Les annales

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Les Conférences de l'Université des Annales Les Cclcaies Eblouissantes, par M.JcsephCliailley La première conférence de M. Joseph Chail-ley sur les Colonies obtint un vif succès. Il jeta un coup d'œil d'ensemble sur nos colonies, et fit un tableau saisissant de la bonne administration coloniale. S'ar-rêtant en Tunisie, if décrivit paysages et gens avec une couleur et une connaissance de Pâme coloniale faites pour charmer le public. Voici, par exemple, un portrait que nous sommes heureux de détacher de cette admirable leçon : « Paul Bourde, qui savait tant de choses, qui avait fait du théâtre, de l'histoire, de la, philosophie, se trouva, un jour, en Tunisie, à la tête du service de l'agriculture. Une curiosité intelligente {'amena à étudier le passé du pays. 11 se fit, par un savant musulman, traduire les chroniques arabes, le récit notamment de leurs itinéraires et de leur établissement. Entre mille faits curieux, il nota ce détail : les envahisseurs s'avancèrent à l'ombre des forêts. Circonstance bien singulière, surtout dans des régions nues comme la main, où les Arabes précisément n'ont pas laissé un arbre debout. Il demanda aux bureaux militaires de dresser, à l'aide des récits des historiens, la carte des pays que l'invasion dut traverser; puis,, monté sur un mulet paisible, en philosophe, et documents en mains, il fit leur route en sens inverse. Dans la partie nord et, plus bas, dans la région qui avoisine Sousse, un des grands ports de la Régence, il remarqua çà et là des sortes de piliers de pierre, intacts ou brisés, debout ou couchés; et, poursuivant à travers la vaste plaine qui, le long de la mer, s'étend de Sousse à Sfax, les rencontra plus nombreux encore. Le service des antiquités, consulté sur l'origine et la signification de ces piliers, répondit que ce durent être des stèles érigées par les Romains en l'nonrteur des dieux. » Pau! Bourde réfléchit, à voir ces- centaines d'autels, que les dieux avaient été vraiment bien fort honorés en ces pays et chercha une explication plus vraisemblable. Il fit, de place en place, opérer des fouilles, au pied et autour de ces prétendues stèles, découvrit fréquemment des pièces d'airain encore encastrées dans la pierre, rapprocha les fragments épars, redressa les piliers, dégagea le sol et put s'assurer que c'étaient là les montants de petits mou^ lins que des raisonnements, solidement étayés, le convainquirent d'avoir été des «fîoulins à huile : le fruit qui leur fournissait l'nuile était l'olive; et la forêt à l'ombre de laquelle l'armée arabe avait cheminé, était une forêt d'oliviers. » De ce moment, le directeur de l'Agriculture, renseigné par l'archéologue, résolut de tirer parti de cette découverte. Ce désert qui s'étendait sur des centaines de kilomètres carrés, avait jadis porté des forêts d'oliviers; il en porterait encore. A cette entreprise il fallait intéresser non pas les. Arabes, qui n'ont ni le goût des arbres ni un sou en poche pour en planter, mais des Européens, qu'on attirerait par le bon marché de ces terres désertiques et par la perspective, dix ans plus tard, de récoltes régulières et profitables. C'est ce qui fut fait» Des Européens ont, en effet, apporté leurs capitaux, et les habitants de Sfax LES ANNALES leur ont, par un contrat "appelé 'Mrarça, fourni l'habileté de leur main-d'œuvre et de leur expérience. Et aujourd'hui, de Sousse à Sfax et plus bas que Sfax, et de la mer jusqu'à cinquante kilomètres dans l'intérieur, s'étend, sur des centaines de mille hectares, une vaste et superbe forêt d'oliviers... » Mais il faudrait tout citer de cette conférence. II sera plus simple de la lire tout à loisir dans te Journal de l'Université. A l'heure où nous envoyons ces quelques lignes, M. Jean Richepin, devant une salle bondée, se fait acclamer dans une admirable leçon d'ouverture sur La Fontaine. Nous reviendrons à loisir sur cette série qui promet des enchantements, et qui se déroule en quinze leçons. ¥ï£7{7{£ S. PROGRAMME DE LA y SEMAINE DE CONFÉRENCES Lundi, 11 décembre. — La Belle Algérie, par C. Jonnart, ancien gouverneur de l'Algérie. Sons 'a présidence de M. Etienne, ancien ministre de la Guerre, député d'Oran. Mercredi, 11 décembre. — La Comédie Humaine : Les Grands dans les Fables de La Fontaine, par jfj\n Richepin, ihr L'Académie française. Vendredi, 15 décembre. — La Lutte Contre les Grands Fléaux : L'Alcoolisme, par Edouard Herriot, maire de. Lyon, et sénateur du Itfoine. Samedi, 16 décembre. — Carillons de Flandre, dernière conférence d'êmïle Verhaeren, lue par Adolphe Brisson. Audition de poèmes par Mn" Colanna Romauo. Toutes ces admirables conférences seront publiées dans te Journal de l'Université (année 1917, 11e année scolaire). L'abonnement est de 10 francs par an. -j» Croix-Rouge Française — Union des Femmet à Franci HOPITAL T empara ire-¥lv7<iliair& n" 123 FONDÉ PAR "L'UNIVERSITÉ DES ANNALES'' r Nous passerons brièvement sur l'hôpital puisqu'aussi bien tout y est calme. Les blessés reçus cette semaine ne nous donnent aucune inquiétude; ils avaient déjà été opérés au front... Notre hôpital, comme toujours, a été favorisé de dons qui nous touchent chaque jour un peu plus, car la vie d'un hôpital devient un problème au prix des choses actuelles. Mais toujours quand l'inquiétude commence à poindre surgit un don providentiel. Cette semaine la Providence se montra sous les traits de M. Albert Foucque, administrateur de la Banque de la Réunion. « Sur ma proposition, écrit-if, en, ma qualité de Président de la Société Agricole et Industrieîki de la Convenance, les actionnaires ont voté sur l'exercice en cours le prélèvement d'une somme de cinq1 cents francs destinée à être versée au profit des blessés recueillis et soignés dans votre hôpital. C'est la contribution de quelques créoles de la Réunion à votre œuvre de charité psîir nos soldats... » Nous remercions ncs amis créoles dont nous entendrons bientôt parler par M. Gros- elaude dans la belle série des conférences sur les Colonies. Les Tnvois au Tront Nous avons fait aujourd'hui notre 36,227e envoi, grâce aux dons multiples qui arrivent de tous eôtés. Me serait-il permis; de dire qu'un peu de tabae, quelques savons, des petites serviettes de toilette, sont choses qui leur paraissent infiniment agréables à joindre à nos lainages. L'un d'eux, charmé par un paquet auquel nous avions mêlé de nombreuses lectures, me raconte, pour me marquer sa joie, un peu de sa vie : «je ne puis, madame, que vous adresser en mon nom personnel et au nom de touî les camarades de l'équipe téléphonique, tous mes meilleurs remerciements... Je me permettrai, madame, de vous narrer un peu la vie des téléphonistes qui pourraient passer pour des embusqués aux yeux des personnes qui ne connaissent pas ee que c'est que ce métier-là, rempli en, temps de paix par nos demoiselles du téléphone. » Actuellement j'occupe un central divisionnaire qui, quoique n'étant pas sous l'effet des marmites aujourd'hui, peut l'être demain, car le Boche est rusé dans l'art de la gu,erre. Et là, devant trente directions, le travail ne manque pas, ea y ajoutant la responsabilité de, l'homme qui est de service et e» plus les tourmentes de neige qui cassent les lignes.» Cette lettre est signée Belly. Ce sont tous ces braves gens dont on soutient l'effort par un peu d'affection, qui font les défenseurs admirables de la patrie. Comment n'essaierait-on point de leur adoucir leur temps d'épreuves. Aussi vais-je de-manderl à nr.es cousines de m'aider à installer une ambulance du front... Mais je laisse la parole à l'intéressé ; « je voudrais faire connaître à vos lecteurs une petite œuvre de- guerre bien utile, qui fait ses débuts dans les bais des Vosges, entre le col de la Schluclit et celui du Bonhomme. Il y a là quelques centaines de braves gens auxquels- on pense peu, des territoriaux, la plupart assez âgés, q.ui abattent tes sapins, les taillent et qui travaillent ferme sous les pluies persistantes de ce rude climat. Quand ils-sont malades, ce qui arrive fréquemment, ou qu'un accident se produit, on les couche sur de la paille dans une grange ouverte à tous les vents, quand il n'y pleut pas comme dehors. Il faudrait une dizaine de lits, ou à défaut des sacs de couchage, comme ceux que fournit l'armée, des couvertures, traversins, et une vingtaine de paires de draps. Notre grange des Vosges serait transformée e.i Eden, et nos Chers poilus gris seraient heureux. » Les dons seraient reçus à la grange ambulance du L> Huot, médecin-major, 62e territorial, 3e bataillon, Corcieux (Vosges). Voilà un joli Noël à donner à ces pères de famille.L'yLJapfion des Prisonniers Beaucoup de bannes volontés sont venues à nous cette semaine ; de nouvelles marraines nous ont aidés à tirer de la misère les pauvres prisonniers nécessiteux;, qui implorent une protection. Les Présidents des Comités de Secours, eux aussi, interviennent sans cesse pour dater de marraines quelques-uns de leurs camarades qui sont en train de mourir lentement d'excès de privations dans leurs camps. A soixante-treize captifs déshérités, houj avons expédié cette semaine à chacun un colis d'attente, auquel secrètement nous avjr.'j N° 1746 §89

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