N° 2155. XLle ANjsiÉE. N° 23 LE NUMÉRO FR. 0.50 DIMANCHE 15 MARS 1914. FedérationArtistique JOURNAL HEBDOMADAIRE FONDÉ EN 1 873 BELGIQUE : 15 francs par an. BRUXELLES ETRANGER : 18 francs par an. RUE DE LA VICTOIRE, 56. TÉLÉPHONE A 6162 Directeurs-Propriétaires : Edm.-L. DE TAEYE, VURGEY, VAN CLEEF Dépôts du journal : 7, galerie du Roi et maison Beethoven, 17, rue de la Régence et à Gand, à la Librairie Van Goethem. — Les abonnements prennent cours à toute date. — Il est interdit de reproduire nos articles sans en indiquer la provenance et l'auteur. — Les manuscrits ne sont pas rendus. — Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles. . SOMMAIRE. — Jef Leempoels : Ed.-L de Taeye.— A la salle TEolian : Edmond Louis. — Parsifal. — La Musique à Bruxelles : Abthur Wilfoed. — Lettre d'Anvers : E.-J. Yerssands. — Bibliographie. — Notes et Paroles. — Les Concerts. — Courrier théâtral. — Bulletin des Expositioiis et Concours. JEF LEEMPOELS « Je prie M.... et sa famille de me faire l'honneur de visiter l'Exposition de mes Œuvres dans mon nouvel atelier. » C'est en ces termes que Jef Leempoels conviait-, tout récemment, quelques personnes à venir admirer autant ces travaux que cet atelier, un atelier très vaste et luxueux mais cependaut sans mauvais goût. Et dans ces conditions, on ne savait trop si c'était aux travaux de l'artiste ou à son riche home que l'on devait les honneurs de cette invitation à double entente. Simple détail, évidemment, mais certaines méchantes gens ne manquèrent néanmoins pas d'affirmer qu'en cette occurrence il s'agissait surtout de faire connaissance avec l'atelier, grand comme un petit musée et d'ailleurs, pour le moment disposé comme tel, un peu froidement, avec cet atelier dont on ne soupçonnait pas l'importance tandis que les œuvres,presque toutes connues, vues et revues ne pouvaient plus ménager que peu de surprises... 'Et pourtant cette question d'atelier ne m'ayant pas préoccupé un instant, non vraiment, pas même un instant (peu m'importe où un artiste travaille pourvu qu'il travaille bien), j'ai revu ces œuvres avec un plaisir extrême. Il y a en Leempoels plusieurs artistes. Tous ne m'intéressent pas au même degré. Ce qu'il peignit, d'ailleurs occasionnellement, en fait de marines et de paysages, au cours d'un séjour aux États-Unis où il brossa par ailleurs, il est vrai, nombre de portraits remarquables de nombre de parvenus non moins remarquables, ne nous a jamais enthousiasmé d'une manière bien spéciale. On avait déjà vu la plupart de ces souvenirs du Canada, du Connecticut, du Massachusetts, de New-York et de l'Océan, au cours de diverses expositions antérieures, notamment en 1909, et on peut en revoir encore toute une série aujourd'hui, une vingtaine, mais c'est le Leempoels portraitiste et surtout le Leempoels psychologue et observateur qui nous intéresse le plus. Comme portraitiste capable de créer de véritables documents humains d'une intense vérité individuelle, des documents travaillés à fond, vivants et parlants au même degré que ceux que nous devons aux maîtres du genre, l'artiste nous a laissé admirer, une fois de plus, le super! e portrait de sa mère — un chef-d'œuvre de simplicité vivante, — celui de son père, très parlant aussi, et une œuvre nouvelle d'un esthé-tisme non pas meilleur ni plus élevé, mais plus moderne, diffèrent en somme : le Portrait de MlXe L. L... réalisé en une harmonie claire, bien disposé et simple. Par des effigies décisives, Leempoels a prouvé qu'il est capable d'exprimer le caractère d'un modèle. On se souvient de ses meilleurs portraits de notables personnages belges, ceux du ministre Schollaert, du ministre Nyssens, de Mme Wittouck, de la duchesse d'Arenberg, etc. On se rappelle aussi la photographie de quelques-uns des portraits qu'il peignit en Amérique, notamment celui du consul belge à New-York, M. Mali; mais c'est toujours, et malgré tout, dans les œuvres d'observation psycho-physiologiques, œuvres volontaiies, profondes et consciencieuses, que le talent du maître s'exalte le mieux. A ce cycle se rattachent ses créations les plus caractéristiques, les plus définitives, celles qui répondent incontestablement à l'un des buts les plus élevés de l'art, celui de produire une émotion esthétique d'un caractère religieux,philosophique ou social. Dans ce domaine, Leempoels a produit deux œuvres d'une grande signification : le Destin de VHumanité, exposé jadis à la Maison d'Art mais qui trône en bonne place à son exposition, et un diptyque non moins remarquable : Chacun veut en sagesse ériger sa folie. Jadis aussi nous avons parlé longuement de ces œuvres qui suffisent à la gloire de leur auteur, œuvres d'une haute portée, d'une intense éloquence, œuvres qui suggèrent tout un monde d'idées et seraient, par cela seul, transcendantes si elles n'étaient, au surplus, parfaitement

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