Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 09 June. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Seen on 05 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/v11vd6qp67/
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JO URNAL DE G AND ABONNEMENTS : RÉDACTION & ADMINISTRATION : ANNONCES' BELGIQUE : 15 francs par an ; 7-50 francs pour *ix mois ; 4 francs pour trois mois a HUE DE FLANDRE. 3. GAND Pour l'étranger, le port en sus ' TÉLÉPHONE 665 *■* V°'r 16 ta"f aU baS d® la dernière Pa8e du Journal- I Le Boerenbond ; n La grande ligue agricole flamande — le a [loerenbond — a tenu lundi dernier son g| congrès annuel à Louvain. tl' D'un rapport présenté à l'assemblée par d son secrétaire, le chanoine Luytgaerens, il S| résulte qu'au mois de décembre 1913, le .. Boerenbond » comprenait 599 gildes af-tiliées avec un total de 53,689 membres contre 50,61-1 en 1912. u Pour se faire une idée de 1 importance de a ces chiffres, il faut se rappeler qu'il y a d; un peu plus de vingt ans, la Belgique ne g| comptait que peu d'associations rurales. Aujourd'hui, tout un réseau d'institutions & agricoles couvre le pays. v M. Louis Variez, le sociologue de valeur a aue l'on connaît et qui n'a jamais témoi- S ïné la moindre tendresse au cléricalisme, . reconnaît que le clergé et les hommes ^ d'œuvres du parti clérical, ont contribué le plus au groupement des cultivateurs. Voici, en effet, ce qu'il écrit dans son étude sur les associations rurales en Belgique . ,, Par un singulier effet des événement^ £ ;e sont aujourd'hui ceux-là mêmes qui pa-oaraissent avoir le plus grand intérêt à maintenir le paysan loin des agitations so- g -iales qui travaillent maintenant avec le nlus d'enthousiasme à créer des œuvres sociales à l'amener dans le cercle enfiévré ^ Je ia vie moderne. Les grands P^on?°'e^s c ia mouvement corporatif, qui entr^ne ac- ^ , tellement le paysan belge P >t les seigneurs, les seules autorités en îe ^ miellés le vaësàl ose placer le peu de con- ° ■ : ■ ca méfiance èt de ses arrière-pensées. On ne pourrait trouver propagandistes plus c puissants et plus écoutés. » ti Comment les cléricaux ont-ils été amene. n à créer des associations rurales / J t, Ij> développement de l'instruction pri-1 h maire SX des journaux à bon mer d i/ia émigrations des ruraux vers 1 1 e ^trM urbains, facilités par les « trarns b Sers», enfin les voyages I^iodjques q dM bandes de França'S", cest-S de „ travailleurs des campagnes belges qui, tous es ans vont faire la moisson en Fiance, „ p & v eux de s'occuper de 1 action sociale, en p li ticuLier sur le terrain agncole. Les efforts furent d abord isoles, ue n de-lâ un prêtre ou un laïque entreprenait, „ u£ %u ait hasard des circonstances, la p constitution de quelque association ag ti cole Ainsi se fondèrent les premiers grou- s I pements de ruraux. Ce n'est <T>e Plu» «'îr< c I aue vînt le souci de l'action collective et t que prit naissance la grande as™ciation du d «Boerenbond », nom composé flamand qui |, sianifie «Ligue de paysans». • f Elle fut l'œuvre dun curé de Pa!?lf^ M. l'ahbé Mellaerts, et créée à 1insta d « Bauervereîne » allemands. t ' I.e 20 juillet 1S90 eut lieu, à "'rtaï v réunion de cultivateurs, convoqué ■ tiative de l'abbé Mellaerts. de M. Hellieput h te èt de M Schollaert. Elle én.it le vœu q de voir fonder dans toutes les ««w; des gildes agricoles: on ^ d tard iinp Fédération ou Ligue des paysans, h laquelle s'affilieraient les £ I £ cales Cette affiliation servirait pour 1 «a e chat en commun des matières premières de p l'agriculture ». Quelques jours plus tard, les *r0^f p™m jj [ teurs d»s gildes lancent un q s'agit, y disait-on, de fonder une ■ a de oavsans », qui devait poursuivre cette triple^âche : défendre les ^térêls religieux f; et moraux des paysans, poursuivre lamé lioration de la législation agraire, P v , r à l'organisation corporative de 1 agneu fore. Circulaires et brochures ful^nt g H éclairent et expliquent lies statuts. Le mou H vement est donné et dès lors, ne ae r^'™ c tit plus. En 1891, 49 associations locales c sont déjà créées, centralisées dans une le- dération, et comprenant 2,(^ Lo , Liaue est dès lors assez forte pour avoir f m organe : c'est le Boer ou le Paysan, q« 0 Içs associés recevront chaque mois, moyen ( nnntum franc par an. I Les promoteurs de ln ^'-ue Ç ntmuen t aartout, à tmïers le .pays flamand, leur_ac ive campagne de conierences. les associations,- créées et affiliées, au0- nente chaque année. En 19(6, le «Boerenbond» comprenai 126 gildes et 30,900 membres. On a vu tantôt lue le rapport du chanoine accuse maintenant près die d4,000 affilies Le « Boerenbond » de Louvain pourrait, sans trop de prétention, revendiquer 1© tire de Fédération nationale, car il rompt* les affiliés dans toutes les régions du pays îon action principale se limite pourtant e .'arrondissement de Louvain et aux provinces d'Anvers et de Limbourg. Le « Boerenbond » et la Boercngilde sin-pressent à tout ce qui concerne la profession igricole. Mais ils constituent avant^ tout les groupements ayant des fins politiques ;t religieuses. « T^e caractère chrétien des Boerengilde iffiliés au Boerenbond belge, écrit M. A. Vermeersch, s'accuse par un certain engagement des membres h rester bons chré-;iens. par la participation à certaines so-ennités religieuses die la paroisse, puis une réunion mensuelle à l'église et la célébration de la fête de saint Isidore, le patron des agriculteurs. Le curé figure partout ;omme membre de droit dans le Conseii. 3a présence y est considérée comme une garantie d'union et de stabilité. » La plupart des ligues agricoles sont affiliées à un organisme central dont le ressort s'étend soit au canton, soit à la province, soit au pays. Leur activité se manifeste dans toutes les branches du domaine agricole. Mais c'est surtout dans l'ordre coopératif, mutualiste et syndical qu'ils ont obtenu les plus brillants résultats : achat en commun des matières premières agricoles : semences, engrais, aliments pour le bétail, ^ instruments aratoires, laiteries coopératives, assurances contre la mortalité des animaux domestiques, chevaux, bœufs, _ chèvres, porcs,^etc.; consultations juridiques gratuites, nlacement des ouvriers agricoles, champs d'expérience, conférence, journaux, tracts, bibliothèques, etc., etc. * Outre le Boerenbond de Louvain, il exis-te des Fédérations pr-ovincmled dans !a Flandre Orientale, dnns !;i Flnndre Ooci dentale, le Hainaut, la province de Namur st le Luxembourg. Mais c'est le Boerenbond belge, dont le siège est à Louvain, qui est de beaucoup le plus puissant et le mieux organisé. Le nombre total des affiliés aux Ligues agricoles des diverses provinces est difficile à évaluer, la plupart d'entre eux appartenant à plusieurs groupements. L'organisation des paysans et des ouvriers par des militants du parti catholique i tu incontestablement pour effel d'entraver l'extension du socialisme dans les campagnes et même dans les milieux industriels et urbains. Cependant, ce n'est pas sans appréhension que les conservateurs de ce parti virent se lever ces^ Associations agricoles et surtout les syndical s chrétiens. N'nllait-on pas éveiller chez <vs travailleurs l'esprit, de classe, le sentiment de révolte contre l'ordre établi? Employer les moyens mêmes dont se servaient ks socialistes, n'était-ce pas les conduire dan^ la voie du socialisme ? Le danger semblait d'autant, plus grand qu'au début du mouvement, surgirent des prêtres et aussi des laïques dont les idées audacieuses, très voisines des idées socialistes, effrayèrent fort la bourgeoisie Sans doute ils disnient qu'il importait de préserver les travailleurs catholiaues des doctrines révo'utionnaires, mais, d'autre part ils soutenaient que la démocratie chrétienne devait aussi avoir un but positif : élever la condition morale et matérielle des paysans et des ouvriers par l'organisation, par l'action politique et, au besoin, par la grève. . Les conservateurs ont compris le danger. Ils ont décapité le mouvement démocratique de ses principaux chefs : l'abbé Potlier a disparu de Belgique, MM Renkin et Car-ton sont ministres. D'autres leaders se sont laissé domestiquer. Mais le danger n'a pas entièrement disparu. Le parti daensiste existe encore et les dernières élections l'ont montré en progrès Et n'a-t-on pas déjà vu des syndicats chrétiens s'entendre avec des syndic,ys socialistes en vue de grèves à soutenir en commun ? , .. ,, , . Des conservateurs ont manifesfe parrms la crainte de voir un mouvement semblable surgir des Ligues de paysans le jour où l'une ou l'autre crise économique atteindra les campagnes. La poule cléricale ne serait-elle pas en train de couver les œufs du ' ECHOS Suppression du «Niet bestellein ». M. Segers a décidé de supprimer le fameux «Niet bestellen», dont usait 1.3 p. c. seulement des clients de la poste. • Mais on aurait tort de croire que c'est le ridicule qui a tué la bandelette dominicale. Le ministre va la rempla -er par d'autres mesures, dont le résultat le plus clair sera de suspendre tout à fait le service des postes le dimanche... Une excellente nouvelle pour les industriels et les commerçants 1 wv* Le travail dans les couvents. La presse cléricale se livre de . puis tout un temps à de vains efforts pour réfuter le livre de M. 1 oossart, qui montre le danger des innombrables entreprises conventuelles, où les ouvrières sont exploitées d'une façon éhon-tée.Un religieux a même cru devoir se livrer à une contre-enquête, dont la conclusion tente seulement de diminuer l'importance de ce pieux négoce. Dans le rapport qu'il a dressé à ce sujet et après avoir exprimé l'avis qu'il est désirable que les couvents fassent le moins possible de l'industrie et du commerce, le religieux en question ajoute : « Il nous semble nécessaire qu'une entente s'établisse entre les supérieures des congrégations, ^afin qu'aucune d'entre elles n'accepte plus de commandes ne permettant pas de donner aux ouvrières un minimum de salaire convenable. Etant donnée la variété presque infinie des travaux exécutés, il n'est pas possible d'établir pour chaque article un tarif minimum. Mais il ■audrait stipuler, du moins pour les ouvriè res de plus de seize ans, un minimum par heure ou par jour, et refuser toute offre.qui ne permettrait pas de l'atteindre. » 11 est arrivé, et il arrive encore, que des ouvrières laïques, s'adressant à la direction d'un grand magasin pour obtenir une augmentation de salaire absolument justifiée, s'entendaient dire: «Si vous n'ê tes pas contente, nous le ferons faire au couvent. On y travaille aussi bien et h meilleur marché ». Sans doute, les religieuses, obligées v nourrir chaque jour de nombreuses •" ves acceptées gratuitement ou il des pri> dérisoires, ont préféré souvent un travail moins rémunéré, mais assuré et constant. à un travail plus lucratif, mais irrégulie'-. A défout d'entente entre les congréga lions, il faudrait presque forcément continuer £. le faire. Ce n'en serait pas moin* provoquer chez les ouvrières laïques ui mécontentement inévitable et que nous ne pourrions pas désapprouver. » Après cet aveu, la presse cléricale aura beau ergoter, la cause n'en est pas moins jugée. «« Ce que peut renfermer un esto mac humain. — Quatre cents corps étrangers découverts à l'autopsie. La variété des corps étrangers que certains maniaques sont capables d'introduire dans leur estomac est inépuisable. Tous les traités d'aliénation mentale renferment des catalogues plus o-u moins étranges, quant à leur composition, de ces singuliers musées portatifs, ouverts seule ment au chirurgien... ou i l'anatomiste. Pourtant, le record vient probablement d'être battu par un malade hollandais, dont le docteur Fakke M :ng rapporte l'his-toire.Admis à l'hôpital pour une gêne de la déglutition remontant déjà à quinze jours, il nia jusqu'à so mort (causée par une broncho-pneumonie) avoir avalé aucun corp3 étranger. On supposa l'existence d'un rétrécissement syphilitique. Or, son autopsie amena des constatations stupéfiantes.Dans 1a paroi de l'oesophage était encas tré un fragment de bouton de porte ouvragé, en bois de buis, de la grosseur approximative d'une noix. L'estomac, dont la 8-ur-face interne présentait des cicatrices d'ulcération, renfermait les objets les plus divers en cuivre, fer, plomb, zinc, verre, pierre, liège, ébonite ou faïence. Au nombre de ces objets figuraient des clous, des vis, des agrafes, des gonds de porte, des fragments de chaîne, des morceaux de clefs ou de serrures-, un petit canif, deux tire-bouchons, de nombreux anneaux, un bouchon de bouteille à soda-water, des boutons do manchettes, .une cartouche avec sa balle, etc. Le nombre de ces pièces atteignait quatre cents et leur poids total était de 750 gram-mes. . La Semaine Médicale, qui nous fait connaître ce curieux inventaire, émet la remarque que l'état mental de ce patient devait certainement laisser à désirer. Cest assez probable. \wv Argument dangereux. Depuis la consultation électorale du 24 mai, les catholiques s'obsti-; nent à démontrer que le nombre des suffrages ne signifie rien. Cest un trompe-l'œil, assurent-ils, provenant de la multiplication des voix supplémentaires en pays wallon Mais, à ne considérer que les électeurs, ceux-ci, en majorité, se sont prononcés en faveur des catholiques. Une remarque n'a pas été faite, dit a ce propos le Matin d'Anvers. Cet argument | est un argument de suffrage universel pur et simple ; c'est un argument en faveur de ceux qui réclament la revision, et lés catholiques n'ont pas l'air de s en douter... Mais ils préfèrent faire usage d arguments dangereux plutôt que d'avouer le revirement qui s'est produit, surtout dans les provinces flamandes où ils se vantent dP leur situation. La discussion sur le diviseur électoral, Bur le nombre réel des électeurs, ^ a fait perdre ce revirement de vue et c'est ce que les catholiques désirent. En réalité, dans la Flandre Orientale, les cléricaux ont perdu 17,000 suffrages depuis 1912 et l'opposition en a gagné plus de 25,000. nn Et dans le Limbourg, ils ont gagné bUU suffrages, alors que l'opposition en gagnait 3,000, Que viennent-ils nous chanter de pays wallon ? Au jardin public. Le promeneur studieux. — Dites-moi, mon ami, cette plante n'ap-• partient-elle pas à la famille des acanthacées? , _ «. Le jardinier. — Certainement non 1 Cette planté appartient à la Ville... et n'y touchez pas, hein'l A PARIS APRES LA COMBINAISON VIVIANI. — LES CAUSES DE L'ECHEC. — LES <i UTILITES » PARLEMENTAIRES Ce n'est peut-être pas le gâchis. Mais c'est quelque chose qui ressemble au gâchis. La situation parlementaire, au début de cette législature, est très compliquée. Cela s'arrangera évidemment, puisque tout s'arrange. Les difficultés n'en sont pas moins graves â l'heure actuelle. L'échec de M. Viviani était à prévoir. Vous me direz que cette prophétie arrive après l'événement. Sans doute. Mais ce fut pendant que l'événement se produisait que la prophétie put se faire. M. Viviani, constituant son ministère, montra de terribles hésitations. On put croire qu'il ferait un ministère de gauche, puisque tout son passé le désignait pour cela, et puisqu'il gardait avec lui le ministre de l'intérieur, radical-socialiste militant, M. Malvy. Puis M. Viviani pencha visiblement vers la Fédération des gauches — qui est, comme on sait, vers la droite — et ne revint â gauche que sur les injonctions publiques du Comité de la rue de Valois. C'est alors qu'il appela M. Godart, M. Ponsot (etc.). Cependant, il gardait M. Jean Dupuy. M. Jean Dupuy a une importance considérable dans la politique parlementaire. Non qu'il ait joué ouvertement un très grand rôle. Mais il est un des hommes les plus puissants de la presse parisienne. Sa fortune est énorme. Sa situation exceptionnelle. Et puis, il est ami intime de M. Briand. Il semblait donc entrer dans le ministère pour y représenter M. Briand... Voilà ce que les partis avancés ne pouvaient tolérer. Le résultat, ce fut le départ de M. Godart et de M. Ponsot. Enfin, nous avons pu voir ce spectacle extraordinaire : des parlementaires refusant d'être ministres parce que leurs principes n'étaient pas tout à fait d'accord avec ceux du président du Conseil. Ce spectacle est bien réconfortant au point de vue moral ; on ne court pat, le risque de le voir trop souvent et de s'en lasser. Et,«maintenant, Deschanel se retire pour des raisons que l'on peut juger délicieusement paradoxales. Delcassé, qui parlait je ne sais où voilà deux ou trois jours, _est —^ j?er... Peytraï n'est pas désireux de jouer les Tirard ou les Sorrien. Vous avez entendu parler des Tirard et des Sarrien. Ce sont des personnages de second plan qui parviennent ou premier lorsque les personnages d( "premier plan «se défilent». 11 convient d'ailleurs d'ajouter sans retard que ces personnages ae second plan ne font pas du tout mauvaise figure au premier plan lorsque les circonstances les y poussent. Tirard fut à plusieurs reprises un excellent président du Conseil. 11 portait des panlaions trop courts, il avait des cheveux trop gras, et il parlait médiocrement. Mais il était de bon sens, et le président Cannot 2ut maintes occasions de l'apprécier. Un jour, le polémiste bonapartiste Paul le Cassagnac, qui avait un talent vigoureux et une grande habileté de routier parlementaire rappela au bon Tirard qu'il avait été bijoutier e,n faux. Tirard lui répondit victorieusement qn'il n'y a pas de sot métier. Tirard avait la raison pour toi. Aujourd'hui, il l'a plus que jamais, car les bijoutiers en faux se multiplient et les Tirard deviennent de plus en plus nécessaires. On dit : jouer les Tirard. C'est une locution nouvelle. La langue française s'enrichit. Quant h Sarrien, qui joua les Tirard avec une mnëstria extraordinaire, il avait mn mérite extraordinaire aussi, il se taisait toujours. Au reste, un homme fin, un temporisateur pour qui le silence était une opi-lion... Une opinion merveilleuse, évidemment, puisqu'il ne cessait de se taire... M. Sarrien, je me demande pourquoi, est un peu suranné maintenant. Et M. Peytral tiésite à jouer les Tirard — et les Sarrien. r','est dommage. Il le pourrait élégamment. 11 est un des hommes de France qui portent le mieux la redingote. Et il a une éducation fort bonne. Il est aimable. Il sourit, tl connaît les finances. Il parle facilement. Il serait un Tirard de choix. Nous en avons besoin. Mais si vous êtes inquiet, rassu-rez-vous : tout s'arrangera.- ' > J. BRNEST-Gii.tRLES. Colossale escroquerie L'Affaire Wilmar, LA PREMIERE AUDIENCE. ■ C'est dans la sombre et lugubre 9e chambre, appelée « chambre nmre » par les habitués du Palais de Justice, que s'ouvrent, lundi matin, les débats de l'affaire Nestor Wilmart. Beaucoup de monde attend devant la porte d'entrée, mais peu de personnes sont admises, vu l'exiguïté de la place réservée au. public. Il est 9 h. 10 exactement lorsque l'audience est ouverte. Nestor Wilmart est amené, les menottes aux poings ; il est le seul prévenu qui soit détenu. Il apparaît toujours corpulent, mais légèrement pâli. Il est vêtu d'une sévère redingote. C'est en souriant qu'il serre la main à l'un de ses défenseurs à son arrivée au banc des accusés. Wilmart, comme on le sait, est défendu par MM Morichar, Corbiau et Roosens. Rasquin. qui se trouve il ses côtés, est défendu par M" Sand. Waechter, par M™ Picard, Jamar et Debroux; Dethier, par M" Hymans père et fils ; Demaret, par M* Coosemans ; Van Hentenryck, par Me" Thomas Braun et Wauwermans. Les débats sont présidés par M. le conseiller Delecourt, assisté des juges Simoons et Olivier C'est M. le substitut Pholien qui occupe le siège du ministère public. 11 est tout d'abord procédé & l'appel des témoins. Le président, après avoir prié le substitut du procureur du roi et les défenseurs de ne pas allonger les débats par des considérations qui ne se rapporteraient pas directement à l'affaire, donne la parole à M. Pholien. Celui-ci fournit des détails concernant la citation des témoins et donne lecture de plusieurs lettres de certains d'entre eux. Le but que j'ai poursuivi dans mon réquisitoire, ajoute M. Pholien, est de sauvegarder les droits de la société dont je suis l'organe et en particulier de veiller aussi, dans la limite du possible, à ce que les victimes des prévenus retirent quelque chose de la liquidation judiciaire qui s'est ouverte. - — H .■■■y _■ 1 1 M"»! de chacun des prévenus et que les lecteurs ont trouvé dans notre numéro d'hier. DEPOSITION DU JUGE D'INSTRUCTION DE VOS M. le juge d'instruction De Vos, qui, comme on sait, fut chargé de l'instruction de cette affaire, est Ile premier témoin entendu. Il s'attache à expliquer comment le Parquet fut amené à ordonner une enquête à charge de Wilmart. An commencement d'octobre 1912, Je juge d'instruction Keppem était chargé d'ouvrir une instruction à charge d'un courtier démarcheur nommé L..., qui avait entre tes mains cinquante obligations Gand-Terneu-zen appartenant à un de ses clients. Le courtier était introuvable. Le signalement des titres en litige fut dressé et communiqué aux banques, afin d'éviter qu'on les négociât. Quelques jours plus tard, la femme du démarcheur apporta les titres au juge d'instruction. Le plaignant se désista . et l'affaire fut classée. Mais la publication du signalement des valeurs fit découvrir que les obligations, bien qu'elles ne fussent point sorties des mains du courtier, se trouvaient en même temps placées en report en quatre ou cinq endroits différents. Le scandale venait au jour. Mais la santé de M. le juge Keppen laissant à désirer, il en advint quelques mécomptes dans l'instruction. Il était indiscutable, à ce moment, que les faux devaient provenir du sièj, de la Société. On ne tarda pas à indaguer dans ce sens et une rumeur singulière se répandit aussitôt en Bourse. Le mardi 8 octobre, Nestor Wilmart, directeur-gérant du chemin de fer Gand-Ter-neuzen, fut averti que d.e fausses obligations avaient été découvertes et qu'une descente du Parquet était imminente au siège de la Société, boulevard de la Senne. C'était Dethier qui lui rendit ce service. Wilmart se présenta, payant d'audace, chez M. Keppen. Mais l'entrevue fut recu-ée au lendemain par suite ''3 la maladie ;du juge. Le lendemain matin, ce fut M. De ;Vûs lui-même qui reçut Wilmart. Pris au dépourvu, dit M. De Vos, je demandai h Wilmart de repasser l'après-mi-:di. Du reste, à ce moment, je n'avais pas ,1e droit de le mettre en état d'arrestation.-: Le juge s'attache à expliquer longue, iment les raisons pour lesquelles Wilmart ine fut pas arrêté tout d'abord. Wilmart, ivoyant que les choses se gâtaient, put prendre la fuite. Je diviserai ma déposition en quatre parties bien distinctes, dit ensuite le magistrat instructeur r ' 1° La confection des titres contrefaits ; 2° Les opérations de report ; 3° L'emploi des fonds provenant de ces opérations de report ; i" Les irrégularités qui ont été relevées ,dans la comptabilité de la Compagnie du chemin de fer Gand-Terneuzen. Le magistrat donne de longs détails sur la confection des titres irrégulierrs qui Commencèrent à être émis en 1900. La maison qui les fabriqua ne voulut pas y faire figurer faussement, comme l'avait demande Nestor Wilmart, la firme de La Cole Libre. Les obligations furent mises en circulation ; mais il n'en fut pas de même des actions. ! La deuxième fabrication date de 1902. Les titres portent des numéros supérieurs â ceux de l'émission identique. Les titres des deux fausses émissions portaient la griffe de Léon Wilmart et la signature de ;deux administrateurs. ' De 1904 â 1912, l'imprimerie de La Cole f.ibTe a fourni environ 5,400 titres et 8,000 •feuilles de coupons. Il y eut au total 44,000 titres signés par Ithier, 3,000 par Gérard et 4,100 par Demaret. Le texte qui se trouvait au verso des titres faux ne correspondait pas à la date du titre et les numéros ,des titres et des coupons ne concordaient pas entre eux. Des 59,900 obligations saisies, 16,005 faisaient l'objet d'opérations, dèj le 0 octobre 1910. Le juge d'instruction fournit des explications précises sur les opérations de mise en report. ■' Wilmart prétend que les agissements n'étaient pas destinés ù son usage personnel. La grande partie de l'argent qu'il réa-ilisait allait â des tiers ou servait à des frais de report. Le juge d'instruction De Vos continue son exposé , et s'attache à établir les faits qui ont amené les co-prévenus de Wilmart â ses côtés sur les bancs de la correctionnelle.Au cours de l'audience de mardi, M. De Vos continuera sa déposition et il s'appliquera spécialement au cas de M. Waech- i . Feuilleton du Journal de Oand 9 6 " ILA VOLEUSE DE BONHEUR r.n* \m nnn \ M PDAMATIOIIR ! PAR LEON SA.Z1JE PREMIERE PARTIE Le Martyre de Lucienne — C'est une heureuse idée — se dit-elle — dont il faut féliciter le capitaine... Par cet. imbécile, je saurais ce que, môme la comtesse, toute fouine qu'elle est, ne pourrait arriver à connaître. Alors, comme en se jouant, elle fit parler ii so i tour le brasseur. Mais connaissant par le menu ce que la comtesse avait appri3 naguère en gros, et qu'elle croyait suffisant, c'est sur des points plus précis qu'elle porta ses interrogations.Naturellement, ce fut sur l'Anglaise qu'elle le questionna. Cela seulement l'intéressait. Miss Sampson avait beau être affable pour tous les domestiques, se faire simple avec eux, ceux-ci la jalousaient extrême-fflent, la détestaient cordialement. Non pas seulement parce qu'elle était Anglaise, mais h cause des faveurs incessantes dont l'entouraient et Lucienne quand j elle était là, et le capitaine maintenant. | — Elle n'est qu'une domestique comme nous — so disaient-ils dans leur conversation à l'office — et cependant nous som-ms obligés de la servir comme nos maîtres.Cette haine n'avait fait que s'accroître, bien qu'en apparence rien ne fût venu la découvrir, au contraire. Les domestiques entrant dans le jeu du capitaine, semblaient redoubler aussi d'attention pour celle qui paraissait devoir définitivement prendre la place de madame de Magney. Mais Is l'épiaient sans cesse, surveillaient le moindre de ses gestes, ses regards mêmes. C'est là-dessus qu'Emilienne comptait. Bien entendu, les entrevues du capitaine et de l'institutrice dans le petit salon ne passaient pas inaperçues. Les longues heures que tous deux passaient ensemble donnaient lieu à leurs commentaires. Il en faut peu pour que l'office bâtisse un roman sur les maîtres. Emilienne l'ignorait moins que tout autre.Et pour cause .. cause que plus tard on saura. Palurcnu entendait tout ce qui se disait. Il le retenait dans sa rude cervelle. Et comme tous les troupiers français, par essence amateurs de sujets égrillards, de îaulois conle de chambrée, se divertissait ort, quand une des femmes rte chambre, in valet de pied quelconque, feignant d'a-.oir été appelée, faisait le coup classique et ntrnit inopinément après avoir guetté à la mr!e le moment propice pour faire son ap-larition ei surprenait le capitaine et l'ins-litutiice se parlant de très près. lit i Deux ou trois petits verres de chartreuse is- qu'Emilienne fit verser au brosseur, lui dé-ad lièrent la langue d'une façon merveilleuse-Patureau répondait à toutes les questions le que la jolie rousse lui posait. r- Elle sut ainsi tout ce qui s'était passé n- depuis son absence. il- - On avait entendu le capitaine dire a l'Anglaise : •e — Je vous aime... je veux^ réparer le la' temps perdu... les jours passés^ où je ne m'étais pas aperçu du trésor féminin qui ju vivait sous mon toit. at- On l'avait même vu l'embrasser et bien [a tendrement. ne Et Patureau trouvait cela extrêmement comique. m — Mon capitaine qui embrassait l'An-•e- glaise, répétait-il, c'est épatant. • Il riait à toute bouche, se tapant les cuisses de ses grosses mains. ne ' — Ah ! ce que c'est amusant 1 ce que ne c'est amusant ! ■ Emilienne riait avec lui. . „ Maintenant elle en savait ass:-z. ~ " Dans la pafte du brosseur, elle glissa une pièce de cent sous et le congédia, lui recommandant de dire au capitaine qu'il l'avait trouvée souffrante. — J'ai la fièvre... la fièvre, lui rappela-lu' t-elle. A cette nouvelle, le capitaine de Ma-on gney s'écria : — PIuj de doute, celte pauvre Emilien-il- ne a contracté cette fièvre au chevet de Simone. ar ii Je le lui avais prédit. de n Elle n'est pas de force à soigner un ï't malade. 'e, ii Cela demande une habitude qu'Eml-a- tienne n'avait pas et Aussitôt il se fit conduire chez la jolie la rousse ip- Emilienne l'attendait :s- Elle ava't rendu compte à son frère de la venue du brosseur. -1 — Mon cher, lui avait-elle dit, l'Anglaise ; t pour nous plus qu'un obstacle, c'est un : ■ril. n Le capitaine a fin par s'apercevoir t'elle était jolie... Il a déclaré vouloir rat-iper le temps perdu. » Il parait qu'on le pince à tout instant . train d'embrasser l'institutrice. — Allons donc 1 s'écria Maurice. — C'est pour prendre patience, fit le frè-trouvait que c'était excessivement comi- œ, lui — Parbleu ! — Pas moi... Comment ! le capitaine ent ici solennellement demander ma ain... il prétend .. il me jure n'aimer que oi et affirme que seuls les délais de son vorce. empêchent que notre mariage soit îmédiatement consommé .. Et chez lui, embrasse tout le temps l'institutrice de i fille. — C'es tpour prendre patience, fit le frè-en riant. Emilienne. nerveusement.'répliqua : — Oui, ris... ris bien.. Si cette affaire ent à manquer, nous sommes dans de 'aux draps. Maurice alluma une nouvelle cigarette. — Baste ! fit-il, nous nous sommes vus icore bien plus bas et dans des impas-is plus désespérées. » Nous en sommes bien sortis... pour-101 n'en sortirions-nous pas encore cette is ? — Alors, nous n'étions pas ce que nous immes.. Il nous était beaucoup plus fa-le de faire un bond après une chute et de iparattre triomphalement ailleurs. » Aujourd'hui, nous ne le pouvons pas. — Qui sait ? — Non... Aussi, je te l'affirme, si Patu->au, en rentrant chez son capitaine, le encontre et lui raconte notre entrevue, il dit que je suis malade... Si Armand 'accourt pas aussitôt prendre lui-même de mes nouvelles... je considère l'affaire comme manquée. — Mais non ! — Mais si... et je te le répète... je commence à tourner mes yeux d'un autre côté. — Ce serait dommage... car le gâteau est bon de ce cflté-lù. Maurice finissait à pc!-^ de parler, que devant la porte de la maison qu'ils habitaient avenue de Villiers, une voiture s'arrêta.— Regarde, fit vivement Emilienne, cest , peut-être lui. ; Maurice courut à l'une des croisées donnant sur l'avenue. Avec précaution, il souleva le rideau et regarda à travers la vitre. — C'est lui, dit-il. — Armand 7 — Oui... je reconnais sa voiture. Emilienne eut un cri de joie. — Bravo!... Enfoncée l'Anglaise! Puis, vivement, elle dit à son frère : — Range-moi un peu ça ici... Tire cette petite table arabe et les cigarettes, mets tout ça là-bas... Une malade ne fume pas... qu'il ne s'aperçoive pas que j'ai grillé des orientales... Maurice transporta le meuble et le service de fumeur à l'autre bout de la chambre.— Soulève un peu mes oreillers, mes coussins... Là... parfait. Et s'éitend-ant sur l'ottomane, se recouvrant d'urne couverture de Chine elle ajouta : — Prenons maintenant notre air le plus dolemt possible. » Toi, mon cher, tu es là... tu me tiens compagnie pendant ce peu de repos que me laisse ma fièvre. — J'ai compris mon rô!e... Allons-y! La porte s'ouvrit. — Monsieur, dit la femme de chambre, l'est monsieur le capïïalrië de Magney qui ;ient prendre des nouvelles de mademoi-;elle.Emilienne, d'une voix timide, oom: e ivec peine, s'écria : — Ah !... qu'il soit le bienvenu ! — Est-ce que tu te sens la force de rece-l'oir ce cher ami 7 demanda Maurice assez liaut, pour que le capitaine, qu'il savait à deux pas, puisse l'entendre. — Je ferai mon possible... et je serai si heureuse de le voir, répondit Emilienne, qui avait compris. Je sens que sa présence ma fera du bien. Maurice se leva. — Priez le capitaine de Magney d'entrer, dit-il à la femme de chambre. Il se porta au devant du visiteur. — Mon cher ami, quelle heureuse inspi. ration vous avez eue de venir... La malade vous réclame sans cesse. n Tenez... la voilà. Armand entra dans le petit salon. — Bonjour, capitaine, fit Emilienne de sa voix mourante. Que je suis contente de vous voir 1 Elle lui tendit sa main, qu'elle avait en soin de réchauffer sous la couverture, poui' lui donner la tiédeur et la moiteur de lai fièvre. — Ma chère Emilienne ! fit le capitaine, s'avançant tout ému. Comment ! vous êtes malade!... Ah! je ne redoutais que trop ce qui arrive aujourd'hui. Il s'était emparé de la main qu'elle lui tendait et la couvrait d'ardents baisers. — Mais qu'avez-vous donc ? demanda. t-it. Patureau ne m'a pas renseigné suffisamment ; cet imbécile n'a fait que me met. te l'âme à l'envers... Voyons, Emilienne'i — I,a fièvre ! soupira la jolie rousse. — La fièvre!... Quelle fièvre? — C'est tout ce qu'a dit le docteur..j II attend, .. _ (4 syivrej j ^^g^mjggggm ————■——————^^^——i■——^^ Mardi 9 juin 1914 5 centimes le numéro 58me année — N° 160

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This item is a publication of the title Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire belonging to the category Liberale pers, published in Gand from 1856 to 1923.

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