La nation

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s.n. 1914, 15 July. La nation. Seen on 28 March 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/3t9d50gm0j/
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4 e ANNEE. N0 24. — Le Numéro : centimes. Affilié à l'Union de la presse périodique Belge. Mercredi 15 Juillet 1914 LA NATION « Pour la Culture Française. Journal tiefodomadatre paraissant le mercredi. « Pour la Culture Française. » ABONNEMENTS : Belgique : 3.50 francs ; France : 5 francs; Étranger : 7 francs. BUREAUX DU JOURNAL : 106B, Rue de TArbre-Bériit, Bruxelles Téléphone B 1848. Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus. Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés à la rédaction. ANNONCES : On traite à forfait. L'UNIVERSITÉ FLAMANDE M. Debroqueville, bien qu'il ne soil point ministre de l'instruction publique, est allé parler aux électeurs -de Turnhout de la création d'une Université flamande. L'éloquence de M. Debroqueville a ceci de spécial que, lorsqu'il éprouve le besoin de faire quelques déclarations importantes sur la politique ou les projets du gouvernement, ces déclarations reçoivent aussitôt les interprétations les plus diverses et les plus contradictoires.On ne sait pas encore à présent si le chef du cabinet a promis la création à Gand de cours flamands à côté des cours français qui y sont donnés actuellement, ou s'il a annoncé vouloir aller du premier coup jusqu'à la flamandisa-tion complète de l'Université. D'après les commentaires derniers venus, il semble que ce soit cette dernière interprétation qui est la bonne — ou du moins la plus exacte, car au point de vue des résultats qu'il faut en attendre, elle n'est certes, pas bonne du tout. Cette interprétation e^t aussi celle qui est dans la logique des choses. Deux solutions, en effet, ont été proposées pour donner satisfaction aux désirs de messieurs les flamingants d'avoir une Université flamande. La première, ce serait de créer de toutes pièces une Université nouvelle qu'on établirait à Anvers, centre du mouvement flamand, ou, si on le préfère, à Turnhout. Ce serait la solution simple et logique ; elle n'aurait d'autre inconvénient que de faire dépenser sans grande utilité l'argent des contribuables. Mais cette solution, les flamingants ne veulent pas en entendre parler; et les Anversois les tout premiers refusent le cadeau qu'on veut leur faire, quelque avantage que cela présente pour eux au point de vue local. Et au point de vue de l'hypothétique prospérité de l'Université flamande elle-même, il n'est pas douteux que cela pourrait leur amener au moins la clientèle anversoise bien plus sûrement que si, obligés tout de même d'aller finir leurs études à Gand, les étudiants flamands peuvent y choisir entre l'instruction flamande et l'instruction française. Mais voilà! C'est justement de ce libre choix que l'on ne veut point. La gangue flamande ne peut se répandre et prospérer que par la contrainte ; pour l'indicateur des chemins de fer et le guide téléphonique, laisser le choix entre une- édition française et une édition flamande, c'est faire constater la parfaite inutilité de celle-ci. Alors on introduit de force le flamand dans des éditions bilingues, où l'on a soin d'ailleurs de lui donner la première place ; la loi sur l'enseignement moyen est basée sur le principe de la contrainte linguistique : les habitants du pays flamand n'ont pas le droit de faire instruire leurs enfants en fran- ' çais. C'est le même principe qu'il s'agit d'établir en matière d'enseignement supérieur. Ainsi que l'on --veuille mettre les cours flamands à côté des cours français, ou qu'on veuille les mettre à leur place, ce sera blanc bonnet et bonnet i blanc, parce qu'on se réservera toujours d'ajouter une jolie petite disposition obligeant les étudiants originaires du pays flamand à « préférer » les cours flamands. Reste à voir si la Chambre écoutera d'une oreille corn- , plaisante les suggestions du ministère ; il se peut que cette solution enthou- i siasme les électeurs de Turnhout et ' leur député. Mais elle sera sans doute 1 moins goûtée par les Gantois qui tiennent à bon droit à garder leur université française. Peut-être le gouvernemant compte-t-il sur l'appui des séparatistes wallons j dont quelques uns sont assez'portés à dire qu'il faut laisser faire les flamin gants en Flandre pourvu qu'ils ne tou-:hent point à la Wallonie. Mais ce serait là jouer un jeu de dupe, car si les flamingants veulent l'unité de langage dans le pays flamand, cela ne les împêche pas de réclamer le bilinguisme dans le reste du pays. Et forts des succès qu'ils remportent d'un côté, ils n'en exigent que plus impérieusement qu'on leur donne satisfaction de l'autre. Il n'y a du reste point contradiction :omine on pourrait le croire d'après les apparences, puisque, de part et d'autre, c'est à la contrainte qu'il faut avoir recours pour imposer des solutions absolument contraires aux nécessités sociales et aux désirs des populations. Et il est tout aussi fâcheux d'imposer le flamand en Flandre à ceux qui veulent y parler français que de l'imposer en Wallonie où le bilinguisme n'a jamais existé. Espérons donc que outre cette fois-ci au moins il n'y aura point de fissure dans le bloc antiflamingant. Hermann DUMONT. La part du rêve. — A propos de l'affaire Rutlar.d-Shakespeare, laissez-moi vous conter une anecdote. Célestin Demblun, qui vient de faire paraître un second ouvrage sur la question qui le passionne le plus au monde, se trouvait, un soir de l'hiver dernier, ail Cercle Artistique de Bruxelles, clans la foule, après une conférence de Riche-pin qui, pour plaire aux demoiselles des Annales, avait lavardé sur Shakespeare et beaucoup malmené notre député-compilateur . Deux vieux Messieurs, très élégants, marquis pour le moins, écoutaient sans te connaître, Demblon critiquant à voix assez haute les pantalonnades de l'académicien.L'un des curieux lui dit soudain : — On annonce un second volume sur l'auteur de Roméo par « ce Monsieur Demblon »... Est-ce que vous avez entendu parler de ça?... Dites, vous qui avez l'air de vous y connaître. Et Demblon de répondre, sans sourciller : — J'en suis à corriger les épreuves... CRISPIN DE PASSE. ÉCHOS Les amitiés franco-belges. Ce n'est pas seulement dans le domaine littéraire ou philosophique que s'affirment es amitiés franco-belges. Les luttes de 'industrie les montrent également. M. Ar-Del, directeur des Forges de Douai, vient d'être promu commandeur de la Légion J'honneur. Or, les succès des grands établissements métallurgiques de Douai ont iussi valu au grand industriel français la osette de l'Ordre de Léopold. La Sybille de Turnhout. M. de Broqueville a-t-il, oui ou non, promis à Turnhout de flamandiser l'Université Je Gand ou bien s'est-il contenté de pro-nettre aux flamingants un haut enseigne-nent supérieur flamand distinct de celui donné à Gand? Nous n'en savons rien. Personne n'en ;ait rien. M. de Broqueville en sait-il quelque chose? Seul M. le député Verachtert le sait, ui, car il a fait à un journaliste les décla-ations suivantes : L'honorable M.de Broqueville n'a pas dis-ribué à Turnhout de l'eau bénite de cour, linsi qu'on serait tenté de le croire, mais I a, au contraire, fait des déclarations les dIus catégoriques quand il a affirmé notam-nent qu'en 1915, l'enseignement supérieur serait donné en flamand à l'Université de Hand. Lorsque je me suis informé auprès Je lui pour demander s'il fallait interpréter ;es paroles dans le sens de la flamandisa-ion de l'Université de Gand, il m'a répondu II affirmativement Il n'est jamais entré dans l'intention du ministre de préconiser l'érection à Gand d'une université flamande à côté de l'université existante, je vous répète que la déclaration de M. de Broqueville vise uniquement la flamandisaiion de l'université gantoise, ainsi que lui-même me l'a formellement certifié. Il est donc inutile d'ergoter plus longtemps sur la signification de la déclaration ministérielle. Un projet de séparation administrative. Nous reproduisons ci-dessous, à titre documentaire, un projet de séparation administrative préconisé par M. Destrée, dans un discours prononcé il y a quelques jours à Piéton : " ... Il faut donner à la Wallonie la garantie qu'elle ne sera pas écrasée par la Flandre et vice-versa. Un procédé peu compliqué pourrait être préconisé, entre autres; c'est de faire voter au Parlement, successivement, les dépiités de la partie flamande, et ceux de la partie wallonne, et de décider qu'aucun texte ne serait adopté que lorsqu'il aurait réuni les deux majorités. Pareille disposition consacrerait l'autonomie des deux régions et leur union ; elle rendrait impossible toute législation heurtant violemment les unes ou les autres. Elle rendrait impossible toute politique de parti. Pour cette raison seule, je la présente aujourd'hui sans grand espoir d'être écouté, car tous les partis vont la trouver absurde ; — mais pour cette raison aussi, j'attends de l'avenir ma revanche avec une certaine confiance * » Les Suisses se plaignent. Comment les Allemands les traitent. — Le journal la n Fédération horlogère suisse " publie la note suivante, qui jette un jour curieux sur la mentalité allemande./ y £ Une maison d'horlogerie de la Chaux-de-I'onds, qui avait adressé son catalogue à une maison d'Idar, vient de le recevoir en retour, avec l'aimable mention : " Bitte um Vorlage Ihres Preis-Courants in deutscher Sprache ; wir sind keine Fran-zôslinger oder Franzosenknechte wie die freien Schweizer Pfui ! ! Ce qui veut dire : Prière de nous soumettre votre prix-courant en langue allemande, car nous ne sommes pas des assujettis français ou des valets de Français comme le sont les libres Suisses!! Sans vouloir attacher une importance exagérée à cette réflexion d'un commerçant en mal de patriotisme xénophobe, nous devons cependant lui faire remarquer qu'il emploie lui-même le terme de Preis-" Courants " qui est bien français, ce dont nous le félicitons d'ailleurs. Heureusement, le commerçant d'Idar est une exception dans le monde de nos clients d'Allemagne. * * * Le crédit de la France. Le gouvernement de la République demandait au pays 800 millions. Le pays lui apporte plus de 32 milliards : l'emprunt a en effet été souscrit plus de quarante fois. Or, en 1913 et 1914, l'Autriche n'est parvenue qu'à grande peine à placer 550 millions et l'an passé, la Prusse ayant émis pour 400 millions de bons du trésor, la moitié de ces 400 millions fut à peine souscrite.Que l'Autriche et l'Allemagne en prennent leur parti : les peuples les plus forts ne sont pas ceux qui parviennent à aligner le plus de soldats. Il n'y a plus de juges à Berlin. Le vaudeville a tourné au drame : Hansi, prévenu d'un crime de haute trahison pour avoir publié un album d'images destiné aux enfants, a été condamné à un an de prison par le tribunal d'empire de Leipzig. On croit rêver à la lecture des débats du procès, qui dénotent de la part des juges une partialité révoltante. Ainsi, pour avoir dessiné des images pour les enfants de France, un homme, un artiste est condamné à un an de prison ! Décidément, il n'y a plus de juges à Berlin..., ni à Leipzig. Quant à Hansi, qui a supporté avec un beau courage l'épreuve qu'il vient de traverser, il se tire tout à son honneur de l'aventure : désormais tous les amis de l'Alsace liront n Mon village " et apprendront à leurs enfants que pour avoir dessine ces images, un homme a été emprisonné. Décidément, Bismarck avait raison quand il disait : " Nous autres, Allemands, nous ne parviendrons jamais à nous faire aimer. n Il y a de quoi... BRAVO! L'on se souvient des récents incidents que provoquèrent les flamingants aux assemblées de la Fédération de l'enseignement moyen officiel de Belgique. Un groupe de professeurs vient à ce propos d'adresser aux membres de la Fédération la circulaire suivante que nous nous faisons un devoir et un plaisir de publier in-extenso, en félicitant chaleureusement de leur courage civique et de leur clair bon-sens ces courageux défenseurs de notre cause. Messieurs et Chers Collègues, Nous avons pris connaissance des propositions de la Commission spéciale, dite du Bilinguisme, et il ne nous a point paru que ieur vote éventuel pût ramener le calme et la paix au sein de la Fédération. Au contraire, nous croyons que tous les gens sérieux et de bonne foi s'entendraient volontiers sur la proposition suivante : Considérant que la Fédération a été fondée uniquement pour défendre les intérêts professionnels de ses membres et qu'elle ignore et doit continuer d'ignorer les conflits particuliers d'opinions, de langues ou autres qui divisent ceux-ci ; Considérant d'autre part qu'appelée par son but même à se constituer fréquemment eu assemblée délibérante, la Fédération a besoin d'une langue commune ; Considérant que tous les membres de la Fédératfon connaissent le français, tandis qu'un grand nombre d'entre eux ignorent le flamand; que, par conséquent, snns préjuger de la supériorité de l'une ou de l'autre de ces langues et en respectant sur ce point les idées de chacun, mais en se plaçant sur le terrain des faits et de la pratique, il paraît évident que cette langue commune doit être le français ; Pour ces motifs, nous proposons l'adjonction au règlement des deux articles suivants : A) Toute discussion politique ou linguistique est strictement interdite au cours des séances de la Fédération. B) La langue française sera employée, à l'exclusion de toule autre, dans les débats et dans la rédaction de pièces émanant de la Fédération. Sur ces questions, le débat est épuisé et les opinions sont faites. Continuer la discussion au cours d'une prochaine séance serait une faute dont le prestige du corps enseignant aurait gravement à souffrir. Nous demandons doncau Comité de bien vouloir organiser un referendum officiel sur la proposition formulée ci-dessus et d'en faire entériner purement et simplement le résultat dans la prochaine assemblée générale ordinaire. Au cas, mais au cas seulement où cette procédure ne pourrait être suivie, nous demandons la réunion, à bref délai, d'une assemblée générale extraordinaire ayant la dite proposition à son ordre du jour. Il y aurait intérêt, alors, à ce que cette assemblée fût réunie l'après-midi pour permettre aux groupes de tenir, le matin, une réunion préparatoire, de désigner leurs orateurs et de fixer leur manière de voir, ce qui faciliterait et abrégerait les débats de l'après-midi. Si notre proposition vous agrée, Messieurs et Chers Collègues, si vous êtes d'avis qu'elle est de nature à donner satisfaction à tous ceux de nos membres qui placent avant toute chose le souci de la dignité de nos débats, nous vous prions de bfen vouloir apposer ci-dessous vos signatures et de renvoyer d'urgence (avant le lOjuillet) cette circulaire à M. Stassart, professeur à l'Athénée Royal de Bruxelles, rue du Chêne, 13. Agréez, Messieurs et Chers Collègues, l'assurance de nos sentiments confraternels.Un Groupe de Professeurs. Notre prochain numéro sera consacré aux fêtes du centenaire du Prince de Ligne. EN MARGE DE L'ACTUALITÉ BISMARCK ÈT QHÂMOERLAIN J'ai gardé le souvenir bien précis d'une conversation que j'eus l'an dernier avec Joseph Chamberlain. Nous parlions des incidents de Saverne. « — Voilà, lui dis-je, l'œuvre de Bismarck. » Après un instant de silence, l'ancien secrétaire d'Etat pour le Colonial Office me répondit : « — En politique, je fus disciple de Bismarck. Dans notre œuvre à tous deux les résultats seuls furent différents. » Rien n'est plus juste que cette réflexion. Le parallèle entre Bismarck et Chamberlain s'impose manifestement. Cet aveu rétrospectif explique et justifie non seulement les ambitions patriotiques de l'éminent homme d'Etat anglais, mais il nous livre encore le secret de sa tactique politique. Dominé tout entier par la grande idée de l'Impérialisme Anglais, Joseph Chamberlain s'efforça toujours de resserrer fortement les liens unissant les colonies au Royaume-Uni et de constituer ainsi un empire dont toutes les parties fussent étroitement solidaires les unes des autres. Pour réaliser le rêve grandiose qui le hantait, Joseph Chamberlain poussa son pays dans l'aventure Sud-Africaine. Cette guerre contre le Transvaal et l'Orange fut son œuvre. Ce fut lui qui la prépara, la rendit inévitable en usant sous main de toutes les ressources d'une diplomatie féconde en ruses subtiles, afin de forcer l'opinion de la nation anglaise. Je veux la voir, l'aigrir, la suivre et, s'il se peut, M'engager sous son nom plus loin qu'elle ne veut aurait-il pu dire après Britannicus. Mais l'ancien boutiquier connaissait peu les classiques anglais et moins encore les français. A défaut d'une culture littéraire, il avait l'énergie tenace et ardente, passionnée et soutenue, le flegme et la volonté des grands politiques. La façon dont il exploita la question des Uitlanders pour acculer les Républiques' sud-africaines à la guerre, la façon dont il engagea une guerre de conquête alors que le premier ministre, lord Salisbury, avait affirmé solennellement au Parlement que l'Angleterre ne cherchait dans l'Afrique du Sud « ni or, ni territoires nouveaux » ; la façon enfin dont il exigea la soumission totale des Boers et des Orangistes, après qu'ils eurent soutenu trois années durant une lutte héroïque pour le maintien de leur indépendance, cela fut de la grande politique.Napoléon l'eût admirée et Bismarck n'eût pas fait mieux, c'était bien là sa manière. Le chancelier de fer, avant Joë Chamberlain, avait été possédé par l'idée du grand empire germanique. Lui aussi s'efforça sans trêve de renforcer étroitement les liens qui unissaient ies pays de l'Allemagne morcelée pour en faire un Etat unique dont toutes les provinces fussent, elles aussi, directement solidaires les unes des autres. 11 poussa résolument la Prusse dans les tristes aventures de 1886 et de 1870. Les guerres contre l'Autriche, le, Danemark et la France furent conçues par lui. Ce fut lui qui les rendit inévitables — même par des moyens d'une correction douteuse — ; ce fut lui encore qui les poussa jusqu'à leurs plus extrêmes conséquences avec une logique et une ténacité impitoyables. «Les résultats seuls furent différents.» Jamais je n'oublierai la tristesse de Joseph Chamberlain en prononçant ces paroles. 11 songeait alors qu'il avait doté l'Angleterre d'une colonie forte, puissante et prospère qui est aujourd'hui presqu'une sœur de la Métropole. Malgré cela il fut blâmé. Des haines formidables pèseront sur sa mémoire. Bismarck, au contraire, a séparé l'Allemagne de l'Autriche, contre-poids cependant nécessaire dans l'organisation de l'empire. Par l'annexion arbitraire, brutale et sans forme de l'Alsace et de la Lorraine, il a amené dans l'empire de redoutables éléments de discorde, 11 n'en restera pas moins un dieu, un fétiche allemand, un des plus grands saints du martyrologue prussien, celui dont la fête est solennellement fêtée chaque année par un culte officiel et par la longue théorie des pèlerins tout brûlants de ferveur qui accourent sur sa tombe des quatre coins de l'empire avec la béatitude fanatique du Musulman touchant à la Mecque... Triste retour des choses d'ici-bas,son-geais-je en roulant ces pensées, tandis que je suivais le cercueil de Chamberlain. Georges BEUV1LLERS. " LAISSEZ TRAVAILLER ou « Le bon patriote et le méchant pacifiste ». (Dialogue) — Comment? Quelle audace I Que dites vous là? Nous devrions nous aimer les uns les autres. Quelle effronterie et de quoi vous mêlez-vous? Ah! quelle petitesse est la vôtre. Car dites le moi, est-il rien de plus glorieux que la haine d'un peuple pour un autre, est-il rien de plus enthousiasmant et surtout, quand les griefs sont fondés, que la cause est juste? Ainsi nous autres Français, ne devpns-nous pas haïr les Allemands... — Pourtant, il faudrait être prudent, peut-être. Ne pas trop exciter l'une contre l'autre les deux grandes nations. Les hommes sont devenus plus doux certes, mais les rages belliqueuses, ne sont peut-être qu'endormies dans la foule « civilisée ». Les possibilités d'une guerre sont peut-être moins éloignées, que vous ne pensez beaucoup moins. — Eh bien, soit « Vive la guerre! » — Vous dites? — Je dis, eh bien soit, vive la guerre, nous n'avons pas peur. — Oh, je n'en doute pas; mais comment pouvez-vous dire cela! Savez-vous, bien ce qu'est la guerre? — Mais oui, mais oui; je m'en vais vous le dire. La guerre, disait notre professeur à l'Université de Bruxelles. La guerre... c'est des canons, des chevaux, des soldats... et tout ça se tue. Vous voyez bien que je n'ignore point ce que c'est... Eh bien s'il le faut cependant... — Tout doux, tout doux et un peu moins de fougue. Rappelez donc dans vos souvenirs, ce que vous me disiez il y a quelques mois, quand votre pauvre père était si malade. — Quel rapport, voyons? Qu'ai-jebien pu dire ? — Souvenez-vous, on venait d'opérer votre pauvre père. Il souffrait d'une soif ardente et défense absolue de lui donner à boire. De plus le moindre mouvement augmentait les douleurs et comme le malade était trop faible pour crier il grimaçait ses souffrances. Vous avez, soupiré et vous m'avez dit : «Ah, combien doivent souffrir ceux qui gisent meurtris dans la poussière des champs de bataille,brûlés de soleil le jour, glacés de froid la nuit et sans personne pour les réconforter ». — Oui, c'est vrai... et pourtant si c'est nécessaire, l'homme ne doit-il pas se soumettre aux plus grandes souffrances... moi-même... — Certes, si cela est nécessaire. Mais avant de condamner les hommes à la mort • avec supplice, que même les Chinois ont supprimée, il faut y regarder à deux fois. Avant de couper la tête à quelqu'un, de faire éclater des shrapnell dans son corps, (voyez nos photographies de la guerre des Balkans) de loger des balles dans son cerveau ; il faut avoir épuisé toutes les chances de salut. Et pourtant c'est ce que vous ne voulez pas admettre. — Moi? — Mais oui, ne disiez-vous pas tantôt. Eh ! bien soit vive la guerre. — Certes encore, mais je ne l'entendais pas ainsi, vous me feriez peur vraiment.— Oh I oui vous pensiez, à ces guerres en dentelles; à ces guerres de roman. Les « Schneider » et les « Krupp » hélas parlent un langage beaucoup plus réaliste. — Et pourtant.... — Quoi, vous recommencez? — Non, non, je suis d'accord avec vous. Cependant... vous allez me dire, peut-être avec raison, que je fais de l'héroïsme en chambre. Cependant, s'il le fallait absolument, il ne faudrait peut-être pas trop redouter la guerre et le carnage même. — S'il le fallait absolument, je vous prends au mot, cela va déjà mieux. Mais le faut-il absolument. En êtes-vous sûr ? Tenez, pour en revenir à la France et l'Allemagne. Croyez-vous, que les questions en litige et cette fameuse question d'Alsace entre autres, ne puisse se résoudre que par la guerre et le meurtre seulement ? — Je n'ai pas dit cela. — Soit, mais alors pourquoi fomenter la haine, pourquoi jubiler au moindre différend entre les deux pays. — Vous savez qu'en Allemagne, il existe un grand parti de l'entente, qui tous les jours se développe davantage. Un parti de la « raison pure », le parti des « vive la France ». Attendez qu'il vienne au pouvoir et ne faites donc pas le jeu des pangermanistes. — Moi, vous voulez rire. — Hélas non, la question est trop sérieuse et croyez bien que les militaristes d'Outre-Rhin, se réjouissent de toute attaque dirigée contre l'Allemagne. Vous voyez, disent-ils comme on nous arrange. Allons une petite brimade de

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