Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 24 Juli. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 19 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/gt5fb4z27g/
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Vendredi -'l juillet i-914 5 centimes le miinéro 58me année — N° 205 JOURNAL DE GAND i —■ - ■ p-*-———— ■ ■ j '■ ■ "™- "■ ■ ■ ' ■"■' ■ '» ■ — i «»- —*-■ « ■ - ■ ■ i. . _■ ABONNEMENTS: RÉDACTION & ADMINISTRATION : ANNONCES» BELGIQUE : 15 (ranci par an ; 7-50 francs pour «il mois ; 4 francs pour troiijnci» g, RUE DE FLANDRE. 8» GAND Pour Vétranger, le port en -v>a TÉIËPHONE 065 aU de 18 dernière PaSe du journal. L'Alliance Russe î u k Les toasts échangés entre le tsar et m. d Poincaré font ri a turoulement l'objet de nom- r> breux commentaires. J? Il n'est pas douteux qu'ils sont extrême-ment chaleureux et indiquent un resserrement, donc une aggravation, de l'alliance g franco-russe, qui est, avec. la rivalité |j franco-allemande, le cauehem' ' de tous h ceux qui ortt à cœur l'avenir de la liberté, p: <ie la démocratie et'de la civilisation. 3 M. Poincaré a parlé de l'alliance et des « effets qu'il lui attribue avec une sorte de ç ferveur mystique.. j> Il a dit aussi de sa popularité des clioscs ç. nettement contraires à la vérité la plus r< évidente. . . f,1 L'alliance franco-russe est une combinai- 1 • son que l'on peut avoir cru de bonne foi < nécessaire à la sécurité de.s deux alliés, dans laquelle on p" t chercher un moyen Is d'équilibrer tes-for-ces en Europe, pour ar- P. river ainsi à écarter les dangers de guerre ri vrais ou supposés — et c'est le but qui lui la est assigné dans les toasts, — mais cela 1- n'en est pas moins une alliance contre-na- P turc et qui ne peut être populaire ni -en g France ni en Russie. p< Les réactionnaires russes, et tout le mon- ^ de officiel est nécessairement réaction- fa naire, détestent cordialement la France, gi foyer de la révolution européenne ; le peu- cp pie russe l'ignore et est plongé dans cl é- P< paisses ténèbres ; les libéraux russes ai- ^ orient naturellement la France comme 1 ai- aj ment les libéraux et les démocrates du ^ monde entier. ... Mais l'alliance n'a guère été jusqu ici M que l'instrument de la politique de guerre Çl et de conquête an-dehors, de réaction à •-' l'intérieur ; elle a fourni -ou gouvernement ^ les milliards qu'il lui fallait pour pouvoir refuser les réformes et elluu. ùié à. la révo- (/. lution russe l'appui <lc l'opinion publique bi «cci'tftnjtale, la presse française tout on- bc titre considérant mainlenaut «îonime un dévoir patrioti'iue de se faire complice de; la ™ tyrannie du" tsar.- ,r. " Actuellement, c'est au nom delà France p] qu'on réclame en îtnssie île nouvelles cliar- p: ges, de nouvelles-dépenses, de nouveaux (], anEements, de môme, (m'en franco c'est d au nom de la Russie qu'on a exigé le rc- j>j tour a la loi de'trois a-tis. • ^ ? Aussi, l'arrivée' <Te M. Poin-caré a-t-ellc u| été marquée par un article de protestation contre l'alliance et ses-effets dans le.prin- 01 cipal journal libéral russe, en même temps tii que par une formidable grève des ouvriers pi de S't-î'clCTSbnurs. 12 En France, -Mliance russe, c'est la co- ^ queluclie de tous les réactionnaires de tous sa jwils, des monarchistes, des chauvins, des cl revanchards, de tous les ennemis de la République. ... m Les républicains sont résignés, parce ce qu'on leur a dit que c'était de nécessité. <Jj Mais ils commencent à trouver que cela su coûte cher (20 milliards, dont la Russie Ja n'arrive guère à payer les intérêts qu'en or faisant en France de nouveaux emprunts, qi et ça n'a absolument rien rapporté à 1A hf France. Tous les profits ont été pour la Russie. , La vérité est que l'alliance était beaucoup plus nécessaire à la Russie qu'à la çs France. to C'est la Russie qui en avait besoin, car pc elle est. aussi faible que la France est forte. fo Malgré son immensité, et à raison même de;;cette immensité,- la Russie, loin d'être la grande puissance que l'on croyait, Jl'est et qu'une, grande impuissance: qu On l'a bien vu en Mandchourie. pa On le verrait en cas de guerre avec l'Ai- j', lemagne ; c'est la France qui aurait à on jri supporter tout le poids. Ch On l'a même vu en Orient, où la Russie tr< intrigue et instigue, provoque, cherche des où querelles, organise au besoin des révoltes, toi des guerres et même des assassinats, maifi rentre ses cornes dés qu'elle trouve à qui j]1 parler, ne fflt-ce qu'à l'Autriche. j0 Cette impuissance de la Russie est. d'ail- jet leurs une heureuse chose, car si -la France pr st l'Allemagne, heureusement pour l'Euro- d'i pe, sont résolument pacifiques, la diplo- ('e niatie russe est intrigante, souvent perfide st se donne toujours des allures béliiqueu- (c ses. El, dans la pratique -de l'alliance, la 0]) France a toujours été à la remorque de la ([|. Russie. Car, en supposant même que l'Ai- f] Bnagne ait eu des intentions bcllirpiouses, c<) lu'elie n'a certainement pas actuellement, ar :t que l'alliance russe ait été nécessaire m jour rétablir l'équilibre et assurer la paix, ]|(< ictuellement ce n'est ni <le la France, ni de 'Allemagne que peut venir le .danger de ].t îuerre, mais exclusivement des compéti- ' ions de la Russie et de l'Autriche en ^ >ient. m Kt en voyant combien M. Poincaré tenait . j,t t aller à St-Pétersb'ourg -(d'où il est revenu no laguèrc avec la loi de trois ans), on ne c( Buvait se défendre d'une certaine inquié- al ude et les communiqués qui nous disent jrj lue MM. Poincaré et Viviani se sont mis j-, raccord sur tous les points avec le tsar et es ministres sont de nature à accroître je, :ette inquiétude, car, pour, qui sait lire en- ce' re les lignes, cela semble vouloir dire que je, a France sera, plus que jamais à la. rc- j ' norquo de la Russie, et qui sait- ce que j leut vouloir la Russie dont le malheureux Jnpereur, faible d'esprit et prisonnier de on despotisme, est entouré de ministres ,, [ui le tiraillent en tous sens, de coteries. , mbitieuses, corrompues et. sans scrupules, t se décide finalement, d'après les avis ' les spirites, des thaumaturges et des che- ' 4 [aliers d'industrie qui exploitent sa crédu- — itc. Au moment oii la révélation des scan-laes de la domination d'un Raspoutine à a cour de Russie font, do celle-ci la fable le l'Europe, n'est-il pas. navrant de penser, [ue c'est de ça que la République francise est l'alliée ? , Et. dans ces derniers temps', . la façon ' lont se pratique l'alliance russe a fini, par fa nquiéter même ses partisans. fe M. François Deloncle a adressé S M. Joincaré une curieuse lettre pour le met- de re en garde contre les excitations de M. <ié svolsky, l'ancien ministre des affaires (j, frangères devenu ambassadeur k Paris, pr fi ne peut pai-donner. à l'Autridie l'échec a liplomatique que M. d'Aehrenthal lui a en Ml'.gé, lors de l'annexion de la Bosnie, et pi mettrait le feu à l'Europe pour avoir pa la revanche de cet échec. pe Le très perspicace correspondant pari- a1; tien du Journal de Genève, M. Pierre Ber- Bî( Bin, donne sur ce point des renseigne-— | On ne saurait dire que M. F. Delond« ait eo )rt de parler ainsi. Pour quiconque a suivi ae rès les événements de ces U'ois dernières an-ées il n'y a pas de doute que l'actiou de ce iplomate ne soit un peu inquiétante. M. Isvols-y est l'homme d'une politique éminemment angei'eusef qu'il s'attache, avec une perséve-mee remarquable, à imposer à son gouverne-lent Oui veut comprendre le-sens des événe-lents d'hier, d'aujourd'hui et peut-être de dc-lain doit savoir cela. iw. isvoisKy oiait- îmnisire aes affaires étran-îixîs en 190S, quand la Russie, fatiguée pour j î temps des aventures d'Extrême-Orient, von-it reprendre une politique active dans l'Orient *opre. li se promit d'obtenir le règlement de la .lestion des Détroits dans le sens traditionne-i-lent rêvé par la Russie, qui a toujours tendu se ménager un chemin vers la Méditerranée qui cherche à posséder les clefs du passage, Dur ouvrir celui-ci à ses vaisseaux et le fermer •enluellement aux navires des autres puissan-'.c. Lors de Ja fameuse entrevue de Ruchlan, il* 'ut avoir trouvé la solution, en échange de innexion bosniaque accordée à l'Autriche. On lit que le comte d'Aerenlhal le gagnant de tesse, s'arrangea à le « rouler ». Ce sont choses qui ne se pardonnent pas. M. wolsky.se promit de prendre sa • revanche, andant ' assez longtemps, le gouvernement isse hésita à s'engager dans la voie où il vou-it l'entraîner. De Paris, où il s'installa en 10, l'ancien ministre exerça une influence lissante, mais intermittente. 11 trouva à sa «te, à l'ambassade d'Italie voisine de l'am-issade de Russie, un utile partenaire en la irsonne de M Tittoni. V.n 1911-1912, à une. toque où la France, était hypnotisée par l'af-ire marocaine il commença à trtompher. La ierre de Tripolitaine, les alliances balkani-les, conclues sou^ l'égide de la Russie, prêtèrent les bouleversements orientaux où il pérait trouver l'occasion de sa revanche. Une trigue savamment conduite élimina M. 1-oujs, ors ambassadeur de France ù St-Pétersbourg, nsidéré comme trop peu flexible. Pendant ]a guerre balkanique, l'influence- de . Isvolsky subit une éclipse. La Russie aper-t les dangers d'une conflagration élargie. NI. izonof, plus prudent que son ambassadeur et 'al de Paris, redevint pour un temps maître sa politique. Les questions scabreuses, comme' Me des Détroits, furent provisoirement écarts. L'Europe put ainsi supporter sans encom-c le choc terrible et répété des deux guerres ikaniques. Nous sommes aujourd'hui à un carrefour. Il t vrai-que les hommes d'Etat en rencontrent uvent. La politique pratiquée depuis six ou pt ans a abouti, pour l'Europe entière, à la us formidable course aux armements que listoire ait connue et dont, la cause principale )it être cherchée dans les bouleversements Orient. Si l'on adopte une politique qui pré-ireraifc des transformations plus considéra-es encore du côté de la Méditerranée 'orfenhilc. i poussera plus avant encore l'Europe dans îe voie pleine de périls. Or, à St-Pétersbourg le parti de l'action ientale semble avoir repris le dessus. La ques-)n des L'étroit s est de nouveau mise sur le ta-s. Elle se trouve intimement liée à d'autres oblcmes d'Europe et d'Asie. Dans celte dircc->h,.il y a, au bout du chemin, le démembre-ent de l'empire ottoman, qui. pour la civili-tion en général, mais pour la France parti-lièremént, serait un vrai cataclysme. Il est évident que, dans les entretiens diplo-atiques. les problèmes ne se posent pas avec lté brutalité. Le danger des conversations chefs d'Etat .tient tout justement parfois au gue dans lequel elles s'engagent et se pour-ivent. Pour convaincre les représentants de France de s'associer à certaines démarches, apparence anodines mais graves de consé-ences, on leur affirmera que le bien de I'hI-nce le demande, qu'il n'y a là qu'une con-î-part-ie du concours donné dans l'affaire marine, que l'important est que la Russie se 't-ifie... in réalité, l'intérêt réel des deux puissances :, tout en se fortifiant assez pour décourager jte tentative d'hégémonie, de pratiquer une litique de réserve prudente et attentive, à la s réformatrice et conservatrice en Orient (ce i se -passe en Arménie n'est malheureusement s très encourageant h cet égara). C'est peut-*e ce que sauront dire MM. Poincaré. Viviani de Margerie dans les conversations diverses 'ils auront. Par là, ils rendront aux deux ys et à leur alliance le plus grand service, alliance franco-russe peut avoir une grande lité et se montrer très résistante comme ins-mient d'équilibre et de garantie. .En revan-s, elle s'est généralement mal trouvée d'en-prises d'action (particulièrement en Orient), se manifeste très vite l'opposition d'intérêts îdamentaux. .-es journaux allemands ont beaucoup parlé in projet de convention navale anglo-russe, est possible qu'il en soit question, bien que n'aie pas de -renseignements précis à ce su-. On peut être certain, en tout cas, que le Dblème des relations anglo-russes fera l'objet in examen, et qu'on s'occupera, è ce point vue, des affaires de Perse, où, malheureuse-îiit, l'Angleterre et la Russie se trouvent de is en -plus entraînées à line politique d'inter-i>tion.Et en ce moment, il y a un p-omit aïoir core plus gros de menaces .peut-être que is ceux de ces dernières années : l'A-nin-e va exiger de la Serbie des gnra.nlies 11.ti'c l'emploi, au profit, de. la propagande liaiitrîchienne des chauvins -seibcs, de 3yens comme l'assassinat de 1 'o.rchiduc ritier, -venant après l'assassinat du roi exojidre et de ta reine Draga (qui ho va-ent pas lourd et étaient, des valets de 5* litique autrichienne, mais ce h'ét'àit peu'-■e ])as une raison suffisante pour les . ass acre r comme l'ont fait les offeiem eer- . s, qui ont ainsi appelé au trône le roi tuel et- le tiennent .sons leur domination), si -la Serbie, où le parti des officiers est pouvoir, refuse ses satisfactions à l'Au- ohe, si la Russie est derrière la Serbie, vst la guerre. Et grâce au bon système d'équilibre entre i deux camps qui se partagent l'Euiroipe, ne serait pas seulement la guerre entre ; trois Etats intéressés, mais bien entre il tes'les puissances de la triple entente et Ja triple alliance. Franchement^ la Serbie tout entière ne ut pas ça, et" il est ft, espérer que, malgré rdeur de leur russophilie, M. Poincaré M. Viviani l'auront dit au tsar. 7,t s'ils ne l'ont pas fait, il est- à espérer e l'Angleterre le ïera'. g. L, ~ ECHOS L'individu qui. a envoyé son auto sur le refuge qui se lrouve.au croisement de la rue de la Loi et du ; -boulevard, à Bruxelles, et qui a ilii y-, écraser un jeune ménage -— la nme, par bonheur, s'en est tirée avec 5 deux jambes brisées et l.e mari avec s contusions — n'a été condamne, par faut,- qu'à 300 francs d'amende. Ses vie-nés ont obtenu, ensemble, une indemnité ovislonnelle de 1,500 francs. Le tribunal nommé "Mes experts pour examiner si es méritaient davantage ! Mais six chauffeurs de taxi, qui avaienl. raît-il, attenté à la liberté du travail ndant la grève, ont écopé de 50 francs imende et d'un mois de prison sans sur- ! ~'Tïs auraient évidemment mieux fait d'attenter à la vie humaine. Ça leur aurait épargné la prison, observe la Gazette, de Bruxelles. HU Un anniversaire. Le 24 juil'el commenceront, à Edimbourg, les fôtes de la célébration du tri-centenaire de Napier, qui aurefnt lieu en même temps qu'un Congrès auquel sont invités de nombreux spécialistes étrangers. Le but de cette solennité est de fêter l'invention des logarithmes que les habitants revendiquent : en 1614 parut, à Edimbourg, un ouvrage intitulé : Mirifici logarithmo-rum canonis descriptif, par John Napier. Ce livre, est, en effet,' le plus ancien où il soit question de logarithmes, et les tables de logarithmes actuelles se reportent à celles de ce livre. Mais la gloire de Napier aoi ' ■•'''» t* invention des logarithmes est ega^ ment revendiquée pour le Suisse Jost Btir gi, qui eut, en même temps, l'idée de 1? simplification du -calcul par un procéda semblable. L'ouvrage.de Burgi, qui fui im primé en 1620, "ne trouva, toutefois, aucune application pratique, car ce que l'au leur promettait sur la couverture, in an ses taWes* Ce n'est qu'en l'an née 1856 que cette clef pour l'emploi de 1s table Dut trouvée dans la bibliothèque d< Dantzig et publiée. vw Du môme Toto r — Tu sais, papa, tu m'avais bien recommandé d'être très gehti avec tous mes petits camarades ? — Oui. — Eli bien, ils ne pourront pas se plain dre : ie leur ai laissé tous lr>s n»ûv Levoyage de M.Poincaré Uf r liUUSttS rKAJNvAJo DINENT CHEZ LE TSAR Pét-ershof, 22. — Le déjeuner offert par l'empereur au Palais de Péterhof en l'honneur des officiers de l'escadre française a été donné dans la grande salle blanche. L'empereur et M. Poincaré ont pris place b. la même table. UN I3RILLANT CORTEGE Krasnoè-Selo, 22. — La troisième journée du séjour de M. Poincaré a été, en partie, consacrée au camp, où a eu lieu la cérémonie, toujours impressionnante, de la visite de toutes les tentes par l'empereur, suivie de la prière du soir faite devant les troupes sans armes. M. Poincaré, sa suite, l'empereur et la famille royale sont arrivés à la gare de Krasnoé-Selo a 3 h. 30, où ils ont été reçus par le généralissime grand-duc Nicolas. L'impératrice et M. Poincaré prennent place dans un premier landau à la droite duquel caracole l'empereur.. Les autres voitures sont occupées par les grandes-duchesses et ce brillant cortège, entouré par un nombre considérable d'officiers d'état-major et d'attachés militaires étrangers, se met en marche vers le camp. CHEZ LE GRAND-DUC NICOLAS Krasnoé-Selo, 23. — L'empereur et l'impératrice ont assisté hier soir avec leurs filles au dîner offert par le grand-duc Nicolas en l'honneur de M. Poincaré. M. Viviani, l'amiral Lebris, les commandants des vaisseaux français et l'ambassadeur de France.y assistaient. A l'issue du dîner, le tsar et M. Poincaré ont assisté au théâtre du camp à une représentation de gala. Les officiers de la division navale française avaient été spécialement invités. Le drame du « Figaro » La troisième audience MERCREDI L'incident passionné et un peu tumultueux qui termina l'audience d'hier, donne à celle d'aujourd'hui ' un intérêt palpitant. On se, rappelle les faits : M. Latzarus, rédacteur au Figaro, avait parlé, dans sa déposition, Une attitude de Mme CaUlaux mettre le patriotisme et le désintéressement de M. Caillaux et qui étaient dans le portefeuille de M. Calmette au'" moment de sa mort, mais dont il ne fallait pas demander la production sous peine de mettre en péril la paix de l'Europe. Ce ne sont pas là les termes dont M. Latzarus s'était servi ; mais c'en était le sens. Et ce couplet de M. Latzarus fit l'objet de toutes les préoccupations de M0 Labori au cours de l'audience tout entière. .Si bien qu'à la fin de la déposition de .M. Caillaux, M0 Labori demanda, requit, exigea une confrontation entre celui qu'on accusait et son accusateur. 11 faut, disait-il, que nous sortions de l'équivoque et que, si on a quelque chose à nous reprocher, on nous le dise; mais qu'on nous le dise clairement, avec précision. Et M. Caillaux ajoutait : Oui. il faut qu'on parle, et si ceux qui parleront sont ainsi la cause d'événemenis graves, ils en porteront seuls la responsabilité. A quoi M. Latzarus, qu'on avait fini par appeler, répondit, trépidant et hostile, en faisant observer qu'en le sommant de parler et en le mettant, en garde contre les dangers des paroles qu'il va prononcer, on le met dans une position impossible. Mais M° Labori n'est pas homme à laisser ur pareil débat s'égarer sur le terrain de la déposition personnelle d'un « figarisle ». C'est au gouvernement qu'il s'en prend, er sommant le procureur général de dire pourquo les, documenta âont U s'aeit et qui avaient remis d'anora, après la mon ce m. Gaston cai mette, à m. le docteur Albert Calmette, et pai lui au président de la République, ne sont pas aux débats, ou bien de déclarer nettement, formellement, solennellement, que les documents Latzarus ne peuvent, en aucune manière., toucher à l'honneur ou au patriotisme de m. Caillaux.Et comme le procureur général cherchait s'échapper -par quelque molle tangente. M0 Labori, s'élevanl. d'un grand coup d'aile, jusqu'au plus haut sommet de l'éloquence judiciaire, déclara qu'il renonçait à la défense si le gouvernement. par la voix de M. le procureur général, n'apportait pas aux débats les déclarations qu'il demandait. Et voilà pourquoi le procureur général, au début de cette troisième audience, se leva et, au milieu du silence le plus solennel, prononça la déclaration suivante : « Je suis autorisé par le gouvernement à ^é-» clarer que les documents dont- s'agit ne sont «que do prétendues copies de pièces qui n'exis-» lent pas et n'ont jamais existé, qui ne peu-»v\mt. nar conséquent, avoir nulle action sur » i'iionneur m sur le patriotisme de M. Cail-» laux. » C'est net, précis, décisif. M0 Chenu a beau estimer qu'il y a là, en faveur de M. Caillaux. un dérivatif admirable d'habileté, un dérivatif admirable d'éloquenoe de la part de la défense, M® Labori conclut cet incident capital en constatant que les documents Latzarus sont désormais inexistants. Et la salle éclate en applaudissements, qui s'adressent autant au beau talent de l'émincnt avocat qui tenait hier sous sa parole puissante, généreuse, la Cour, le ministère public, organe du gouvernement, et la partie civile, muets, attentifs et médusés. Les applaudissements ne font pas défaut, du reste, à cette affaire où les passions politiques veillent, dans tous les co'ns d'une salle surchauffée qui semble avoir quarante-cinq.à cinquante mètres de long, douze à quinze mètres de large et où. depuis l'espace où sont les magistrats, jusqu à renceinte d'à public, i>l n'est pas un mètre carré qui ne soit chargé de six ou huit personnes tassées à ce point qu'elles ne peuvent se mouvoir el où il serait- impossible . de ramener les gens à une stricte discipline, faute, pour les «municipaux», de pouvoir se déplacer vers aucun coin de la salle. Nous les entendrons encore crépiter tout h l'heure, ces -impertinents applaudissements, lorsque M° Chenu interviendra, par quelques mots grandiloquents, dans une discussion entre MM. Caillaux et Preslal. car celui-ci ayant demandé au président l'autorisation de défendre la virginité financière du Figaro contre certaines allégations produites par M. Caillaux au cours de l'audience d'hier, le beau-père de M. Calmette a été autorisé à parler. Il s'agit- de l'intervention de groupes étrangers, allemands et autrichiens, dans le capital du journal de la rue Drouol. M. Presto t. le verbe assuré et autoritaire, apporte quelques faits : mais ils ne sauraient prévaloir contre la précision des preuves dont vf. Caillaux se montre armé et il n'en faut- pas noins que quelques mots d'exaltation patriotique de M0 Chenu pour pallier la déplorable mpression qui se dégage de cette discussion ■ îontre le journal dirigé par M. Calmelle. I-es .feuilles Havas vous apporteront la longue suite des témoignages matériels qui suivent : jeux des employés de la maison Gastinne Re-lette, le grand armurier parisien, chez lequel vîme Caillaux acheta son revolver dont ils expliquent le maniement ; celui de M. Labeyric, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, incien chef du cabinet do M. Caillaux, qui raconte au jury, d'une voix molle, des choses pie nul n'entend au banc lointain de la presse étrangère où je voisine avec Paul-Emile Jan-.jon qui a ou la fantaisie de venir « faire » le procès Caillaux poiy L'Etoile Belge, seul représenté spécialement à ces débats parmi les journaux bruxellois, de même que L'Express, par-ni les journaux liégeois. Tout co qu'on perçoit ici de cette déposition indique seulement que M. Labeyric continue à être très «attaché» à M. Caillaux, et- ne nous apprend rien. Il en est de même du témoignage de M. Del-bos. rédacteur en chef du Radical, et de M. Cartier, encore un employé de la maison Gas-tinne-Renelte.M. Du Mesnil, directeur du Rappel, fait une déposition qui ma guère plus d'intérêt. Et- c'est Mme Estradère, princesse de Mesagne, ancien chef de la rubrique mondaine du Figaro, qui termine la.première partie de cette audience. Son entrée fait sensation, car le -public friand ■ s'attend à une conversation mouvementée entre elle et- l'accusée. Cependant, à part- quelques menus propos assez acidulés de l'ancienne collaboratrice de la victime, et que Mme Caillaux n'a pas à relever, nous n'en savons pas toujours davantage. Ce n'est pas décidément des colla- oorateurs de m. uaimette que nous viendra la lumière, et ce n'est pas eux qui nous apprendront si oui ou non M. Calmette avait l'intention de publier quelque autre lettre que celle que l'amoureux.imprudent que fut l'ancien pré- ' sident du Conseil signa «Ton Jo». C'est pourtant de ce côté qu'il faut chercher l'explication morale de l'acte de Mme Caillaux. et il faut avouer que les déclarations de M. Preste t, dans l'audience d'hier, mardi, sur les deux pièces qui lui ont été remises et qu'il a d'truites, laissent, à cet égard, planer sur les débats un doute très favorable à l'accusée. Nul, parmi les rédacteurs du Figaro, ne se rappelle rien qui puisse le confirmer. Mais la . carence de leurs souvenirs ne saurait, je crois. . faire, dans l'esprit des jurés, beaucoup de mal à i Mme Caillaux à qui, de plus en plus, on paraît accorder le bénéfice des ultimes persécutas ' qu'elle redoutait et de la légitimité de ses | craintes. GEORGES MASSET. ! Nous devons à l'obligeance du Petit Parisien la reproduction des croquis que nous publions aujourd'hui et de ceux que nos lecteurs trouveront, les jours suivants, dans notre journal Ces cronuis .ont été. nris. au cours dos audiences, par l'excellent dessinateur Jacques , Ochs. tô Fin de la troisième audience Un juré demande s'il est possible que. par suite de la déflagration des gaz, la détente du browning soit facilitée de façon presque automatique. M. Fromentin, l'employé de l'a.mûrier qui dépose, répond qu'en effet, cette déflagration exerce une légère pression sur la main. Mme Caillaux explique ensuite que l'essai sur silhouette qu'elle fit dans le sous-sol de l'armurier lui 7ut proposé par les employés. AUTRES TEMOIGNAGES M. Labeyrie, qui était chef de cabinet au ministère des finances au moment du drame, dépose ensuite. Il déclare que M. Caillaux n'a jamais voulu employer les documents qui lui étaient offerts contre Calmette. Le témoin dit que Mme Caillaux, après le redoublement de la campagne contre son mari, se trouvait dans un état manifeste de fatigue morale. Elle fit songer ù une bête traquée. Le rédacteur en cnef du Radical, M. Delbos, déclare que le jour du drame, il vit Mme Caii-laux qui lui parut fort déprimée et très abattue. A. son avis, ce n'est pas la crainte de.voir publier le document Fabre qui tourmentait • Mine Caillaux. C'était la divulgation redoutée des lettres intimes. M. Delbos ajoute que Mme Caillaux pouvait être exaspérée par les bruits de tous genres que. l'on faisait courir. C'est ainsi que l'on disait couramment que M. Caillaux allait se séparer d'elle. Les dépositions des témoins se poursuivent dans le plus grand calme. M. Dumesnil, directeur du Rappel, dépose au sujet de la publication du rapport Fabre. 11 estime que ce n'est pas la crainte de cette nu Au-tre attitude de Mme Caillaux blicatjon qui a pu motiver l'émotion cte Mme Caillaux ni provoquer son geste. LE TEMOIGNAGE DE Mme DE MESAGNE-ESTRADERE Mme de Mesagne-Estràdère se borne à décla-EJie. déclare jiu'on lui avait dit Que, i^^entie Pai\ M. Calmette qui désirait obtenir d'elle des" " lettres intimes moyennant 30.000 francs, Mme Gueydan avait refusé. Je ne sais donc pasfajoute le témoin,'«comment la lettre «Ton Jo» parvint entre les mains de M. Calmette. Je jure que je ne sais pas autre chose. Mme Caillaux demande au témoin de préciser ses premières déclarations sur les offres que Calmette aurait- faites lorsqu'il eut l'intention de publier des documents contre M Caillaux. Mme de Mesagne-Estradère dépose ensuite, rer qu'elle n'a jamais entendu parler que d'une lettre. Le moins que j'avais à dire c'était le mieux, dit-elle en s'éloignant. 'Rires.) L'audience est suspendue à 2 h. 35. DETENTE La suspension d'audience est très animée, maïs le ton général des conversations est moins élevé. Il semble qu'une détente se soit produite du fait de la clôture de l'incident relatif au document vert. Des avocats nouveaux venus ne pouvant trouver place se sont hissés jusqu'à la corniche qui se trouve près de ia fenêtre et se tiennent là en équilibre. On remarque la présence de nombreuses dames dans la partie réservée au public debout. L'AUDITION DES TEMOINS (suite) L'audience est- reprise à 3 h. 10. Le défilé des témoins continue. Mme Chartran, veuve du Deintre et amie da - 1 -la ix, reçut la confidence des appré-nuisions que lui inspirait la publication possible clés lettres intimes. M. Isidore de Lara, compositeur de musique, nui se trouvai au déjeuner au cours duquel Mme de Mesagne-Estradèrë fit à Mme Caillaux s révélations sur la campagne du Figaro, dit < e Mme Caillaux man'festait une profonde notion et lui déclarait: Ils finiront par me le !uer. M. de Lara dit que, voyant ensuite Mme Caillaux. il La trouva dans un état de vive exalta-ni. I! psI ' *• '-r-f n'n^u aue le d:m«n-<"he Î5 mars, Mme Caillaux n'avait nullement l'intention de commettre l'attentat. Répondant à une question de M0 Labori, M. de Lara déclare n'avoir pas de souvenir très précis au sujet d'une conversation tenue devant lui par Mme de Mesagne-Estradère. relativement aux démarches que'celle-ci aurait faites auprès de Mme Gueydan de la part de M. Calmette pour obtenir communication de lettres intimes. Le témoin croit qu'il s'agissait non de Mme de Mesagne-Estradère dans ces pourparlers. mais d'une tierce personne à qui une somme importante aurait été offerte ^ans ce but. LE DIRECTEUR DU GIL-BLÀS BLAME LA CAMPAGNE DU FIGARO, W. Pierre Mortier, directeur du (Jil-Blas, déclare qu'en 1911 on lui offrit les documents qui devaient être publiés trois ans plus tard par M. Calmette. Il déclina cette offre. Le lemoin eut l'impression, en voyant Mme Caillaux dans les jours qui précédèrent lô drame, qu'elle était! très nerveuse. Après le drame, M. Mortier vit Mme Caillaux au commissariat. Elle lui dit : J'espère bien que M. Calmette n'est pas mort. > Répondant à une question du défenseur, M. Mortier déclare ne connaître rien ue plus méprisable pour un journaliste que de publier des choses qu il sa t être des calomnies. Voilà, ajout e-t-il, ce que je pense de Ja campagne du-Figaro..D'AUTRES JOURNALISTES PARLENT DES LETTRES INTIMES M. Dubàry, directeur de la Journée Républicaine, dépose qu'il renseigna M.^Ceccaldi sur la prochaine publication des lettres intimes. Il s'entretint également à ce sujet, le 14 mars» avec M. Caillaux, qui lui dit : Les misérables I Lie sont les lettres qui m'ont été volées. M. Albert Livet. ancien secrétaire général du Radical, déclare également qu'il entendit dans ies couloirs de la Chambre des conversations qui lui donnèrent l'impression que de nouvelles lettres étaient sur le point d'être publiées.A une question du président, le témoin déclare ne pouvoir, en raison du secret professionnel, lire de qui il tenait ce renseignement. M. Vidal, publiciste, à propos de l'affaire Pneu, dont il fut parlé dans le Figaro, dit avoir assisté à une démarche faite par M. de Fon-i-ielle, qui voulait conduire M. Schneider, le 'ondé de pouvoirs de la succession Prieu, auprès du directeur du Figaro, où, disait-il, une iortune l'attendait. Le témoin met également en cause M- Franz ixeichel, rédacteur au Figaro, au sujet des manœuvres dont MM. Monniot et Mazard fu-'ent. dit-il. l'objtft».. —

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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