LA LIBRE BELGIQUE Acceptons provisoirement les sacrifices qui nous sont imposés..., et attendons patiemment l'heure de la réparation. Le Bourgmestre. Adolphe MAX. Envers les personnes qui dominent par la force militaire notre pays, ayons les égards que commande l'intérêt général. Respectons les règlements qu'elles nous imposent, aussi longtemps qu'ils ne portent atteinte ni à la liberté de nos consciences chrétiennes ni à notre DIGNITÉ PATRIOTIQUE. Mgr MERCIER. BULLETIN DE PROPAGANDE PATRIOTIQUE — RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIER NE SE SOUMETTANT A AUCUNE CENSURE BUREAUX ET ADMINISTRATION ANNONCES : Les affaires étant nulles ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE ... , , sous la domination allemande, nous avons ne pouvant etre un emplacement supprimé la page d'annonces et con- KOMMANDANTUR -- BRUXELLES de tout repos, ils sont installés sjéillons à nos clients de réserver leur dans une cave automobile argent pour des temps meilleurs. " NIEUWE ROTTERDAMSCHE COURANT Le Nieuwe Rotterdamsche Courant daigne s'occuper de notre modeste bulletin. Nous sommes très flattés de l'importance qu'il attache à notre influence sur la population bruxelloise. Voici ce qu'il dit à ce sujet : " En mai, la Belgique sera délivrée des Allemands. Ceci, d'après „ le correspondant du Berliner Tageblatt, est une conviction qui „ s'ancre de plus en plus dans la population belge, sans qu'elle „ puisse se rendre compte de la raison pour laquelle elle le croit „ si fermement. „ C'est aussi continuellement annoncé par un petit journal bruxellois, qui est imprimé dans l'une ou l'autre imprimerie secrète, et avec une véritable ironie bruxelloise donne la « Kommandantur » comme adresse télégraphique. Aussi, à » Bruxelles encore plus qu'ailleurs, règne la conviction que mai sera le mois de la délivrance pour la Belgique. Le correspon-„ dant de la feuille berlinoise se demande, avec quelque préoc-„ cupation, quelles seront les conséquences si mai apporte une „ désillusion. „ Nos lecteurs chercheront, en vain, dans notre collection un article qui justifie l'accusation de notre grand confrère hollandais. Nous nous sommes efforcés toujours d'être vrais, et nous n'avons jamais songé à dissimuler à nos amis que la guerre pourrait être encore de longue durée, comme aussi un événement imprévu pourrait en précipiter l'issue. Mais nous avons surtout cherché à leur faire partager la confiance inébranlable et raisonnée que nous avons dans le succès final et dans la libération de notre chère patrie. Le Berliner Tageblatt, malgré sa « Kultur », ignore que la croyance à la délivrance de la Belgique pour le mois de mai a, pour origine, une grosse plaisanterie de « Brusseleers », d'un goût plutôt douteux (c'est le motif pour lequel nous croyons inutile de la reproduire ici), qui a fait le tour de Bruxelles et du pays. Que la feuille berlinoise se rassure donc. Les Belges n'éprouveront aucune désillusion si la délivrance attendue pour le mois de mai ne se produisait pas à cette époque. L'ANNIVERSAIRE DU ROI ALBERT. C'est la fête du roi. Et c'est aussi une fête pour nous tous, hommes d'occident C'est une fête pour les « poilus » obscurs et pour les grands généraux, pour la pauvre mère qui pense à son gars enfoui dans les tranchées, et pour le gamin de France qui rêve de la gloire des aînés, un sabre de bois à la main. C'est une fête pour tous ceux qui ont au cœur d'autres sentiments que Pégoïsme et pour qui la vie n'est pas qu'animalité. C'est la fête du roi, du plus grand roi, et qui est le plus grand parce qu'il n'a plus de royaume et parce que dans la défaite même, il est déjà le vrai vainqueur. Et c'est aussi un roi charmant par sa jeunesse, sa modestie et sa timidité même. Car ce héros est timide. Il ne se complaît point aux fastes. Ses proclamations sont toujours sobres et pourtant toujours émouvantes. Je le revois devant ses régiments d'infanterie revenant du feu. Il les dominait tous. La main à la poignée du sabre, il disait : « Soldats, je suis content de vous! » Sans geste, sans éclat de voix, il prononçait de grandes paroles toutes simples, et la petite ville flamande aux pierres médiévales en frissonnait. Quand, aux sons de la Brabançonne, les troupiers à la capote sombre défilèrent devant lui, il se tenait rigide, les talons joints, et la main au képi, saluait chacun des drapeaux qui passaient. Tout en lui dit la grandeur de son caractère et qu'il a vu dans la puissance plus de devoirs que de plaisirs. La règle qu'il observe, c'est lui-même qui se l'est imposée, et il n'y faillit point. Quel exemple pour des hommes courbés sous la dure consigne de guerre et comme il doivent se redresser quand ils évoquent son image, les humbles petits soldats qui défendent son bien qui est aussi le leur! Le prestige royal ne vient ni de la pourpre, ni du sceptre, ni de la couronne. Un jour, que parcourant les lignes belges, j'attendais un officier des guides qui s'était présenté au quartier général du roi, je vis revenir mon compagnon tout pâle d'émotion. « Je l'ai vu! me dit-il. — Qui donc? — Eh! le roi! — Que vous a-t-il dit? — Oh! il ne m'a pas parlé. On lui apportait son petit déjeuner du matin. La porte du cabinet s'est ouverte et je l'ai aperçu pendant deux minutes. Il était à son bureau et travaillait. » Et cet officier belge avait la voix tremblante, parce que, dans l'entrebâillement d'une porte, il avait vu son roi. Sur la grève, où la mer du Nord étend ses vagues, on le voyait aussi parfois accompagnant la reine dans ses promenades. Les gens du pays s'inclinaient devant eux, en silence, et le roi saluait, et la reine souriait avec douceur. « C'est un bon mari et un bon père », disait-on, ou encore : « C'est un homme sérieux. » Et ces éloges naïfs, sans éloquence, exprimaient bien la qualité des sentiments • que ce roi inspire à ses sujets. Leur vénération est faite d'affection autant que d'admiration. Il y a un sens profond dans ce titre : « Roi des Belges » qu'on lui donne de préférence à celui de « Roi de Belgique ». 11 est plus que le maître d'un territoire; il est le vrai chef d'une nation. C'est la fête du roi et c'est notre fête à tous, hommes qui rêvons d'être meilleurs. Car ce roi est grand non parce qu'il est roi, mais parce qn'il est un grand homme. Nulle souveraineté n'est plus légitime que la sienne puisqu'il a montré qu'appelé à gouverner des foules, il entendait devoir d'abord se gouverner lui-même. (Le Temps du 9 avril). J. I Prière de faire circuler ce bulletin. NUMÉRO 15 PRIX DU NUMERO — Élastique, de zéro à l'infini (prière aux revendeurs de ne pas dépasser cette limite) AVRIL 1915

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