Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 09 Juni. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 04 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/2j6833r52b/
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Mercredi 9 juin lOITi JE» centimes le numéro 59me année - N<> 160 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; -S fr. pour six mois ; S fr. pour Irois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RUE IDE ■FLANDRE, 3, GAlsTJL TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. IAvis officiels allemands PROCLAMATION Comme suite à l'avis du 25 avril 1915, qui défend de vendre et de porter les signes des pays ennemis, il est dorénavant également détendu de vendre et de porter des signes italiens. Les contrevenants seront punis d'après les ordres déjà publiés. Outre les couleurs des pays ennemis, sont également défendus les armes des pays, les "■noms des chefs d'armées, etc. (Et. T. B. Il N° 354/7). Gand, le 2 juin 1915. Le Commandant de l'Étape. 1870 Les événements présents rappellent sans cesse à l'esprit la guerre franco-allemande de 1370, et ce qui frappe surtout dans ce rapprochement, c'est le contraste entre la rapidité des opérations militaires d'alors, et la lenteur de celles d'aujonrd'Ilui. Tandis qu'il nous est impossible de prévoir, après huit mois de combats, l'issue et les résultats de la campagne, il n'avait fallu que quelques semaines pour décider de la guerre de 1870. Déclarée le 15 juillet et commencée le 2 août, elle était virtuellement résolue à Sedan le 2 septembre, bien que Bazaine ne se rendit, à Metz, que le 27 octobre, et que Paris prolongeât sa résistance jusqu'au 29 janvier 1871. Dès le 4 août, la défaite des armées françaises se dessinait à Wissembourg par l'écrasement delà division Douay; le 6, c'était Forbach et Woerth, avec la fameuse charge des cuirassiers de Reichsoffen; le 14, c'était Borny, et le 16, Qravelotte; le 13, Strasbourg avait été investi, et le 30, le général Failly était vaincu à Baumonl. A Sedan, l'empereur lui-même était fait prisonnier avec 86,000 hommes.... , On a tout dit sur les causes et les suites de telle défaite, et pourtant bien des choses encore 'ydemeurent obscures ou inexpliquées. Il nous paraît intéressant de reproduire à ce propos un interview paru dans le « Gil Blas», en août 1896, et où Emile Ollivier, ministre de la justice el des cultes et chef du cabinet en 1870, ■ exposait son avis sur cette question. I « C'est un crime historique, -disait-il,— d'ac-I cuser la France et l'empereur d'avoir voulu la ■ guerre, de l'avoir encore désirée. Nous avons ■ fait tout ce qui était possible au monde pour l'éviter, tout, jusqu'à des sacrifices d'amour- ! propre. J'ai été jusqu'au bout des concessions. » La France était assurée de l'alliance de l'Autriche et de l'Italie. Et cette alliance, nous l'aurions eue, sans ce désastre et cette faute impardonnable de Sedan. Après Sedan nous devions être abandonnés de tous, et M. de Bismarck faisait écrire : « Enfin ! l'Allemagne est délivrée du danger qui la menaçait d'une alliance faite contre elle ! » » Ce plan de campagne qu'on a si fort reproché à l'empereur, cet émiettement des corps d'armée sur la frontière, nous avait été imposé par l'état-major autrichien. Oui, nos troupes ont été placées d'après les plans mêmes de l'archiduc Albert, afin de pouvoir plus facilement lui donner la main quand il arriverait à la tête de l'armée autrichienne. «Pour donner la main à l'archiduc Albert, nous n'avions qu'à faire une concentration à droite. L'archiduc ne venant pas, nous n'avions qu'à faire une concentration à gauche, pour opposer à l'Allemagne une armée de trois cents mille hommes, composée des meilleurs soldats du monde, des plus courageux et des plus enthousiastes. Nous avions toutes les chances de triompher. La mobilisation allemande ne pouvait être terminée que le 9 août. Nous, nous étions prêts le 30 juillet. Nous avions 280,000 soldats à Metz, prêts à marcher ». — Et pourquoi n'a-t-on pas marché alors ? — « C'est la première faute, celle qui a entraîné la plupart des autres. Celle-là, c'est la faute de l'empereur. Nous n'avions qu'à franchir la Sarre. » L'empereur n'a pas voulu. A Saarbruck, il n'avait pu se tenir à cheval et était tombé à moitié évanoui dans les bras de son aide de camp. L'empereur avait la pierre, il n'avait pas la force de commander, el ne voulait pas qu'un autre commandât à sa place. » Lebœuf supplia l'empereur de lui laisser ordonner la marche en avant. Nous tombions sur des troupes encore en pleine mobilisation, ne pouvant même accepter le combat. Lebœuf supplia, menaça, parla de se brûler la cervelle ; l'empereur fut inflexible. » La seconde faule fut commise par Frois-sard, à Forbach, la troisième, « un crime », par Bazaine, qui jouait au billard quand il devait être sur le champ de bataille. » La quatrième faute, la dernière, celle qui a perdu la France, c'est le Conseil des ministres présidé par l'impératrice ; c'est Palikao et ses collègues qui doivent en porter la responsabilité. » Tout le monde voit clair : l'empereur veut se retirer sur Paris avec sa dernière armée. Mac-Mahon supplie qu'on le laisse revenir sous Paris; le prince Napoléon voit clair, lui aussi.... L'impératrice est inflexible. » On s'en va à Sedan, par une folle compréhension dynastique, alors que c'était à Paris seulement qu'on pouvait défendre l'empire, à Paris qu'on pouvait contraindre les alliés qui avaient promis leur concours à se prononcer. » On s'en va à Sedan, malgré l'empereur qui disait à Mac-Mahon : « Puisqu'il en est ainsi, allons nous faire casser la tête. » — Mais vous, Monsieur le Ministre, vous pouviez faire entendre votre voix. — « Il y a vingt-six ans aujourd'hui, les bonapartistes fanatiques, ceux qui prenaient leur mot d'ordre aux Tuileries, me renversaient du pouvoir, parce que j'exigeais le retour à Paris, parce que je voulais que l'empereur, malade, laissât un général commander à sa place et rentrât à Paris. C'est ce soir là que, pour la dernière fois, je revis l'impératrice. Nous lui portâmes notre démission aux Tuileries et, comme il était nécessaire, nous voulûmes lui donner un conseil pour le choix de nos successeurs. » Elle avait tant de hâte d'avoir notre démission, qu'elle ne nous laissa pas le temps de donner le conseil. » Rappelons que, le 15 juillet, Emile Ollivier avait déclaré à la tribune qu'il acceptait « d'un cœur léger » les lourdes responsabilités de la guerre, et qu'il était renversé du pouvoir le 9 août 1870, après un vote de la Chambre affirmant qu'elle était décidée à ne soutenir qu'un cabinet capable d'organiser la défense. Emile Ollivier se retira d'abord à Fontainebleau, puis en Italie, où il resta jusqu'en 1873. Revenu en France, il n'obtint plus jamais le pouvoir et se consacra à la littérature. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel allemand . W. T. -B. 7 juin. — Sur la-pente orientale de la hauteur de Lorette de nouvelles attaques françaises se sont écroulées sous notre feu, A l'est de Doullens l'ennemi attaqua sans aucun succès. Le combat continue. Au nord-ouest de Soissons, près de Moulin, une attaque sur une large étendue du front allemand a été rejetée; à un endroit seulement l'ennemi a atteint nos premières tranchées, pour lesquelles on se bat encore. Près de Vauquois, au sud-est de Varennes, les attaques françaises, malgré l'emploi de bombes incendiaires, n'ont eu aucun succès. Les Français ont dû reculer après avoir subi des pertes sanglantes. Communiqués officiais français Paris, 5 juin (15 heures). — Dans la nuit du 4 au 5 juin, l'ennemi a prononcé trois violentes contre-attaques contre la sucrerie de Souchez et les tranchées au nord et au sud. Nous avons enlevé un poste au nord-ouest du Cabaret-Rouge, un kilomètre au sud de Souchez. Au nord d'Arras rien de nouveau. Paris, 5 juin (23 heures). — Dans la région au nord d'Arras, nous tenons maintenant, à l'intérieur de Neuville, plus de la moitié de la corne nord et toute la partie est des deux tiers du vilage. Nous avons également gagné dans la partie nord du Labyrinthe et légèrement progressé au centre de cet ouvrage où la lutte se poursuit sans arrêt. Sur tout le front du secteur, le combat d'artillerie notamment à Lorette, à Neuville et au Labyrinthe, a été d'une extrême violence. Sur le front orientai Communiqué officiel allemand Au nord de Kurchany la cavalerie allemande, après avoir forcé le passage de Windau, a progressé vers le sud-est. Près de Kurtowiany et de Sawdyniki, nous enregistrons de beaux progrès pour notre offensive. De nouveau 3340 prisonniers et 10 mitrailleuses. Au sud du Niemen, jusqu'à la ligne To-lausie-Zapieszyski, la région est tout à fait purifiée de l'ennemi. Dans les combats autour de Przethysl 33,805 prisonniers ont été faits. A l'est de Przemysl les alliés ont rejeté les Russes sur Wisnia. Des détachements de l'armée du général von Linsingen ont passé le Dniester près de Zurawno et ont pris d'assaut les hauteurs de la rive du Nord-F.st. Plus au Sud, la poursuite de l'ennemi a atteint la ligne Nowica-Kalusz-To-masowes.Communiqués officiels autrichiens Vienne, 7 juin. — Les troupes coalisées sont arrivées hier à l'est de Przemysl, près de Mosciska et ont pris d'assaut Starzawa. En Pologne russe, la situation est inchangée. Les troupes coalisées qui poursuivent l'ennemi de la région de Stryj, vers l'est, se sont emparées, au Dniester, de la tête de pont de Zurawno et défirent de nouveau l'ennemi au nord, près de Kalusz. Le combat continue au Pruth. Vienne, 7 juin. — L'attaque du centre des coalisés a fait encore des progrès sensibles au Nord de Moseiska. L'armée von Linsingen prit pied ferme sur le Dnjetr septentrional après l'assaut de la tè.e de pont de Zurawno. Dans les batailles près de Przemysl, plus de 30,000 prisonniers ont été amenés le 1er juin. Communiqué officiel russe Pétrograde, 5 juin. — L'état-major de l'armée du Caucase annonce : Le 3 juin, le long de la côte, la fusillade habituelle; dans la région d'Olty, des combats d'avant-gardes et patrouilles eurent lieu. Nous avons inquiété des détachements de couverture turc à Wus et à l'ouest de Ichkan. Dans la direction deSevrykhai et d'Ollytschai, nous avons résisté à des poussées en avant des Turcs. A Sarakymish et à Khorassan, un de nos détachements de couverture a refoulé l'adversaire qui tentait d'avancer. Dans la région de Meliazgherd, nos troupes ont refoulé les Kurdes de Pschai dans la direction ouest. Dans la région de Wan, les combats continuent autour de la chaîne de montagne de Djavlaba. Sur le front italo-auîrichien Communiqué officiel autrichien Dans le territoire de la frontière du Tyrol et de la Carinthie, l'ennemi se borne à un feu d'artillerie inefficace; il évite de s'approcher près de nos positions. Dans la région de Lav.'.-rone et de Folgaria, nos canons de gros calibre ont maintenant commencé le feu sur les forts de frontière ennemis. Les Italiens ont subi des pertes considérables dans les combats au Karn. A la pente méridionale de la montagne, on a trouvé 300 cadavres ennemis. La tentative de l'ennemi de passer l'Isonzo près de Sagrade a également été repoussée, avec des pertes sanglantes pour lui. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constantinople, 7 juin. — Au front des Dardanelles, une bataille très violente s'est déroulée dans le secteur Sedd-ul-Bahr; cette bataille commença le 4 juin, à midi, par une attaque ennemie et se développa sur tout le jront; après une durée de deux jours, elle se termina en notre faveur, dimanche matin, par une contre-attaque de notre aile droite. L'ennemi fut refoulé en désordre dans ses anciennes positions, après qu'il eut subi des pertes considérables. Nous avons capturé depuis samedi à dimanche matin 17 mitrailleuses et une grande quantité d'armes et de matériel de guerre. Après que la tentative de l'ennemi d'attaquer notre aile gauche eut été repoussée, il se jeta avec toutes ses forces sur notre aile droite ; il fut incapable de continuer sa poussée en avant désespérée. Près d'Ari-Burnu, l'ennemi entreprit dans la nuit du 5 au 6 juin, une attaque désespérée, contre notre aile droite, au cours de laquelle il utilisa des grenades à main. L'attaque fut également repoussée avec des pertes pour l'ennemi. Sur le restant du front, rien d'im-porlant ne s'est passé. Ën mer Londres, 4 juin.(Reuter).— Un télégramme de Lloyd annonce que le vapeur Cubano, de Fonsberg, a été torpillé et coulé par un sous-inarin, à la hauteur de Gallon, sur l'île de Lewis (Hébrides-Ecosse). L'équipage a été sauvé. Londres, G juin (Reuter). ■— Les chalutie-s Enanay et Stathbarn ont été torpillés les 3 et 4 juin dans la mer du Nord; leurs équipages ont été sauvés. Près des îles d'Orkney, 3 chalutiers ont été également torpillés hier; les équipages sont sauvés. D'après une auire dépêche, des sous-marins auraient fait sombrer 2 bateaux de pèche près de Lowes et un chalutier près des îles d'Orkney. Paris, 5 juin. — On mande aux journaux que le torpilleur anglais Mohawek a touché une mine dans la mer du Nord. Il a pu quand inèn.e atteindre le port le plus rapproché. La révolution portugaise La portée réelle de l'insurrection qui s'est déchaînée en Portugal pendant le mois de mai ne ressort guère des brèves dépêches qui ont été publiées. On la saisira peut-être mieux par cet extrait d'une brochure qu'avait publiée, quelques jours avant l'insurrection, M. Joao Chagas, devenu ensuite président du Conseil. Cette brochure, qui faisait le procès du président Pimenta de Castro, peut être considérée comme le manifeste du nouveau régime : ci Au moment où je commence à écrire ces lignes, j'ai l'impression que ce que je vois et ce que j'entends dans ce pays n'est pas une réalité monstrueuse, mais bien le résultat d'une monstrueuse aberration. Le symbole de ce grand événement que fut la République en Portugal flotte encore ça et là, et vaguement on entend dire que, dans lin vieux palais royal, l'ombre d'une souveraineté d'élection persiste contre toute vraisemblance. Mais tout ce que nous voyons, tout ce que nous enlendons ne nous parle plus de démocratie ié-gnante, mais de démocratie vaincue. L'alleluia de la restauration monarchique ne donnerait pas lieu, d'un côté, à un triomphe si insolent, de l'autre à tant d'humiliation. La singularité de ce cas monstrueux dans l'histoire nationale provient de ce que le régime survit à sa propre déroute. 11 existe et déjà il n'est pas reconnu par ceux qui le servent : sa Constitution a été déclarée comme insubsistante. Il n'y a plus de vestiges de son premier Parlement; ses serviteurs deviennent suspects et sont poursuivis. Finalement, ses ennemis ont été .reconnus comme légitimes. Is ont été ramenés au pays et réintégrés dans leurs situations. Et qui a sanctionné, devant la nation, ce qui se passe ? La solidarité de quelques républicains. On a ordonné de fermer le Parlement et de le faire garder par des soldats : les fonctionnaires destitués sont mis à la rue sans autre forme de procès. On a l'impression de se demander si la République existe encore dans ce pays par une attention personnelle de M Pimenta de Castro à l'égard de son ami Manuel de Arriaga. Notre première assemblée parlementaire résumait une unique aspiration : la confirmation légale de la République. Entre temps, le parti républicain se divisa èh trois groupements autour d'une question de personnalités, comme le fut le choix à faire du chef de l'Etat, et cela dans des circonstances si illogiques, si absurdes que ceux qui étaient désignés comme radicaux étaient des conservateurs et que ceux qui s'intitulaient conservateurs devinrent les radicaux les plus ardents. Les républiuains de 1911 se sont laissé dominer par un esprit de faction qui fut l'apanage de la monarchie. Ici, la République a copié textuellement la monarchie. La vie politique de la nation a commencé de s'organiser sur la base d'intolérables fictions. La vérité, qu'il faut proclamer, c'est que quelques-uns des hommes qui, plus tard, devaient jouer un rôle prépondérant dans le nouveau régime, n'avaient aucune confiance dans le peuple. C'est pour cela que l'on peut dire que seul le peuple entra avec foi dans la République.L'Assemblée constituante, en privant le chef de l'Etat du droit de dissolution des Chambres, condamna la politique portugaise à cet abominable gâchis qui, pendant quatre années, jeta la société dans l'agitation, le régime dans la crise, la démocratie dans l'inconnu et la réaction dans l'activité, finissant par précipiter la République dans la contre-révolution. i.a démocratie portugaise est toujours restée fidèle au principe de son unité; elle n'a pas subi les divisions du parti républicain. La dictature du général Pimenta de Castro, en elle-même, est un des actes les plus effrontés et les plus contradictoires qui aient encore Feuilleton du Journal de Gand 1 5 Le Comte DE Monte-Cristo ( PAR ALEXANDRE DUMAS Et à l'éclair qui passa dans les yeux du jeune homme en prononçant ces paroles, Villefort put distinguer tout ce qu'il " avait de violente énergie cachée sous cette première douceur. — Et maintenant, voyons,- dit le substitut, répondez-moi franchement, Monsieur, non pas comme un prévenu à son juge, mais comme un homme dans une fausse position répond à un autre homme qui s'intéresse à lui : qu'y a-t-il de vrai dans cette accusation anonyme? Ht Villefort jeta avec dégoût sur le bureau la lettre que Dantès venait de lui rendre. — Tout et rien, Monsieur, et voici la vérité Pwe, sur mon honneur de marin,- sur mon amour pour Mercédès, sur la vie de mon père. — Parlez, Monsieur, dit tout haut Ville-fort. Puis tout bas il ajouta : — Si Renée pouvait me voir, j'espère qu'elle serait contente de moi, et qu'elle ne m'appellerait plus un coupeur de têtes! — F.h bien ! en quittant Naples, le capitaine I.eclère tomba malade d'une fièvre cérébrale; comme nous n'avions pas de médecin à bord et qu'il ne voulut relâcher sur aucun point de la côte, pressé qu'il était de se rendre à l'île d'Elbe, sa maladie empira au point que vers la fin du troisième jour, sentant qu'il allait mourir. il m'appela près de lui. — Mon cher Dantès, me dit-il, jurez-moi sur votre honneur de faire ce que je vais vous dire; il y va des plus hauts intérêts. — Je vous le jure, capitaine, lui répondis- je. — F.h bien ! comme après ma mort le commandement du navire vous appartient en qualité de second, vous prendrez ce commandement, vous mettrez le cap sur l'île d'Elbe,vous débarquerez à Porto-Ferrajo, vous demanderez le grand maréchal, vous lui remettrez cette lettre; peut-être alors vous remettra-t-on une autre lettre et vous chargera-t-on de quelque mission. Cette mission qui m'était réservée, Dantès, vous l'accomplirez à ma place et tout l'honneur en sera pour vous. — Je le ferai, capitaine, mais peut-être n'ar- ■ rive-t-on pas si facilement que vous le pense?, près du grand maréchol. — Voici une bague que vous lui ferez parvenir, dit le capitaine, et qui lèvera toutes les difficultés. Et à ces mots il me remit une bague. 11 était temps: deux heures après le délire le prit; le lendemain il était mort. — El que fîtes-vous alors? — Ce que je devais faire, Monsieur, ce que tout autre eût fait à ma place : en tout cas, les prières d'un mourant sont sacrées; mais chez les marins les prières d'un supérieur sont des ordres que l'on doit accomplir, je fis donc voile vers l'île d'Elbe, où j'arrivai le lendemain, ie consignai tout le monde à bord et je descendis seul à terre. Comme je l'avais prévu, on rit quelques difficultés pour m'introduire près du grand maréchal; mais je lui envoyai la bague qui devait me servir de signe de reconnaissance, et toutes les portes s'ouvrirent devant moi. Il me reçut, m'interrogea sur les dernières cir constances de la mort du malheureux Leclère. et, comme celui-ci l'avait prévu, il me remit une lettre qu'il me chargea de porter en personne à Paris. Je le lui promis, car c'était accomplir les dernières volontés de mon capitaine. Je descendis à terre, je -réglai rapidement toutes les affaires de bord; puis je courus voir ma fiancée, que je retrouvai plus belle et plus aimante que jamais. Grâce à M, Morrel, nous passâmes par-dessus toutes les difficultés ecclésiastiques; enfin, Monieur, j'assistais, comme je vous l'ai dit, au repas de mes fiançaihes, j'allais me marier dans une heure, et je comptais partir demain pour Paris, lorsque,sur cette dénonciation que vous paraissez maintenant mépriser autant que moi, je fus arrêté. ■— Oui, oui, murmura Villefort, tout cela 'me paraît être la vérité, et, si vous êtes coupable c'est imprudense; encore cette imprudence était-elle légitimée par les ordres de votre. capitaine. Rendez-nods cette lettre qu'on vous a remise à l'île d'Elbe, donnez-moi votre parole de vous représenter à la première "é-quisition, et allez rejoindre vos amis. — Ainsi je suis libre, Monsieur! s'écria Dantès au comble de la joie. — Oui, seulement donnez-moi cette lettre. — Elle doit être devant vous, Monsieur, car on me l'a prise avec mes autres papiers, et j'en reconnais quelques-uns dans cette liasse. — Attendez, dit le substitut à Dantès, qui prenait ses gànts et son chapeau, attendez; à qui est-elle adressée? ■— A Monsieur Noirtier, rue Coq-Héron, à Paris. La foudre tombée sur Villefort ne l'eût point frappé d'un coup plus rapide et plus imprévu; il retomba sur son fauteuil, d'où il s'était levé à demi pour atteindre la liasse de papiers saisis sur Dantès, et, le feuillant précipitam ment, il en tira la lettre fatale, sur laquelle il jeta un regard empreint d'une indicible terreur.— M. Noirtier, rue Coq-Héron, n° 13, mur-mura-t-il en pâlissant de plus en plus. — Oui, Monsieur, répondit Dantès étonné, le connaissez-vous? — Non, répondit vivement Villefort : un fidèle serviteur du roi ne connaît pas les conspirateurs.— Il s'agit donc d'une conspiration? demanda Dantès, qui commençait, après s'être cru libre, à reprendre une terreur plus grande que la première. tous car Monsieur, je vo.i l'ai dit, j'ignorais complètement le contenu de la dépêche dont j'étais porteur. — Oui, reprit Villefort d'une voix sourde; mais vous savez le nom de celui à qui elle était adressée ! — Pour la lui remettre à lui-même, Monsieur, il fallait bien que je le susse. — Et vous n'avez montré cette lettre à personne? dit Villefort tout en lisant et en pâlissant à mesure qu'il lisait. -— A personne, Monsieur, sur l'honneur! — Tout le monde ignore que que vous étiez porteur d'une lettre venant de l'île d'Elbe et adressée à M. Noirtier? — Tout le monde, Monsieur, excepté celui qui me l'a remise. 'A suivre)

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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