N* 608 bis 9 Avril 1918 INFORMATIONS BELGES Le soldat belge â l'œuvre.— (D'après les Ordres journaliers de l'armée. — Front belge : Avril 1918). — L'autre jour,jevous marquais quel grand intérêt l'on trouve à lire les listes de distinctions annexées aux ordres journaliers de l'armée, les O.J. A.,comme on dit en ces temps d'abréviations et d'initiales. Les citations, dans leur sécheresse voulue, sont autant de préceptes de patriotisme comparables à ceux que les Romains de la République gravaient dans l'airain. Cornélius Nepos et Tite-Live pourraient les commenter. Elles formeront plus tard un « DeViris » moderne. En feuilletant les O.J.A. de mars, on peut suivre les péripéties des furieux combats du 6 à Reigers-vliet et a Oud Stuy vekenskerlte, du 7 et du 8 à Kippe, où les cavaliers démontés, les carabiniers cyclistes, les lignards ont rivalisé d'endurance et de courage. La plupart sont connues du public, non pas toutes. En voici deux encore : Le brigadier J. Rousseau reçoit la Décoration militaire de 2« classe, et un autre chasseur à cheval, le brigadier A. Williquet reçoit la Décoration militaire de 2e classe et la Croix de guerre avec cette citation : « Gradé résolu et énergique. Faisant partie le 6 mars 1918 de la contre attaque chargée de prendre un poste de la grand'garde du Reigersvliet, où une mitrailleuse ennemie s'était mise en action, a traversé une partie de l'inondation et s'est élancé avec un camarade sur cette mitrailleuse, obligeant les servants à se rendre. » Cet assaut d'une mitrailleuse en action, à travers la boue et l'eau, est épique. 11 ne l'est pas moins que ce geste du carabinier cycliste J Dawagne, cité à l'O. J. A. et décoré de la Croix de guerre : « Soldat d'un grand courage et d'une bravoure extrême. Le 6 mars 1918, lors de l'attaque sur la grand'garde d'Oud-Stuyvekenskerke, s'est particulièrement distingué pendant le bombardement d'un poste avancé où il maniait un fusil mitrailleur. A encouragé les défenseurs du poste en criant : « Allez, mes amis, en bras.de chemise » en joignant l'exemple à la parole ». Nos hommes font preuve des plus belles qualités militaires. L'O. J. A. foisonne d'exemples. De courage et de sang froid : Le sergent Joseph Guiot, d'un régiment de ligne, cité à l'ordre du jour de l'armée et décoré de la Croix de guerre : « Sous-officier très courageux ayant beaucoup de sang-froid et payant de sa personne. Au cours d'une ronde aux avancées, a été attaqué à quelques mètres de distance par un patrouille ennemie Blessé à la jambe, il a conservé tout son calme, a mis un Allemand hors de combat et a donné au fusil mitrailleur du poste voisin le signal d'intervenir, ce qui a mis l'ennemi en fuite. N'a quitté le commandement de son poste que lorsqu'il a été relevé par un autre sous-officier ». De dévouement et de bravoure : L'adjudant aviateur Walter Mouton et le lieutenant observateur Pierre Depage, cités tous deux et décorés tous deux de la Croix de guerre pour des motifs semblables : « Pilote de premier ordre, doué de très grandes qualités de dévouement et de bravouve. Chargé d'une mission photographique le 17 février 1918, a reçu 25 éclats de shrapnels dans son avion. Est reparti peu après et a eu les commandes de son appareil coupées par l'artillerie, au-dessus des lignes ennemies. Est parvenu néanmoins, grâce fi son sang-froid, à ramener son avion dans nos lignes, sauvant ainsi la vie de l'équipage et des documents photographiques importants. » De conscience professionnelle : Le médecin auxiliaire Robert Scheurmans, d'un régiment de chasseurs à cheval, cité à l'O. J. A. et décoré de la Croix de Guerre : « Volontaire de guerre, présent au front depuis 41 mois. Sous le bombardement précis du baraquement occupé par son unité, a dirigé avec le plus grand sang-froid l'évacuation des blessés et malgré que le baraquement fut en feu, y est rentré pour prendre le coffre contenant les médicaments nécessaires au traitement des hommes atteints, sans se soucier des shrapnels qui balayaienet les abords. » De solidarité fraternelle : Le soldat Léopold Van de Caveye, d'un régiment de ligne, cité à l'O. J. A. et décoré de la Croix de Guerre : « Instituteur, volontaire de guerre, 28 mois au front. Montre dans ses fonctions de brancardier un dévouement et un esprit de solidarité fraternelle qui domine les plus grands dangers. Lors d'un raid allemand violent, préparé par l'artillerie et les bombes, s'est porté dans la zone battue au secours des blessés. Le lendemain, a transporté à l'arrière, par jour clair, à faible distance de l'ennemi, un autre blessé grièvement atteint. » Admirable est l'entr'aide des chefs et des hommes. Le grenadier Jean-Baptiste De Boe est cité à l'O. /. A. et décoré de la Croix de Guerre ; « Au cours d'un violent bombardement a fait preuve d'un courage et d'un dévouement au-dessus de tout éloge, en se portant au secours d'un sous-officier mortellement blessé et qui avait été projeté à dix mètres dans l'inondation. » l.e lieutenant Jules Desenfant, d'un régiment de ligne, est nommé chevalier de l'Ordre de Léopold : « Modèle de courage et de dévouement. Déjà décoré de la Croix de Guerre et nommé chevalier de l'Ordre de la Couronne pour deux faits de guerre distincts, vient de donner une nouvelle preuve d'abnégation : le 21 février 1918, au travail, ayant été blessé par des éclats d'obus, en même temps que 14 de ses hommes, est allé, malgré son état très grave, chercher du secours au poste le plus proche et a aidé à les panser, ordonnant qu'on s'occupât d'abord d'eux plutôt que de lui-même. »

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