Vive Nameur po tot JOURNAL MENSUEL Directeur : Léon DELOOZ, G. 1 13 Calais. — A. T , 5, Bue de Valenciennes La Réponse « L'Ami de ÏOrdre ». le seul journal qui ait reçu l'autorisation de paraître à Namur, a osé publier dans son édition du 29 novembre, a la première page el pivciséinenl à l'endroit réservé pour les communications de l'autorilé allemande, un poème injurieux et outrageant pour la nation allemande. J'exprime mon indignation, et en présence des sentiments aussi vilains que lâches, j'ordonne : 1. La publication du journal « L Ami de l'Ordre » est suspendue. 2. Le numéro visé doit être détruit, quiconque sera trouvé en possession d'un exemplaire sera poursuivi. 8. Le directeur et ie rédacteur sont arrêtés. 4. Des poursuites judiciaires sont introduites; les coupables subiront les peines les plus sévères, conformément aux lois martiales. 6. Il est défendu Jusqu'à une date ultérieure de ré-j pandre et de vendre des journaux non allemands, et ceci dans toute la place lortifiée de Namur 6. Je fais l'obligation à toute la population de Namur de me dénoncer les coupables et de porter à ma con-' naissance tout soupçon sérieux qui pourrait amener | l'arrestation des coupables mettant toute une popu-; lation en dangrer. Baron von HIRSCHBERG. Lieutenant Général et Gouverneur de la Position l'ortiftee de Namur. Namur. <— Imprimerie F.mile CHANTRAINE. rue ^e. la Croix, 36-38 L'Acrostiche ! « As-tu lu ? » — « Quoi ? » — « L'Ami de l'Orare! » — « Non !» — « Tiens! Colonne de droite, en haut de la page: Ma sœur, te sou-vient-il ?» — « Pas mal, cette poesie ! » — « Fais l'acrostiche ! » — Péniblement, j epelai : M. E. R. T. 15. P. O. U. R. L. E. S. A. L. L. E. M. A. N. D. S. Nous sortons et arrivons place de la Gare. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre : tous les Namurois jubilent ; le nez des boches s'allonge, s'allonget ! A chaque pas on rencontre des groupes ou l'on se montre en l'expliquant la poésie a allures si anodines et ce sont des fusées de rire fou ; a côté, des officiers allemands, l'Ami à la main, tordent rageusement leur moustache et palabrent avec force cris rauques sur les conséquences de cet acte « aussi vilain que lâche ». Chez Iléro-Wuillot, c'est l'assaut ; tout le monde en veut. C'est l'entente... cordiale entre Belges et Allemands pour l'acquisition au même article. Durant toute la soirée, ce fut le même spectacle de joie enfantine et de couroux rageur. Je ne garantis pas que quelques concitoyens n'ont pas profité de la liesse générale pour forcer la dose en s'administrant une de ces cuites soignées ! Excusons-les ! Mais, le lendemain ! Notre Gouverneur Militaire, le Baron von Hirschberg, informé du délit, avait trempé sa plume dans du liel et écrit rageusement la proclamationt destinée a mater nos concitoyens par la perspective des dangers « que courait toute la population ». Ce furent de nouveaux attroupements devant les affiches apposées a profusion et les rires reprirent, inextinguibles, cette fois. Vraiment, c'était trop drôle ! Von Hirschberg, minus habens, vous n'avez rien compris au tempé-ramment namurois. Pourquoi ne pas faire comme nous: éclater de rire, tout simple-meot ? Ce n'était qu'une plaisanterie ; devant elle, vous avez fait un moulinet avec votre grand sabre. Avouez, Excellence, que c'était grotesque. Ernest DELVIGNE.

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