Moniteur des intérêts matériels

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9 janvier 1914. - N° 4. MONITEUR DES INTERETS MATERIELS 89 Plusieurs essais avaient cependant été tentés chez nous pour nous rendre indépendants de l'étranger. Sans grand .succès, toutefois, à cause surtout, semble-t-il, de la nature défectueuse dte nos minerais. C'est ainsi qu'en 1613 le prince-évêque die Liège révoque l'octroi qu il avait antérieurement accordé à Pierre dte Cou-dlroye et à Jean Y an Beuhle pour s pourvoir convertir le fer en acier et celuy vendre et distribuer par nostre pays de Liège ». On avait aussi fabriqué de l'acier à Namur. En 3o41 nous voyons, en effet, l'abbaye de Flou-effe acquérir, d&ns cette ville, l'emplacement « d'un fourneau à rafliner l'acier ». En 1750 un certain Bridimus avait obtenu un octroi à 'l'effet d'établir dans le Hainaut « une forge et fourneau pour fondre et affiner le fer et le convertir en acier, à l'exclusion de tous autres, pendant vingt ans ». Il s'agissait d'acier de cémentation. Une société avait été créée, la même année, entre Bridimus, ,1e comte de Baldiny, le sieur et la demoiselle Pipenpoy, de Bruxelles, « pour la fabrication et manufacture d'acier, purification du fer, etc. ». Et Bridimus entreprit, dans la vieille forge de Rance, où il avait établi deux creusets, des essais pour convertir le fer en acier. Afin de l'aider, le gouvernement autorisa, en sa faveur, la libre entrée de 100,009 livres de fer de Suède. En effet, l'Angleterre avait su, grâce à ce dernier produit, fabriquer un excellent acier de cémentation. Celui qu'en lira Bridimus lui-même fut reconnu de bonne , qualité par deux membres du Conseil des finances aidés de ■sept experts. Nonobstant, la vieille forge chômait déjà en 1753 el on lit dans un document de 1757 : « La fabrique d'acier de Bridimus n'a pas fait de progrès ; il a cédé cette usine à Paul Naveau, de Renlies, qui travaille le fer fort en barres, il n'avait fait que six à sept mille livres d'acier et environ cent mille livres de fer. » I/entreprise avait dû être abandonnée parce que les procédés de fabrication étaient trop coûteux et aussi parce que l'Allemagne importait chez nous 290,000 livres d'acier à dtes prix empêchant la production belge, dte soutenir la concur rence. Comme le rappelle Franquoy, l'Allemagne produisait, er effet, par l'affinage de la fonte, dtes aciers naturels qui offraient sur les nôtres deux sortes d'avantages : le bas pri> •résultant de la rapidité de l'opération et, de plus, la gupério rité dérivant de l'excellente qualité de ses fontes miroitantes Nous devons encore signaler les essais faits un peu plu: tard, à Jumet, pour arriver à produire de l'acier. En 17ôi on voit les sieurs De Moors, d'Arquenne, et Berthuin Arnolc demander au gouvernement une avance de 1,200 florins poui les mettre à même d'agrandir la fabrique d'acier qu'ils avaieni établie dans celle localité. La tentative de Jumet paraît avoii échoué, comme celle de Rance, et sans doute pour les même: raisons. En 1807, pendant notre réunion à la France, la Sociéti d encouragement proposa un prix de 4,000 fr. pour celui qu parviendrait à fabriquer < en grand de l'acier fondu égal ci qualité au plus parfait des qualités étrangères ». Le 17 février 1808 le secrétaire de la société constatait dans son rapport, que « les frères Ponc-elet, de Liège, par 1: fabrication de leur acier, venaient de -mettre enfin la F ranci en possession d'un procédé si important, si désiré dans le arts, découverte qui promettait de grands résultats et qui : mente l'appui du gouvernement ». Le rapporteur constatai ensuite que les conditions exigées par le gouvernement s mouvaient remplies, à savoir que la manufacture des frère i oncelet était en état de subvenir à une grande partie de ■besoins du commerce et qu'elle était capable de soutenu ' Par les prix, la concurrence avec les fabriques étrangères. El conséquence, le rapporteur proposait à la société « de dé clarer le prix de 4,000 fr. gagné par M. Poiioelet et de lu decerner une médaille d'or frappée en se servant d'un ooii jfait avec son acier ». MM. Poncelet reçurent, en Outre di • gouvernement une récompense de 30,000 francs. Comme le constate Biiavoine, celle fabrique resta loSgtemn la seule que possédât la Belgique. Il ajoute que l'acier de cett ,us*"e fabriqué a\ec du fer étranger et qu'il était loin d •surtire a lu consommation entière du pays. Des essais pour la fabrication de 1acier furent égalemen tentes a Couvin, en 1826, par Hannonet-Gendarme. < C'éta *! p. afler de. cémenta lion corroyé, qui rappelait 1 acier fond t Angleterre dans plusieurs qualités. » 11 était fait avec le fe ue Couvin. L'installation comprenait « une afiiiiorie d acie avec deux marteaux mus par une roue hydraulique un "fou de 1830entall°n CCS 6SSaiS cessèrent avec la révolutk* Briavoine nous apprend encore que « M. Cockeriil, à S( Mbea"i.a Namur' M" l)uis encore avar eux M. Salmon, a lournay, ont tente l'entreprise* on pourra en citer d autres, mais aucun résultat définitif n'en est sorU : il convient, enfin, de signaler une tentative qui fut faite cédé ^J?5, Cha,rler?i' 18^ Pour l'application du ^ CQe Chenot, lequel eut son moment dte vogue. Les statuts de la Société anonyme pour la fabrication de l'acier par le procédé Chenot avaient été approuvés par arrêté royal du 8 juin 1856. A peine constituée, la nouvelle société prit en location, de la Société de la Providence, l'usine à fer que celle-ci possédait à Couillet et qui avait été établie naguère par Charles de Cartier, avec faculté pour la firme Clienot d'en acquérir la propriété moyennant le prix dte cent mille francs. Quant à la fabrique d'acier elle-même, elle avait été autorisée par arrêtés royaux du 31 août 1857 et du 28 janvier 1859. Les installations comprenaient 3 fours de fusion et de cémentation, 5 foyers de chaufferies, 40 fours de fusion, 2 fours à puddler, 2 fours à réchauffer, des trains de laminoirs, 1 marteau-pilon, 1 marteau dégrossisseur, 2 machines à comprimer, des machines à vapeur, etc. « Depuis quelques années, écrivait Franquoy à la fin de 1859, la fabrication de l'acier est entrée dans des voies nouvelles. L'application du procédé Chenot à l'usine de Couil'.et a fourni au commerce des produits que l'on ne distingue plus, que par la modicité dte leurs prix, des meilleurs aciers d'Angleterre. » Franquoy ajoutait : « Malheureusement, les fabricants, s'exagérant l'importance immédiate de leurs débouchés, ont établi leur usine sur une échelle qui n'est pas aujourd'hui en rapport avec la consommation. » Et il concluait en disant : « Espérons cependant pour la Belgique que, grâce à l'excellence de ses procédés, celte usine saura se tirer des difficultés de sa situation et qu'elle livrera au pays de Liège de bons articles à bas prix. » Ces espérances ne devaient malheureusement pas plus se réaliser que celles provoquées, un siècle plus tôt, par l'entreprise de Bridimus. Au mois de septembre 1861 le Journal de Charleroi annonçait, en effet, que l'aciérie de Couillet, « qui avait fait une si belle entrée dans le monde industriel, mais qui n'a donné jusqu'ici que des résultats ruineux », devait subir une transformation prochaine. ; Mais les choses n'allaient point tarder à changer totale-1 ment de face, grâce au procédé Bessemer et surtout au procédé Thomas. Comme le constate M. Léon Delacuvellerie dans un article remarqué de la Revue de Belgique, tout le monde connaît la révolution qui s'est opérée dans la sidérurgie depuis un demi-siècle.« En insufflant de l'air dans un convertisseur pour décarburer la fonte et obtenir un fer plus homogène que celui que donne le laminage, Bessemer a inventé l'acier coulé, qui n'est donc que de la fonte de fer à peu près décarburée ou du fer un peu carburé. » Le procédé Bessemer, qui réussit pour la première fois à Edsken, près de Fahlun, en Suède, à l'usine de M. Goranson, le 5 janvier 1859, ouvre, en effet, une nouvelle ère dans La sidérurgie, comme l'avaient fait la fusion des minerais de fer au combustible minéral en 1750 el l'invention du pudd-; lage en 1784. l Pendant plusieurs années la fabrication du nouveau métal L resta en Belgique la spécialité de la Société John Cockeriil. Notre pays ne possédant pas de minorais convenables, il fallait aller chercher en Espagne des liématiles renfermant [ 50 à 60 p. c. de fer. . Puis vinrent Anglcur el Ougr'ée. S Le Hainaut s'était, pour la fabrication de l'acier, laissé oon-( sidérablement devancer par la province de Liège et par t l'étranger. , Il en résulta pour noire province un grave préjudice, notam-j ment en ce qui concerne la fabrication des rails. 3 C'est vers 1871 que le rail en acier avait commencé à être mis en usage sur notre railway et, depuis lors, il n'avait cessé | de prendre un développement de plus en plus considérable, au détriment d'u rail en fer. j En 1869 la production des rails en fer dians notre provinee j atteignait 105,300 tonnes, avec une valeur de fr. 163-67 à la j tonne. En 1879 la production s'accrut encore; elle monta à 130,600 tonnes et la valeur moyenne ;i la tonne s'éleva à fr. 169-57.: Mais à partir de ce moment la fabrication ne cessa de reculer ~ et en 1885 elle était réduite presque à rien, ainsi que le montre le tableau suivant : l PrortnrHnn ValAiin de rails. Valeur totale. de la tonn«. Tonnes. Francs. Francs. 1870 1,10,(500 22,142,700 169-57 1S71 85,1)00 14,:if.S,X 0 108-98 1H72 59,800 14,13 <,300 236-40 1873 71.300 18,(>24,000 252-70 1874 87,700 17.87I.B0Û 221-41 1 1875 48,500 0.858.900 203-21 187 6 37,6.0 6,07'.9 0 177-57 1877 22,500 3,16 '.100 140-74 t 1878 28,600 3,953.901 137-13 . I8i9 n,(S00 ï,4i'5,;00 126-35 t 1880 36,000 5,782,600 160-86 1881 . , , . . 24,000 8,666,300 152-51 i 1S82 17,600 2,778,800 157-77 1883 . . , . . 10,900 1,653,900 142-56 1884 7,200 024,250 129-26 18545 6,700 853,570 427-70

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