Lâ Pensée w , Organe hebdomadaire delà Fédération des Sociétés belges de Libre Pensée ABONNEMENT ANNUEL = j gjjgj ; ; ; ; ™j> on s'abonne a tous les bureaux de poste. RÉDACTION : 350, Chaussée de Boendael. Rédacteur en Chef : Eugène HINS ANNONCES i On traite à forfait. Pour la v«nt«, aborm«n«nts, annonças, s'adr«ss«r à M. A. Alsxandkk, Administrataur-délégaé. ADMINISTRATION : 13, Rue du Gazomètre. Fédération nationale des Sociétés de Libre Pensée Le Congrès National étant fixé au dimanche 7 juin 1914, le trésorier national invite les groupes à lui adresser le montant de leurs cotisations aux Fédérations Internationale et Nationale (5 plus 10 centimes par membre), au plus tard avant le 1er mai. Elles peuvent lui être adressées, à l'adresse ci-dessous, en timbres-poste ou mandat postal. Dès réception, il retournera quittance et timbres de la Fédération internationale. Si l'envoi ne lui parvient pas avant la date fixée, il se verra forcé d'encaisser par quittance postale, aux frais des groupes. L. VAN BRUSSEL. rue du Canal, 70, Louvain. Vient cl« paraître Le Congrès de Lisbonne, par Lucien Ver-longen, délégué belge. — Prix franco : 10 c. ; les 10: 80 c.; le cent: 6 fr. Pour l'Etranger: 15 c. ; 1 fr. et 8 fr. respectivement. S'adresser 350, chaussée de Boendael. FÉDÉRATION NATIONALE des Sociétés de Libres Penseurs La séance est ouverte sous la présidence d'Emile BayoL. Etaient présents: Bogaerls, Exsteens, Hins, Robyn, Conreur (Centre), Mme S. Poncin (Bruxelles), Clerebaut (FédéraLion Flamande), Van Brussel ■ (Lo-uvain.), Remy Quoilin (Yerviers), Kiekx et Remes d'Anvers et Vertongen, secrétaire. Excusés: Bruggeman, Daanson et Goeb-bels.Le procès-verbal de la dernière séance est adopté sans observation. La Société de libre pensée De Dageraad, d'Anvers, est affiliée à la Fédération Nationale.Le Dr. Goffin, président de la Libre Pensée l'Alliance, à ALh, ayant demandé que le Congrès se tienne dans cette ville à l'occasion du XXVe anniversaire de la fondation de la Société, le Conseil décide, après une discussion à laquelle prennent part Hins, Conreur, Robyn et Vertongen, qu'il n'y a pas lieu de nous écarter de la ligne de conduite que nous nous sommes tracée et que le prochain Congrès doit avoir lieu à Bruxelles. En revanche, si la Société compte fêter brillamment son XXVe anniversaire, le Conseil Général accordera le haut patronage de la Fédération Nationale à cette cérémonie et s'y fera représenter par une délégation avec drapeau. Le Congrès National de 1914 aura lieu le dimanche 7 juin. La question de la Liberté de Conscience à l'Armée, réservée lors du Congrès de 1913 (rapporleur L. Vertongen) doit être inscrite à l'ordre du jour. Les groupes sont priés de faire leurs propositions au Bureau Permanent, avant la prochaine réunion du Conseil, c'est-à-dire, avant le 5 avril. La Fête de la Jeunesse se célébrera comme d'habitude les jours de Pâques. Il est désirable que même les sociétés qui ne pourraient à raison de circonstances locales la faire ce jour-là, s'arrangent néanmoins de façon à faire participer les enfants à l'texcur-sion du lundi, à Bruxelles, où ils seront reçus par le Conseil Général'. Le jour de Pâques, la Fédération du Centime célébrera par une fête monstre, à Joli-mont, le XXVe anniversaire de l'institution des fêtes de la jeunesse dans le Centre. Bogaerts annonce que les enfants gantois iront à Jolimont et viendront le lendemain à Bruxelles avec les enfants du Centre. Cette déclaration est chaleureusement accueillie par le Conseil. Bayot et Vertongen se chargeront de l'organisation de la réception du lundi, à Bruxelles.Remy Quoilin fait alors rapport sur la situation de la Fédération de la Vallée de la Yesdre, à Verviers et environs. Bayot et Veav tongen iront représenter le Conseil Général (à la prochaine assemblée de la Fédération, qui iaura lieu le 15 mars. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Le Secrétaire-général, Lucien VERTONGEN. • *"• — Fédération Internationale ie la Litre Pensée Aux groupes rationalistes Aux esprits libéraux de tous pays Le Conseil Général de la Fédération Internationale fait appel à votre concours pour la défense de la liberté de conscience à lous moments violée dans la plupart desjpays. Un.1 série de faits récents est venue mettre cette question au premier plan. Il y a deux mois, nous vous avons dénoncé les persécutions exercées contre les libres penseurs tchèques en AuLriche, tandis qu'en Russie, l'affaire Beilis, ressuscitant la vieille calomnie des crimes rituels attribués aux Juifs, rappelait les plus sombres jours du Moyen-Age. En Prusse et dans une partie du reste de l'Allemagne, l'instruction confessionnelle continue à être obligatoire poulies enfants des dissidents. En Espagne, n'a-t-on pas vu condamner à six mois d'arrêts — la grâce intervenue ne change rien à l'injustice commise — un colonel protestant, pour avoir refusé d'assister à une messe du Saint-Esprit? En Belgique, un soldat a été condamné à huit jours de prison, pour avoir refusé de présenter les armes au «Saint-Sacrement». Et jusque dans la libérale Angleterre, on condamne, pour « blasphème », à quatre mois de « hard labour ». Mais c'est surtout en Hongrie que le fanatisme se montre dans toute sa férocité. L'an passé, les habitants d'un certain nombre de villages ruthènes du district de Marmarosch-Cziget ont abandonné la religion grecque-unie (uniate) pour revenir à l'orthodoxie que pratiquaient leurs ancêtres, avant que les jésuites eussent réussi, par leurs moyens habituels — la ruse et la violence — à les rattacher indirectement au catholicisme. Le fanatisme clérical n'a pu supporter cette défection, et l'on a vu — chose inouïe — en plein XXe siècle, se répéter les dragonnades du XVIIe. On a cantonné, dans les villages qui s'étaient retirés de l'Eglise uniate, des troupes qui leur ont fait subir toute espèce de vexations et les ont réduits à la misère, si bien que, au mois de mai passé, neuf mille d'entre eux, à ce que rapporte le « Pesti Ilirlap», ne voyant plus d'autre espoir de salut, sont retournés à l'Eglise grecque-unie. Contre les plus obstinés_, on a intenté des poursuites pour « crime" de haute trahison », et l'on a jeté en prison deux cents de ces malheureux, hommes et femmes, accusés de comploter la réunion de leur pays à la Russie. L'accusation n'en apporte aucune preuve, mais pour sauver la face vis-à-vis de l'étranger, le gouvernement hongrois a eu 4'audace de faire envoyer à toute la presse européenne, des informations mensongères, rapportant des fausses citations de l'organe des dissidents, la « Rouss-kaïa Pravda ». L'accusation a été maintenue contre une centaine de prisonniers. Dans l'intervalle, une femme est morte et quatre hommes ont été frappés d'aliénation mentale. Le procès des survivants se plaide en ce moment. Ces faits et beaucoup d'autres, plus ou moins graves, montrent combien il est nécessaire que tous les gens de cœur, tous les esprits imbus des idées de progrès s'unissent pour arriver à ce que, dans les mœurs aussi bien que dans les lois, règne sans conteste le principe de la liberté de pensée, de parole et de conscience, la plus belle conquête de l'esprit moderne, malheureusement encore inachevée. Pour le Conseil de la Fédération Internationale de la Libre Pensée Le Bureau Permanent: Le secrétaire-général: Eugène Hins; le trésorier: Maurice Exteens; le président : Guillaume Degreef, recteur à l'Université Nouvelle; les vice-présidents: Georges Lo-rand et Emile Royer, députés. Les membres: Mme Mélanie Janssens, inspectrice de l'Orphelinat Rationaliste; MM. Houzeau de Lehaie, sénateur; Modeste Ter-wagne, député; Lucien Vertongen, secrétaire-général de la Libre Pensée Relge : Emile Vinck, sénateur. DEMANDE PLACE: Conducteur de travaux, au courant de l'architecture, la menuiserie) l'ébénisterie des plans et détails. Adresse: J. Koekx, 292 rue Losanc, Anvers. I Pflsr l'airanitaeient de l'Orplelinat Rationaliste 26e Liste de Souscription Total des 25 premières listes fr. 25,711.59 La Libre Pensée « L'Alliance », d'Ath 20.00 Sur la liste n. 34 confiée au citoyen Max Pourbaix, à Binche 90.00 Lalaing 5.00 « Les Disciples de Voldeurs », de Soignies 20.00 Gust. Pilloy, membre de la Libre Pensée de Suzeril (Court-Saint-Etienne), débarrassé des croyances du Surnaturel 5.00 Sur liste n. 51, confiée à M. Maré- ohal-Vanden Bossche: Emile Debruyne 2.00 A. Vanden Bossche 2.00 Léon Brose 2.00 Louis Hasevoets 1.00 A. Van Buurschot 1.00 A. Bardin 1.00 F. Debecker 2.00 G. Hanne, à Liège 2.00 M. Verdickt 1.00 M. Vander Elsl 2.00 M. Darquenne, à Wavre 1.00 H. Stas 1.00 L. De Broven 1.00 E. Gérard 2.00 G. Vander Elst 2.00 J.-B. Scheltjens 1.00 G. Van den Bossche 1.00 L. Van Bets 2.00 Pour que les libres penseurs lisent les «Chansons de Vie et d'Amour» ie PauLPrist 1.00 L."tflineùr' ' 2.00 Total fr. 25,881.59 Les souscriptions peuvent être adressées à Mme E. Royer, trésorière, de l'O. R., 131 rue du Tyrol, St-Gilles. Un beau portrait de Haeckel A propos du 80me anniversaire de naissance de Haeckel, le peintre Ph. Bohle vient d'éditer une magnifique reproduction en couleur, grandeur nature, du portrait peint par lui de l'illustre naturaliste et penseur allemand Ernest Haeckel. Cette reproduction est si parfaite qu'elle donne l'illusion d'une peinture à l'huile, et le portrait est d'une ressemblance frappante. Il ferait un bel ornement du local d'une société de Libre Pensée.On peut se le procurer en envojrant un mandat international de 10 mark à l'adresse de Ph. Bohle, Burgstrasse, 6, Eisenach. —— AVAWV QUE PENSER DE JÉSUSd) m. L'ŒUVRE DE JESUS La mission que Jésus s'était donnée était donc d'ordre purement religieux. Examinons comment il s'en est acquitté, et voyons tout d'abord quels auxiliaires il s'est choisi; car, conformément à toutes les traditions reçues, on ne conçoit pas un prophète qui ne commence par se recruter un noyau de disciples fidèles, destinés, en quelque sorte à souligner le maître, à attirer l'attention sur lui. Au préalable, nous devons constater que ce ne fut point parmi sa famille qu'il recruta ses premiers adhérents; bien loin de parvenir à l'assiocier à son œuvre, il ne put même la persuader de la mission à laquelle il était appelé. Si l'on sJe plaçait au point de vue de la divinité attribuée au Christ, leur incrédulité, disons même leur hostilité, n'est pas concevable; mais nous voulons nous en tenir au point de vue purement humain. Voici, selon Marc, chap. III, vers. 21, comment les parents de Jésus appréciaient son apostolat: « Et quand ses . parents eurent entendu cela, ils sortirent pour se saisir de lui ; car ils disaient qu'il était hors du sens » — Heureusement ou malheureusement, les maisons de santé n'existaient pas alors; il eût suffi peut-être d'un certificat de médecin pour (1) Il nous reste quelques exemplaires c!e la brochure de ce titre, que l'on pourra se procurer à notre adresse au prix de 25 centimes franco et de 2frs.les dix. Pourl'Etran-ger 30 centimes et 2frs. changer la face de l'histoire. — Mais non! Les prophètes pullulaient en cette terre des miracles; quelque autre fou eût aussitôt repris sa place. Au tour de ses frères, maintenant: «Et ses frères lui dirent: Pars d'ici et t'en va en Judée, afin que tes disciples aussi contemplent les œuvres que tu fais. » Car on ne fait rien en secret lorsqu'on cherche de se porter franchement; si tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde. » Car ses frères mêmes ne croyaient pas en lui.)) (Jean, VII, 3-5.) Les gens du pays ne croient pas non plus en lui; c'est ce qui lui fait dire: «Un prophète n'est sans honneur que dans son pays et dans sa maison»; (Matth. XIII, 57.) Et 1 Evangéliste d'ajouter aussitôt, naïvement : « Et il ne fit là guère de miracles, à cause de leur incrédulité. » (Mêmes paroles et même réflexion dans Marc, chap. VI, vers. 4 et 5.) La raison de l'incrédulité est expliquée aux mêmes endroits: «Celui-ci n'est-il pas le fils du charpentier?» Comment alors voir en lui un envoyé de Dieu? Cette défiance qui l'environne est la meilleure preuve que ce n'était qu'un illuminé, n'ayant absolument rien d'un démocrate. Fils de parents peu aisés, entouré de compagnons d'enfance pauvres comme lui, de travailleurs souffrant du même dénuement et des mêmes injustices que lui, s'il avait parlé et agi en tribun populaire et non en énergumène religieux, il n'eût rencontré dans son milieu que des sympathies; nous en avons eu cent fois la preuve sous nos yeux • combien de simples ouvriers sont devenus les oracles de leurs compagnons! Ce n'est pas pour eux qu'est fait l'adage: «Nul n'est prophète en son pays», c'est pour... les prophètes. A ceux-là, il leur faut l'auréole d'une origine mystérieuse, voire divine. Les autres n'ont pas à craindre que l'on dise: «N'est-il pas le fils du charpentier?» C'est, au contraire, pour eux un titre à la confiance de leurs compagnons.* * * « La façon dont Jésus recrute ses disciples est fort simple; il agit par surprise, on pourrait dire par suggestion. Rencontrant des pêcheurs qui jeltent leurs filets dans la mer, il leur dit: «Venez après moi et je vou$ ferai pêcheurs d'hommes.» (Matth. IV, 19; Marc, I, 17.) Ceux-ci jettent leurs filets et le suivent. On ne dit pas si aucun d'eux avait une famille, mais c'eût été tout comme, étant donné ce que Jésus pensait de la famille.Le choix est démocratique, mais peu judicieux: il semble qu'il n'eût pas été mal d'éprouver un peu leur vocation. Aussi, qui lira attentivement l'Evangile s'apercevra qu'il eût été difficile de faire un plus mau-mais choix: Jésus n'a jamais trouvé nul appui dans ses disciples, natures bornées et faibles, qui ne comprennent pas même les paroles du Maître, prenant constamment à la lettre ses paraboles et n'ayant pas une once de dévouement. Mais aussi, peut-on ramasser ainsi ses collaborateurs sur la route? Dans les instructions que le Maître leur donne, il est impossible de trouver un mot qui puisse faire penser à une propagande démocratique. Voici ce qu'il est dit au chapitre X de Matthieu: «Jésus envoya ces douze et leur commanda en disant: N'allez point vers les Gentils et n'entrez point dans aucune ville des Samaritains; mais plutôt allez vers les brebis perdues de la maison d'Israël.» (Vers. 5 et 6.) Ce passage confirme la remarque déjà faite par nous, que Jésus, bien loin d'être le prophète cosmopolite que l'on a voulu faire de lui et que fut en réalité Paul, le véritable inventeur du christianisme (à ce point qu'on peut se demander si ce n'est pas lui, plutôt que l'Esprit-Saint, qui a créé Jésus) — bien loin, disons-nous, d'être un prophète cosmopolite, il n'a été qu'un prophète juif, aux idées étroites, dont l'horizon était borné aux limites, nous ne dirons pas même de son pays, ni de sa race, (puisque les Samaritains en étaient), mais "de la Judée orthodoxe. Et encore, non, puisqu'il excluait les Pharisiens aussi bien que les Saducéens! Cet exclusivisme de Jésus apparaît d'une manière encore plus frappante dans l'épisode de la Cananéenne: «Et voici, une femme Cananéenne, qui était partie de ces quarLiers-là, s'écria, en lui disant: Seigneur, fils de David, aie pitié de moi, ma fille est misérablement tourmentée d'un démon. Dixième Annee. — N 470 CINQ CENTIMES LE NUMERO Bruxelles, le 8 Février 1914

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