N° 1 FKVR1KR 1917 BASTOGNE A L'YSER Journal du Canton de Baslogne Chers Amis Je suis heureux de vous présenter le premier numéro d'un petit journal de guerre qui sera le vôtre. Longtemps, j'ai regretté sou absence; longtemps j'ai reculé devant les nombreuses difficultés de l'entreprise. Aujourd'hui, je réalise mon désir « Aide-toi, dit le proverbe, et le ciel t'aidera ». Actuellement les nouvelles du pays se font très rares : plus que jamais nous sommes isolés de nos chères familles. C'est le moment de se retrouver, de se réunir, de s'unir pour trouver dans nos relations mutuelles un réconfort dans nos peines, un stimulant dans notre vie de vaillant soldat. Ce journal vous offre le moyen de vous retrouver, de vous communiquer les nouvelles reçues de ceux qui sont restés au pays, de vous renseigner sur tous les amis de Bastogne qui combattent à vos côtés. Son titre? Il évoque aussitôt notre chère ville et noLre situation actuelle : pour délivrer la Patrie envahie, nous tenons devant l'Yser, les uns en combattant au tront, les autres en se dévouant à l'arrière dans le poste plus obscur auquel les condamnent l'âge, la mr.uvaise santé, les blessures reçues. Mais tous contribuant à tenir en échec sur l'Yser, l'ennemi dont notre héroïque armée a brisé en 1914, les gigantesques projets. Ce sera le grand honneur de notre vie de pouvoir dire « j'étais de cette armée ». Depuis le 1er Août 1914, ma plus grand joie a toujours été de rencontrer un Bastognard, de causer de Baslogne et voici qu'aujourd'hui je puis m'adresser à tous, réparer les oublis amenés par tant de circonstances, par tant de perturbations indépendantes de ma volonté. Je compte sur votre concours : communiquez-moi les adresses exactes de nos amis : je les publierai séparément en attendant que je puisse en donner la liste complète. Transmettez-moi les nouvelles que vous recevez du pays : faites-moi part de vos observations au sujet du journal Il est « votre journal » et c'est à vous qu'il appartient de lui donner l'intérêt, la physionomie d'esprit qui vous rappelleront le mieux Bastogne dans les Ardennes. Dieu fasse que nous ayons la joie de nous retrouver tous à Bastogne en cette année 1917 et que nous ayons le bonheur de revoir tous les nôtres en bonne santé ! Unis dans la même pensée, nous nous réconforterons au souvenir de la patrie absente, d'où nous viennent tant de leçons de courage et nous retrouverons les lieux aimés où nous avons vécu et où l'on nous attend. Soutenons-nous les uns les autres par une étroite amitié car plus que jamais « l'union fait la force ». Yser, 1er Février 1917. H. GEORGES C.144.

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