L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1916, 13 Juni. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Geraadpleegd op 10 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/8k74t6g49c/
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2<ome Année « cents (ta centimes) Wi&LÏtlf 13 fMifrE 1©S© L'ECHO BELGE L'Union fait ta Force, Journal du iralln paraissant en Hollande -•! Beige est notre nom de Famille. Toutes lès lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N. 25. VOORBURQWAL, 234-240, AMSTERDAM. Téiéphioïts : • srrity. Rédacteur en Cfief: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles HerbieJj Comité de Rédaction: , , [ René Chamlbrr, Emile Painparê. four les iiiiîïorsces, abonnements et vente au numéro, s'adresser & l'Administration du journal: N.Z. Voorburgwal 234-240, Amsterdam Téléphone: 177S. Abonnements: KoIEandefM.SO par mois. Etranger îî. 2.00 pgE> mois Annonces: IS cents la ligne. Réclames: 30 cents la ligne. Bravo, les gosses! Nous avon3 signalé, dans notre numéro du 30 mai, à l'admiration de nos lecteurs ces écoliers patriotes condamnés par l'igno-b!o envahisseur, pour Avoir voulu, en vain, hélas! passer la frontière* au delà de laquelle ils avaient espéré cette seule liberté de servir la patrie belge. Ils n'ont pas réussi dans leur tentative, mais leur geste est aussi beau, aussi magnifique que s'ils avaient réussi. La glorieuse condamnation qui les atteint porte qu'à l'expiration de leur peine ils seront déportés en Allemagne jusqu'à la paix comme prisonniers de guerre. Ils n'ont pas été au feu, et ils sont traités comme s'ils y avaient été, et c'est justice: ils ont eu ce baptême do désir qui compte comme l'autre. Bravo, les gosses, bravo ! — et merci à ces inconnus, parents ou maîtres, restés au pays, qui ont été les premiers inspirateur? de ces braves petits poilus sans poil. La leçon de patriotisme n'a jamais été aussi éloquente qu'en ces temps-ci. Elle est dans l'air que fendent les lourds Zeppelins, > cllo sourd du^sol natal, saturé cle sang, et jusqu'entre les pavés que foule le soldat allemand; elle n'est pas seulement comme un murmure, au bord des lèvres qui semblent muettes, elle chante à nos oreilles, accompagnée du grondement lointain du canon. Au milieu de l'immense tumulte de la grande guerre, ces gosses, entre un devoir de style et u'he traduction latine ou grecque, ont entendu la voix patriotique et répondu à son appel irrésistible. Cette voix, avouons->le7 n'a pas toujours eu la sonorité, l'accent émouvant qu'elle a aujourd'hui. Elle a semblé voilée pendant de si longues années, ou du moins on ne l'entendait qu'à de rares intervalles. L'éducation du patriotisme était médiocre. J'ai fréquenté l'école communale, le collège, l'uniVorsité, sans entendre parler de la patrie comme j'aurais dû en entendre parler. J'ai vu quelques bustes royaux le long de ce chemin de devoirs et de leçons, entendu, une ou deux fois l'an, une Brabançonne retentir, et c'est à peu près tout. Le maître d'école, pas plus que le professeur célèbre, n'a pris soin de me relier au passé de ma race et de mon pays. Quelques dates, un peu de chronologie, des traités, c'est tout ce qu'on m'a enseigné de mes origines et de cette magnifique histoire de Belgique,- que je n'ai admirée que beaucoup plus tard, à l'âge d'homme. Quand les anciens, en des jours exceptionnels, célébraient, en vers ou en prose, les choses et lés actes du passé, nous disions, en souriant-, quo leur style était pompier, leurs idées 1830 ! Le métier de héros était tombé assez bas chez nous; et çeux-là même, dont le patriotisme; était pour ainsi dire la profession, n'avaient guère l'allure belliqueuse ou seulement fière des porteurs d'épée. Je me rappelle, que pour en rougir, l'époque où le dôvoir se tirait au sort et pendant laquelle on se faisait remplacer à seize cents francs ! L'éducation patriotique était nulle, ou a peu près, l'éducation publique tout au moins. Pourtant, qui ne s'en souvient, il se manifesta comme un sursaut de patriotisme endormi quand mourut le dernier combattant de 1830 auquel on fit de fort belles funérailles. Tout de même, à notre insu et comme dans le secret des familles, la tradition était conservée. On le vit, avec une surprise à la fois orgueilleuse et émue, quand l'ultimatum tomba comme une bombe à Bru-selles.Cette merveilleuse résurrection du patriotisme belge éclata dès que le premier soldat boche toucha seulement le sol des aïeux. Le patriotisme nous a tous reconquis: ceux qui sont demeurés au pays, comme ceux qui sont exilés, comme ceux qui donnent leur sang au front. » Ceux qu'encercle, comme dans une spirale dantesque, la clôture où passe un courant mortel savent la bonté et la douceur vraies de la patrie; quand les tortionnaires d'aujourd'hui auront repassé le Rhin, ceux-là retrouveront tout ce qu'ils ont perdu et dont la valeur s'atteste par l'immensité de la perte. Quelques sceptiques sans doute, en prenant le chemin de l'exil, se 3ont murmurés à eux-mêmes tout bas, car on n'avoue pas ces inavouables pensées, que la patrie c'était là où on était bien. Patria ubi bene! Mais, à l'heure qu'il est, ces sceptiques sont d'accord avec tous leurs compagnon» d'exil pour reconnaître que nulle part, au monde, nous n'étions mieux que dans la p^prie belge, et que là vraiment étaient, parmi 1.% cendre des ancêtre», nos racines, et qu'ail-, leurs, où que nous soyons, dans l'hospitalière Angleterre, dans la France sympathique, dans la Suisse idyllique, dans l'accueillante Hollande, nous ne sommes que de pauvres déracinés. De ceu& qui sont ail front je ne parle que pour mention, ceux-là mesurent le patriotisme au prix de leur vie et, si chère que { leur soit celle-ci, ils estiment que l'une vaut autant que l'autre. C'est tout dire» Ali ! la Patrâ, nous l'aimons tous, 3#oc ferveur, aujourd'hui, du plus grand au plus petit, du Roi jusqu'au plus humble écolier, du ministre exilé à la pauvre servante aui essaie de conduire vers la fron tière l'enfant de ses maîtres. Mais, pour l'aimer ainsi, il nous a fallu la voir meurtrie, saignante, violentée, déplorable, ruinée, en agonie. Nous nous sommes répétés alors avec le poète Verhaeren. ,,Et même, il est des jours de démence et de rage Où mon coeur te voudrait plus déplorable encor Pour se poiK'oir tuer à t'aimer davantage." Nous voici donc, par la grâce du malheur, redevenus tous ardemment patriotes. /L'école même, où jadis on parlait à peine de la patrie, est devenue un foyer héroïque. Les enfants eux-mêmes ont réappris la vieille leçon oubliée, qui reposait endormie, entre les pages des cahiers et des livres, et c'est eux qui nous la lisent et la continuent par l'exemple de leur vie. Bravo, les gosses qui,, non contents de traduire le latin de César, y ajoutent un chapitre nouveau. Au retour au pays, il faudra nous souvenir qu'un peu de reproche se mêle à ce trait de juvénile vaillance. Ces écoliers ont reçu des faits un enseignement que nous avions négligé de leur donner. Prenons donc la résolution 'd'enseigner le patriotisme à nos enfants comme nous leur enseignons le ,,Pater", dès le berceau ou tout au moins dès, que s'entr'ouvre leur âme. Que l'image de la Patrie, symbolisée par son Boi et ses princes, soit offerte à leurs yeux étonnés et ravis. Entretenons par des chants, des paroles, des fêtes,~ au coeur même'de la famille, le culte de la terre natale, de ses grands hommes, de l'histoire nationale. Continuons, dans la paix, de donner, autour de nous, le spectacle consolateur que nous avons donné dans la guerre d'un peuple uni par le plus ardent patriotisme et chez lequel les gosses eux-mêmes s'essayèrent à être- des héros. Avser de Busbeck. ■ 3 » Cm •1 — Louvain La Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique vient do lancer uoe circulaire adressée , aux administrations publiques, aux savants, aux gens de lettres et aux bibliophiles et faisant appel à leur collaboration en 'vuo de reconstituer la bibliothèque do Louvain incendiée par les Allemands les 25—26 août 1914. ,,La Société des Bibliophiles et Ioonophilcs : — dit la circulaire — a l'honneur d'inviter tous les bibliophiles belges à examiner s'ils ne possèdent pas dans leur bibliothèque des imprimés, des se vues, des estampes, etç qu'ils voudraient céder à la bibliothèque de Louvam. L'a' Société remettra aussi aux donateurs un ex-libris qui perpétuera dans chaque livre le nom du généreux donateur. Elle fera relier ensuite les listes d'inscription et les fera parvenir à la bibliothèque de Louvain". Cet appel est signé par le président, le prince de .Ligne ; le vice-président M. do Backer ; lo secrétaire A. Mic'not; le trésorier J. Nève; et les membres Dom Ursmer Berlière, de l'Abbaye de Màredsous; le vicomte A. de Ghellinck d'El-soghem-Yaernowyck, E. de TV itte, G. Francotte. Th. Hippert, R.Warocqué et. I. Willems; L'administration communale do la ville d'Anvers a décidé de mettre à la disposition du Comité environ 800 livres que la grande bibliothèque possède en double. l>o son côté Y éditeur hollandais connu, Martin Nijhoff, a fait savoir au comité: J'offrirai volontiers en cadeau à la bibliothèque do l'ifniversité do Louvain, dès qu'il sera procédé à la reconstitution de celle-ci, un exemplaire de toutes mes éditions qui pourront être utiles à la bibliothèque. Cela sera en mémo temps et au besoin une nouvelle preuve quo nôus. Hollandais, affectionnons de\ tout coeur votre malheureux pays et votre malheureuse population et faisons volontiers tout ce qui est possible pour aider à diminuer les pertes qu'on vou sa causées". Un comité a été constitué aussi dans les Pays-Bas, sous le nom de ,,Lcuvensch Boeken-fonds", qui s'est adressé à .tous les Hollandais et à toutes les institutions hollandaises do sciences et d'arts, pour que ceux-ci se déclarent dès à présent prêts à céder, après la guerre, des livres de leurs bibliothèques et des exemplaires d'ouvrages écrits ou édités par eux. Tous les bibliophiles apprendront avec satisfaction que, par un heureux hasard, dix publications du XVIe siècle, appartenant à la bibliothèque détruite, se trouvent à la bibliothèque ;le la ville d'Anvers. Ces publications (sortant des presses do Jan van Ghelen, 1566) étaient, lors do la catastrophe, dans les- mains d'un archéologuo anversois qui les avait empruntées, par l'intermédiaire de l'institution anyersoise, à la bibliothèque de Louvain. Quelques incunables et des manuscrits, empruntés par lo bibliothécaire en chef de l'Université do Gand, ont également été conservés. i! y a nu an 13 juin .191-5. — La station de chemin de fer de Souchez est au pouvoir des Français. Au nord de ïa sucrerie nous nou-s "emparons de la crête qui domine, le village. Au sud-est d'Ilébultme, roule de la S cm à Maillrj-Maillet, Vinfanterie s'empare de trois lignes ennemies et fait cent prisonniers. Front oriental: combats en Lithuanie, offensives allemandes sur la rive droite de la Vistule, sur ïe Dniester (région de Juravmo), où les Russes font 15,700 prisonniers, et sur la ligne NczwisJca-Zalescîiki, où les Allemands 'parviennent à passer lé fleuve. Dans la mer Noire, des torpilleurs russes endommagent gravement le ,,Breslau". Front italien: combats d'avant-postes à la frontière du Tyrol et du Trentin; sur le moyen Isonzo, les détachements italien$ gagnent la rive jauchc* En Belgique. A Srassrélfles Nous lisons dans un des principaux journaux imprimés en Belgique un articulet relatif aux accapareurs, dont il a été si souvent question, — et la loi belge. Nous Je reproduisons : Ayant le développement formidable des divers moyens de communication, avant la création des chemins de fer, l'accaparement était chose aisée. Aussi les législations anciennes avaient-elles édicté des peines extrêmement sévères contre les accapareurs. En 1793, la terrible Convention décréta la peine de mort contre les affameurs du peuple, et plusieurs de ceux-ci furent guillotinés.Le Code pénal de 1810 fut moins sévère. Son article 419 définit comme suit l'accaparement : — La réunion ou la coalition entre les principaux détenteurs d'une même marchandise ou denrée tendant à ne pas la vendre ou à ne la vendre qu'à certain prix plus élevé ou moins élevé que celui qui aurait déterminé la concurrence naturelle et libre du commerce." Le législateur visait donc principalement les manoeuvres frauduleuses susceptibles de provoquer une baisse o\i une hausse exagérée du prix des marchandises, hors de proportions avec le cours normal. Les coupables étaient punis d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 500 à 10.000 francs et étaient placés sous la surveillance de la haute police. Ces peines étaient doublées pour les accapareurs de grains, grenailles, farine, substances farineuses, pain, vin ou toute autre boisson. M. Edmond Picard fait remarquer dans les ,,Pandectes" que l'on ne trouve dans la jurisprudence belge aucune application de ces dispositions avant la promulgation de la loi du 31 mai 1866, qui commine des peines contre les infractions relatives au commerce et aux enchères publiques et abroge les articles 412 à 429 du Code pénal ancien. Les dispositions de cette loi forment aujourd'hui le chapitre VIII, titre V, livre II du Code pénal de 1867, intitulé : ,,Des infractions relatives à l'industrie, au commerce et aux enchères publiques." •L'article 311 du Code pénal nouveau (article 3 de la loi du 31 mai 1866, qui a remplacé les dispositions des articles 419 et 429 du Code de 1810) est ainsi conçu : — Les personnes qui par des moyens frauduleux quelconques auront opéré la baisse ou la hausse du prix de denrées ou marchandises ou des papiers et effets publics seront punis d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 300 à 100,000 francs." M. Edmond Picard fait encore remarquer:— Les termes généraux do cet article — par des. moyens frauduleux quelconques — comprennent tous les moyens illicites d'opérer la hausse ou la baisse du prix des marchandises, faits faux et calomnieux, sous-offres, qui se trouvent énoncés à F article 419 du Code de 1810. Il est certain que ce texte ne comprend pas les réunions ou coalitions entre les principaux détenteurs d'une même marchandise ou denrée, autrement dit ,.les accapareurs". Cela résulte d'ailleurs de la discussion de la loi. Nous manquons donc, en Belgique, d'un texte de loi punissant les accapareurs au vrai sens du mot. Nos législateurs, en ceci comme en beaucoup d'autres questions vitales, ont manqué de prévoyance. M. Ed. Haus, cependant, dans son ouvrage intitulé ,,Des coalitions industrielles et commerciales en Belgique", s'est prononcé avec énergie pour le maintien des dispositions répressives contre les accapareurs, et il n'y a pas bien longtemps los Etats-Unis d'Amérique ont pris des mesures draconiennes contre les trusts et les trusteurs milliardaires.* * * On annonce les décès de M. Louis Frans-quin, chef de division au ministère-des chemins de fer. et do M. Michel Zwa&b; ancien secrétaire communal de Molenbeek St. Jean. * * * On signale une baisse du prix do la. viande. C'est grafee à la grève du public que les bouchers n'ont pas osé acheter et que les marchands ont consenti à se montrer moins intraitables. Il faut enfin qu'on mette au pas tous les bonshommes qui se font des fortunes sur le dos du pauvre consommateur.* * * Les aveugles qui travaillent à l'asile de la rue de Ruysbroeck ont organisé une exposition de leurs oeuvres dans un immeuble do la rue de la Madeleine,, mis gracieusement à leur disposition par l'administration communale. A Lfége On a arrêté quelques accapareurs qui, munis de cartes de ménage de tierces personnes, étaient parvenus à accaparer cinq mille, voire dix mille kilos de rizl * * * On annonce le décès du conseiller communal Nicolas Deheussa, mécanicien* Au Pajrs Wallon La ,,Libre Belgique", l'insaisissable journal qui paraît en pays occupé, nous raconte cette scène qui s'est passée, il y a quelques semaines, dans un grand atelier de .locomotives de la Wallonie: les ouvriers, sommés de travailler pour le compte des Boches, avaient répondu à leurs sollicitations par un refus énergique et l'usine avait été mise sous séquestre. Un beau jour, le séquestre allemand s'amena clans la localité, escorté de trois officiers. Il fit convoquer les ingénieurs, les contremaîtres, les ouvriers. Tout le personnel dut défiler devant le quatuor. Les hommes furent appelés et interrogés d'abord individuellement. On leur demanda de travailler. Ils refusèrent, alléguant des raisons diverses. Deux ouvriers, particulièrement excités, se bornèrent à répondre au séquestre: ,,En vertu de quel droit nous interrogez-vous ? La Convention de La Haye ne vous autorise pas plus à nous questionner comme vous le faites qu'à nous imposer un travail quelconque." Quand cette reviie des hommes fut terminée, on les fit comparaître à nouveau, ensemble cette fois, devant les quatre émissaires allemands. Ceux-ci étaient assis à une table, derrière le directeur de l'établissement. On avait prié le chef de l'usine de dire lui-même aux hommes ce qu'on exigeait de leur complaisance. ' ,,Mes amis, leur dit-il, l'autorité allemande me charge de vous faire une communication. Elle exige que vous vous soumettiez à ses ordres et que vous lui prêtiez votre concours. J'ai le pénible devoir de vous avertir que si vous refusez de vous soumettre, l'autorité allemande est décidée, à se montrer impitoyable. Elle demande que vous réfléchissiez bien à la situation qui vous est faite, à vous et à vos familles. En cas de résistance, l'occupant vous privera de vos salaires; vous serez réduits à la famine avec vos femmes et vos enfants et des mesures seront prises pOur empêcher tout secours quelconque de vous parvenir." Le séquestre allemand se leva aussitôt pour ajouter quelques mots: ,,Fous afez pien gompris? scanda-t-il en mauvais français. .Blus d'archent, blus de salaires. Fous n'aurez blus â mancher bour fos femmes et bour fos envants..." Alors, du groupe des ouvriers qui écoutaient ce discours, un homme se dégagea rapidement et s'avança vers le bureau. C'était une espèce de colosse, à l'encolure massive, aux bras musclés. Une colère sacrée flamboyait dans ses yeux. D'un geste puissant, l'homme abattit sa poigne sur la table, à la briser, et regardant le séquestre épouvanté, il lui jeta haineusement, en son patois wallon: ,,Dé v'ià assez, nom di djo ! Nos n'tra-vaillons nin po ceux qui tuent nos*éfants!" Tous les témoins de cette scène étaient haletants. Les ouvriers avaient fait un mouvement en avant et ce mouvement était si plein de menaces, que le séquestre, très pâle, et ses trois acolytes, avaient porté hâtivement la main à leur ceinturon pour y prendre leur revolver. Ils n'insistèrent pas et se retirèrent prudemment, suivis du directeur de l'usine. Le séquestre trépignait de fureur: ,,C'est vous, dit-il à l'industriel, qui êtes cause de tout ceci. Vous avez influencé les ouvriers; vous leur avez dit: ,,Mes amis". — ,,Pouvais-je les appeler autrement"? répliqua fièrement le directeur. Il y a là des hommes qui sont nos collaborateurs depuis vingt-cinq ans. Ce sont les soutiens de l'usine. Ils sont nos amis véritables et ne comprendraient pas que je .leur parlasse autrement." Et comme le Teuton continuait d'écumer il ajouta avec une pointe d'orgueil: ,,Vous devriez être les premiers à reconnaître que ces hommes ont eu une attitude magnifique. x Dans votre pays, les ouvriers n'auraient pas agi autrement; mais les vôtres ont été habitués, depuis leur jeunesse, à se plier à toutes les disciplines. Pour ceux-ci la situation est très différente; il en est beaucoup parmi eux qui n'ont pas reçu d'instruction. Leur protestation pleine de grandeur a jailli des profondeurs de leur ' être... " Il faut croire que les Boches sont peu accessibles à la beauté de pareils spectacles, car ils ont envoyé en Allemagne trois ouvriers de l'usine, ceux qui avaient reproché au séquestre de violer la Convention de La Haye, et le colosse à la poigne de /© r. Au SwiExeiEMfooasrâ Le village de Ste Marie-Sur-Semois a un peu souffert au passage des hordes allemandes. Deux maisons furent incendiées et quatre personnes fusillées. Le comité de ravitaillement est installé chez le baron et la baronne d'Huart qui se dévouent et soulagent beaucoup de misères. J/a maison do M. Lahure, garde-barrière; la maison de M. Dussard ont été incendiées. * * * A Vance, il nTy eut pas d'incendies, mais M. Oriban, bourgmestre, fut traîné, la oorde au cou, dans les prairies, avec M. Mon^au fils, parrcQ que celui-ci avait hissé le drapeau belge sur l'église avant l'occupation. Orban fut relâché après bien des ■ tribulations, mai3 Moneau fut tué sur place et le fils Georges fait prisonnier. Celui-ci fut relâché quelques jours après, non sans avoir beaucoup souffert. * * * G-râco à l'énergique intervention du bourgmestre, M. Baudrux, la population civile de Habay-la-Neuve n'eut pas à connaître les horreurs dont souffrirent des communes voisines et fut une privilégiée du pays. On y cite un ci-vil fusillé et le pillage du château qui longe la route de Neufchâ-teau.Les communes de Chantemelle, Fratin, Buzenol," Marbehan, Villers-sur-Semois, Mortinsart, Ohantilîou et Meix-îo-Tige n'ont pas souffert de l'invasion. Dgaais le Maloauî La garnison allemande de Braine-le-Comte est actuellement de'7 à 800 hommes qui sont logés dans des baraquements. La . population reste indifférente à leur égard. Le ravitaillement marche très bien sous la direction du dr Branquart et la surveillance du comité américain. Il y a également l'oeuvre ,,La Croix Verte" dont les fondateurs sont MM. Saliez et Zech, qui distribue de la soupe gratuitement. Le beurre, qui coûtait de 7 à 8 francs le kilo en février, est decendu à fr. 4.50 et 5 fr. Le riz et les oeufs sont bon marché mais le pétrole et les cuirs sont à des prix inabordables: 1 fr. 50 pour un litre de pétrole et 40 fr. pour une paire de chaussures. Beaucoup de personnes ont installé le gaz, les autres s'éclairent de bougies ou de lampes à carbure. Les pommes de terre, qui ont fait défaut entre deux arrivages, sont à 15 francs les 100 kilos. On travaille à personnel réduit aux usines sous Ja direction de M. Alex. Iierrygers, ■ M. Lohisse étant absent depuis le début de j la guerre. La verrerie et l'imprimerie sont i eu pleine activité. M. le bourgmestre Neuman est .assez gravement malade. La situation paraît donc assez. bonne puisquo l'on continue à se marier: Joules Stassiu avec Mlle Plasman, Gaston Canard avec .Madeleine André, Emile Branquart avec Mlle Van Eeckhoudt, Jules Druet avec Lydie Dechief. 1 A la Toussaint, on a inauguré deux monuments .élevés à la mémoire des Brainois : tombés au champ d'honneur. Le premier se j trouve dans le square près de l'église; il est j en granit, d'un très beau travail, et représente un soldat belge l'arme au pied; à côté de celui-ci un livre sur lequel on lit ; le nom de ceux qui sont morts pour la , patrie. Il est entouré d'un grillage en fer forgé, oeuvre de M. Joseph Bayot dont le | fils et le frère sont au front. Le second est élevé Place de la Gare; les i détails manquent. Dans Ses IFEsurscSs"©® La ,, Renaissance" donne sur les chefs- , d'oeuvre de l'art flamand, dont s'enorgueil- ; lit à juste titre notre pays, les précisions j suivantes: ,,Les Memling de l'hôpital Saint-Jean, j de- Bruges', et spécialement la fameuse ' ,,Châsse de sainte Ursule", sont sauvés. Ils I ne sont pas aux mains des Allemands, con- ; trairement à ce qu'on pensait, et même ils ; ne sont plus en Belgique. Les Memling de Bru'ges sont en lieu sûr. ,,Pe même, le Van Eyck de la cathédrale ; Saint-Bavon, de Gand. Les , Allemands —i qui convoitaient d'autant plus 1',,Adora- i tioii de l'agneau mystique" cko frères Van i Eyck, qu'ils possèdent déjà certains volets payés par le musée cle Berlin la somme de 410.000 francs, — les Allemands ne l'auront pas. Comme la ,,Châsse de sainte, Ursule", de Memling, 1',,Adoration", des Van Eyck, est en lieu sûr." i . . . ■ ■■ ' —— Héros Belges i la fiuerre lie Trenie-Ahs Le Comte de Bucquoy. IL Ce même jour du 31 mai 1619, le comte de Bucquoy, 6es coureurs l'ayant averti que l'armée de Mansfelt occupait le village de Nadelitz, saisit l'occasion qu'il cherchait do lui livrer bataille. 11 lance son avant-garde, commandée par Dainpierro, sur l'infanterie de Bohême. Les Impériaux attaquent sans vigueur, leur chef les dirige mollement . Dasnpierre est jaloux de Bucquoy. Dampierre se trouvait avant lui en Autriche: Bucquoy est arrivé à prendre la place qui lui revenait; maintenant, au lieu do commander en chef, il est. sèus les ordres de ce rival préféré. Aussi no lui souhaite-t-il aucun bien. Bucquoy le sait. Dampierre cherche à contrecarrer 6es vues, à paralyser ses mouvements, il s'en est aperçu plusieurs fois, mais ce n'est pas un homme que l'on prend au dépourvu ; il a prévu cette mollesse d'attaque, cette mauvaise volonté de Dampierre et il préfère qu'elle se manifeste au début de l'engagement qu'en plein combat. Bientôt les Autrichiens cèdent le terrain aux troupes de Mansfelt et reculent, reculent. Bucquoy laisse l'ennemi 6'avancer ; quand il lo juge à point, il fait un signe à la cavalerie ■wallonne qui est à sa portée. Le colonel Pierre de la Croix, seigneur de la Motte, né à Mons, attend ce 6igne et lève son sabrej ,,Cuirassiers, pour la charge! En avant!" Et le carré de fer s'ébranla; il partit scintillant de mille feux sous les rayons d'un beau soleil de mai. Si les Bohémiens avaient cru à la victoire à la suite de leur facile succès sur Dam-pieire, ils furent vite détrompés I Le groupe etincelant des Wallons pénétra dans leur masse sombre et y disparut aussitôt, voile par la poussière et la fumée. L'un autro côté, los dragons wallons s'étaient- aussi élancés vers l'ennemi. Bientôt le brouillard.de terre soulevée et de poudre fumante qui s'est forme à l'endroit du premier choc se dissipe ; on ne voit que des croupes de chevaux et des dos de cuinasses J sous l'ouragan wallon, les Bohémiens reculent. Du haut de son cheval, le comte de Bucquoy suit l'élan de ses hommes et laisse cours à son admiration. Son esprit reste calme, il a l'oeil partout, jette des ordres précis, lucides, mais son coeur s'abandonne à la joie et à l'enthousiasme que lui. donne l'allègre vaillance do ,,ses pays". ,,Ils combattraient jusqu'au dernier, plutôt que de lâcher prise," dit-il aux officiers autrichiens qui l'entouraient; ,,En avant!" Et ils s'avancèrent pour se rapprocher de la mêlée. Les Wallons poussaient les Bohémiens devant eux comme un troupeau. Pareils à uno muraille mouvante, mais à une muraille qui aurait des bras pour frapper, ils- refoulaient l'ennemi pourtant en force. t Les deux armées étaient engagées sur toute la ligne, le canon tonnait, la mousqueterio crépitait, mais c'était lo marteau wallon qui portait les coups décisifs. Lo ■ brave Mansfelt en personne ramenaiê ses hommes au feu, chargeait à la tête de sa cavalerie, mais tout pliait devant l'élan irré* sistible des régiments do Sambre-et-Meuse, du pays do Liège et do Hainaut. Les Bohémiens, qui soutenaient ce choc, lâchèrent pied et se réfugièrent dans le cimetroro entouré d'une muraille. Les dragons au bond de leurs chevaux, les fantassins par escalade parvinrent à y pénétrer; un combat furieux 6'en-• gagea autour de chaque tombe. Les cuirassiers poursuivant les fuyards entrèrent dans Nadelitz, d'où bientôt les flammes s'élevèrent avec de gros •bouillons de fumée noire. Lo bétail fuyait éper-dp, augmentant le désarroi des troupes protestantes. Cependant la lutte, au cimetière, tournait au massacre. Les Wallons taillaient avec furie et exterminaient les ennemis. Lo comte de Bucqtioy continua sa marche ayant et dépassa le village en feu pour atteins dre Mansfelt, qui ralliait le reste de son armée ; " voyant que son adversaire prenait ses dispositions pour la retraite, sans attendre que son infante-rio l'eut rejoint, il commonça l'attaque, chargeant lui-môme avec sa cavalerie wallonne. Les réserves de Mansfelt étaient intactes; aussi la bataille reprit-elle avec rage : Bohémiens et Impériaux combattaient avec une bravoure et un acharnement inouïs, se faisant massacrer plutôt que de lâcher pied. Le combat durait depuis pluo'eurs heures, les cadavres jonchaient la plaine, des deux côtés les pertes étaient grandes, lorsque, tout à coup, Bucquoy vit plusieurs compagnies aller prendra position derrière la ligne de bataille. Mansfelt avait donné l'ordre à cinquante hommes de sa garde, qui se trouvaient à l'aile droite, d'exécuter co .mouvement pour commencer la retraite; son ordre fut sans doute mal compris; en suivant au galop les soldats désignés deux compagnies découvrent l'aile qu'ils avaient mission de protéger et laissent un espaoo libre dans la' ligne de bataille. Rien n'éohappo à Bucquoy: S'il a l'entrain d'un capitaine de chevaux-ilégers, il a l'oeil du général en chef; devinant la faute de l'adversaire avant quo celui-ci ait pu la oonnaîtro et la réparer, il s'élance avec quelques escadrons do cuirassiers do son pays dans l'espace cfti'oii vient do lui ouvrir si à propos. C'est le coin do fer qui est entré dans le bloc pour le disjoindre. Les dragons suivent de près les cuirassiers puis c'est le tour de l'infanterie. Comme une masse d'eau qui a rompu sa digue, l'armée impérial© se répand à la façon d'un torrent, élargissant la brèche par où elle s'échappe. Bientôt le désordre 'est partout, l'armée protestante est coupée en deux ; les tronçons flottent au liasard et luttent comme ils peuvent. Mais, si Bucquoy est un héros, Mansfelt n'est pas indigue dë lui ; incapable .de mentir à l'héroïsme do toute sa vie, il veut vendre chèrement sa défaite et se défend à outrance ; il n'y pas de quartier dans cette mêlée effroyable. Mansfelt réussit à disposer ses fourgons et ses chariots autour d'un hameau proche et, derrière ces remparts improvisés, continue à combattre. Pendant quelque temps, il bravo encore la for-» tune de son rival triomphant. Ses soldats épuisés tombent autour de lui? il encourage de la voix et de l'exemple ceux qui résistent encore, va des uns aux autres, ranimant leur ardeur. Mais cet effort surhumain est inutile ; n'ayant plus qu'un faible noyau de troupes autour do lui, il battit en retraite, masqué par un rideau forme de ce qui lui restait de cavalerie et, favorisé par la nuit tombante, il s'éloigna dans la direction do Pilsen, laissant aux mains des Wallons de nombreux trophées. Pendant ce temps, l'autre partie do l'armée de Bohême était poursuivie par les Impériaux, désagrégée, broyée comme à la meule ; lo triomphe du comte de Bucquoy était complet. Ce désastre des troupes protestantes rétablis- , sait les affaires de l'Empereur, qui avait été à deux doigts de sa perte. [ Ainsi, dans la même journée, les hommes du Hainaut et do Saanbret-et-Meuse et du pays do Liège avaient sauvo Vienno et le Gaint* Empire. Aussi, quelques jours après, quand la nouvelle de la victoire de Nadelitz arriva dans la capitalo des Habsbourg, n'y eut-il qu'un cri pour célébrer ceux qui l'avaient remportée:. j,Les Wallons. Ce sont les Wallons!" A suivre. Maurice d03 Ombiaux. („Le Courrier -de l'Armée".) É © n îs ,1ÉmmàéÊÈm&

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Dit item is een uitgave in de reeks L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Amsterdam van 1914 tot 1918.

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