L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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26 november 1914
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s.n. 1914, 26 November. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Geraadpleegd op 28 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/r785h7d263/
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jère Année N°. 34 S cents (ÎO Centimes) «jeudi 26 Novembre 1914 L'ECHO BELGE L'Union lait la Force. Journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N.2. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herlbïei, Comité de Rédaction : , Gustave Peellaert, René Chambry, ( Emile Painparé. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du Journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 1775. Abonnement r En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation \ Etranger fl, 2.00 ,, „ Le Génie île Rcstopchine. C'était au temps d© la paix, l'hiver dei nier. Nous vivions dans cette quiétude qu: aujourd'hui, nous apparait presque comm coupable. Vie oisive, avec un maximum d confort, un minimum d'idéal, car tous le discours de fin de banquet où nos orateui avaient coutume de ressasser le thème d la Belgique petite par son territoire mai grande par son industrie n'empêcheron point que c'est dans le malheur que la Bel gique s'est montrée véritablement grand et qu'elle a conquis sa place parmi ces na tious que l'Histoire honore. Nous vivions dans la paix. C'était u: dimanche après-midi de novembre, gris froid et morne, dans la grande salle d Cercle Artistique d'Anvers. Les hauts por traits qui ornent les murs, sous le faux jou des lustres s'animaient d'une vie de fan tomes, les peintres, les poètes, les grand politiques, Appelmans au pied de son échel le et la triste Anna Beyns sous sa cornett austère. A la petite tribune, sur le fond di rideau vert sombre, se détachait un homm grand, blond, la figure barrée d'un moustache de coupe militaire, présentant c mélange de mâle énergie et d'intelligenc où le soldat se complète par le lettré : M le comte de Ségur. Il parlait de Rostopehine. Voix nett mais sans éclat, phrase incisive, dépouillé' de vains ornements. Il évoquait la destruc tion de Moscou, en 1812, i acte de sauvag< énergie de ce comte Rostopehine (dont lui même était le petit-neveu) le bizarre destii de cet aimable auteur de vaudevilles qu< l'histoire a placé à part, ne sachant tro] s'il faut l'aamirer ou le maudire, sur ui fond pourpre d'incendie. Et dans l'audi toire, mi-attentif, mi-somnoient, de désoeû vrés et de mondains, passait un petit fris son chaque fois que le conférencier, avan d'adjeccns, prononçait ces mots : rouge flammes, sinistre, à quoi son style dépounL restituait une signification terrible. Impres sion vite étoufiee d'ailleurs dans l'atmos prère lourde, dans l'air croupi de cette sall< surchauffée, image assez exacte de cettx quiétude précisément où nous passion: notre existence vouée à un idéal restreint ei à la satisfaction de médiocres appétits. Moscou, l'incendie, le pillage, comm* tout cela paraissait lointain, au fond d'ui: passé barbare dont le monde plus jamais ii€ connaîtrait l'horreur... Je ne sais pourquo. je m'en suis souvenu devant Anvers ei flammes, Anvers dont la tour par moment; apparaissait sur un fond de brasier poui disparaître ensuite dans des colonnes d( fumée qui mettaient de l'ombre sur un pay: de vingt lieues. Car il semblait à ce moment là qu' Anvers, volontairement, avait voulv 1© sort de Moscou, avait envié la gloire de .Moscou et qu'au début-du présent siècle, comme la viLe sainte des tsars au début du siècle dernier, elle voulut être plantée ainsi qu'une torche monstrueuse. Qu'un soldat, I un héros fasse sauter la citadelle dont 011 lui a confié la défense plutôt que de la I reudre, qu'il se fasse sauter et ses camarades avec iui, on comprend ce sacrifice individuel. Mais toute une ville, dix siècles d'histoire accumulés dans ces maisons, ces palais, ces églises, l'âme d'un 2>euple i entier incarné dans ces églises, ces palais et I cea maisons et qui, si tout cela devient la f proie des flammes se consumera en même temps. Et l'on comprend que les soldats de Napoléon reculèreut d'horreur devant ces femmes des Cimbres qui, à leur approche, éventraient leurs enfants avant de s'égorger elles-mêmes. Car, encore une fois, ce droit de mort qu'on peut accorder aux individus ne s'étend pas aux peuples qui ne peuvent jamais désespérer de leur j destin. Et cependant, dans cette minute tragi-| que, pour nous, Anversois, quittant notre ville ruinée, malgré l'énormité de l'holocauste, à cause de cela peut-être, nous nous sommes grisés d'un sauvage orgueil, i Ainsi plutôt que de laisser tomber entre les mains de l'ennemi ,,notre ville amirale" oômme disait naguère un de ses fils les meilleurs, nous préférons qu'elle flambe, qu'elle flambe avec ses entrepôts et ses ■ musées, ses richesses d'art, œuvre du génie et des siècles, et les richesses contenues dans I le flanc de ses vaisseaux, dans ses greniers [ et ses magasins innombrables. Ainsi l'Alle-I mand présomptueux, comme naguère le I Castillan hautain, aurait appris à connaî-f tre ce qu'est un ,,signoor". La réflexion est venue.... Une ville de I 40,000 maisons ne brûle pas comme cela, ni en un jour, ni en deux, ni en trois Si on sauvait les 40,000 maisons? Et des citoyens avisés, aussi éloignés des conceptions cornéilliennes que des bas calculs qu'on leur a certainement prêtés, ont rauvé les 40,000 maisons. C'est bien, pour autant que le sauvetage de ces quelques millions de mètres cubes de briques n'ait pas contrecarré le salut d'une partie de nos troupes. C'est bien. Tout de même il n'y a pas de quoi se vanter. Surtout il n'y a pas de quoi se poser en héros vis-à-vis de ceux qui ont préféré tout perdre plutôt que d'en abandonner à l'ennemi un usage même provisoire. Vraiment tous les actes, toutes les paroles de ces gens-là indiquent qu'ils acceptent trop facilement. l'insolence du vainqueur pour ne pas lui garder une sympathie secrète. Ils sont peut-être des commerçants honnêtes, des fonctionnaires ponctuels, des cabaretiers très dévoués à leur parti. Ce sont de ces Anversois que dans le restant du pays on enviait beaucoup — avec raison — et qu'on , méprisait un peu — à tort. Mais pas une e étincelle du magnifique et terrible génie de e Rostopehine ne brille en eux. Ce ne sont s pas des ,,Sinjoors". s CHARLES BERNARB. e s ; La destruction de la , Belgique. i f Le ,,Daily Mail" publie un article d'un . de nos écrivains qui vient de traverser la s Belgique dévastée. Voici un passage carac-. téristiqUe de cet article: 5 ,,L'horreur à Louvain est indescriptible. i On se croirait à Pompéi. Rien que dès rui-3 nés, aussi loin que porte la vue. Sur la 3 route de Louvain à Tervueren plusieurs 3 maisons de paysans ont, clouée sur la porte, j une pancarte imprimée: ,,Cette maison doit être préservée, ne peut être ni saccagée ni brûlée". D'autres portent: ,,Héverlé-Ter-banck". Ce sont celles qui appartiennent ' au duc d'Arenberg. Cela montre avec quelle méthode fut entrepris le sac de Louvain. " Je suis en mesure d'ajouter que l'incendie ' de Louvain fut retardé de vingt quatre heures, en attendant des instructions définitives 1 de l'autorité. Aujourd'hui tout le monde sait pourquoi ) la vi le, où l'armée allemande s'établit qua-1 tre jours et fut laissée en paix, fut détruite. Le but était de terroriser Bruxelles, distant de quelques kilomètres seulement, de terroriser le Roi et le Gouvernement à Anvers 5 et amener ainsi le peuple belge à réclamer l la paix ét à exercer une pression sur les J autorités pour qu'Anvers ne se défende pas plus longtemps. En brûlant Louvain, les Allemands espéraient économiser 100.000 ' hommes et gagner trois semaines d'un temps 5 précieux." , -, —c=— Ernest SoSvay. j Dans le dernier numéro de la revue . ,,Naturwis3enschaften" le célèbre naturaliste, lauréat du prix Nobel, professeur doc-; teur H. A. Lorentz, consacre un article à Ernest Solvay, le grand industriel belge, le Mécène des sciences qui fut fort éprouvé , par la guerre. Nous n'avons pas pu contrôler si effectivement M. A. Lorentz a signé le fameux manifeste des intellectuels allemands. Dans tous les cas son témoignage vient à point pour démontrer à ses confrères en Science et en Excellence que les Belges ne sont pas le peuple incu'ite et sauvage, le peuple de ,,bandits" qu'il leur a plu de représenter. M. Solvay, dit M. Lorentz, avec une générosité peu commune a mis au service du progrès, de la science et de la culture générale, une fortune acquise au bout de cinquante années de travail. Il avait la ferme conviction que la connaissance approfondie des lois de la nature et de la société développerait le bonheur des hommes. Dans le Parc Léopold, de Bruxelles, il a fondé un institut de physiologie, une école de commerce et un institut de sociologie. Sur la demande du professeur Nernst, de Berlin, il organisa, en 1911, un petit con- j grès de naturalistes de toutes nationalités pour la solution des problèmes les plus importants des sciences naturelles modernes. A l'issue de ce Conseil de physique, que je présidai, M. Solvay promit de soutenir matériellement les expériences scientifiques et fonda dans ce but un ,,Institut international de physique'' pour lequel il légua un capital d'un million de francs. Avec le professeur Heger je fus chargé de dresser les plans de ce nouvel établissement. Solvay nous laissa agir avec une liberté complète. L'institut existe depuis deux ans. Il a permis à beaucoup de jeunes Belges doués à compléter leurs études à l'étranger. En 1913, il a convoqué un nouveau congrès de physique, et plus d'un millier d'expériences intéressantes y ont vu le jour. Les bourses distribuées par l'institut sont allées en Russie, Pologne, aux Etats-Unis et en Allemagne. La commission administrative de l'Institut, dont font partie les professeurs Heger, Tassel et Verschaffelt, de Bruxelles, nous a toujours soutenu lorsqu'il s'agissait de faciliter l'éclosion d'une nouvelle invention comme celles du professeur van Laue de Zurich (actuellement Francfort s. M.) et du professeur Stark, d'Aix-la-Chapelle. L'année suivante Solvay fonda encore un Institut international de chimie qui dispose d'un capital analogue a celui de l'Institut de physique. Puis il s'est occupé de favoriser l'éducation et l'instruction du peuple. L'Université de Bruxelles qui, comme tout le monde le sait, n'est pas un établissement de l'Etat, lui doit beaucoup également. | mm tw En Belgique. A Bruxelles. Le Théâtre de la Gaîté a rouvert ses portes, ainsi que nous l'annoncions récem ment. Un incident très caractéristique s'es produit l'un de ces derniers soirs. Pendan les entr'actes, le public a chanté la Marseil-laise, à pleins poumons, avec tout l'enthou siasme dont doivent être capables des patriotes, qni n'ont pu manifester leur* sentiments depuis de longues semai nés. Après tout, c'est bien le droii du public de chanter, si bon lui semble A la sortie — peut être représentai-or quelque pièce d'où tout patriotisme n'étail pas exclu? — les spectateurs entonnèrent une dernière fois l'hymne qui, jadis, annonça la libération de la France. Il paraît que ce ne fût pas du goût des soldats allemands, postés dans les environs et qui arrivèrent au pas de gymnastique! Le public fut dispersé, manu militari. * * * Les Allemands ont cédé aux autorités communales belges quelques milliers de kilos de farine dont ils s'étaient emparés lors de la reddition d'Anvers. * * * A l'Agence de la Banque Nationale on nous a déclaré formellement que le gouvernement belge continuerait de payer les coupons de rente belge, non seulement dans la partie du territoire envahi, mais aussi à l'étranger. C'est ainsi qu'à Paris, MM. de Rotschild ont ouvert leurs caisses pour le paiement des coupons échus le 1er novembre^ * * * Voici la reproduction d'une lettre qu'une mère belge envoie à celui qui fut chargé de lui annoncer la mort de son fils. Elle est véritablement cornélienne ! Tant qu'il y aura des fils qui se feront tuer pour leur pays et des mères dont les sentiments seront semblables à ceux de cette noble femme, la Belgique n'aura pas à craindre la perte de son indépendance. ,, Monsieur, „Je vous remercie très sincèrement de la lettre que vous avez bien voulu m'é-crire. Merci surtout du soin que vous avez pris de m'annoncer avec tant de ménagements délicats la terrible nouvelle qui m'accable. „Dans ce malheur effroyable, une grande consolation me reste. Pendant dix-sept ans, j'ai disputé mon fils à toutes sortes de maladies. J'avais pu l'arracher à la mort, à force de soins constants. Je suis profondément fière d'avoir réussi à le conserver pour lui permettre 'de, mourir pour la Patrie. Là est ma grande consolation...." # » • Au Palais de Justice, pendant les audiences, les Allemands dans les salles voisines font marcher un phonographe ou jouent du piano! Car le temple de Thémis est devenu à la fois caserno, cuisine, 6alle de jeUx et de musique. On n'est pas plus respectueux! * * * ,,Vous savez que le pétrole 6e vend 1 frc. de litre. Or, à Molenbeek. St Jean, le bruit avait couru de pétrole en vente à un prix exceptionnel: vingt centimes le litre! L'endroit était nettement désigné, le jour aussi et une bonne centaine de ménagères, jeunes et viciles, à l'heure fixée se rendirent au local où elles s'imaginaient, pour peu d'argent, faire remplir leurs cruches, jusqu'aux bords. Elles entrèrent, en une cohue houleuse, dans la salle où bientôt devait commencer la distributien. Et les soldats prirent leurs bidons, non sans avoir soigneusement fermé- les portes. Alors, une orgue entama quelque valse connue et, de force, les soldats firent tourner les ménagères pendant quelques instants, sans que celles-ci manifestassent autre chose qu'un vif étonnement. Mais pendant ce tour de valse, un opérateur prenait la scène sur film, pour une grande entreprise berlinoise! Et voilà ce qu'on montrera bientôt par toute l'Allemagne comme preuve irréfutable — en effet! — de la bonne entente régnant entre Belges et Allemands ! * * » Dans touts les écoles, le jour de la St. Albert a pris un caractère inaccoutuné de fête jDatriotique, bien qua> secret. Les enfants, en costumes de dimanche, ont défilé dans les préaux de leurs écoles respectives devant nos chères couleurs nationales aux accents — combien émouvants en une telle circonstance! — de la ..Brabançonne". Si le vaillant bourgmestre Max pouvait apprendre cette manifestation des élèves de ,,Ses" écoles, que sa joie serait donc vive! A Anvers. Le Conseil communal se réunira samedi prochain, *28 novembre, à 3 heures de relevée. * * * Certains personnages qui se gonflent d'importance parce qu'ils ont passé les heures du bombardement dans les caves de l'hôtel de ville d'Anvers ne peuvent pas rencontrer en ville des connaissances sans proférer à l'égard de ceux qui se tiennent à l'écart des Allemands en d'autres pays les épithètes les plus , , . germaniques. „Ce sont des froussards, ce sont des cochons, des cochons ! „répètent-ils. i C'est ainsi que le président évincé d'une • grande association politique se venge di président en fonctions... en Angleterre! i Le prétendu patriotisme de ces gens-lè ne leur sert qu'à assouvir leurs petites ■ rancunes personnelles et à tenter de répare] ; les gaffes inoubliables de leurs aventures i politiques. * * * ; On a distribué à profusion les textes fran çais et flamand du discours prononcé le 16 octobre à Bergen-op-Zoom et à Roosendae. pour inciter les Anversois à regagner leurs , demeures, désormais paisibles, par M. Louis Franck,, président de la Commissior intercommunale. La „Belgique" de Rotterdam (car il a trois journaux du même titre !) fait remarquer que ce texte n'est pas tout à faii conforme à la réalité et qu'il n'y a plus trace dans cette édition.... revue et corrigée, de cette phrase, notamment: „Les jeunes gens qui n'appartiennent pas à l'armée et les gardes civiques sans armes n'ont pas plus à craindre que les autres bourgeois. Il existe à ce propos de formelles affirmations écrites." Or, cette catégorie de citoyens n'a rien eu à craindre jusqu'ici, mais elle est virtuellement prisonnière des Allemands ! Le même discours était fleuri d'un ,,en komt weder tôt betere dagen" qui a fait l'indignation de la majorité des auditeurs. Seulement ces phrases ne figurent pas dans le tiré à part officiel! Nous voulons douter encore. M. Louis Franck est un homme trop loyal pour user de tels procédés. Sans doute s'em-pressera-t-il d'envoyer un démenti à ceux des quotidiens qui ont reproduit les mot à- mot de son discours (première édition) au lendemain de sa visite en Holfande aux réfugiés anversois. A Louvain, La vie devient assez difficile. Le pain blanc est passé à l'état de souvenir mais — ce qui est grave — le pain noir commence à manquer. Les boulangers ont des ordres catégoriques de rationner leur clientèle Peut-être cette mesure n'est-elle prise par les autorités allemandes temporaires que1 pour assurer - l'alimentation dès troupes qui vont bientôt passer, en masse, par notre ville. Un avis est en effet affiché par les rues principales qui défend, durant cinq jours, de circuler avec charrettes et camions afin de ne pas entraver la circulation. Des seaux d'eau devront- être placés devant les portes pour assurer la boisson aux chevaux de la cavalerie allemande. Bientôt également, les murs calcinés qui restent debout — ô les témoins muets accusateurs ! — devront être abattus. Leur chute inopinée pourrait être un danger pour le passage des troupes. On s'attend donc à un défilé de nombreux régiments, principalement de cavalerie. Mais à Louvain on ignore si ce sont des déplacements de troupes de l'Yser en Pologne ou de nouveaux contingents formes en hâte, en Allemagne, et se dirigeant vers la France. La Kommandantur a, en tous cas, reçu des dépêches confidentielles très importantes, au sujet desquelles la discrétion la plus complète est gardée. Les Banques privées et la succursale de la Banque Nationale fermeront probablement leurs portes sous peu. » * * M. Maurice de Wulf, professeur à l'Université de Louvain, est chargé de cours de philosophie à l'Institut catholique de Paris. A Malines. Dans les environs de notre ville, des atrocités sans nom ont été commises. Nous en rapportons quelquesunes dont l'authenticité n'est pas discutable. Elles sont rapportées par le capitaine commandant De Winter, adjoint d'état-major attaché à l'état-major de la Ire brigade mixte. Le 25 août 1914, dit l'éminent officier, j'ai personnellement constaté que des blessés belges, appartenant au 3e chasseurs à pied, avaient été achevés par les Allemands, qui leur avaient fracassé la tête à coups de crosse ou de talon. Les faits 'se sont passés au parc du château d'Impe, entre Lon-derzeel et Wolverthem. Le 18 septembre 1914, deux enfants de six et de nuit ans, qui allaient de Nieuwarde à Raemsdonck, ont été tués presque à bout portant devant leur mère par un ' soldat allemand. Devant cette mère, un autre soldat a écrasé les fragments de cervelle qui avaient jailli sur la route. Ces faits ont été actés le 18 septembre 1914, à Willebroeck, par le général commandant la Ire brigade mixte. Le 17 septembre, à Humbeek, les Allemands ont expulsé du village tous les habitants mâles. Ils ont pris deux jeunes filles et les ont violées à plusieurs reprises devant le curé du village. Ces faits ont été. actés comme ci-dessus. Vers le même moment, les femmes de Wolverthem et celles de Londerzeel ont été complètement déshabillées dans l'église du village, ' Un certain nombre d'entre elles ont été ensuite violées et toutes ont dû s'en aller nues, leurs vêtements étant complètement déchiquetés. - A travers le pays. A Vosselaer, Thielen et Lichtaert, les ! postes allemands sont composés de quelques hommes seulement. C'est peut-être pour pouvoir exercer une surveillance plus efficace, eu égard à leur petit nombre, qu'ils ent détruit ie macadam des grandes route -. ; Les nuits commencent à devenir très froides. Les hommes sont vieux. Toutes les personnes à vélo sont arrêtées, à moins qu'elles ne soient en possession d'un passeport en règle. La ,,Kommandantur" de Turnhout daigne parfois en délivrer. Il est prouvé que certains se servirent de faux . ,,j3assierschein" obtenus par un sous-officier complaisant en échange de quelques pommes et d'un oeuf; la signature du commandant était parfaitement imitée. La situation, depuis huit jours, s'est améliorée dans la plupart des villages. Des vivres sont arrivés.de Tilburg et ont été distribués aussitôt. Par exemple, beaucoup de familles sont entretenues par le soin des communes où elles ont leur domicile. On en compte 300 à Hérenthals, notamment. Les pauvres de Tongerloo, Wes-terloo, Nylen, Lichtaert et des hameaux environnants se rendent trois fois par semaine à Hérent^ails afin d'obtenir des provisions de bouche. Pour faire valoir leur état et la situation précaire dans laquelle ils se trouvent, ils doivent être en possession d'une pièce de la commune établissant leur domicile, revitue, ou préalable, du sceau da commandant- allemand. Sans ce papier, aucune distribution de vivres ne leur serait faite. : Le pont sur la grande Nèthe, à Wést-meerbeek, n'est pas encore réparé. Les troupes du génie qui étaient arrivées ici dans le but de le réparer, après avoir examiné sommairement l'état dans lequel il se trouvait, s'en sont aillées aussitôt, en emportant écrous et chaînes. Si bien qu'au lieu d'être réparé, le pont est désemparé ! Les communications entre Westnieerbeek et Westerloo sont assurées par des barques. Le trafic se fait, évidemment, avec le consentement de la garde cantonnée en cet endroit.Le long de la route qui mène à Hers-selt les habitants s'occupent de réparer une dizaine de maisons que les Belges avaient dû détruire pendant le combat d'Aerschot, afin que les Allemands ne s'en servent pas comme abris. La population campagnarde de cette -contrée reste très abattue. Les Allemands ayant tout réquisitionné sur leur passage, il reste à ces malheureux fort peu de chose ! Cette semaine encore, les envahisseurs allèrent de porte' en porte, se faisant remet- ; tre jusqu'au dernier grain de seigle et d'avoine. L'attitude des jeunes soldats est surtout choquante vis-à-vis des femmes et des jeunes filles. Différentes plaintes, de ce chef, ont été adressées à la Kommandantur de Malines,, Comme beaucoup de paysans ont vu leur cheval réquisilionné, ils se trouvent présentement dans l'impossibilité de pourvoir à leurs travaux habituels. Le commandant a fait savoir à tous les paysans qu'ils devaient procéder d'urgence à l'ensemencement des champs, mais comme il continue à faire des réquisitions en masse, les paysans croient qu'ils vont travailler pour le roi de Prusse. Cependant, les paiements qu'effectuent les soldats et les sous-officiers 6ont payables à la Kommandantur. Ces bons paient les petits achats. Les sommes plus importantes, en échange de marchandises, 6ont généralement payées en argent allemand que les habitants n'ont pas le droit de refuser. Il nous parvient .de source autorisée que les soldats allemands''ne sont pas toujours très économes de l'argent de leur pays. Mais ce sont là des liistoire6 que nous n'avons pas charge d'approfondir. Tout est calme dans la région de Diest et d'Aerschot. Les soldats y sont peu nombreux et paraissent assez déprimés.. Peu de trains dans la direction d'Hasselt-, 6inon quelques convois militaires. Mercredi dernier, quatre trains ont pris la direction d'Anvers, dhargés de canons, de leurs attelages et accompagnés de leurs servants. Beaucoup de tombes d'Allemands dans toute la contrée de Diest. Entre Terstelt et Montaigu il y en a, au bas.mot, cinquante contenant chacune plusieurs morts. Une vingtaine de trous ont été creusés, pour recevoir les dépouilles des chevaux... L'autorité militaire a fait savoir à Lan-den que dimanche et lundi la circulation des trains avec Gembloux et St. Trond serait supprimée. A Tirlemont, même mesure les mêm.es jours. Ceci doit être en concordance avec d'importants mouvements de troupes de ou vers l'Allemagne. Ces jours derniers, des troupes ont fréquemment emprunté la voie ferrée de Huy, ce qui fait supposer qu'elles arrivaient du sud-ouest de l'Allemaigne. Avis — L'„Echo Belge" prie instamment les- confrères belges qui puisent certaines informations dans ses colonnes d'en indiquer la source. Deux initiales sont insuffisantes. Il est vraiment trop facile de publier un journal de cette manière. la vérité sur Louvain. VI. La colonne se mit en marche entre une double haie de soldats. On avançait avec peine. U fallait s'arrêter tous les dix mètres. Parfois, un soldat nous demandait si nous n'avions pas d'armes! La question eût été vraiment grotesque, en un moment moins douloureux. Et nous avons dû ouvrir notre misérable petite valise! Ceux qui avançaient avec trop de difficultés étaient poussés à coups de crosses. MLais par contre, quelques soldats, écoeurés probablement de la brutalité d'un chef, offraient à boire aux femmes et aux enfants. Ils ■ étaient les témoins impuissants de ce douloureux exode. Us nous regardaient avec une expression de désolation que je n'ai pu oublier. Mais c'était une minorité, malheureusement, à peine quelques-uns Les autres exprimaient une joie féroce, comme s'ils eussent éprouvé le plus cruel plaisir à voir chasser de chez eux de vieilles femmes et des vieillards, de petits enfants et des malades ! Oli ! le poignant spectacle, impressionnant, inoubliable ! Sur les accotements de la chaussée, des canons étaient braqués, comme si la soldatesque redoutait encore que ce troupeau put lutter, ongles et dents, contre de rudes gaillards armés de pied en cap. Ahl fameuse manifestation, je vous l'assure, et bien faite pour provoquer la colère de ces vaincus, si ces vaincus avaient encore été capables d'un sursaut d'énergie, de révolte ou même de dégoût. Mais non ! Ceux-là qui avaient, tout perdu, leurs parents et leurs biens, anéantis par les multiples émotions de cette soudaine catastrophe, n'étaient plus capables même de redresser la tête. C'était une capitulation tacite et unanime de toutes les énergies ! Brusquement trois coups de canon qui semblaient avoir été tirés de la plaine des manoeuvres, pour faire croire que vraiment le bombardement de la ville commençait. ■ Sinistre plaisanterie. Encore de la poudre brûlée aux moineaux. A peine avions-nous dépass' la villa des Conifrères, appartenant à A. Carnoy, que, d'une ferme abandonnée, des soldats nous appelèrent: ,,Kommen Sie mahl hier: Gastfreiheit, Gastfreiheit !" Dtes malheureux, croyant au salut, entrèrent sans défiance. Mais, seuls les hommes purent ressortir,,jetés du reste, à la porte, sans discussion. Les soudards gardaient les femmes... Voilà leur hospitalité! Ce guet-apen6 nous avait fait hâter le pas, d'autant que les soldats criaient à tout instant: ,,Nach Tirlemont; Jeder nacli Tirlemont !" Pour la deuxième fois, la chance nous sourit. Nous n'allâmes pas plus loin! Un chemin de traverse s'offrait à nous. De braves paysans nous offrirent l'hospitalité. Nous étions sauvés! • * * Je ne vous dirai pas quelle fut notre vie dans notre nouvelle demeure. Mais j'ai pu recueillir quelques détails assez curieux. A Bierbeeck, notamment, quelques jours après l'exode de la ville entière, les Allemands ordonnèrent à tous les Louvanistes de regagner leurs demeures. Ordre était donné aux citadins de se rendre à la maison communale et les paysans -ne pouvaient plus recevoir qui que ce soit. Terrorisés, la plupart d'entre eux fermèrent donc leurs portes aux gens sans abri! * * .* A la même époque, j'appris la destruction totale de notre maison. Mais barrière-bâtiment avait échappé à la fureur des incendiaires, cependant. Dix jours après, lorsque je retournai rue Léopold, cette bâtisse avait, elle aussi, été réduite en cendres! De ceci, nous pouvons tirer, sans crainte de faire erreur, l'enseignement suivant : les premiers incendiaires avaient dédaigné l'arrière-logis, le croyant vide d'objets de prix. Mais lorsque le bâtiment principal fut devenu la proie des flammes, la curiosité incita quelques soldats à pousser leurs investigations dans la maison mystérieuse. Ils n'eurent pas grand peine à s'assurer qu'elle était remplie d'objets de valeur. Ces objets prirent le chemin de l'Allemagne ; le feu devait effacer les traces de pillage... Nous vîmes passer des trains chargés de matelas, de couvertures et de meubles. Avaient-ils été achetés ceux-là? Et où? Question qui restera sans réponse. Mieux. Les témoins se feront connaître qui assistaient au déménagement des pianos d'un marchand de musique de la rue de la Station.Est-il aussi vrai que les poêles de valeur de M. Alfred V., domicilié dans la même artère-aient disparu et que chacun qui passait par là put s'en rendre compte parce que l'incendie s'était tout à coup arrêté, comme pour indiquer le degré de pillage. Parlerai-je des caves à vins? Elles ont été toutes vidées, avec méthode. Un habitant, dont je vous ai entretenu, en fut le témoin occulaire. Et n'est-ce pas le docteur M. qui se plaignit à la ,,Kommandantur" d'un fait semblable et auquel le commandant répondit: ,,Les soldats ont agi correctement, on avait tiré sur eux?" (à suivre). R. C. ■— '

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