N° 2152. XLle ANNÉE. 1° 20 LE NUMÉRO FR. 0.50 DIMANCHE 22 FÉVRIER 1914. FédérationArtistique Artistique JOURNAL HEBDOMADAIRE FONDÉ EN 1873 BELGIQUE : 15 francs par an. BRUXELLES ETRANGER: 18 francs par ail. RUE DE LA VICTOIRE, 56. TÉLÉPHONE A 6162 recteurs-Propriétaires : Edm.-L. DE TAEYE, VURGEY, VAN CLEEF Dépôts du journal : 7. galerie du Roi et maison Beethoven, 17, rue de la Régent» et à Gand, h la Librairie Van G'oetliem. — Les abonnements prennent cours à toute date. — Il est interdit de reproduire nos articles sans en indiquer la provenance et l'auteur, •— Les manuscrits ne sont pas rendus.— Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles. SOMMAIRE. — Le Salon de « Pour VArt » : Ed -L de Taete. L'Asie Ici Kan, à Anvers: E.-J. Verssands Parsifal : V. — Lettre de Paris : Jeanne Helet. — Lettre d'Anvers : E.-J. Veessands. — Chronique théâtrale: Isid. van Cleee. — Notes et Paroles. — Nécrologie. — Les Concerts. — Bulletin des Expositions. LE SALON DE « POUR L'ART „ I Ce Salou « est très encombré et très médiocre », a affirmé le critique d'art d'un journal hebdomadaire, mais tel n'est pas mon avis — ni celui des personnes qui jugent sans parti-pris. Àù surplus, une exposition où l'on peut admirer des œuvres de Laermans, Firmin Baes, Binard, Braecke, Lagae, van de Woestyne, Van Holder, Verhaeren, Wolfers, Viérin, etc. ne saurait être médiocre. . Ce ne sont point là des artistes de second plan ! Quant au soi-disant encombrement du Salon, cela n'a pas grande importance. Du reste, on y compte environ 175 œuvres représentant le travail de 31 artistes dont 5 sculpteurs : MM. Braecke, De Rudder, Desmaré, Lagae et Philippe Wolfers. En réalité, le talent de certains peintres s'affirme à « Pour l'Art h sous un aspect plus favorable que jadis. Tel est le cas pour Charles Michel qui a fini par se lasser de produire de banales illustrations pour journaux de mode et a imprimé à son talent une tendance tout opposée, très louable, dont la Jeune femme blonde et Un profil au soleil, sont de boas exemples. Tel est aussi le cas pour un artiste modeste, M. Adolphe Hamesse, dont les nombreux envois requièrent l'attention par une valeur d'ensemble plus conséquente que de coutume. Et tel est encore le cas pour les tableaux de Firmin Baes, d'Isidore Opsomer et d'Ottevaere. D'autres exposants, il est vrai, ne dépassent pas leur note habituelle. Oleffe est même moins bien représenté qu'au Salon de Gand et dans le Petit Jacques, il y a des fautes d'harmonie et des négligences choquantes. Camille Lambert est totalement dévoyé s'il s'imagine servir la noble cause de l'art décoratif en produisant des œuvres aussi incomplètes, sinon médiocres, que Vision antique et aussi ridicules que les Cloches de Mont Salvat. Nous conseillons à ce vaillant artiste d'en revenir à ses excellentes et fortes études premières, et nous admettons qu'il nous serve, à l'occasion, un souvenir d'Ostende, un genre dans lequel il peut exceller à condition de ne pas en faire une routine ou un cliché. Orner Coppens se maintient-. Binard a été plus brillant. Lynen est toujours amusant et pittoresque. Quant à Laermans, nous en reparlerons. Enfin il y a, à l'exposition, des maîtres moins bien représentés que jadis. Alfred Verhaeren est dans ce cas. Ce peintre, généralement soucieux des harmonies impeccables et» des qualités techniques précieuses, paraît vouloir modifier sa brillante manière habituelle. Ce jeu est toujours dangereux à un certain âge et il n'est pas admissible de la part d'un maître qui est parvenu à tirer tout le parti possible d'un genre déterminé auquel il a tout avantage à rester fidèle. De grands artistes n'ont jamais modifié leur manière habituelle et ils ont eu raison, Verhaeren, lui, compromet maintenant la beauté de ses harmonies en peignant d'une manière spéciale. Il paillette ses toiles, les saupoudre d'une pluie de goutelettes colorées du plus déplaisant effet. Tout semble se fondre, entrer en fusion, couler, ficher le camp, enfin —permettez-moi cette expression. Gustave van de Woestyne s'inspire évidemment des primitifs flamands dont l'étude lui a donné ce don précieux, et rare aujourd'hui, de l'observation pénétrante dans le domaine de la vérité psychologique ou plutôt physiologique, car ses portraits, qui constituent par ailleurs d'incontestables documents humains, ont cependant peu d'âme. Mais est-ce une raison pour se complaire dans certaines naïvetés ou maladresses ? Le Bêcheur est évidemment tout à fait hors de proportions par rapport à l'exiguité du jardinet au milieu duquel se dresse son éloquente et symbolique silhouette. Sa hauteur dépasse sans aucun doute la profondeur de ce jardinet ! Et puis, quelle perspective enfantine ! Elle nous rappelle l'amuoante, la spirituelle caricature par laquelle Hogarth s'avisa un jour de critiquer amèrement la tendance de certains artistes de son temps à s'écarter des règles de la science...

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