Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 09 Juli. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 27 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/7h1dj59v0w/
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Jeudi 9 juillet 1914 5 centimes le numéro 58me année r N° 190 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 15 francs par ail ; 7-50 francs pour six mois ; 4 francs pour trois mou Pour Vétranger, le 'port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3. RUE DE FLANDRE, 3, GAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES» Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. Les Contrats Collectifs de Travail M. Edouard Bernstein vie.nl de publier, dans une revue allemande, line intéressante étude sur le contrat collectif en Allemagne. La question est importante, car, si ce régime tendait à se généraliser, le nombre des grèves diminuerait considérablemen, la situation des employeurs comme celle des employés en deviendrait d'autant plus stable, et", par suite, le problème ouvrier se présenterait sous un aspect tout nouveau. Or, pour ce qui concerne l'Allemagne, les contrats collectifs de travail tendent à se généraliser au point qu'on peut s attendre à les voir, dans un avenir assez proche, dominer toute la vie industrielle. C'est ce que montre un tableau dressé par l'Office impérial de statistique, que M. Bernstein reproduit dans son étude. Nous n'en extrairons que les chiffres comparatifs de 1905 et de 1910. Dn 1905. patrons et ouvriers avaient conclu 3,000 contrats de tarifs, englobant 4,500 entreprises et 500,000 ouvriers. Au 31 décembre 1910, on comptait 8,293 de ces contrats, comprenantJ37,727 entreprises et 1.361.08G ouvriers. Le nombre des contrats collectifs ainsi que des ouvriers intéressés grandit d'une manière ininterrompue, aussi bien dans les bonnes aimées que dans celles • comme en 1907-1908 — où les affaires vont mal, ce qui prouve que le mo -veinent obéit à "une loi et qu'il n'est nullement dû à des causes fortuites. La statistique de l'Office impérial ne renseigne aucun contrat de travail conclu entre les syndicats ouvriers et de grandes entreprises industrielles du genre des usines Krupp. On en a conclu peu hâtivement, que dans telles entreprises les contrats collectifs sont impraticables. Celte assertion est démentie par des-faits qui se sont produits en d'autres pays. En Angleterre, par exemple, des contres de tarifs existent . dans la grande industrie — métallurgie et construction de machines — et ils y ont donné de bons résultats. C'est ainsi que l'Office britannique du Travail enregistre, dans son rapport, de 1910, cinquante-six contrats de tarifs dans les mines, concernant 900.000 ouvriers, douze tarifs s'appliquant à nlus de 50,000 ouvriers de l'industrie métallurgique, um contrat général dans l'industrie des. machines s'étendant à plus de 100,000 ouvriers, et um contrat analogue pour les chantiers de constructions navales du nord de l'Angleterre, lequel comprend plus de 30.000 ouvriers, avec des Fous-contrats pour groupements locaux et par spécialité. Les plus grandes entreprises anglaises de mines, de construction de machines et de constructions navales sont en- * globées dans ces contrats. Au surplus, même < n Allemagne, le contrat collectif de travail commence déjà à pénétrer dans ta grande industrie. De très grosses entreprisés de construction de machines et d'é'ectricité ont signé avec les syndicats ouvriers des contrats qui, s'ils n'ont pas encore le caractère formel de ta-i rifs syndicaux, reviennent cependant, au f: môme M. Bernstein observe que, tout com-\ me jadis les monarques absolus dans le ;• domaine politique, les seigneurs féodaux de la grande industrie se refusent autant qu'ils lr peuvent à faire des concessions au constitutionnalisrrie.Lorsqu'ils y sont for-: cés, ils s'efforcent à sauver du moins les apparences. Une convention, qui a tous les caractères d'un contrat collectif de travail, . est, par exemple, celle qui fut conclue au cours de l'été de 1911 par la puissante Union des industries métallurgiques de Berlin — qui groupe des firmes d'une im- • portance mondiale — avec le bureau berlinois du Syndicat national des métallurgis- ' tes allemands, relativement aux conditions de travail pour les. mouleurs et les estam- : 1 peurs dans les usines relevant de l'Union. Cette convention renferme des dispositions concernant la durée, la division, la rému-né ration et l'hygiène du travail. Elle reconnaît môme le droit à un minimum de salaire et elle prévoit que les différends éventuels seront réglés d'organisation à organisation. ° En général, les contrats collectifs sont en Allemagne de courte durée. La plupart sont conclus pour m uns de deux ans. Il y a cependant une tendance à les prolonger. C'est surtout dans les entreprises de ! moyenne importance et dans les classes; inférieures de la grande industrie qu'est, S pour le moment en Allemagne, le véritable domaine des contrats collectifs. On les trouve principalement, dans l'industrie du bâtiment et dans celle du bois. Puis viennent, par ordre d'importance, l'industrie du vêtement, la métallurgie, l'alimentation les transports, le papier, le cuir, l'industrie textile . , On s'explique que le contrat de iarif se rencontre davantage dans les métiers ou les industries qui occupent une majorité d ouvriers possédant une sérieuse instruc-l'pH-Professionnelle, 'es ouvriers qualifiés. M. Bernstein rappelle le classique contrat de tarif des imprimeurs, document qui, par .^°™e ot son étendue, équivaut à un véritable Code et où sont réglées d'un commun accord, les conditions de travail pour toute l'industrie du livre. Le nombre de firmes adhérant à ce contrat est allé en augmentant d'année en année et s'élevait, Je oO avril 1914, à 8,151, occupant un total de 06,976 ouvriers. Dans le bâtiment et 1 industrie du bois, c'est également à la prépondérance des ouvriers qualifiés que le contrat collectif doit ses succès. Ici pourrait surgir une objection, r La tendance de l'industrie, pourrait-on faire remarquer, est de recourir de plus en plus aux machines ou à des procédés chimiques ou électrocliimiques, c'est-à-dire à substituer de simples manœuvres aux ouvriers qualifiés. Il y aurait donc là un phénomène fâcheux pour l'avenir du contrat collectif. Mais M. Bernstein prétend et il démontre par des chiffres que, contrairement à l'o-j , ion courante, ce mouvement s'effectue ires lentement. Dans certaines industries mêmes, — notamment dans la métallurgie 1 augmentation du nombre des ouvriers ? m ics S€rai.t beaucoup plus forte que celle des ouvriers non-qualifiés. inot y a mioux- Dès à présent, les con-îinn 4QaP ?ll?rneilt on vi8ueur englobent /TMniîfT' Proportion d'ouvriers non 5ÏÏ1 } Bern«tein attribue ce phéno- = ÎmÏ» au , Ciue ,cs syndicats allemands, ! fntlw/? SelaJI>ar l'évolution politique et l'Au^maan^ ^ quement ré a g! con f r e la " bru fa.l e s ciSsioi entre travailleurs qualifiés et non-qualifiés, telle qu'elle a longtemps existé et existe encore çà et là en Angleterre. L'écrivain allemand estime donc que l'on peut compter d'une façon certaine sur une augmentation et un perfectionnement -des contrats ^collectifs. Sans doute, malgré l'existence de ceux-ci, nous aurons encore des conflits de travail et des grèves. Mais, : jusqu'ici, ces couJ'Mts se sont presque toil-_ jours terminés par une consolidation des | contrats et souvent par :ne extension du j domaine auquel ils s'appliquent, ainsi que ! de leur sphère juridique. Ce que l'on discute n'est pas de savoir si le contrat sera renouvelé, 'mais comment il le sera. C'est sur ce point que se sont engagées les luttes dont l'Angleterre a été récemment le théâtre, luttes doni l'issue n'a différé de celle des mouvements analogues antérieurs que parce que le gouvernement a exercé sur les employeurs une plus forte pression en faveur du principe du contrat collectif et que môme, dans un cas, oelu.i des ouvriers mineurs, ce contrat collectif a été imposé par la loi. M. Bernstein estime que c'est aussi dans ce sens que marche l'évolution des luttes économiques en Allemagne. IGNOTUS ECHOS • De Broquevilliana. M. de Broqueville, a prononcé à Turnhout, un de ces discours « ondoyants et divers » dont il a le secret; il y a môme intercalé du Carton de Wiart, tant il a admiré la sublime plaisanterie relative à la proportion entre les impôts et le budget de la guerre. Mais ce.qu'il y a de mieux, dit le Matin d'Anvers, c'est le portrait de M. de Broque-ville par lui-môme ; admirons : « Mon passé me permet de sourire aux ; fantaisies de plumes que ouelques-uins diri-| gent contre moi. La vérité, la voici : Ja-( mais je ne me suis lié ni à un homme ni à i une formule, môme d'origine gouvenne-k mentale, et ceci pour deux motifs : • » Il faut avoir en vuie le but à atteindre, ' et, pour aboutir, il faut faire la part des ' difficultés du moment, chose impossible à quiconque est asservi à ,.n homme ou à I une formule ; deuxièmement, la subordination à un homme ou à une formule transforme en machine à voter le représentant ! de la nation, chose que des électeurs peu j sensés ou peu soucieux du renom de leur arrondissement peuvent seuls souhaiter. » f C'est, parbleu ! bien cela : un impulsif, j une girouette obéissant aux suggestions du | moment. ! M. de Broqueville ne s'est jamais rallié à aucune formule,' pas même les siennes, et c'est pour cela qu'il en change si souvent. Le plus comique, c'est qu'il se vante de cette versatilité. Et on l'applaudit ! Il est vrai qu'on applaudit toujours quand un ministre parle. On n'est vraiment pas difficile I <vvv\ Depuis longtemps déjà, on réclame une réglementation des eaux en bouteilles. Une Commission parlementaire étudie la question. Il est urgent qu'on aboutisse. Un organe spécial, Médecine et Hygiène, révèle, en effet, le scandale suivant : «A la côte belge, écrit notre confrère, certains brasseurs prennent l'eau du canal et la soutirent en bouteille sous des noms de Bronnen quelconque. » A Bruges aussi, l'eau de certain canal, dit Médecine et Hygiène, est employée par certains industriels peu scrupuleux pour fabriquer les siphons. Or, dans ce même canal, d'après les calculs du confrère, il est déversé au moins six cents selles par jour ! ! ! A quand donc la chasse à tous ces criminels ? Et que font les membres du service 'de santé ? Est-ce qu'ils en boivent? ! Pour .les vacances. — Mon cher, j'ai l'intention d'aller passer quelques jours à Paris. Combien croyez-vous que cela pourra me coûter ? — Cela ^dépend. Cinquante francs par jour si vous allez avec madame. — Ah ! non J'irai seul. — Alors ce sera cent cinquante francs par jour.; A PARIS LES FETES DE VICTOR HUGO. LE POETE ET LA FOULE. — VICTOR HUGO REPUBLICAIN. C'est pour de ! ien telles Tôt >s qu'un certain nombre de Parisiens ont pris le "Jje-min de fer et puis le bateau, <;i s'en sont allés dans l'île de Guernesey. Ils y fêtent Victor Hugo. Nul endroit ne pouvait Mrs i.iiiîux choisi, afin de rendre plus éclatante l.-i consécration du grand poète dans la postérité. Il joua, en effet, a Guernesey, ou mieux, de Guernesey, tout son rôle" public, et tout son rôle littéraire. Exilé, il combattait l'Empire au nom de la liberté. Il était venu .'i lu ilipubiiqne. Cette évolution s'était accomplie en lui peu à peu, puis brusquement décidée. Elle devait être définitive. A Guernesey, républicain et homme de génie, il est le grand proscrit qui, du haut de son rocher battu par les vagues, tient tête à l'Empire triomphant, mais dont il t rndra bien que le triomphe soit éphémère. La légende populaire va le représenter désormais lts bras croisés, sur son roc, face à face avec «l'homme du Deux Décembre >\ E» peu à peu Guernesey devient le piédestal sur lequel se hausse le poète de génie. D'ailleurs, les seules œuvres littéraires, purement littéraires auxquelles il travailla alors, justifieraient l'admiration enthousiaste des foules. Les Contemplations, ^!a Légende des Siècles, Les Misérables sortent successivement de cette demeure de Hautraville-House qui, dans la pensée des républicains, est un symbole et vers laquelle ils se tournent aux heures de découragement. N'est-il pas juste que, aujourd'hui, des républicains français, conduits par te ministre républicain M. Augagneur, viennent rendre à l'exilé de Guernesey, un tnagni-- •———4— ] Hommage H'aulant. plus significatif e | d'autant plus retentissant qu'il prend ur caractère international. Les Anglais parti cipent aux fêles de Guernesey. Ils y parti cipent officiellement. Et ii est beau de voii j deux grands peuples affirmer une fois d< plus leur « entente cordiale » autour de l£ statue d'un grand poète Et voilà qui met en relief et d'une ma | nière extrêmement heureuse, l'influénci j morale que le génie des écrivains peul exercer h la longue. Mais il est certain ont Victor Hugo mérita d'exercer cette influence, car en dépit de ces contradictions lyriques, il écrivit presque toujours, si l'or peut dire, dans le sens de la vie modeint. Je suis persuadé que M. Augagneur, ministre de l'instruction publique, qui est ;ui esprit scientifique extrêmement net et vigoureux, ne peut que sentir vraiment k rôle de Victor Hugo poète, — poète moderne. En 1885, lors des obsèques, le ministre, M. Goblet, avait -dit très judicieusement « Victor Hugo a été le grand justicier df son temps. Il a élé aussi Je témoin auguste de la marche de ce siècle que mène un noble instinct, Où le bruit (Vu travail, plein de parole humaine, Se mêle au bruit divin de la création. » Victor Hugo est l'homme de notre temps qui a le mieux compris, le plus aimé l'humanité dans l'ensemble et dans l'individu. Charitable avant tout aux petits, aux humbles, aux opprimés, aucune misère morale au physique, le vice même ,ni le crime ne peuvent rebuter sa magnanimité, et l'amélioration de la race humaine, comme les destinées de l'humanité tout entière, fait l'objet principal die sa contemplation. Cela est absolument exact et c'est pour-; quoi, sans doute, 'Victor Hugo est resté • constamment populaire. A certains moments, les poêles ont secoué son joug. A certains momenls, il fut de bon ton de le dénigrer el de considérer ses défauts au détriment de ses incomparables qualités. Mais ce n'était de bon ton que dans des milieux restreints. La foule demeura toujours fidèle au poêle, ne oessa pas de l'admirer, de le glorifier. Victor Hugo est peul-être le seul poète dont les œuvres se trouvent aujourd'hui -dans toutes les bibliothèques des petites gens. Et la foule"s'est constituée la gardienne de sa renommée à nulle aulre pareille, et. la moindre inauguration de statue en l'honneur de Victor Hugo prend tout naturellement l'importance d'un événement de la vie française. J. ERNEST-CHARLES L'Affaire Wilmart — Fin de l'audience de mardi malin M. Pholien. — Ne sont-ce pas de constants appels à la générosité do Wilmart et ne s'agit-il ipas là de la rémunération du délit qu'ils commettaient ? Et n'était-ce pas pour rémunérer Demaret encore que Wilmart le nommait administrateur des autres Sociétés où il avait des intérêts? La situation de fortune de Demaret est-elle telle nu'il puisse faire partie de tant de Conseils d'administration? Sa correspondance répond que non, et ses constants appels â la générosité de Wilmart l'établissent. Gand-Terneuzen était pour Demaret une véritable ressource. Il louchait ses émoluments de" commissaires — pour faire Dieu sait quoi! — il est l'avocat de la Société, il a les avantages, un parcours général sur les chemins de fer européens. Bref, comme le dit Wilmart. Demaret avait intérêt au maintien de la Société Gand-Terneuzen et c'est pourquoi il a signé les fausses obligations. Ithier, lui. gagnait de l'argent à l'imprimerie du Sport Belge. La situation pénale de Demaret est à peu près pareille à celle d'Ithier. Wilmart, qui n'est pas suspect.. M° Coosemans. — Oh I oh 1 M. Pholien. — Il n'est pas suspect, puisqu'il dit qu'aucun des deux n'a eu de bénéfice aux reports. M® Braun. — Vous serez sa dernière dujpe ! M. Pholien. — Je n'y perdrai rien en tout cas. Demaret, commissaire de la Société, a s.:gné 42.000 titres et jusqu'à huit fois le même numéro I 11.sait qu'il n'y a que 12.500 titres, il signe des titres portant la griffe de Dedeyn mort., ■ljntré en 190.5 comme commissaire, il n'a jamais connu ni Dedeyn ni Léon Wilmart, morts tous deux, et cependant il signe avec eux des obligations attestant qu'ils sont encore administrateurs !... Finalement d'ailleurs, il a reconnu qu'il connaissait la destination donnée par Wilmart aux titres irréguliers. II est avisé, il sait, et malgré cela il signe par mois jusqu'à mille obligations fausses. Tout d'abord, en 1013. il avait prétendu le contra/ire. Par la suite, il a dù changer de système et reconnaître que les t:tres, a sa connaissance, servaient à Wilmart pour des reports.Connaissant le nombre de titres de la Société. il en a signé trois fois plus qu'il en a été émis. Les auteurs de la contrefaçon sont, indiscutablement, à côté de Wilmart et de Rasquin, Ithier et Demaret. Car il s'agit non pas de titres irréguliers, comme le soutiennent les prévenus, mais de titres contrefaits. Le souci de contrefaire s'étale dans les moindres détails, dans la similitude de la confection typographique, d s l'absente du nom de l'éditeur, .dans 1 apposition de griffes d'administrateurs ou de commissaires défunts.D'après les experts, les obligations contrefaites auraient produit 17.200.0DÔ francs. Waechler, avec son groupe, a opéré des reports pour 7,6S8,000 francs. INCIDENT Me Braun. — J'arrête un instant M. le procureur du roi. Il a inculpé Van Hentenryck de contrefaçon. Il ne s'en est pas expliqué. M. Pholien. — Jo l'inculpe de contrefaçon et d'usage de contrefaçon. (Exclamations au banc ! de la défense.) Je vous inculpe pour interrompre i la prescription. M° Braun. — Qu'est-ce que cette histoire ? Nous accusez-vous de contrefaçon ? M Pholien. — Non I M° Braun. — Elle figure dans voire réquisitoire ! M. Pholien. — Il y a eu concert. M0 Jamar. — Mais vous ne pouvez nous accuser de contrefaçon ! M. Pholien. — Je vous ai déclaré, dès le début, que je n'accusais Van Hentenryck que d'émission. J'ai employé le seul moyen d'interrompre la prescription. (Exclamations au banc de la défense.) Mais c'est la loi ; j'emploie les armes que la loi met à ma disposition. Cela vous est désagréable ? M0 Huysmans. — Oh non I M. Pholien. — Je pense que oui. sinon vous ne protesteriez pas tous. (Rires.) ; LES REPORTEURS M. Pholien en revient aux reports. A côté de Waechter, Dethier, Van Hentenryck, dit-il, gravitent une série de gens louches, se disant agents d'affaires, agents d'assurances, etc. Paul Wilmart. mis sous, conseil judiciaire, vl-3 vait des largesses de Nestor : Vrithoff, Meyne, 7 poursuivre parce que leur mauvai- ; Rasquin ne pouvait pas ignorer la nature des , opérations faites par tous ces gens II l'ignoro si peu que, dans les comptes, il masque le produit des reports et établit un compte Wilmart. | (L'atmosphère de la salle est lourde. Wilmart se sent malade et, à sa demande, on ouvre un*» 1 fenêtre qui apporte enfin un peu d'air frais.) Rasquin savait que les obligations reportées étaient contrefaites, continue le procureur, du roi. Il en a personnellement employé 3.SOO. Il , est mêlé à des propositions de report, sur des paquets de 2.000 à 3,000 titres à la fois. Il fait les bilans, il sait depuis 1908 que des milliers de' titres sont contrefaits et il prétend ne rien savoir. Il faut vraiment qu'il ait l'illusion tenace. D'après Wilmart. c'est donc sur l'indication de M. Gentis que Waechter a été chargé des reports « Il était, par ses relations avec les banquiers. l'homme tout désigné», a dit fort justement Wilmart. Il était connu dans lo monde do la finance. Son audace et son bluff devaient servir les desseins de Wilmart. C'était bien l'homme qui devait faire produire le plus d'argent possible au faux papier de Wilmart. Il est un excellent collaborateur pour celui-ci, mais on sait à quel prix ! « J'ai réussi à placer 50,000 titres, mais au prix de quels efforts, auprès de Goldzieher, écrit-il à Wilmart. Mais je suis à bout de souf-" fie..'. Ayons l'œil ouvert. » 3 Dethier, dès son entrée au service de Waech- iter. tient les comnfes des reports. Homme de confiance, il manipule les litres et les fonds, il porte des titres contrefaits dans les banques. Depuis 1903. Waechler <>t Dethier ne font qu'un. C'est tellement vrai qu'on leur donne une procuration générale, le 10 décembre 1910. Or. Waechler et Dethier opèrent sur 10.53? obligations en 1909. sur 14,015 en 1910, en octobre 1911 sur 19.052. fin 1911 sur 18.225, en 1913 sur 16,883. Malgré cela. Dethier fait dos opérations de report pour son comple. Waechter cl Dethier ignoraient si peu le chiffre exact de titres réguliers nu'on a retrouvé chez Waechter des notices détaillées de Rasquin sur la marche de la Société, et que la Commission *de la Bourse a attiré leur attenlion sur ce point. Pour le surplus. Waechter. De'hier et Van Hen'enryck ont connu l'existence de nombreux doublés emplois. La Caisse des Repor's, d'autre pnrt. a cherché h savoir A quel chiffre exact s'arrête le dernier numéro des titres. Et Dethier répond qu'il y on a 15.073 émis, mais qu'il n'y en a plus'que 12^836 dans le public. M° Huysmans. — Oui a écrit cette lettre ? M. Pholien. — Dethier. M0 Huysmans. — Mais qui l'a signée ? M. Pholien. — Wilmart. M3 Huysmans, — 11 a donc écrit comme se-rélaire.M. Pholien. — Mais,' par le fait, il connaissait le nombre exact des obligations régulières. , En 1907. il minutait pour Wilmart une let-re portant comme signature la griffe de : vVaechter que Dethier avait donnée ù Van Hen-enryck. se plaignant de la découverte de ; ioubjes emplois. » Ne fais rien avant de me té- ! éphoner. dit Waechter, je te dirai comment Dethier a expliqué la chose. » L'explication était donc autre que^celle de (Vilmart. > M0 Huysmans. — Mais non, c'était la même. M0 Jamar. — Et n'avait-on. pas signalé des lo.ubles avant cela ? M. Pholien. — Certes. L'audience est suspendue à midi. Audience de mardi après-midi Il est 2 % h lorsque l'audience est reprise. SUITE DU REQUISITOIRE M. Pholien, reprenant son exposé, émet l'avis que peut-être le groupe Waechter a cru agir dans l'intérêt de la Société Gand-Terneuzen. 3ela ne changerait rien au fond, car Waechter . el Dethier savaient que les manipulations de U- j très se faisaient dans les bureaux de la Société. I Waechter, d'autre part, n'enlasse-t-il pas dans I son grenier 67.500 coupons à fr 7.50, soit pour j plus d'un demi-million ? — Ma bonne foi est telle, a dit Waechter, que j'ai signalé l'existence de ces coupons qu'on ti'avai-, pas trouvés. Wilmart lui aurait fait croire que ces coupons étaient inutiles, que, plus tard, on les incinérerait.Van Hen'enryck savait que les titres sur lesquels il opérait étaient des titres contrefaits. En septembre 1907, il s'était aperçu qu'il y avait double emploi pour deux opérations. On lui expliqua que c'est la conséquence d'un incendie. Par la suite, il découvre l'existence de nombreux autres doubles emplois II ne pouvait plus être question d'incendie alors. A-t-ii pu, de bonne foi, supposer qu'une réimpression fût encore nécessaire alors ? Que font d'ailleurs Waechler. Dethier et Van Hentenryck ? Ils font l'impossible pour que les banques ne s'aperçoivent pas des doubles emplois. II fallait empêcher en tout cas qu'ils se présentent dans les mêmes banques. Et ce travail a élé remarquablement fait. Certes, il y a encore eu des doubles emplois dans -une même ban-! que, mais comment s'en étonner lorsqu'on songe qu'Ilhier et Demaret, ont signé jusqu'à onze fois le même numéro. Dethier dresse les listes, nous en avons ; elles sont rectifiées complètement de la main de Wilmart.L'organe de la loi s'attache a établir longuement nue Van Hentenryck connaissait l'irrégularité des titres. — Vous n'avez pas poursuivi d'autres qui en ont fait autant que nous, disent les prévenus. J'ai contre eux un argument que je n'ai pas contre les autres : ceux-ci n'ont pas replacé dans les banques les doubles découverts par Van Hentenryck. Jamais des doubles n'ont été constatés dans des reports faits par lui et par un autre reporteur dans une même banque. Cela prouve que les listes étaient faites de connivence avec Waechter et Wilmart Certes. Van Hentenryck a dû d'abord être de bonne foi. Quand a-t-il cessé de l'être ? Je ne pourrais le préciser, mais, à un moment donné, en janvier 1909, il a dû être de mauvaise foi. Sachant qu'il y avait des titres en double, il ne s'en sert pas moins pour d'autres reports. La complicité de Van Hentenryck a été écrite, le 23 août 1911. par Dethier et signée par Waechter, sùr du papier de la Chronique. « Van Hentenryck me dit qu'il ne faut pas se préoccuper des numéros», écrit Waechler à Wilmart. C'est parce qu'il s'agit du report à faire chez Joire. à Tournai, où il n'y a pas encore de titres. Il faut reconnaître, continue M. Pholien, que Wilmart avait eu la chance de mettre la main sur des collaborateurs dévoués et actifs. Dethier n'était pas un simple employé, c'était un collaborateur précieux, plein d'initiative. N'avait-il pas la procuration générale de Waechler?Toute la correspondance démontre le cas que l'associa(ion faisait de Dethier. Mais de tous, c'est Waechter qui se démène te plus pour procurer de l'argent ù Wilmart. Il agit avec la plus insigne mauvaise foi lorsque, répondant h un M. Degrange. de Châtelineau, îjui veut dénoncer.un. report, il sè'dorine comme propriétaire, avec un groupe d'amis, d'une .grande partie de litres de Gand-Terneuzen, qu'il considère comme une affaire de premier ordre. A "ce moment. Waechter était reporteur de plus de 9.000 titres. Waechter demandant un report au Crédit Lyonnais, celui-ci lui demande une preuve de la part de propriété des titres dont Waechter se pare. « La notoriété dont je jouis à Bruxelles et la situation que j'occupe ne me permettent pas d'admettre des indagations inquisitorinles. que je considère comme contraires à ma dignité », répond Waechter. (Rires.) Et le Crédit Lyonnais s'incline. Le groupe Waechler a obtenu 7.622.009 francs de reports, «grâce aux influences particulières» dont il jouissait, ainsi que 7e disait Waechter daos uûe lettre où il GQZtfeUl&iL-A -Wiinwct «d'ouvrir l'œil ». A ce moment, Waechter opérait sur 6 500 litres de plus que la Société n'en avait jamais émis. Que's ont ét > les bénéfices de Waechter? D" 1901 à 1912. Waechter majora les intérêts h l'in.su de Wilmart lui-même, les portant à 2.300.000 francs, c'est-à-dire 500.000 francs de ■ plus que lui-même ne payait aux banquiers — soit, 4!.MO francs par an pendant douze ans. Avec les commissions, les bénéfices de Waechter se montèrent en 1999 a 61.000 francs, en 1910 . 64.876 francs: en 1911, 96.661 francs: en 1912, en l'espace de dix mois, il fit paver à Wilmart. !a légère surprime de 162.319 francs ! Dans les comptes de Waechter. il v a des erreurs se montant à un total de 270.000 francs au préjudice de Wilmart. Bref, le bénéfige do Waechter a été. au minimum, de 730.0W francs. Au total. Waechter a réalisé par an 72.000 francs pendant douze ans. Waechter cependant plaide le d's'ntéresse-ment. «J'ai tout abandonné, dit-il, je suis rui-. né. complètement ru'né. » Il y a des gens qui, après plusieurs faillites, deviennent riches. Dé. jâ. en 1867. Mmo Waechter ayant abandonné tout l'actif de la communauté en faveur de ses créanciers, réclamait et obtenait la séparation de biens. Comme par enchantement la situation finan. cière do Waechter devient plus brillante. Il gagne 30.000 francs par an comme chroniqueur financer: il gagne 66.000 francs par an avec Wilmart. et il abandonne tout son actif h ses créanciers. Savez-vous <i combien il s'élève? A 7,531 fr. 31, plus une créance de 108.000 francs à charge de la Chronique. M° Jamar. — Vous ne tenez pas compte des titres que vous avez saisis, do ceux qu'il a placés en report. M. le procureur du roi. — Waechter a dressé lui-même son actif actions. Il :omporle une série de papiers des Pieds Humides. Le substitut en donne le litre au milieu des rires. M0 Jamar. — Et les titres pour lesquels il a obtenu 55.000 francs chez Empain et qui ont été engloutis par les reports. M. Pholien. — A part ces titres-là, l'actif de Waechter est fort mir.ee, puisque, portefeuille compris, il a donné 7,500 francs. M® Jamar. — Le portefeuille pas été réalisé.M® Picard. — Est-ce que cela fa.it partie de la prévention? Est-ce qu'il y a un délit? M. Pholien. Non I M° Picard. — Bien. C'est exclusivement pour 'mnressionner le tribunal que vous dites tout cela. M° Braun. — J'espère que vous aurez fait la même besogne pour Van Hentenryck et que vous nous exposerez les propositions qu'il a fi-iles à ses créanciers au lendemain de la débâcle I -M. Pholien ne répond pas. et s'attache à rechercher les bénéfices réalisés par Dethier. Il reconnaît avoir reçu 3.500 francs de Wilmart. pour frais de voyage. En dehors de ses 150 fr. do mensualité, il recevait des suppléments sous la forme de commission sur les reports, tanl de la part de Waechter que de Van Hentenryck. soit un bénéfice annuel de 9,000 fr. Il a mis des titres du Borinnge Cen.lrat lu' appartenant en report ! Mais cela prouve qu'il espérait que les opérations continueraient longtemps encore. N'est-ce pas lui qui, le 9 octobre, préviens Wilmart. téléphone à Landelies. qui lui dit • «Nous allons avoir des ennuis pour nos titres irréguliers » ? ■ Quand il apprend que les affaires se gâtent Il trouve très habile de s'informer auprès de celui qui savait : le juge d'instruction ! M8 Huysmans. — C'est cela se mettre dans la gueule du loup. U fallait prendre le juge d'instruction pour bien naïf l (Rires.) L'organe du ministère public s'altache à dé-montrer que Van' Hentenryck savait pertinem ment que des obligations fausses existaient et faisant, le calcul ou la récapitulation des re ports faits par Waechler el consorts pour Wilmart. il en déduit que 2.200.000 fr. ont élé • Wilmart. ce qui, avec 4,200.000 Tr. non retrou \As. porle â 4.600.000 le total de ses dî enses. Ces chiffres démentent qu'il fut quatre foi-millionnaire en 1900. comme il l'a prétendu En tout cas. qu'il fOt millionnaire ou non, s culpabilité reste la même. Le ministère public continuera demain. L'&ud'enee est levée à 6 % heures. {Audience de mercredi matinf LE REQUISITOIRE (SUITE) M. Pholien, substitut du procureur du roi, reprenant son exposé, en arrive à l'examen des bilans de la Société Gand-Terneuzen. Wilmart et Rasquin dressaient les bilans, mais ils rejettent réciproquement les responsabilités l'un; sur l'autre C'est Wilmart. qui me donnait les indications, dit Rasquin. Mais je n'entends rien à la comptabilité, riposte Wilmarts Vest Ras-' quin qui était -tout dans l'administration de Gan(J-Terneuzen : inspecteur général, chef de la comptabilité, chef du personnel, représentant de la Société aux Congrès des chemins de fer, nommant, augmentant, révoquant le personnel, et puis Rasquin n'était-il pas à Gand-Terneu-1 zen, dix ans avant moi ? dit Wilmart. Rasquin, lui, déclare ignorer tout. Il n'a jamais agi que sur ordre de Wilmart. Cependant, Rasquin connaît, quoi qu'il en dise, la composition du portefeuille. Il a eu l'occasion de le démontrer à diverses reprises ; des pièces figurant au dossier l'attestent. L'organe de la loi s'attache à démontrer que .des titres ont été détournés par Wilmart et Rasquin de l'actif de la Société ; après avoir prétendu qu'il ne savait pas ce que les titres étaient devenus, les prévenus se souviennent tout à coup que ces titres ont été acquis par Wilmart. En réalité. Wilmart ne les a pas achetés. il les a détournés avec la complicité de Rasquin, indiscutablement ie portefeuille du bilan depuis 1901 est faux. M® Sand. — D'après vous, Wilmart aurait payé ces titres avec 90,000 francs qu'il aurait pris dans la caisse? M. Pholien. — Parfaitement, c'est bien ce que j'entends dire. Je m'attache à démontrer tout cela non pas que nous poursuivions du chef de détournement ; la prescription est acquise, et puis le détournement absorbé par le orime de faux n'emporterait pas un jour de prison de Plus pour les prévenus, mais, à l'effet de signaler qu'il y eut lâ, des experts l'ont établi, plus d'un million de détournement. Au 31 décembre 1902, la sixième émission de titres, prise ferme par la Banque Coloniale de France, un instrument de Wilmart et. de son ami Hirsch à Paris, dut rapporter à Gand-Ter-neuzen 762,859 fr.. déduotion faite d'une commission de 267.9Î0 fr. De ces 762.959 fr., on ne retrouve plus que 397.000 fr. Au 31 décembre 1911. il y a entre la Banque coloniale et Gand-Terneuzen un jeu d'écritures et de.traités qui masquent mal d'indiscutables faux en écriture. Conclusions M. Pholien oonclut : Je demande, dit-il au Tribunal, de condamner Wilmart et Rasquin pour faux bilans el faux en écritures. Tous les bilans antérieurs à 1911 étaient faux, et ils sont les coauteurs de ces faux bilans dont ils n'ont cessé de faire usage devant les assemblées générales de ta Société. Elle est étonnante. Messieurs, l'affaire que vous avez à juger, car on se demande comment Wilmart et ses associés ont pu, pendant onze ans, procéder pour placer de faux papiers sans relâche, sans que jamais personne se soit pla:nt. Pas un seul des incapables et des complices qu'il a autour de lui ne possède un seul titre do la Société qu'ils administrent. Tous d'ailleurs sont les obligés .de W'imart. Rien d'étonnant après cela qu'il trouve des gens pour signer aveuglément les titres qu'ils fabriquent. Quoi d'étonnant que ces administrateurs et ces commissa'res par incapacité, je ne veux pas dire par complic'té, entérinent chaque année •les faux bilans présentées aux assemblées générales.Pour signer pareils bilans, il fallait avoir une belle dose d':nconscipnce, et lo."sque Wilmart et Rasquin décident de créer de faux U» *lft^ûuvwu kussitût Uthter ftk DmomxI I ' pour signer toutes les obligations que Wilmart veut bien leur présenter. Ils seraient de bonne foi. ceux qui ont signé jusqu'à onze-fois les mêmes titres, qui en ont encore signé 23.000 après avoir été prévenus. Wilmart trouve de suite tous les émetteurs voulus. Van Hentenryck, qui-compte jusqu'à 16 %, Dethier, qui touche à tous , les râteliers, Waechter qui, aussi coupable que [ Wilmart et Rasquin, use de son influence de publicistie financier, impose des reports aux!' banques et ces gens plaident la bonne foi. Maintenant ruinés, disent-ils, ceux qui ont ruiné le public, ils sont de même de bonne foi, eux qui ont trompé les banques, n'ignorant pas que les titr£g étaient faux ! ' Songez, messieurs, aux ruines nombreuses que ces gens ont semées, songez aux jouissances qu'ils se sont procurées avec l'argent volé. Songez à ces petits, à ces humbles, h ces 177, porteurs de quelques titres, volés, ruinés. Il faut que le public sache qu'il y a une justice dans le pays. Il faut que ces faussaires, qui ont. fait ripaille avec l'argent volé, soient punis f Au nom de la société, que je représente, je demande la condamnation de tous les prévenus. Les Plaidoiries Après une courte suspension, l'audience est reprise à 10 h. 3/4, et la parole est donnée à : M® Morichar. — Le 11 octobre 1912, sur la route de Mariembourg à Cliimay, filait, h grande vitesse, un auto dans lequel se trouvait Nestor Wilmart, un coup do téléphone l'avisant que le Parquet s'occupait do l'affaire Gand-Ter-neuzeii, avait produit sur lui une terreur telle, il vous a dit qu'il fuyait sans savoir ce qu'on lui voulait. Le lendemain, la presse annonçait sa fuite et des histoires surgissaient, le représentant comme un filou, un escroc, un noceur... dilapidant l'argent, avec des maîtresses auxquelles il donnait des colliers de 100,000 francs !... On sait aujourd'hui ce qui en est de ces histoires. Wilmart &'en allait sans argent : son frère Henri lui avait donné quelques centaines de francs et c'est grâce à quelques autres centaines de francs, donnés par dৠamis dévoués, qu'il vécut pendant huit mois, nuit jours I Avant son départ, il avait 175.0C0 francs en portefeuille : la veille même, il lui restait, après avoir effectué des paiements. 63,000 francs qu'il confie à Iiamblenne. C'est, je pense, la preuve la plus canvaincante que Wilmart ne songeait pas à fuir. Et pourquoi ne songeait-il pas à fuir? Mais parce qu'en conscience il ne s'imaginait pas uq'il fût coupable de tous les méfaits et de tous les crimes dont on l'accuse. Certes, il avait . commis' des incorrections, des indélicatesses, 11 avait poussé l'imprudence jusqu'à la témérité et gravement compromis l'intérêt des tiers, mais il ne s'imaginait pas qu'il était l'escroc et le voleur dont on a parlé ! Ici, il a voulu mettre avant de partir quelques documents en sûreté, qui pourrait l'en accuser? II a voulu sauver quelques miettes de l'avoir des sie>,is, compromis par lui, qui pourrait le lui reprocher ? Et cet homme, qui a manié des millions et des millions, est parti les mains vides. Que s'est-dl passé dans le cerveau »de cei homme qui, cependant, est un énergique et un combatif ? Toujours est-il que la vision du Parquet descendant chez lui, des gendarmes, lui inspire une terreur folle et le fait fuir. Cette fuite dut pour lui des «conséquences désastreuses. Elle donna lieu d'abord à toutes espèces de légendes et créa autour de cette affaire une atmosphère pernicieuse. Elll'e orienta l'instruction vers des exagérations fatales. En l'absence du principal accusé, M. Devos mena l'instruction avec une ré-.. serve et un tact detnt nous lui savons gré. Quant à la vie privée de Wilmart, M. le président n'a pas voulu aller au-delà ; Ifi * ministère public non plus. Nous les en re-i mercions. Wilmart n'a pas volé 30 millions comme on l'a dit. Au total, il y a eu 17 millions de titres émis, dont Wilmart en aurait eu 2,600,000, d'après le ministère public.Wilmart, au contraire, affirme ne devoir qu'un million 20,000 francs de Gand-Terneuzen. Celle-ci en doit autant. Les comptes se valent. Wilmart n'a donc pas volé 30 milllions > il n'a rien volé du tout. Wilmart n'est pas banqueroutier non , plus. Jamais il n'avait cru être commerçant ; d'ailleurs, seule sa situation de membre du Comptoir d'Escompte de Philippe-ville lui a valu la mise en état de faillite. Celle-ci a donné un million aux créanciers, ce qui porte sa fortune à trois millions au moins, quand on sait comment se font les réalisations de l'espèce. Il n'est^as vrai que Wilmart fût un ncs ceur, un coureur de femmes. Il a eu quelques aventures que le monde réprouve, certes, mais qui n'ont rien de déshonorant. Mais c'était surtout un travailleur. Si parfois, au retour des courses, on le voyait installé à une bril'ante table de restaurant, si, pour le public, il était un fêtard, il y avait un autre Wilmart qu'on ne connaît pas. Il occupait, rup Plattesteen, un modeste appartement de 800 francs par an. Matin et après-midi, de la première à la dernière heure, il était à son bureau, boulevard de •a Senne ; son activité était toute débordanteIl suffit, pour en juger, de constater le .ombre de Sociétés qu'il administrait ; il y n avait quinze; de nombreuses affaires dont ii s'occupait en dehors de trois ou quatre premières de l'Alhambra, on ne -Le , vit jamais à une fête du théâtre, à une manifestation publique. Sa passion était lai chasse. En a-t-on raconté des histoires invraisemblables sur les réceptions faslueusies du cliâtfe<au de Morialmé ? En oe château, qui1 était une grande maison simplement, qu'occupait.sa sœur, sè réunissaient, six ou sept fois par aii, quelques familiers de Wilmart, et nous, nous avons ou le bon goût, M. le procureur du roi, de n'en citer aucun à cette barre. (Sourires.) 11 y prenait donc parfois une heure de distraction et de plaisir, et encore, cette heure était-elle toujours empoisonnée par 1e souci du lendemain, par la crainte de report à lever, par l'obsession de remboursements à faire ; la catastrophe toujours était suspendue sur sa tête : aujourd'hui un banquet, le lendemain un prêteur qui réclamait le remboursement. H fallait dare-dare faire imprimer -des litres et gorger de quelqmes billets de mille l'intermédiaire malin qui se présentait. A Laon, sa vie fut modeste ; il ne fit au* cune fête ; il y vécut retiré, n'ayant pas le courage de revenir à temps au cours de l'instruction. Non, on peut m'en croire : ceux qui omit appelé Wilmart le joyeux Nestor ne se figurent pas combien ils furent loin de la' vérité. La seule heure joyeuse qu'il passa depuis dix ans fut peut-être celle qui suivit son . arrestation, qui lui permit de reprendre conscience de lui-même et de songer aux remords ; oui, aux remords, car il a commis des" fautes il le sait; et il est prêt à les expier Quelle que-soi', votre décision, il s'incli-

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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