furieux dont on n'imagine pas les attitudes. La situation devint bienltôt tellement intolérable que nous décidâmes de recourir à l'intefvention du lloi d'Espagne. Imaginez-vous que ce sauvage en était arrivé à punir do la prison ceux qui. (je fus dans le cas) ne répondaient pas en îdlemand, dont ils ne comprenaient pas un mot, aux questions qui leur étaiposées dans cette langue!Aussi les deux cham.rcs d'arrêt du fort é?ta;ent-elles toujours remplies: on devait attendre son tour pour faire ses arrêts I En une semaine, M. Max dut y passer deux fois ! Ce n'était qu'un avant-goût de co qui l'attendait ! Des soldats belges, au nom vre de seize, avaient | passé par Celle. M. Max s'était naturellement intéressé à eux, et, lorsqu'ils partirent pour un camp, il sollicita l'autorisation de leur envoyer quelques vivres de son superflu. Cette autorisation fut tout d'abord accordée, puis refusée. M. v Max se plaignit alors à l'inspection de Hanovre qui refusa également et afficha l'intention de tirer vengeance do l'audace d'un prisonnier qui s'était permis de s'adresser à elle! Ello en trouva l'occasion lors do la visito l'un attaché de l'ambassade d'Espagne venu de la part du Roi Àiphonse XIII pour s'informer auprès de M. Max des raisons do ses plaintes. Au cours de la conversation, le bourgmestre clo Bruxelles, voulant caractériser la conduite du commandant du fort, déclara notamment îuo c'était ,,vraiment le régime du caporalisme ' prussien." Un soldat boche avait été posté par lo directeur pour surprendre ia conversation du bourgmestre de Bruxelles et de l'envoyé du Roi l'Espagne ! Il rapporta les paroles qu'il avait linsi entendues. Et l'inspection de Hanovre lécida d'infliger quatre jours d'arrêt à M. Max ! , Quelque.temps après une nouvelle peine, d'un iour d'arrêt cette fois, fut infligée a M. Max, 30ur avoir répondu à un 6ous-officier qui l'interpellait avec une particulière grossièreté : .— Monsieur! Je n'ai pas d'ordres à recevoir le vous! La conclusion de tous ces incidents fut, peu J après, l'envoi de M. Max dans un oachot do Berlin. La situation créee ainsi par les Allemanas dé-passe vraiment toutes les bornes permises! Est-il admissible qu'un prisonnier se voie interdire de parler librement à un diplomate précisément autorisé, à venir recueillir ses réclamations et connaître ses griefs sur la manière dont il est traité? Est-il permis qu'on le punisse pour avoir ainsi parlé? Et que doivent penser le Roi d'Espagne et les souverains des pays neutres de la façon dont les Allemands conçoivent leur rôle? En attendant, c'est pour avoir parlé librement à l'envoyé du Roi d'Espagne que le bourg-d'un cachot à Berlin! C est une preuve nouvelle du dédain méprisant des Allemands pour les neutres. Aaa Brabant La récolte des pommes de terre n'a pas rép^idu a l'attente en Belgique occupée; elle n^est pas abondante et, de plus, la qualité est médiocre. Les tubercules se conserveront difficilement. Enfin, il faut tenir compte des vides produits par les fuites mystérieuses ; une certaine quantité de pommes de terre, ont disparu, on ne sait comment. Le gouverneur général du territoire occupé affirme que pas un tubercule n'a pris le chemin de l'Allemagne, mais beaucoup persistent dans l'incrédulité. Dès aujourd'hui, cependant, la crainte d'une disette possible se manifeste officiellement. Dans un avis largement répandu, M. von Bissing rappelle aux consommateurs particuliers et aux comités des ,,soupes » populaires", qui préparent journellement le potage pour 140.000 personnes, qu'il faut se préoccuper de remplacer les pommes de terre par d'autres légumes, au premier rang desquels il place ,,le chou-navet, le nave.t blanc, la betterave demi-sucrière, la betterave sucrière." Il engage donc chaque ménage et les Comités d'alimentation préparant des repas chauds à mélanger l'un de ces légumes aux pommes de terre, de manière à conserver les stocks le* plus longtemps possible; il faut tendre à généraliser la consommation des diverses variétés de betteraves. Malheureusement, la valeur nutritive des betteraves est inférieure à celle de la pomme de terre, et, de plus, elles constituent un aliment peu recommandable pour les arthritiques et les rhumatisants, qui se rencon-< trent dans toutes les classes de la société. » • * La commune d'Anderghem vient d'installer une laiterie communale dans la propriété de M. Madoux. Le lait est réservé aux enfants et aux vieillards. On a mis d'anciens- fermiers à la tête de cette oeuvre. A Veirviers Aucune fabrique ne travaille : il n'y a plus un seul pouce d étoffe, ce .qui fait que l'oeuvre du vêtement ne pourra continuer à exister. Des cantines spéciales pour mères de famille fonctionnent dans tous les quartiers do la ville ainsi que les soupes. Dans les locaux du Ravitaillement se vend la soupe communalo au prix de 5 centimes lo litre, distribuai!le aux seuls chômeurs inscrits. A l'Aide mutuelle, ruo Xhavée, sont installées des cuisines où l'on prépare pour 60 centimes des dîners populaires que l'on vient ch.. relier dans des porte- manger et qui comprennent; potage, viande et légumes. Il y a aussi des repas du soir pour femmes enceintes. Le pain blanc est une grande rareté. Le pain gris ne se délivre que contre carte. Il 3st parfois assez bon, parfois infect. La ration est de trois pains de 1 kilo par semaine et par personne. Prix du kilo, 40 centimes. Le prix du tabac a monté d'environ 20 0/0, mais la qualité a* baissé de moitié. Les cigarettes semblent faites do paille. Les égares ao 10 centimes ont monté à 12 et 6ont maintenant à 15. Ainsi des autres. Beaucoup de magasins ise trouvant à court do marchandises... ou de ressources, mettent les volets. Les plus nombreux de ceux-là se trouvent dans le quartier des rues de Dison et de Hodimont., Un grand monument sort de terro: la nouvelle école normale, ruo des Vallons, non loin du terrain de football du C. S. Verviétois. C'est un magnifique monument aux lignes simples mais imposantes, dont les entrepre-tieurs sont les frères Roy, rentrés de Hollande pour achever ce travail soumissionné avant la guerre. Il n'y a plus à Verviers qu'une seule auto, attachée au service do la Kommandantur. La police secrète allemande est établie dans la maison Ilauzoul, au coin de la rue do l'Escalier et du Palais. Lo grand Café Royal, place Verte, est transformé en foyer du soldat allemand (Soldatenheim). Il y a en tout 150 cavaliers, principalement des vieux. Il passe toujours beaucoup do trains militaires transportant troupes et matériel. Tout passe maintenant sur le terre-plein de la nouvelle gare, qui a été complètement aménagé et dù ho manque plus que le bâtiment. L'ancienne j,courbe" derrière les maisons de la nie i'Ensival est délaisée et le cul-de-sac de la ;are Ouest est devenu un morne désert. Cela ao sert plus que dans des circonstances exceptionnelles. _ Pour la MoëS et ies Et rennes de nos soldats au front Montant des listes précé- dentés J/.319.2J/.\ fl. +. 722.90 fr.t. 7. F cet ers, à Diepenveen ... 1.00 /'. Le don de fl. 1.25 renseigne dans notre numéro du lo décembre sous la rubrique. Z. Y. X. doit être: De la part de Mme Huygghen fl. 1.— et Z. Y.yX. 'fl'. 0.$5>

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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