Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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23 december 1918
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s.n. 1918, 23 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 29 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/4m91834t5k/
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Lundi 2.'{ décembre 1918 ce?)limes !e numéro (?'2me année n .m JOURNAL DE GAND ÉCHO OSB FLAKrnREîB ABONNEMEN DEUX FRANCS P f Les Ailemands jugés par Richard Wagner, i. Le germanisme de Wagner n'est pas à discuter. Son œuvre lyrique, ses écrits, sa correspondance, sa vie entière, prouvent combien il exaltait l'âme allemande -- der Deutsche Geist —. Aussi esi-il d'un intérêt capital de se rendre compte de quel oeil le maître de Bayreutti vit la foiie d'expansion et folie des grandeurs qui s'empara des classes dirigeantes allemandes dès 1870. Dans ses écrits les pages ne manquent pas, où il fait le procès de l'Allemagne impériale, du pangermanisme agressif et conquérant. La force brutale devint chez ce peuple la seule réalité vraie. Il n'y S'pas . pour eux de droit sans force. La conception prussienne : « La force est la source du droit », reprise par von Bethmann-Hollweg dans son « Not kennt kein Gebot », par von Jagow dans son fameux « chiffon de papier » existait déjà du temps de Wagner et ne laissait pas de l'inquiéter sérieusement.« Quand nos modernes optimistes de la politique nous parlent d'un état de droit général dans lequel les nations sont entrées désormais vis-à-vis les unes des autres, il suffit de se reporter à l'accroissement incessant des armements auquel elles sont contraintes de se soumettre dans l'intérêt de leur conservation, pour mettre à nu tout le contraire, c. à d. l'absence d'état juridique qui caractérise toute noire situation. » Les événements n'ont pas pu mieux confirmer la justesse de cette observation sévère. L'idée de cette force brutale lui était spécialement insupportable dans la question de l'Alsace-Lorraine. Autant que Bismarck, Wagner était un adversaire irréductible de l'annexion de ces deux provinces.Combien n'eût-onpasgagnéàles écouler plutôt que de suivre le Molkte et sa caste militaire,, dont l'esprit animait encore l'Allemagne d'hier ? Dans son aversion pour les principes sacrés de cette caste il va même plus loin : « Il eût fallu, dit-il, non pas conquérir des forteresses, mais les démanteler ; il aurait fallu non pas prendre des gages pour la sécurité militaire, mais donner des gages pour la sécurité de la paix. Au lieu de quoi, l'on n'évoque et l'on n'applique que des droits historiques opposés à des revendications historiques, qui pareillement se fo..dent toutes sur le droit de conquêtes. » Sans doute, objectera-t-on, s'il n'était épris de conquêtes positives, rêvait-il — ce que nous j avons appris être plus dangereux encore — j d'annexions morales. A ce sujet non plus Wagner 1 ne se fait pas d'illusions. Dans ses réflexions au sujet « Was ist Deutsch ? » il déclare catégoriquement que l'Allemand n'est pas fait pour dominer au-dehors. « La période la plus fatale de notre histoire est cette période où les Allemands ont exercé leur puissance sur les peuples non-allemands. L'idée de cette domination est une idée anti-allemande.» Et voilà pour ceux qui rêvaient la reconstitution du Saint-Empire,qui avaient le cerveau han- : té par l'idée de Rome. Pour ceux qui se conten- j taient d'une conquête pacifique il n'est pas : moins explicite. «Ce qui distingue l'Allemand proprement dit des Francs, des Goths, des Longobards, etc, • c'est que ces derniers ont pu se plaire sur la j terre étrangère, qu'ils s'y sont établis et se sont j mêlés aux peuples étrangers jusqu'à oublier leur ; langue et leurs coutumes. Le véritable Allemand ; ne se sent pas chez lui à l'étranger, et c'est j pourquoi il a toujours pesé comme étranger sur , un autre peuple. C'est un fait digne de remar- i que, que jusqu'à nos jours, les Allemands en Italie et dans les pays slaves sont détestés comme étrangers et comme oppresseurs. » Ceci est clair, exact et il est démontré mathématiquement aujourd'hui qu'il y a beaucoup de chances pour que ce ne soit guère changé. C'est qu'en fait de « doigté » les Boches d'alors comme ceux de maintenant ne connaissaient que les coups de... botte, que la langue de leur diplomatie était composée du cliquetis d'épée et d'éperons, c'est qu'en fait de « politique » ils n'étaient que des... pieds. « Nous ne serons jamais de grands politiques !... » se lamente Wagner. En vérité, rien n'est pluj exact. TS GAN ,R MOIS Echos du palais 22 décembre. A la Chambre des divorces Séance solennelle de rentrée - si on peut dire — à la deuxième chambre civile hier. Ce n'est pas que l'audience ait été ouverte avec un apparat spécial, mais l'assistance — y compris et même surtout la... judiciaire — était particulièrement nombreuse, sinon choisie. Pensez-donc, ma chère ! après cinq mois de «relâche » — dûs à ces boches maudits — on i se retrouvai! dans le prétoire, afin de reprendie , les instances... et les parlottes interrompues! On se serait cru à une grande « première » tant il y avail d'avocats, d'avoués, et de personnes des deux sexes — appartenant à toutes les conditions et à toutes les classes sociales — vibrantes du désir de voir se dénouer bientôt les liens pesants qui les enchaînent à un être abhorré, et mûes par le secret espoir de se refaire bientôt une existence meilleure. On ne jurerait pas que déjà des intrigues ne se nouaient, et que le récit réciproque des souffrances éprouvées respectivement ne faisait naître dans les cpeurs certaines sympathies, prometteuses de jours tissés d'or et de soie ! Heureux ceux qui, à cet égard, ont encore des illusions; car ceux qui savent... * * * Et nous ne pouvions nous empêcher, en les contemplant tous de songer à celte anecdote — dont l'authenticité est garantie, car elle remonte à la plus haute antiquité et fut fidèlement transmise de génération en génération... de célibataires : quand St-Pierre voit arriver aux portes du Paradis ceux qui ont terminé leur belle carrière ici-bas, et que agitant déjà ses clefs, jl s'apprête à leur donner l'accès du ciel, il ne manque jamais de leur poser, d'un air bourru, la question : — « Avez-vous été marié ? » Et une réponse affirmative vous fait ouvrir aussitôt toutes larges les portes de la demeure des élus, des séraphins et des anges : juste récompense de nos tourments ici-bas. Or, certain jour,lin client, pressé sans doute, ou qui voulait faire le malin, et qui, par prescience connaissait le mot de passe, s'empressa de répondre à la traditionnelle question : « Oui, deux fois, très saint Pierre ». — « Alors », lui répond le divin portier, « prenez votre chemin ; il n'y a place ici pour des idiots de votre espèce ! » « * • .... On n'a pas appelé à l'audience d'hier moins de soixante-trois causes anciennes.... En attendant les nouvelles, qui seront légion, à en juger par la foule qui encombrait l'antichambre présidentielle, dénommé parfois aussi « la Cour des Miracles » — mais pour d'autres causes. l'Encombrement. 11 est devenu tel, dans les cabinets d'instruction et au parquet, qu'il a fallu déléguer un septième juge d'instruction, M. de Pélichy, et un substitut, M. le juge De Smet. Qui donc bientôt composera le tribunal ? Il y a bien, encore, en dehors du président et des vice-présidents, deux juges « disponibles ! » Cruelle énigme! Et le flot monte : les procès-verbaux arrivent par monceaux, les plaintes et dénonciations par basses, les dossiers par tas, et les détenus par paniers... à salade ! X. X. Un n i ■ ia ■ ■ fi ■» f ■ ^ la i m -fc i ii t ft ■ ~"rr Nécrologie Edmond Cleppe Les ruines et les deuils que nous a valus l'effroyable rafale ne touchent pas encore à leur fin. Tous les jours, il en tombe encore, de ces héros obscurs, victimes tardives de l'immonde crime teuton. Parmi eux, il en est un que la mort blafarde vient de faucher, après de longues douleurs, au seuil des plus belles espérances. Et celui-là, ce ne sont pas seulement les brutes allemandes qui l'ont tué ; les activistes, eux aussi, ont sa mort sur leur conscience — s'ils en ont jamais eu une. Edmond Cleppe s'est éteint à l'âge de vingt-sept ans. De brillantes éludes à l'Ecole de Commerce de notre Université le firent remarquer, il y a quelques années à peine, par les connaisseurs d'hommes. Engagé, malgré sa jeunesse, REDACTION & ADMINISTRATION D — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — Gfi TELEPHONE 665 dans des entrepises commerciales importantes, ! il y fit bientôt montre de capacités d'organisa- j tion remarquables et solides. Mais son esprit, trop scientifique, l'attira vers d'autres travaux. Il passa, haut la main, l'épreuve réservée aux candidats du professorat à l'Ecole Industrielle supérieure de notre ville. Dès le premier jour, sa courtoisie, son affabilité èt son savoir lui valurent dans cet établissement la sympathie de ses collègues et le juste respect de ses élèves. Il ne put pas longtemps se vouer à sa tâche. La guerre éclata. Cleppe rejoignit son régiment le 8' de ligne, se battit vaillamment et fut fait prisonnier devant Namùr. A partir de ce jour commença pour lui le long et douloureux calvaire qui le conduisit à la tombe. Semant le bon grain, éciairant les intelligences moins développées que la sienne, il se dévoua corps et âme à l'éducation de ses compagnons d'infortune au camp de Soltau. Mais le poison activiste répandu en doses savantes dans les camps de prisonniers belges fermenta. Cleppe lui résista, lui résistavictorieusement, lui résisla jusqu'au bout, mais ce bout était la mort. Entrepris par Meert et consorts, en butte, d'abord à des flatteries, ensuite à des menaces, Cleppe se refusa énergiquementàun acte de traîtrise. Ne parvenant pas à le faire plier, on l'é'oigna, on le poursui-vit.on lui fit faire des travaux durs et dégradants. Les tortures morales et physiquesfurent épou-ventables. Anéanti, brisé, cassé, on l'évacua finalement en Suisse, où les soins' les plus tendres ne parvinrent pas à le sauver. Désireux quand même de revoir ceux qui lui étaient chers, de revoir son pays, il voulut revenir, il mourut en cours de route, le 14 dépembre 1918, dans un faubourg de Lyon. Si les traîtres doivent être punis, que la Justice n'oublie pas de tourner ses regards vers . ce crime, vers ce lent et abominable assassinat d'une âme droite et fière se refusant au déshon-neurr'Elle le doit à la mémoire de ce héros, elle le doit à sa veuve et à son enfant, plongés dans le deuil, à- ses parents fous de douleur. Le Journal de Gancl, auquel Cleppe collabora jadis d'une plume abile et sûre, adresse à sa mémoire un salut ému et respectueux. H-...-. i Grande Manifestation patriotique Ihlfnd Dimanche dernier eut lieu la manifestation j patriotique, organisée par LŒuvre de. Secours ! aux Eprouvés de la Ouerrr. à l'occasion de la : libération de notre territoire et en honneur de notre bourgmestre Braun, des échevins De Weert, De Bruyne et Lampens, rendus à la cité après un long et pénible exil. Une foule considérable était massée sur la Place du Comte de Flandre, où la formation du cortège eut lieu. D'après la liste officielle d«s adhésions plus de cent sociétés ou de-délégations y prirent part. Le cortège se forma à la place susdite et le long du Boulevard Frère-Orban. A onze heures il se mit en marche. Les trois partis politiques y étaient représentés avec ! leurs drapeaux; quoique cependant le bleu i prédominât. Notés au hasard : les différentes j sections de Help u Zelve, le Vrijheidsliefde, Nijverheid en Wetenschappen (harmonie), De Romeinen, l'harmonie du Vooruit, Union Wallonne, De Ware Vrienden, Union des Employés, les Facteurs des Postes,. Œuvre de Secours aux Eprouvés etc., etc. Les Boy-Scouts clôturaient 1« cortège, encadrant un char allégorique représentant le Lion belge. Ce travail artistique de noble allure a été exécuté par le sculpteur Soudeyus d'après le plan de M. De Volder, architecte de la Ville et Vice-Président de l'Œuvre. La corbeille n'a peut-être pas donné le résultat pécuniaire visé; mais par contre les troncs auront fait excellente besogne. Remercions les Scouts, et les divers commissaires qui rivalisaient de zèle et parmi lesquels se distinguait un essaim de charmantes quêteuses, sous la direction de M. J. Beyls, toujours sur la brèche quand il s'agit de charité. Grande affluence de monde sur le parcours, surtout rue de Flandre et rue Digue de Brabant. A midi las comités des Sociétés, avec leurs drapeaux, entrent et se rangent dans la Salle du Trône de l'Hôtel de Ville. Parmi les personnages officiels présents furent remarqués le Ministre ; Annonças fr. 0,80 la lie; la'Iigne. Réclames en Cl J<iD journal 'A fr. la ligne. Info judiciaires 2 fr. la ligne, souvent répétées. Anseele, les sénateurs Coppieters et De Bast, les conseillers provinciaux Wiïrth, Boddaert, Verbessem, De Saegher, Van Heuverzwijn, Liebaert, quelques professeurs de l'Université, M. Fris, archiviste de la Ville, etc. Lorsque l«s héros de la fête, MM. Braun, De Weert, De Bruyne et Lampens,suivis des autres membres du Collège : M.M. Coppieters et Heynderickx, les conseillers communaux, M. De Bruycker, secrétaire de la Ville, entrent, des acclamations enthousiastes éclatent,pendant que : l'excellenle harmonie du Nijverheid entonne la , Brabançonne. Dans un discours, simple et bien senti, M. ; Janssens, président de VŒu'-re, souhaite aux ' exilés la bienvenue dans leur cité. Il manifeste i sa gratitude envers MM. Braun et De Weert, j qui ont toujours protégé et soutenu l'Œuvre. \ Celle-ci, qui débuta de la façon la plus modeste ! il y a trois ans,compte à cetle heure plus de deux mille membres. 11 rend également hommage à 1 Mme Braun, remercie les sociétés présentes et salue le vaillant Ministre Anseele. A l'unisson avec M. Janssens toute l'Assemblée crie : « Vive le Roi ! Vive la Famille Royale ! Vive la Belgique ! Vivent nos Bourgmestre et Echevins ! » Notre sympathique bourgmestre M. Braun répond par ce discours très spirituel, dans lequel il se gausse agréablement de nos bourreaux cruels, mais lourdauds. Messieurs, Messieurs les Echevins De Weert, De Bruyne, Lampens et moi-même vous remercions de tout cœur des sentiments que vous venez d'exprimer. Les éloges que vous nous avez adressés dépassent cependant la mesure. Nous nous sommes efforcés, aux heures noires de l'oppression,de défendre le mieux que nous avons pu, l'honneur de la Patrie et l'honneur de la Cité. C'était notre devoir, tout notre devoir. Rares sont ceux, du reste, qui aux cours de ces années terribles n'ont pas accompli le leur. Votre oeuvre de secours aux éprouvés de la guerre n'a-t-elle pas elle aussi rendu les services les plus signalés à un nombre considérable de nos concitoyens-et ceux qui l'ont fondée et dirigée n'ont-ils pas eu le grand mérite de consacrer au soulagement de bien des misères leur temps et leur activité? Aussi l'Administration communale n'a-t-elle jamais hésité à encourager votre œuvre, connaissant le dévouement, l'abnégation, l'esprit de sacrifice et de désintéressement de ceux qui s'en occupaient. Nous sommes heureux de pouvoir, en ce moment vous exprimer toute notre reconnaissance pour les bienfaits que vous avez largement répandus. Votr.e manifestation patriotique de ce jour me remet involontairement en mémoire une manifestation non moins patriotique que au début de cette année, pendant l'occupation par conséquent, j'avais rêvé d'organiser. L'occasion me paraît favorable de rendre aujourd'hui publiques les démarches que j'ai faites alors dans ce but. Vous vous souvenez qu'au mois de janvier dernier les activistes avaient organisé en notre ville un cortège pour fêter le démembrement de la Patrie; vous vous souvenez aussi combien pitoyable fut ce cortège qui eût été lapidé par notre brave population s'il n'avait été encadré sérieusement par des bayonnettes allemandes. L'idée me vint à ce moment de mettre l'autorité Allemande en mauvaise posture et de lui faire connaître sous une forme malicieuse, quelle était l'opinion réelle de la population sur la question de la séparation administrative ou politique de la Belgique. Le 8 février dernier j'adressai au chef militaire de la Police la lettre que voici : à Monsieur le Major Tiedemann Chef militaire de la Police. Monsieur le Major, Le 27 janvier dernier vous avez autorisé les partisans de l'autonomie des Flandre d'organiser un cortège et une manifestation dans les rues de Ville. Les adversaires de cet acte révolutionnaire voudraient, à leur tour, obtenir l'autorisation de ne. Réclames (avant les annonces) 1 fr. ironique gantoise ou dans le corps du nmatians financières et Réparations — On traite à forfait, pour les .- nnonces manifester leurs sentiments. En leur nom, nous vous prions de bien vouloir accorder à diverses sociétés locales la permission de se rendre avec leurs bannières à l'Hôtel de Ville où serait réuni le Conseil Communal pour recevoir des délégués de ces sociétés qui désirent adresser leurs félicitations à notre Administration, à l'occasion de la protestation votée à l'unanimité en séance du 28 janvier dernier, contre la décision du Raad van Vlaanderen. Nous ne doutons pas que, par esprit d'équité, vous ne consentiez à faire droit à cette légitime demande. Le Bourgmestre, (sigu.) E. BRAUN. Ce major Tiedemann, qui était un officier de gendarmerie peu intelligent, ne'vit aucune malice dans ma lettre et vint, dès sa réception, me trouver pour me dsmander des renseignements complémentaires, en me disant qu'il trouvait ma demande parfaitement légitime. Il me pria de lui envoyer la liste des sociétés qui auraient participé au cortège et de lui communiquer le programme de la manifestation. Je dressai immédialement une liste de la plupart dès sociétés de la Ville, sans leur en demander la permission et je l'envoyai au chef militaire de la Police, avec la lettre dont voici le. texte : Gand, le 10 février 1918. Major Tiedemann, Chef militaire de la Police. Monsieur le Major, Comme suite à notre entretien du 9 de ce mois, et conformément à votre désir, je m'empresse de vous communiquer ci-jointe la liste des principales sociétés qui par l'organe de leur président se sont déclarées disposées à participer au corlège dont ma lettre du 8 courant fait mention.Je ne doute pas qu'une fois la manifestation annoncée, toutes les sociétés du Grand-Gand, à très peu d'exception près, demanderont à figurer dans le cortège. Comme en notre ville presque chaque citoyen fait partie de l'une ou l'autre société, j'estime qu'il n'y aura pas moins de 100.000 manifestants, tous flamands,mais belges avant tout. Plusieurs centaines de drapeaux et bannières les accompagneront. Voici dans mon esprit quel serait le programme de la manifestation : Les sociétés se réuniront à la Place du Comte de Flandre. La tête du cortège serait à l'origine de la Rue de Flandre. Comme la Place du Comte de Flandre sera beaucoup trop petite pour contenir tous les membres des sociétés, le cortège s'étendra tout le long du Boulevard Frère Orban, Bd de Bruxelles, etc Plusieurs corps de musique seront intercalés entre les sociétés. Le cortège, précédé de clairons et de tambours, parcourera l'itinéraire suivant pour arriver à l'Hôtel de Ville : Rue de Flandre, Digue de Brabant, Rue de Brabant, Marché aux Oiseaux, Place d'Armes, Rue du Soleil, Rue des Champs, Marché aux Grains, Marché aux Légumes et Rue Haut-Port. Cinq délégués de chaque société, avec leur drapeau, seront admi6 dans le grand vestibule de l'Hôtel de Ville, où le Conseil communal, placé sur une estrade, les attendra. Le Chef doyen Monsieur Cassiers y prendra la parole au nom de toutes les sociétés pour féliciter l'Administration communale de son énergique protestation contre l'autonomie des Flandres, c'est-à-dire le déchirement de la Patrie. Je répondrai par quelques mots de remercî-ment et la foule se retira lentement et en ordre, au son de la Brabançonne, si, bien entendu, l'air national est autorisé ce jour là par vous, à titre exceptionnel. Ces deux harangues seront prononcées en flamand et seront, si vous le jugez nécessaire, soumise préalablement à votre censure. Chaque société désignera un certain nombre de commissaires, qui, munis de brassards aux couleurs de la Ville, seront chargés de maintenir l'ordre dans les rangs du cortège. Je demanderai que seuls les agents de police communaux soient chargés du service d'ordre sur son parcours.J'ai tout lieu de croire que ce programme vous agréera et j'espère que vous pourrez bientôt me marquer votre accord. Le Bourgmestre, (signé) E. Braun. Feuilleton du Journal de Gand. 26 La Mère Patrie ROMAN PAR MAURICE MONTÉGUT Bertrande et Virginie, la première surtout, pour qui les jours étaient comptés, dirent adieu dans leur cœur à Clorinde perdue, à Eitel retranché de leur vie. Mais tous et toutes frémirent à l'idée des persécutions que devait, là-bas, derrière les arbres, si près et si loin, souffrir la fille aînée de leur maison, étrangère et dépaysée dans une autre maison. Et nul ne se trompait dans ses pressentiments. Si, autour de Renaud, dont l'épaule fendue causa quelque inquiétude, les femmes françaises s'empressaient aussitôt à mille soins, de leur côté, les Allemandes se vouaient, d'un même élan à des besognes plus compliquées. Outre Gottlob dont l'état était grave, les lèvres et le menton ouverts, la poitrine déchirée, — Worms avait un bras cassé, Catz le nez écrasé au milieu du visage; sa barbe épaisse semblait une éponge inbimbée de sang. Une salle du rez-de-chaussée fut convertie en ambulance ; des lits dressés en hâte et le silence se fit après les lamentations. De chirurgien pas un, dans ce désert. Mais les hommes des bois ont, par atavisme, par habitude ét par nécessité, la connaissance des plaies, la science de guérir les blessures ; après une consultation brève entre Griffeld et ses trois fils indemnes, des pansements furent faits selon la pratique indienne. Devant cet étalage de corps abîmés, de sang répandu, Clorinde, sortie de sa chambre pour savoir, et-folle, d'apprendre que son frère, lui aussi, là-bas, était blessé, resta sans témoigner la moindre compassion ; elle se montrait distante, absente, impassible, indifférente au spectacle qu'elle avait sous les yeux. Alors Thècle et ses filles, qui pleuraient devant Gottlob tombé dans une faiblesse voisine de l'agonie, se prirent, elles aussi, à moins aimer la Française. C'était vrai qu'elle était trop lointaine. Tandis que les femmes veillaient les malades,les hommes,réunis dans la cour,conféraient à voix sourdes. — Vous voyez, mon père, prononçait Herbert, vous voyez les débuts de nos adversaires. Ah ! comme coup d'essai, ce n'est pas négligeable. Vous ne croyiez pas à la guerre; qu'en dites-vous à présent ? — Rien, c'est affreux ; mais que s'est-il passé? Comment les nôtres se sont-ils trouvés en terre française ? Voilà ce que je ne comprends pas. Otlion haussa les épaules. — Ils n'avaient pas franchi le pont, j'en suis certain ; je parierais ma tête contre une citrouille que cela n'est pas vrai ! Ils se trouvaient sur la lisière sans doute ; les autres les ont aperçus et les ont canardés à l'improviste. Puis, ce sont ceux qui ont passé les planches pour achever à l'arme blanche ce qu'avaient commencé les fusils. Ils étaient vingt contre sept... autrement ! N'importe, voici notre garnison simplement décimée. — Bah ! qu'importe, coupa Guillaume, les cœurs sont bons. A présent tout est permis : plus de scrupules... on va se battre à la façon des Peaux-Rouges, œil pour œil, dent, pour dent! Si Gottlob manque.il parait que Renaud est fauché lui aussi. L'honneur est sauf, la perte presque égale, rien de moins ; car Worms et Catz seront debout dans quinze jours, et plus enragés que jamais. Quant à Sandric, Dieu ait son âme. Il est bien mort à ce qu'on dit. Telle fut la dernière affirmation de Guillaume, mais nul ne se souciait d'aller en contrôler l'exactitude. L'endroi était malsain. Puis le temps leur manqua. — Tout de même, conclut Hermann demeuré juste, Gottlob a eu tort de conduire son équipe si près des limites du domaine. Ce n'était pas l'endroit désigné. Il est vrai que le pauvre garçon paye cher son imprudence et ce n'est pas l'heure de lui reprocher. Désormais, nous ne sortirons qu'en masse et l'or ne se divisera plus. Othon reprit encore, avec sa perfidie cou-tumière.i — C'est égal, ils vont bien ! avant-hier la maison brûlée, aujourd'hui la violation de notre territoire, et trois assassinats.. Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! Griffeld soupira sans répondre d'abord. Puis après un grand silence, il ajoutait lentement: — Les passions changent, sinistrement les hommes, je n'aurais jamais cru Jérôme capable de telles violences ; et il est le maître chez lui, pourtant ! Oui, il est le maître, lui ! Dans cette constatation mélancholique de la puissance familiale de Bricogne se cachaient sans doute une comparaison désavantageuse, un regret personnel, — Mon père, fit Guillaume ironique, vous jugez les autres d'après vous-même. Vous avez une tr< p belle ârne pour qu'elle soit commune; félicitez vous de vos bons sentiments. mais n'en abusez pas. Ce n'est plus le moment des générosités... on dirait vraiment que vous aimez encore Bricogne ? — Hélas ! murmura Griffeld, nos amitiés ? Charbons éteints !... Où cela pourra-t-il nous conduire ? — L'avenir est à Dieu, psalmodiait Othon, avec une componction railleuse. Mais il faut nous aider, si l'on veut qu'il nous aide. — Amen ! cria Guillaume. La journée se traîna lamentable dans des visites successives aux lits des blessés. Vers le soir, un autre souci intervint brusquement. Le ciel s'obscurcit peu à peu; ln température baissa de six degrés en trois heures, tombait à zéro. Un courant soufflait du pôle, trop connu des colons pour n'être pas redouté. Puis une teinte jaunâtre envahit l'horizon, le borna aux premiers arbres du bois. — La neige ! dit Herber, l'hiver est en avance, cette année : allons, tout s'en mêle ' Cet hiver 1870-1871, qui fut meurtrier en Europe, reste encore légendaire dans le haut Canada comme dans l'Acadie. Il dépassa en rigueur tout ce qu'on avait vu de mémoire d'homme. Dans les habitations isolées par la neige, tout travail se suspendit ; on fut réduit à hiverner comme à bord d'un navire échoué sous un iceberg et roulé dans la glace des régions arctiques. Dès la fin de septembre, les lacs, les rivières, s'endormaient sous un plafond de cristal; la mer charria des blocs d'argent ballottés sur les flots jaunes. La forêt, toute blanche,' hérissée de sabres aigus, devint impraticable ; les loups, hurlant la faim, entouraient les clôtures ; mais, surtout, il fallait craindre ces tourmentes, ces tourbillons de neige où le meilleur routier s'égare puis succombe ; ces sinistres p mireriez, comme les baptise le vieux jargon d'Aca-die, qui mettent en mouvement des montagnes de neige, emportées dans un tournoiement. Devant ces convulsions, ni résistance, ni espoir ; tout le monde fuit, hommes et bêtes, et c'est comme un hurlement de frayent qui (remplit les espaces. r.i

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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