Mardi 14 septembre 19Ii'i iE? centimes le numéro 59me année — ISf° 237 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : M h, par an ; \ fr. pour six mois ; 'i fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : CAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. la (;ui:uni: Sur ie front occidental Communiqués officiels allemands Berlin, 11 sepfemb. (m.di). Au Hart-mannswenerl<opt' les tranchées prises d assaut le 9 septembre ont été maintenues malgré (Jeux attaques françaises. Berlin, 12 sept, (après-midi).— Sur une grande partie du front activité plus intense de l'artillerie. Des explosions de mine,accompagnées de je succès en Champagne et dans l'Argonne, causèrent de grands dégâts aux tranchées françaises. Des aviateurs français jetèrent hier manu des bomoes sur Ostende. Aucun dégât ne lut causé et personne ne fut blessé. Pendant la nuit les docks de Londres et ses environs furent bombardés avec succès constatés. Communiqués officiels fiançais Paris, 9 septembre (après-midi). Lutte d'artillerie au cours de la nuit autour d'Ar-ras, devant Roye et sur le front de Champagne. lin Argonne dans le secteur de Ha-razée, combats à coups de grenades et de bombes et fusillade de tranchée à tranchée avec intervention de nos batteries à diverses reprises. Dans les Vosges, l'ennemi a attaqué, hier, nos positions depuis le Lingepopf jusqu'au Barrenkopf en faisant usage d'obus suffocants. Au Schratzmaennele, une tranchée de notre première ligne a été évacuée à la suite du jet de liquide enflammé. Une contre-attaque nous a permis de regagner la plus grande partie du terrain perdu et de nous maintenir à une dizaine de mètres dî l'élément de tranchée qui n'a pu être réoccupé. Sur le reste du front nos positions ont été intégralement maintenues. A la fin de la journée d'hier, l'ennemi a lancé contre nos tranchées du sommet de l'Hartmanns-wealerkopf, une attaque qui lui a permis d'y prendre pied. Nos avions ont bombardé ce matin le Bois de Nonnenbrtick ainsi que Lutterbach. Des obus ont été lancés sur Grandpré. Paris, 10 septembre (après-midi). — Vive canonnade en Belgique, dans la région de Nieu-port-Steenkerke, autour d'Arras, devant Roye et en Champagne, d'Auberive à Souain. En Argonne, l'ennemi a bombardé avec des obus de très gros calibre le ravin de la Foniaine-aux Charmes et prononcé des tentatives d'attaque sur la route de la Harazée à Saint-Hubert, qui ont été arrêtées. Au nord de Flirey et dans la régiop de Saint-Dié, on signale quelques actions d'artillerie. L'ennemi a prononcé sur l'Hartmanns-weilerskopf, une nouvelle attaque très violente. Deux avions ennemis ont tancé quelques obus sur Compiègne. Un avion a été obligé d'atterrir dans nos lignes près de Hanges-en-Santerre. Les aviateurs ont été faits prisonniers. Des appareils ennemis ont tenté de survoler au matin Saint Menehould, |mais ils ont élé obligés lie retourner uevaiu nos uauei les. Sur le front oriental communiqués officiels allemands Berlin, 11 septembre. Dans la nuit du 9 au 10 septembre, un de nos dirigeables maritimes a jeté avec succès un certain nombre de bombes sur le point d'appui de la flotte russe» Baltischport, et sur ses installations de chemin de fer. Le dirigeable a été plusieurs fois bombardé sans succès par l'adversaire et revint indemne. Le communiqué russe de ce jour mande que deux divisions allemandes ont été défai tes et ont perdu 8,000 prisonniers, 30 canons et beaucoup de mitrailleuses. Cette nouvelle est inventée de toutes pièces. Pas un seul soldat allemand n'a reculé d'un pas; l'ennemi n'a pris aucun canon, aucune mitrailleuse. En revauche, la contre-attaque des régiments allemands, donf il est fait mention dans le communiqué, a rejeté les assaillants à une grande distance de nos po '-lions.Berlin, 11 septembre. Groupe d'armée du général feldmaréchal von Hindenburg. Dans les combats au sud-est de Friedrich-stadt ci à l'est de Wilkomiecz 1,050 autres prisonniers ont été faits et 4 mitrailleuses capturées. Sur le front entré Jaziory et Zel-wa (à la Zelwianka), les Russes résistent encore avec acharnement. Ils essayent d'ar-rîter notre attaque par des contre-attaques de forces considérables. Skidel et Nickrasze, situé au nord-ouest de cette localité, n'ont pu être définitivement pris dans la nuit qu'après des combats très agités. Lawna (à la route de Skidel-Lunno-Wolz) a été également pris d'assaut. L'attaque contre les po-sitoins ennemies à. la Zelwianka progresse. 2.7C0 prisonniers et 2 mitrailleuses sont tombés en nos mains. Le point de jonction du chemin de fer Wilojka (à l'est de Wilna) et Lida ont c;té abondamment inondés de bombes par nos dirigeables. Groupe d'armée du général feldmaréeh.'l ori'nce Léopold de Bavière. Egalement s:tr le front de ce groupe d'armée les combats entre les routes de Wolkowysk-Slonin et Kobryn-Milowkv, continue avec le même acharnement. Des troupes austro-hongroi-ses ont pris le village de Alba (à l'ouest de Kossow). On se dispute encore la gare de Kossow. Groupe d'armée du général feldmaréchal von Mackensen. La situation est généralement inchangée. Théâtre de la guerre du sud-est. Les trouves allemandes de l'armée du général comte Bothmer ont repoussé de violentes contre-attaques de l'ennemi avec des pertes considérables pour ceiui-ci. Elles ont, fait plas de 300 prisonniers. "Ljci'iiii, sepicmore. Ce matin, plusieurs ny.aropiaues i uoses ont attaque un j^ent croiseur uevant winuau, avec u^s cornues, qui, lOuies manquèrent leur oui. doropiaae ennemi a ete descendu et amené a windau. bes occupants, ueux omcieis russes, ont ete taus prisonnier. tserltn, Iz septemore. Croupe d armée au général felumarécaal von HinaenDurg. our ie front entre ta L)\vina et Mereiscn sur ie Njem'èn, les comDats ont pris en quelques endroits une plus grande extension, ue nouveau 1,800 prisonniers furent faits et 5 mitrailleuses conquises. Entre Jesiok et le Nje-men les combats acharnés ont perduré pendant toute la journée. Ce matin seulement i ennemi renonça à la résistance. 11 est poursuivi. A la Zolwianka les lignes ennemies' sont défoncées en plusieurs endroits. L'adversaire a perdu 17 officiers et 1,946 soldats ainsi que 7 mitrailleuses. Le communiqué russe d ulO septembre parle de combats de la garde russe au nord d'Aboli (42 .-dlom. à l'ouest de la Dwina) ; les troupes allemandes n'y ont pas pris part, cependant on y constaté hier des troupes de la garde russe au nord-ouest de Wilna. Elles furent attaquées et battues. Au sujet "de la victoire mentionnée dans le même communiqué russe de deux soldats russes contre six Allemands à l'embouchure de la Zelwianka, le haut commandement allemand n'a pas reçu de communiqué. Groupe d'armée du général feldmaréchal prince Léopold de Bavière. En . opérant étroitement ensemble avec l'aile droite du-groupe d'armée du général feldmaréchal voti Hindenburg, les positions ennemies à l'est de Zolwa ont été prises. Egalement à Kos-ze!e la Zelwianka a été traversée. Des deux cciés de la route Boreza-Kartusva-Kossow-Slonin l'ennemi est battu. Le groupe d'er mée fit 2,759 prisonniers, et prit 11 mitrailleuses.Groupe d'armée du général feldmaréchai von Mackensen. Nos troupes sont en attaque des deux côtés du chemin de fer vers Pin: p. Quelques avant-posiiions furent prises cette nuit par surprise. Théâtre de la guerre du sud-est. Des troupes allemandes ont repoussé de nouvelles attaques de l'ennemi sous de lourdes perles .pour lui. Coiiiuiuiiiiiiiés officiels autrichiens W. T. B. Vienne,; 10 septembre. Les forces russes combattant dans la région à l'ouest de Rowno ont été refoulées au-delà des terrains bas de la Stubla. Nos troupes avançant de Zalosce ont repoussé l'ennemi dans la direction de Zbaraz. Près de Tarno-pei des bataillons auslro-hongrois et allemands ont repoussé plusieurs attaques russes. Nos alliés ont pris le village Bucniow. A i'ouest du Sereth moyen de nouveaux renforts ennemis sont entrés en ligne" : on s'y fcai avec acharnement., A l'est de l'embouchure du-Sereth et à la frontière de Bessarabie tout est calme. Des troupes Impériales et Royales en Lithuanie ont dépassé la large région marécageuse de la Jasiolda et pris Or'a entièrement, puis, en combattant, ont I gagné du terrain au S.-E. de Rozany. Vienne, le 11 septembre — Derazno et Goryn ' sont en notre possession. A Tarnopol, les Rus-| ses tentèrent, par un assaut v.igoureux, d'entrer ! dans les positions des alliés. L'ennemi fut refoulé avec des pertes considéijtbles. Plus loin, au sud, nous avons repris devant les torces numériquement supérieures ae l'ennemi, notre fi ont du Seieth, sur les hauteurs à l'est de la Slrypa. Au nord-est et à t'est de Buçzacz, la journee s'est passée calme. Sur les hauteurs à l'ouest du bereth intérieur, combat violent. A l'est de l'em-bouchuie du Seieth, à la fronlièie bessarabique, la situation est'inchangée. Sur le théâtre de la guerre en Lithuanie, nos troupes ont pris d'assaut le village d'Alba, à -l'-otiest de Kossow-, qui était lenacement détendu. Communiqués officiels russes W . T. B. Si-PélerSDOurg, 9 septemore. sur le tront Kiga-uunaourg la situation géneraie est inchangée. Une tentative des Allemands faite, le / septemûre, en vue de pénétrer aux environs des gares de Grand cckau et de Neugut, a été repoussée. Le combat sur la rivière Lavuts continue ; dans ie but de prendre une position mieux couverte, nos troupes se sont éloignées quelque peu de la rive droite. Dans la direction de Dunaburg rien que des petits combats d'avant-postes. Sur les rouies vers Vilna pas de changements essentiels ; aux environs des passages entre les marais dans la région de Now.y Troki, que nos troupes occupaient, les Allemands ont dirigé un feu d'artillerie violent avec des projectiles à gaz asphyxiants. Près du hameau Orany l'ennemi a fait, le 7 septembre, quelques tentatives d'attaque.Dans la direction de Grodno les attaques acharnées des Allemands continuent aux environs des lignes de chemin de fer, près de la gare de Druskeniki .et près de Skidel. Dans cette dernière direction nous avons re-ieté l'ennemi. Au sud du Niémen l'ennemi livre des at-■aques extraordinairement acharnées, dans la région de Wolkowysk des deux côtés du chemin de fer menant à Slonim. Sur les roules de Luzk à Rowno, pas de changement. Aux environs de Dubno et de Kremenec nous nous sommes établis sur de ; nouvelles positions, sur le cours supérieur des rivières Ikwa et Goryn. Entre.le Dniester et la rive gauche du Se reth inférieur, les Autrichiens ont passé à l'offensive, le 7 septembre, aux environs du village de Woniatynzo. Par des attaques de flanc d'un de nos bataillons, l'offensive ennemie a été arrêtée. La retraite heureuse de nos armées de leur position dangereuse sur le champ de ba tsi'l'e avancé et enveloppé d'ennemis à la Vist'.de, commence à produire des événement: qui se traduiront prochainement par des succès partiels. Pétrograde, 10 septembre. Dans la région de Riga et à Fried'iehstadt, pas de changement essentiel. Entre Jakobstadt et le fleuve Lautze (D.autse?) les combats conlinuent avec le même acharnement. Les troupes ennemies prononcèrent une série d'attaques, dont le but est apparemment de nous jeter sur-la rive droite de la Dwina. Dans la direction vers Dunabourg, à Abeli, feu d'infanterie plus violent. Sur les routes vers Wilna, la situation est généralement restée ta même ; 'l'ennemi se retranche vigoureusement. Dans la direction de Grodno, au sud-ouest, à Skidel et le long de la tive gauche du Niemeh, dans la région de "l'embouchure du Ros, nos troupes ont arrêté le 8 septembre, par de violents combats, l'offensive de l'ennemi, pour lui infliger des pertes. L'ennemi prononce des attaques particulièrement violentes contre notre front dans la légion de Skidel. Nous continuons notre retraite méthodiquement et exécutons de temps en temps des contre-attaques ; il en a été ainsi à Kochowa. En Ire le Njemen et le Prippet, nus troupes se retirent dans la région entre le fleuve Selwjanko et le bourg Roschany. Sur la rive gauche du Prippet nous avons arrêté une vigoureuse offensive d'infanterie et de cavalerie ennemies sur la route de Kamenkaschirski, à Pinsk. Sur les. routes vers Rowno, nos troupes ont arrêté le 8 septembre, après un combat avec des forces considérables ennemies, qui s'avançaient à la ligne du chemin de fer Oiylia-Klevan, la marche en avant de ces forces aux positions au haut des fleuves Stubel et Ikwa. L'ennemi appuie son offiensive par un violent feu d'artillerie auquel nos troupes résistent courageusement. Au Sereth, dans la région au sud-ouest de Trêmbowta, ndfre offensive se développe. Sur le front itaSo-autrichien Communiqués otiiciels autrichiens \V. T. B. Vienne, 10 septembre. Hier, l'après-midi et le soir, les Italiens ont attaqué à plusieurs reprises et avec violence la tête de pont de Tolmein; mais il furent chaque fois refoules à nos obstacles avec grosses pertes pour eux. ! Dans le secteur de Doberdo, nos troupes , ont repoussé comme toujours les tentatives : habituelles de l'ennemi de s'approcher. Vienne, 11 sept/— Depuis longtemps l'artillerie ennemie a développé hier, pour la première fois, une activité plus vive sur tout le front du territoire de la côte. Près du secteur sud-ouest du haut plateau de Doberdo, l'infanterie prononça l'attaque, celle nuit, au front de Vermigl ano-Monte Cosich. Accueillis par un feu imprévu de lances-mines, les Italiens fuirent dans leurs couvertures. Dans le territoire de la Caririthie et du Tyrol, rien d'important ne s'est passé. ^ ■—■—■—B—M——— Communiqués officiels italiens \V.T. B. Rome, 9 septembre. Au front du Trentin, l'ennemi a limité son action à un feu d'artillerie, auquel nos batteries répondirent avec activité. Dans le terrain bas de Elitsch, notre artillerie contraignit une colonne ennemie, qui tentait d'avancer de Prédit vers Flitsch, à se retirer. Une autre colonne descendant de la Kashutte à l'est de Prédil, vers cette ville, lut attaquée et dispersée.Au Karst, pas d'événements importants. L'ennemi a lancé un grand nombre de bombes à Monfalcone. Un de nos avions a lancé hier, le matin tôt, des bombes sur Klause, à l'est de Santa I.ucia. Rome, 11 septembre. — Sur tout le long du front, les petites mais importantes rencontres, dues à l'activité offensive de nos détachements éclaireurs ou à l'activité assaillante que l'ennemi prononça la unit contre nos positions avancées, ont continué. Il en a élé de même dans les combats à la cime du Nagter (3,248 in.), au Veltliu supérieur dans la vallée de Piana et dans la vallée Calafnento (vallée de Suzana), au défilé de Sexlen. L'adversaire prononça, le matin du y septembre, une entreprise très importante contre notre garnison au nord du Monte Cregnedul, dans la vallée de Sobach (Galilz). Après des préparatifs d'une certaine durée, par un feu d'artillerie, des détachements ennemis, appuyés par de nombreuses mitrailleuses, attaquèrent résolument nos positions, mais ils furent repoussés. Dans le Karst, l'habile marche en avant des nôtres a eu pour conséquence de petits mouvements de retraite de l'ennemi. Des aviateurs ennemis essayèrent encore ici et là des incursions imprévues. Le 9 septembre, ils bombardèrent, dans le courant de la journée, les localités de San Giorgio, Bagni di Seita, dans la vallée de Maggio (Brienta) et Grado. i;chos Entre New-York et l'Europe Hiindels og Sjofartstidencle de Christiania publie une liste des vapeurs ayant fait, au cours du mois de juillet dernier, le voyage de l'Europe vers New-York. Les steamers, classés par pays, se subdivisent comme suit : Angleterre 163, Etats-Unis 108, Norvège, 65, Italie 17, Pays-Bas 16, France 13, Danemark 12, Russie 5, Grèce 5, Espagne 3, Suède 3, Belgique 2. Abonnements Les personnes qui prendront un abonnement pour le trimestre prochain recevront le Journal de Gand gratuitement jusqu'au 1" octobre. Prix de l'abonnement, payable par anticipation : Un trimes'.rè : 2 fr. Un mois : 75 centimes Chronique Gantoise CONSEIL communal. — Séance secrète du lundi 13 septembre, à 5 1/2 heures de l'après-midi. Ordre du jour : Radiation d'une inscription hypothécaire. Hospices; crédit pour travaux; insuffisance de fr. 10,00(J. Hospices; hôpital; 1 construction de chambres d'iso.lement ; crédit de fr. 4,100. Terrains accordés gratuitement pointa culture; Uuree de la concession. Banque île Feuilleton du Journal de Gand 92 Le Comte DE Monte-Cristo l'Ail ALEXANDRE DUMAS C'est vrai, c'est vrai, murmura Caderousse, il ne pouvait pas le savoir; non, monsieur l'abbé, il ne mentait pas, le pauvre petit. C'est ce qui fait qu'il m'a chargé d'éclaircir son malheur qu'il n'avait jamais Pu éclaircir lui-même, et de réhabiliter sa mémoire,si cette mémoire avait reçu quelque souillure. Et le regard de l'abbé devenant de pius en plus fixe, dévora l'expression presque sombre qui apparut sur le visage de Caderousse. Un riche Anglais, continua l'abbé, son compagnon d'infortune, et qui sortit de prison à la seconde restauration, était possesseur d'un diamant d'une grande valeur. En sortant de prison, il voulut laisser à Dantès. lui, dans une maladie qu'il avait faite,l'avait soigné comme un frère, un témoignage de si reconnaissance en lui laissant ce diamant Dantès, au lieu de s'en servir pour séduirt ses geôliers, qui d'ailleurs pouvaient ls prendre et le trahir après le conserva tou-jours précieusement pour le cas où il sortirait de prison ; car s'il sortait de prison, si fortune était assurée par la vente seule de et diamant. C'était donc comme vous le dites, demanda Caderousse avec des yeux ardents un diamant d'une grande valeur? Tout est relatif, reprit l'abbé; d'un'; grande valeur pour Edmond ; ce di'aman était estimé cinquante mille francs. Cinquante mille francs! dit Caderousse ; mais il était donc gros comme une noix? Non, pas tout à fait dit l'abbé, mais vous allez en juger vous-même, car je l'ai sur moi. * Caderousse sembla chercher sous les vêtements de l'abbé le dépôt dont il parlait. L'abbé tira de sa poche une petite boîte de chagrin noir, l'ouvrit et fit briller aux yeux éblouis de Caderousse l'étincelanfe merveille montée sur une bague d'un admirable travail. Et cela vaut cinquante mille francs? Sans la monture. oui est elle-même | d'un certain prix, dit l'abbé. Et il referma l'écrin et remit dans ?. poche le diamant qui continuait d'etincele : au fond de la pensée de Caderousse. Mais comment vous trouvez-vous avoi ce diamant en votre possession, monsieu l'abbé? demanda Caderousse. Edmond vou a donc fait son héritier? Non, mais son exécuteur testamentaire « J'avais trois bons amis et une fiancée, m'a t-il dit: tous quatre, j'en suis sûr, me regret tenf amèrement: l'un de ces bons amis s'ap pelait Caderousse. Caderousse' frémit. L'autre, continua l'abbé sans paraîtr s'apercevoir de l'émotion de Caderousse l'autre s'appelait Danglars- le troisième, a t-il ajouté, bien que mon rival, m'aimai aussi. Un sourire diabolique éclaira les traits d Caderousse. qui fit un mouvement pour in terrompre l'abbé. . Attendez, dit l'abbé laissez-moi finir et si vous avez quelque observation à mi faire, vous me le ferez tout à l'heure. L'au tre, bien que mon rival, m'aimait aussi e s'appelait Fernand ; quant à ma fiancée, soi nom était... le ne me rappelle plus le nom d< la fiancée, dit l'abbé. — Mercedes, dit Caderousse. I 3 Ah oui, c'est cela, reprit l'abbé avec t un soupir étouffé, Mercédès. Eh bien? demanda Caderousse. Donnez-moi une carafe d'eau, dit l'ab- r bé. s Caderousse s'empressa d'obéir. L'abbé remplit le verre et but quelques gorgées. Où en étions-nous? demanda-t-il eu posant son verre sur la table. La fiancée s'appelait Mercédès. Oui, c'est cela; vous irez à Marseille... C'est toujours Dantès qui parle, comprenez-vous ? Parfaitement. Vous vendrez ce diamant, vous ferez cinq parts, et vous les partagerez entre ces ' bons amis, les seuls êtres qui m'aient aimé sur la terre ! Comment cinq parts? dit Caderousse, vous ne m'avez nommé que quatre personnes.Parce que la cinquième est morte, à ce : qu'on m'a dit... La cinquième était le père " de Dantès. ' Hélas! oui. dit Caderousse ému par l=s 1 passions qui s'entre-choquaieni en lui ; hé-; las! oui, le pauvre homme, il est mort. J'ai aonris cet événement h Marseille. | répondit l'abbé en faisant un effort pour pa- ràtire indifférent, mais il y a si longtemps que cette mort est arrivée que je n'ai pu recueillir aucun détail... Sauriez-vous quelque chose de la fin de ce vieillard, vous? Eh! dit Caderousse, qui peut savoir cela mieux que moi?... Je demeurais porte à porte avec te bonhomme... Eh ! mon Dieu ! oui: un an à peine après la disparition de son fils, il mourut, le pauvre vieillard ! Mais, de quoi mourut-il? Les médecins ont nommé sa maladie... une gastro-entérite, je crois ; ceux qui le connaissaient ont dit qu'il était mort de douleur... et moi', qui l'ai presque vu mourir, je dis qu'il est mort... Caderousse s'arrêta. Mort de quoi? reprit avec anxiété le prêtre. Eh bien ! mort de faim ! De faim? s'écria l'abbé bondissant sur son escabeau ! les .plus vils animaux ne meurent-pas de faim! les chiens qui errent dans les rues trouvent une main compatissante qui leur jette un morceau de pain; et un homme, un chrétien, est mort de faim au milieu d'autres hommes qui se disent chrétiens comme lui! Impossible! oh! c'est impossible!(A suivre).

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