La nation

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s.n. 1914, 06 May. La nation. Seen on 01 May 2024, on https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/en/pid/5q4rj49g6j/
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4c ANNEE. N 0 14. Le Numéro : S centimes. Affilié à l'Union de la presse périodique Belge. Mercredi 6 Mai 1914 LA NATION « Cour la Culture Française. » Journal hebdomadaire paraissant le mercredi. « Pour la Culture Française. » ABONNEMENTS: Belgique : 3.50 francs ; France : 5 francs; Étranger : 7 francs. BUREAUX DU JOURNAL : 106B, Rue de l'Arbre-Bénit, Bruxelles Téléphone s 1648. Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus. i II sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés à la rédaction. ANNONCES : On traite à forfait. L'UNION NÉCESSAIRE La résistance énergique aux prétentions flamingantes s'accentue chaque jour et les cris d'alarme jetés depuis longtemps par nos propagandistes trouvent enfin un écho. Je saluais, ici même, à l'occasion du Congrès de Verviers, le réveil de la Wallonie, aujourd'hui très consciente de la nécessité d'une lutte opiniâtre. Des ligues nombreuses ont été fondées partout ; chaque jour il en nait de nouvelles ! Beaucoup d'associations ont fondé un journal ou un bulletin (une demi douzaine de vaillantes petites feuilles hebdomadaires ont vu le jour pendant ces derniers mois dans différents centres de Wallonie) et des amis dévoués y mènent le bon combat pour nos idées. Des efforts très louables ont été faits aussi pour coordonner les bonnes volontés, un peu éparses dans les multiples groupements antiflamingants. Mais constatons-le franchement, ces efforts, jusqu'à présent, n'ont pas abouti. Nous souffrons de cet esprit individualiste qui caractérise surtout les Wallons et nous ne parvenons pas à nous dépouiller de cette tendance néfaste qui consiste à pratiquer « la politique des petites chapelles ». Un incident récent l'a démontré une fois de plus : vous savez que deux Wallons (qui à la vérité n'avaient guère jusqu'à ce jour approfondi le problème si complexe de la question des langues mais dont les intentionSy étaient assurément généreuses et loyales) présentèrent leur candidature « purement wallonne » dans l'arrondissement de Huy. L'un appartenait à l'opinion catholique, l'autre à l'opinion libérale. Cette liste wallonne inquiétait vivement les politiciens de l'arrondissement de Huy et M. de Broqueville n'hésita pas à négocier le retrait de ces candidatures inopportunes en promettant aux deux candidats de les considérer comme les porte-paroles de la Wallonie et d'examiner avec bienveillance toute réclamation que ces « députés officieux » lui transmettraient au nom de leurs concitoyens. C'était une issue, en somme honorable, d'une aventure qui ne pouvait aboutir qu'à un échec, sans profit pour personne et c'était une reconnaissance implicite de nos revendications légitimes. Mais l'esprit de chapelle se manifesta aussitôt : des ligues se réunirent gravement pour proclamer en des « ordres du jour » énergiques que MM. X et Y n'étaient pas les mandataires officiels des ligues wallonnes (ce que personne n'avait d'ailleurs prétendu). Cela on le sait généralement, parce que ces « ordres du jour » furent communiqués à la presse, afin que nul n'en ignore. Mais ce qu'on sait moins, c'est que M. de Broqueville fut assailli de lettres, de sollicitations émanant de « personnalités » de grandeurs diverses se faisant le porte paroles de tels ou tels groupements antiflamingants et disant au ministre : « C'est notre association qui est la seule autorisée pour désigner ceux qui joueront auprès du gouvernement le rôle de députés officieux de la Wallonie; prenez notre ours, M. le ministre, prenez notre ours ! ». Le bon M. de Broqueville a dû beaucoup se divertir en constatant combien il existe peu de cohésion dans les rangs antiflamingants et combien nous dépensons le meilleur de nos forces dans de misérables querelles de chapelles. Quand donc nos groupements comprendront-ils que nous n'obtiendrons utf résultat que le jour où nous aurons scellé loyalement une union « nécessaire » en appliquant la devise : « Chacun pour tous » et « Tous pour chacun » et en excluant toute arrière pensée d'ambitions personnelles. il faut que cessent dans nos organes antiflamingants, ces polémiques stériles dans lesquelles nos meilleurs propagandistes se livrent à d'irritantes attaques réciproques au lieu de liguer leurs efforts contre l'ennemi commun; il faut que les querelles byzantines cessent pour arriver sans retard à constituer l'union sans laquelle nous ne pouvons aboutir. Beaucoup de bons esprits pensent que si le mouvement antiflamingant ne devait consister qu'en querelles intestines et en polémiques personnelles, mieux vaudrait ne pas perdre davantage notre temps. Ne différons plus le moment d'unir loyalement et sans arrière pensée nos efforts contre l'ennemi commun. Demain peut-être il serait trop tard. Et si l'union dans une pensée supérieure de salut, n'est possible qu'au prix du sacrifice de quelques turbulentes et brouillonnes « personnalités », que périssent plutôt les mauvais bergers; nous ferons l'union sans eux, estimant que « l'Idée » seule importe. Hauts les cœurs, serrons les rangs et sus à l'ennemi ! Simon SASjERATH Président de la Ligue Nationale pour la Défense de la Langue française. La part du Rêve Voici un croquis bruxellois, une improvisation sur ce thème pittoresque : Bonjour monsieur, merci ! Elle n'a n'a d'autre intérêt que d'être strictement authentique. Il y a quelque temps, j'avais besoin d'un peu d'étoffe pour me taire faire une cravate par ma femme J'entre dans un magasin et je demande : — 11 me faudrait un peu d'étoffe, mais je ne me souviens plus exactement du nom qu'on lui donne. — Aussitôt, avec son plus gracieux sourire, la demoiselle du comptoir, charmante bruxelloise, m'énumère : — Laine peignée ? — Non... — Cheviott..., drap... — Non... Pas lourd... une espèce de doublure ! — Satinette ! — Non ! plutôt en soie : avec de la laine. Popeline !... finissons-nous par trouver après 10 minutes d'efforts. Après m'être fait montrer tous les coupons de popeline qu'elle possédait, pour pouvoir en choisir d'agréable nuance; après avoir longtemps hésité, je finis au bout d'un bon quart d'heure par en acheter 50 centimètres. Par ma faute le comptoir était magistralement encombré, et plusieurs clientes ne pouvant se faire servir étaient parties furieuses... Croyez-vous que la demoiselle se fâcha? Pas du tout... — 50 centimètres de popeline pour monsieur..., voilà... Bonjour monsieur, merci... Arrivé à la caisse, on me rendit la monnaie.— Bonjour monsieur, merci... Même le chasseur à la porte me dit : — Bonjour monsieur, merci... Le lendemain, j'avais besoin de cigares. J'en fis ouvrir plusieurs caisses, dans un débit de tabac; j'en auscultai une centaine et je sortis sans en acheter un (simplement par expérience), Croyez-vous que le marchand se soit fâché?... Pas le moins du monde.., Il ma reconduisit en disant ; — Bonjour monsieur, merci... * * » J'avais, il y a quelques jours une somme assez rondelette à payer... L'homme de la banque se présente : — Monsieur Crispin de Passe ? — C'est moi — Vous avez à payer trois cent et douze francs et quarante-deux centimes. Je bouleverse deux tiroirs, mes paperasses, sous l'œil narquois de l'encaisseur, je retourne toutes mes poches et je finis par réunir toute ma fortune : trois cent quarante-deux francs quarante - quatre centimes. C'était plus qu'il n'en fallait. — Gardez le reste, fis-je à l'homme de la banque en lui remettant tout mon avoir. — Vous êtes bien bon, dit-il, au revoir. Entraîné par la force des habitudes, lorsque je lui ouvris la porte de mon appartement, je ne pus m'empêcher de lui dire : —• Bonjour monsieur, merci... Un de mes bons amis, bruxellois pur sang, a perdu sa belle-mère avant hier. Comme tous les maris, il adorait la mère de sa femme. On enterrait la brave dame ce matin et pour faire plaisir au pauvre gendre j'assistai à l'inhumation. Mon pauvre ami ne cessait de pleurer... Après que la dernière pelletée de terre fut tombée sur la chère défunte, au moment où tout le monde s'en allait, voilà-t-il pas que mon copain, poussé par une fièvre de politesse " contre laquelle on ne sait rien " s'approche du fossoyeur, lui serre la main et lui dit entre deux sanglots : — Bonjour monsieur, merci. CRISPIN DZ PASSE. ÉCHOS Les " incompétences " à l'oeuvre 11 paraît que la fameuse commission de réforme de l'enseignement moyen a tenu une nouvelle séance au cours de laquelle elle a repoussé, par 26 voix contre 7 et 3 abstentions, une proposition tendant à remplacer, dans la section latine, l'étude du grec par celle des mathématiques supérieures ; elle a adopté, par 24 voix contre 3 et 9 abstentions, la formule de M. le directeur général Klompers, amendée par M. Gravis, ancien recteur de l'Université de Liège, et disant : " Dans la section latine on enseignera, à la place du grec, l'allemand ou l'anglais ; le temps qui reste disponible servira à renforcer l'étude des mathématiques et celle des sciences physiques et naturelles. " Ah ça! Ai-je la berlue? Mais je ne comprends goutte aux décisions prises par ladite commission. A-t-elle voté la suppression de l'enseignement du grec dans les sections gréco-latines, ce qui serait un crime, ou la suppression de cet enseignement dans les sections uniquement latines, ce qui serait une stupidité, puisque jamais le grec n'y a été enseigné. Nous la croyons capable de tout, cette commission dirigée par un ancien professeur de mathématiques qui fut sam Jou;e «n :.-ïTVc-ïne. Quoi qu'il en soit, la décision p"ns'e s'inspire nettement du souci d'éliminer du programme de l'enseignement moyen l'étude des langues anciennes pour la remplacer par celle des mathématiques (passe encore !) ou par celle des langues modernes (ceci est tout simplement ébouriffant I) A l'heure où dans tous les pays du monde et notamment en France l'on en est arrivé, après des enquêtes approfondies, à cette conclusion que seules les humanités classiques peuvent donner aux jeunes gens celte culture générale qui est et doit rester la fin essentielle des études moyennes, en Belgique, quelques 0 incompétences " bombarbées membres d'une commission officielle décrètent que l'enseignement des langues modernes peut remplir ce rôle! Et l'opinion publique ne s'insurge pas contre pareilles inepties et la commission continue sournoisement la mission qu'elle s'est assignée. Vous verrez que dans quelques années, l'on en sera arrivé à remplacer l'étude du latin dans l'enseignement moyen par celle... du flamand. 11 ne nous restera plus alors qu'à envoyer nos enfants faire leurs études en France. * * * Deux poids et deux mesures Pourquoi, si la conversion de M. de Broqueville est sincère, répond-il aussi har-gneusëment à une question de M. Destrée, alors qu'il a couvert de fleurs de rhétorique la Wallonie et les Wallons, dans sa fameuse lettre à MM. de Crawhez et Braconnier ? L'on se souvient de l'élégance et de la politesse de ton de cette lettre. Voici maintenant le texte de la réponse faite à M. Destrée qui avait demandé au président du conseil quelques éclaircissements au sujet des engagements qu'il avait j pris vis-à-vis des deux ex-candidats wal- ; Ions : 11 Je ne puis admettre que ma correspondance personnelle fasse l'objet de questions. n Quant à mon attitude vis-à-vis du projet de flamandisation de l'Université de Gand, je l'ai marquée lors du récent débat qui s'est produit à ce sujet dans les sections.Quant à M. Helleputte, il se tait et il \ sourit. Et quant M. Helleputte se tait et sourit, c'est que M. Helleputte a bien des i choses à dire, qu'il ne dira pas... mais qu'il fera ! * * » A la gloire du Héros. La souscription ouverte dans nos colonnes pour élever un monument à la gloire du héros Thirant qui a contesté à Verhaeren sa qualité de Belge n'a pas donné jusqu'ici les ; résultats que l'on espérait d'elle, tant est ; grande l'ingratitude de nos concitoyens. Pourtant une jeune lectrice de la "Nation", qui nous laisse ignorer son nom (c'est dommage !) nous adresse le montant de son obole en un timbre-poste de 1 centime et accompagne cet envoi de ces vers que nous sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs... et sous ceux de Thirant, si tant est que ce héros lise le journal : A la gloire du héros Thirant Pour commémorer son talent Je souscris d'un nerveux élan A votre appel si pressant 1 Un timbre-poste insignifiant Vous parviendra au jour levant Et c'est le cœur tout débordant D'admiration pour l'homme géant Pour son génie, son art vibrant. Que devant vos mots éloquents Je me prosterne très humblement Fort bas, fort bas, en vous disant : « Récoltez vite beaucoup d'argent « Et construisez le MONUMENT ». * * L'Exemple luxembourgeois. Lors de la réception des souverains belges par la municipalité de Luxembourg, le public qui assista à la cérémonie réclama, après l'exécution des hymnes belge et luxembourgeois, celle de la " Marseillaise n. C'est que, malgré la pénétration économique allemande, la population du Grand-Duché est passionnément francophile. Au Congrès international des Amitiés françaises, tenu à Mons en septembre 1911, M. J oseph Hansen, professeur au gymnase de Dièkirch, nous disait que le succès qu'a eu l'œuvre de l'B Alliance française ", association qui a pour but de propager la langue et la littérature françaises et dont il existe actuellement dans le Grand-Duché quatre comités très florissants, est une preuve manifeste des bonnes dispositions dont tous les partis sont animés à l'égard de la France. Lorsque dans une séance très importante consacrée par la Chambre des députés à la question du français, le président, M. Auguste Laval, demanda au Gouvernement, dans un discours, fort applaudi, de faire un geste généreux en faveur d'une association qui poursuivait un but si éminemment patriotique, il fut soutenu par les orateurs de tous les partis. Jamais encore il n'y avait eu à la Chambre une si belle una-^ TOV':° r£niriï£&' «Ailleurs q«<? t«US les députés tiennent à honneur de se servir de la langue française dans les débats de la Chambre. Deux seulement sur cinquante-trois se servent de la langue allemande et encore ont-ils eu soin de déclarer que s'ils s'abstenaient de parler français, c'était pour ne pas mutiler la plus belle et la plus harmonieuse de toutes les langues. Certains de nos députés flamingants ne pourraient-ils pas régler leur attitude sur celle de leurs collègues luxembourgeois ? La popularité de M. Poincaré. Ce qui console tous les amis de la France de la crise politique dont souffre le plus noble pays du monde, c'est qu'elle a placé à la première magistrature de la République un homme universellement respecté et qui jouit d'une popularité digne de son beau talent. C'est ce que nous disait encore un de nos amis revenant d'un long séjour à l'étranger où le nom de M. Raymond Poincaré est considéré comme un synonyme de courage civique, de moralité et de probité politiques. C'est ce qu'écrivait également, il y a quelques semaines, Jean Bernard, dans 1'" Indépendance ", au cours d'un voyage qu'il faisait au Danemark et en Suède. " Un des sujets qui intéressent au plus haut degré les Danois et les Suédois, disait-il, c'est de savoir les sentiments des députés pour M. Poincaré, qui est ici très populaire dans toutes les classes de la société. On vend dans toutes les villes, mê;ne les plus petites, des cartes postales du président de la République, tandis que les aulres chefs d'Etat européens sont absents des vitrines et des magasins où se débitent ces petits cartons colcriés. B — Ahl me disait un colonel suédois, il n'y a qu'un instant, si à son retour de Russie M. Poincaré voulait passer par la Scandinavie, revenir par la Finlande par exemple et aborder, ne serait-ce que quelques heures, à Stockholm, vous n'avez pas idée de la réception "triomphale qui lui serait faite. Le prestige moral de la France est singulièrement rehaussé dans nos pays rongés de germanisme depuis l'élection du 17 janvier 1913. Un exemple caractéristique de la popularité de M. Poincaré s'est produit à Copenhague au cours de la conférence que j'ai eu le plaisir d'y faire dans la grande salle du " Old Tello Palace ". Il y avait là un millier d'auditeurs, où les dames étaient en majorité et toutes en tenue de soirée, ce qui présentait un coup d'oeil fort gracieux et des plus engageants, Le ministre de France, M. Bapst, et le personnel de la légation au grand complet avaient répondu à l'invitation de 1'" Alliance française ". J'avais été amené à parler de la jeunesse studieuse du Président et j'essayais d'exprimer les motifs qui avaient poussé les hommes de tous les partis à se rallier à cette candidature qui donnait la sécurité morale à tous ceux qui veulent en Europe une France respectée et écoutée. " La salle a tenu à se joindre à cette manifestation respectueuse ; tout à coup, le public tout entier s'est levé et a éclaté en applaudissements, pendant que des cris de " Vive Poincaré ", se faisaient entendre. L'ovation pour notre Président, dans des conditions de déférence particulière, s'est prolongée et le président de l'Alliance, l'amiral Screder, a prié le ministre de France, M. Bapst, de transmettre à Paris les résultats de cette manifestation inusitée, qui se produit pour la première fois et qui prend son importance dans le fait que ce public élégant et choisi appartenait à la haute bourgeoisie de Copenhague, d'habitude si réservée. Naturellement, cet incident imprévu et flatteur m'avait un peu ému comme tous les Français qui étaient là et j'ai surpris une larme furtive dans les yeux d'un des jeunes attachées de la légation. Ce n'est qu'un incident, mais il a tout de même sa petite importance comme indication des sympathies danoises pour l'homme qui a la charge de représenter la France devant l'étranger dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles ". Lettre de Paris (De notre correspondant) — Pourquoi ris-tu? — Pour ne pas pleurer! Foin des jérémiades et rions, puisque rien en réalité ne nous oblige, moi à écrire, vous à lire, des réflexions tissées d'amertume et de mélancolie. Dans tout, au surplus, même dans un enterrement, il y a un côté lugubre et un côté comique; ce dernier, dans l'enterrement, c'est le chagrin des héritiers; alors si vous le voulez bien, regardons passer les héritiers et laissons aux gens sévères et aux journalistes graves la tâche pénible de vous montrer la vilaine face des choses. Tout ce préambule n'a d'autre but que de m'excuser si je me vois contraint de vous parler des élections législatives qui sévissent en ce moment chez nous, comme un des fléaux d'Egypte, déchaînant l'en vie, la haine, l'injure et une foule d'autres aimables personnes que leur papa, le parlementarisme, tient généralement enfermées dans son vaste palais du Quai d'Orsay, mais qui, tous les quatre ans, sont lâchées sur le pays, avec la mission bien nette de transformer en dogues les plus pacifiques des moutons de Panurge et de muer en bourriques jusqu'aux membres de l'Institut. Et quelles révélations! Sans aller plus loin, dans ma circonscription s'est porté candidat un individu — et comment le désignerais-je autrement après tout ce que j'ai appris sur son compte — que j'avais jusqu'à présent considéré comme un très galant homme! Le misérable! comme il cachait son jeu! Par les affiches de ses adversaires j'ai su d'abord qu'il avait perpétuellement vécu dans l'équivoque, puis successivement qu'il était un faussaire, un cynique, un lâche et finalement, une heure avant le scrutin, le dernier des drôles. Qu'il essaye donc, là prochaine fois que nous nous rencontrerons, de venir à moi, fè main tendue, il sera bien reçu... d'autant plus qu'il a été scandaleusement blacboulé. Quant aux résultats... non ! desrésultats il vaut mieux n'en pas parler, parce qu'on s'y perd, on s'y perd. Le « Bonnet Phrygien » proclame « la grande victoire de la République » tandis que « La Fleur de Lys » jette des pelletées de terre sur le cadavre tout chaud du radicalisme. Pourtant dans ce chàos, quelque chose apparait assez clair : nous allons jouir de quelques représentants du peuple qui ne manqueront pas de saveur. La justice m'oblige à déclarer que le parti socialiste, plus que les autres, se pique de nous envoyer des législateurs sensationnels. Dans ses rangs milite le citoyen-pharmacien Barthe, qui doit son siège, son écharpe et ses quinze mille francs à la désinvolture avec laquelle il sut, un jour, prendre au-dessus d'un bénitier, l'attitude pittoresque de votre Manneken-Pis; et aussi le citoyen Inghels qui, il y a quel-jours à peine, parcourait à toute allure, les rues de Tourcoing en offrant, contre 5 centimes, le « résultat complet des courses »; et encore le député de ma circonscription qui, l'autre soir, nous déclarait en ânonnant que « sa conscience passait après les intérêts de son parli »; tel... mais non je m'arrête, car ils sont légion. Légion I parce que le parti radical-socialiste, annihilé, dispersé, se précipite à la rescousse du parti socialiste et lui fait la courte échelle pour qu'il se hisse au pouvoir. Un des généraux que l'Amérique centrale nous envie, le fameux Percin, ne pousse-t-il pas l'abnégation j jusqu'à recommander aux rares électeurs qui, à Neuilly, lui avaient au premier tour accordé leurs suffrages, de reporter ceux-ci, au ballottage, sur le candidat unifié qui a « le drapeau tricolore quelque part » et qui, au nom de l'Internationale, réclame des « balles pour nos généraux ». O! Politique, que d'idioties on commet en ton nom ! En fin de compte, ces élections ne sont ni meilleures, ni pires que les antérieures. Sauf les masses électorales des grandes villes qui votent, sinon avec lucidité, tout au moins avec conviction, presque toutes les circonscriptions agricoles donnent leurs suffrages au député sortant, quelle que soit son étiquette, « un si bon Monsieur qui a fait réformer Machin, nommer Untel garde champêtre, obtenu pour le syndicat viticole, une subvention du Gouvernement Que pèsent les idées en face de pareils arguments ? Et que peut-on attendre d'hommes élus sur un pareil programme alimentaire ! Nos féministes ont saisi aux cheveux l'occasion de se compter. Le jour même des élections, elles avaient, pour leur compte personnel, installé un peu partout, des bureaux où toute femme désirant manifester en faveur des droits civiques du sexe faible, pouvait déposer son bulletin de vote. Elles furent ainsi 16.000, à Paris, à «jouer au citoyen». C'est maigre, maigre ! Gageons que s'il se fût agi d'émettre une opinion sur la jupe fendue ou le chapeau cloche, les suffrages eussent été décuplés. Félicitons-nous-en et supplions les dieux qu'ils tiennent nos compagnes le plus longtemps possible à l'abri des vanités de la politique. » * « M. Viviani, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, vient, pour trois semaines, de se charger de l'intérim du Ministère de la Guerre. » A la lecture de cet entrefilet dans les quotidiens, j'ai craint un moment que le Ministre de l'Instruction Publique et de la Guerre, confondant ses divers pouvoirs, n'envoyât à la tête de la troupe de l'Odé-on un'général de cavalerie. Eh bien, non! Entre les nombreux candidats, aspirant à ruiner leurs actionnaires et eux-mêmes, à l'exemple du malheureux Antoine, le choix du ministre s'est porté sur Paul Gavault, bon avocat, mais meilleur auteur dramatique. Quelles surprises nous réserve cette direction juridico-théâtrale? On parle déjà d'une reprise de l'Affaire Clemenceau, de la Robe Rouge; d'autres plus documentés, parait-il, affirment que Gavault songe avant tout à remonter la « Farce de l'Avocat Patelin » que suivrait une éclatante reprise des « Plaideurs ». Et pourquoi non ? Ch. Maoué. LA JEUNE FILLE FRANÇAISE L'on se souvient de l'enquête d'Aga-thon sur la jeunesse française et l'on sait combien réconfortants en furent les résultats.La revue « l'Opinion » qui les avait publiés organisa quelques mois après une enquête analogue sur la « jeune fille française ». Mme Antoinette Christophe qui en avait pris l'initiative aboutissait à cette conclusion que « l'instruction des femmes a d'abord été pour elles une libération : leur cerveau est sorti de tutelle. Elle est devenue une arme... Enfin les femmes commencent à apprécier l'instruction pour elle-même... ». C'est à des conclusions semblables qu'aboutit M. Gauthier, conseiller d'Etat, président de l'Alliance française, que nous eûmes la bonne fortune d'entendre mercredi passé, à la tribune de « l'Association pour la culture française ». L'orateur esquissa d'abord les types de jeunes filles que l'on rencontre dans les romans et les pièces de théâtre. Molière, dans les « Femmes savantes » nous présente trois types de jeunes filles: celle qui ne vit que pour la science, celle qui ne vit que pour le ménage, enfin celle qui sait concilier les besoins du ménage avec la soif de connaître et de s'instruire. Les types de jeunes filles que l'on rencontre dans les romans contemporains sont plus complexes. De plus ils sont conventionnels, tout au moins pour la plupart. C'est la jeune fille mondaine dans les « Lettres à Françoise » et les « Anges gardiens » de Marcel Prévost ; la demie-vierge dans tel autre de ses romans; la jeune fille religieuse dans « Une jeune fille bien élevée » de M. René Boylesve, dans la « Croisée des chemins » de M. Henri Bordeaux, dans la « Porte Etroite» de M. André Gide; la jeune

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