L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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14 december 1914
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s.n. 1914, 14 December. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Geraadpleegd op 27 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/dv1cj88n66/
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l«re Année N°. 52 S cents (ÎO Centimes) Lundi 14 Décembre 1914 L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. «Journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction : N.Z. VOORBUROWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herblet, Comité de Rédaction : Gustave Peellaer!, René Chambry, f Emile Painparé. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du Journal: N.Z. VOOHBURGWAL 234-240= Téléphone : 177S. Abonnement r En Hollande fl. 1.50 pap mois, payable par anticipation \ Etranger fl. 2.00 „ „ L'Action de l'Italie Un curieux phénomène se manifeste en Italie: l'apparent, conflit entre la politique réaliste de ses dirigeants et le sentiment populaire. ' Le réalisme est propre aux latins. Il a ' toujours inspiré les grands politiques fran- ^ çais et italiens. La Révolution qui a fait ! passer sur la France un grand souffle de gé- 1 nérosité, en hissant au pouvoir la démocratie { qui écoute plutôt les suggestions du cœur que les conseils de la raison, a fait quelquefois dévier ses gouvernants d'un principe auquel 3 demeure attaché la grandeur des nations. 1 L'Italie, elle, ne l'a jamais oublié. Elle n'a pas hésité un moment à s'allier à l'Allemagne, il faut bien le dire, contre la ^ France, le joui* où une inféodation à l'Ern- . pire lui parut plus profitable qu'une enten- ^ te avec ses anciens frères d'armes de Ma- ^ genta et de Solferino, Fallait-il y voir une victoire du parti gibelin, en quelque sorte ^ reconstitué? Non point. Tous les Italiens ( aujourd'hui sont guelfes, c'est à dire ita- * liens. Et ils viennent d'en donner une c preuve éclatante. j La situation politique était telle que c l'accomplissement du rêve des irrédentistes, f c'est à dire l'union sous un même drapeau r de tous les Italiens, devait être reculé à des (] temps meilleurs. Le jeune royaume avait j. des ambitions plus immédiates à satisfaire, a c'est à dire à s'assurer l'empire de cette j< Méditerranée, l'ancien lac Romain, dont j; les bords, encore maintemant, sont ^ peuplés de ses colons. Elle se heur-tait ici à la rivalité de la France cepen- b dant que, d'autre part, elle était certaine ^ de l'appui des puissances ennemies de ce y pays, désireuses avant tout de distraire son ^ attention des provinces italiennes demeurées sous Je joug d'Autriche. Le dépit causé q par la proclamation du protectorat français à Tunis jeta tout naturellement l'Italie dans les bras des deux empires de l'Europe Centrale. Dan6 ces conditions, pourquoi n'a t-elle "" pas participé au conflit au côté de ses _ alliés? Les raisons sont multiples, même si t on en excepte la répugnance toute naturelle des Italiens à marcher à la remorque de l'Autriche, l'ennemie héréditaire, dans un conflit où l'Autriche était seule intéressée. H convient de distinguer entre les raisons politiques et les raisons d'opportu- p< nité. Tout d'abord la réalisation du fameux n, rêve des irrédentistes, celui d'une plus grande ita lie, entrait dans le domaine des possibilités. Mais, pour cela, loin d'aider Ja Double Monarchie il fallait lui déclarer Vl la guerre. Aussi, pouvait-on toujours s'abstenir, quitte à voir plus tard. Ensuite, quel rt intérêt pouvait avoir l'Italie à aider ci l'Autriche à asseoir sa suprématie dans les , Balkans où elle-même espérait bien s'assu-rer une importante zone d'influence? Enfin, un triomphe de l'Allemagne, la Turquie q étant devenue tributaire de cette puissance, <>• allait faire passer entre les mains de celle- n ci cette hégémonie sur le bassin méditerranéen que l'Italie convoitait. La Corse, Nice et même la Savoie n'auraient consti- y tué qu'une maigre compensation. Au demeurant, l'Italie avait eu bien soin ^ de ne pas se livrer pieds et poings liés. Elle avait nettement stipulé qu'elle ne devait son concours qu'en cas d'attaque par des u tiers ce qui ménageait en tout état de cause une porte de sortie. Or, la guerre agressive actuelle C< conduit par l'Allemagne ne devait aussi aboutir qu'au profit de l'Allemagne et, subsidiairement, de son brillant second, l'Autriche-Hongrie. Toute l'affaire fut p( d'ailleurs conduite à l'insu de l'Italie à qui l'on ne jugea point nécessaire de communiquer le fameux ultimatum qui mettait la Serbie en demeure d'abdiquer toute souveraineté au pofit de sa puissante voisine. Exclue du complot par lequel les chancelle-ries de l'Allemagne et de l'Autriche déchai-nèrent la guerre sur l'Europe, l'Italie avait des raisons de croire qu'on l'aurait mise à la portion congrue lors du triomphe final. Même abstraction faite de tout ceci, l'année passée déjà, di San Giuliano avait prévenu Vienne que l'Italie n'aurait jamais considéré comme un casus foederis une action de l'Autriche contre la Serbie. D'autre part, cette guerre 6e présentait „ bien mal. On n'avait jamais cru, du côté de la Triplice, à une participation active de l'Angleterre. Avec son énorme développe- n ment de côtes, l'Italie était la plus vulné- » rable. Sa flotte eut fait les premiers frais de la casse. D'autre part la guerre de Tripoli-taine^ avait vidé ses arsenaux. L'Italie n était pas prête. Et comme il se fit maintenant que ce double sentiment de la solidarité latine et de la haine de l'Autriche co: fut conforme aux intérêts de la nation, plus i-^d rien ne vint arrêter l'Italie dans son évo- mj lotion politique vers les puissances de la ^ Triple Entente. Cette évolution est-elle aujourd'hui accomplie? C'est M. Salandra, le président du ,,c conseil lui même qui va nous répondre. Sa déclaration, comme l'a constaté M. Haus- ^ •!&* Ail»© Figaro'' est le plus passion- ... îant des documents humains. Après avoir 1 îtudié et défini les origines du conflit, le >remier constate: ,,Nous sommes en présence d'un boule- j versement immense qui prend, chaque jour : >lus d'ampleur et dont il n'est donné à >ersonne de prévoir la fin — " ,,La configuration politique de l'ancien continent est >n train de se transformer." Or, sur ce jhamp si vaste qui — l'orateur le fait re-narquer — comprend à la fois les terres et es mers. ,,l'Italie a des droits vitaux à léfendre, des aspirations justes à affirmer ït à soutenir"; sa préoccupation principale îst, en un mot, de ,,maintenir intacte sa i situation de grande puissance". Et c'est x>ur cela que ,,la neutralité de l'Italie ne ievra pas rester inerte et molle, mais active >t vigilante ; non pas impuissante, mais for-ement armée et prête à toute éventua-ité...." Car, a encore ajouté M. Salandra: ,Si l'empire du droit cesse, la force de-neure l'unique garantie du salut d'un l'un peuple." Paroles lourdes de sens et [ui s'éclairent singulièrement à cette con-tation faite le surlendemain par le même tf. Salandra au cours de la discussion à la Chambre: ,,J'ai à déclarer que notre armée >t notre flotte sont prêtes à toute éventualité."Ainsi l'une des raisons de fait qui empêchaient l'Italie de prendre part au conflit, on manque de préparation militaire, a lisparu. L'Italie maintenant peut agir, i elle le veut. Dans quel sens agira-t-elle ? 7'est se bercer d'illusions que de croire, omme on fait à Berlin, que ce sera en : aveur de l'Autriche. Car vraiment ce 'eut pas été la peine de mettre tant 'insistance à déclarer qu'on avait les mains ! bres vis à vis de cette puissance et de son ' iliée si c'était pour finalement se ranger de ! ïur côté, et ce serait mal interpréter aussi J émotion provoquée par les révélations de ' f. G-iolitti sur l'attitude agressive de Autriche qui, dès 1913, lors de la guerre alkanique, aurait voulu entrainer ses alliés ans un grand conflit armé. En résumé Italie est neutre mais elle s'apprête à in->rvenir, or, cette intervention n'aura pas eu en faveur des puissances de l'Europe . eh traie. La conclusion se tire d'elle-même. La seule question qui se pose - encore î résume en un seul mot: ,,quand?" CHARLES BERNARD. «rnmm ■ fi »-*■*— — >our la St. Nicolas et la Noël de nos soldats. Voici encore quelques dons qui nous sont irtfenus dans la journée d'hier et déjà on ms annonce un nouvel envoi important i camp de Ilarderwijk, Encore une fois, merci au nom de nos iillants soldats dans les tranchées. Toutefois nous devons prévenir les géné-ux donateurs que nous sommes obligés de ôturer notre liste ce soir si nous voulons \ire parvenir les dous avant la Noël. Nous privons donc ceux de nos lecteurs li voudraient envoyer une dernière bole de noies la faire parvenir aujourd'hui j ême, la clôture de notre liste ne 'pouvant We retardee plus longtemps. Montant des listes précéd 1310.75 fr. + 1059.17 fl. i 0 la part de M. Lucien Lang, d'Anvers 20.00 fr. i e la part de Flore et d'Octave pour la St. Nicolas de nos soldats 1.00 fl. )llecte faite dans la baraque 13 du Camp d'internés de Zeist. Pour la Noël de nos camarades sur le front 12.10 „ >ur remercier Dieu de la bonne idée qu'il a donné à notre papa de nous sauver des mains des Allemands, Lucie et. Lucienne Oouue 0.20 „ >ur revoir mon cher papa qui est a ufront où il chassera le dernier de ces Allemands qui nous ont fait prisonniers avec ma maman et nous ont fait metrre 1 genoux dans mie prairie, les mains levées, après qu'ils ont brûlé mes petits jouets auxquels e n'osais pas toucher moi-même Renée Coure 0.20 „ A. Velghe 0.25 „ our la Noël des enfants pauvres d'Anvers. L'appel fait dans notre journal par notre •respondante Jane a déjà porté ses fruits, essous nous mentionnons les deux pre-ers envois que nous avons reçus pour la < ël des enfants pauvres d'Anvers. ' la part de M. Lucien Lang, ] ?Anvers 20.00 fr. J Simon Salmona d'Anvers pour a prospérité 2.50 fl. j m m — . .. i En Belgique. A Anvers. Nous avons été douloureusement surpris des agissements de certaines personnalités anversoises. Nous avons combattu ici même ces Don Quichotte qui crurent sauver leur patrie en restant enfermés durant les trente-six heures que dura le bombardement dans 4e6 caves solidement bétonnées, où l'on ne courrait guère de danger. Mais il ne faudrait pas qu'ils abusent de la patience de leurs administrés, si les faits que l'on rapporte 6ont exacts. Nous reproduisons, à titre documentaire, les révélations sur la conduite de certains anversois, qu'un Belge vient de faire au ,,XXe Siècle", ne doutant pas que les personnes incriminées ne se défendent d'un tel acte de trahison, avec preuves à l'appui. Ce sont ces preuves que nous attendons. ^Laissons à présent la parole* au ,,XXe Siècle". ,,Je viens de quitter la Hollande, dit son coïtespondant, où j'ai eu l'occasion de converser avec des agents de l'administration des chemins de fer. ,,Des différents entretiens que j'ai eus, il appert nettement que certaines personnalités exercent des actes de pression sur les agents précités, afin de leur faire reprendre du service sou6 la domination germanique. ,,A Roosendaal, pour ne citer qu'un exemple, MM. Van der Molen, C. Stoffels et K. Weyler ont réuni les chefs-gardes-convois belges réfugiés, dans une des 6al]es de la station. Au cours de cette réunion, M. le sénateur Van der Molen tint le langage suivant à oes agents: ,,— Si vous ne reprenez pas vos fonctions dans le courant de la semaine;, nous vous destituerons.'' ,,Ce à quoi un chef-garde répondit: },— Mais, Monsieur le Sénateur, nous ressertissons de administration centrale de Belgique et non de l'administration communale d'Anvers. Les ordres qui nous concernent émanent de notre ministre. ,,Et M. le sénateur Van der Molen d'ajouter: Mais, Messieurs, vous oubliez que la Belgique n'existe plus, que le Gouvernement belge n'est plus, et que votre administration est dissoute." Notre correspondant ajoute que plusieurs chefs-gardes et gardes-convois, dont il nous donne les noms, sont prêts à attester publiquement et par écrit la véracité de ces paroles. Nous n'avons pas de raison de douter de l'affirmation de notre correspondant, dit le ,,XXe Siècle", et, du coup, notre étonne-ment à propos de l'attitude de certains de nos compatriotes restés en Belgique devient de la stupéfaction. Comment un sénateur a-t-il pu dire que ,,la Belgique n'existe plus?" * « * Tous les navires allemands, saisis par l'autorité militaire belge au lendemain de ia déclaration de guerre, si inattendue, ont été remorqués aux nangars 95 eo 96. Quelques-uns avaient fait leur plein chargement. Et c'est précisément aux oj>érai:ions du déchargement que s'occupe l'envahisseur. ,,La Métropole" croit savoir qu'il avait été question de faire remorquer, par le canal d'Hansweer't, certains peuts oateaux de la firme Manceau, mais rien n'est fait jusqu'à ] présent. De même, le ,,Risteihueber" se , trouve depuis quinze jours en partance, au ! quai du Rhin, mais il ne l'a pas encore quitte. Presque tous les bateaux des grandes firmes de remorquage se trouvent en Hollande et ne paraissent pas devoir revenir de sitôt, li y a de quoi, au reste. Une de ces firmes avait six bateaux restés dans les eaux belges. Deux ont été coulés par les Allemands à Moerzeke et à Baesrode, on ne sait trop pourquoi, et des autres, deux ont été tellement -,,surmenés" par les Allemands qu'ils sont déjà hors de service, leurs machines étant brisées. A Gand, les Prussiens en ont saisi quatre pour leurs besoins militaires. A diverses reprises la Ivommandantur a insisté auprès de cette firme pour faire revenir de ses remorqueurs, mais sans aucune garantie, et ses offres ont été énergique-ment repoussées. Le touage est fait par quelques bateaux hollandais qui sont naturellement insaisissables. Les grands chefs du port sont en ce moment. Herr Reichel, ex-capitaine d'armement de la Roland Linie, aujourd'hui ,,Hafen-Kommandant" ; Herr Stocker, ex-arrimeur de la société ,,Prévoyance", aujourd'hui ,,Ober-Kontro-leur" des marchandises des navires allemands, président d'une façon de Commission des réquisitions; Mais c'est Herr Hecht, ex-porteur de procuration de la firme von Uden et de a ,, Société belge (?) de navigation :luviale" qui est, en fait, le maître de a situation. Il est chargé d'effectuer l'inventaire de toute marchandise se trouvant lans n'importe quel magasin ou local de :orporation. Il délivre des laissez-suivrè )our celles qu'il lui plaît. Il expédie des mil-iers de tonnes de grains par les bateaux de a susdite société belge ( ?) qui portent le )avillon bavarois et qui, dirigés sur Baie, ont naturellement arrêtés en Allemagne; 1 surveille ie relèvement îles navires soûlés et dispose des marchandises qu'on en .retire. Bref, les rares Anversois qui travaillent encore ,,au bassin" doivent d'abord aller se confier à lui et lui demander humblement une autorisation. Sans cela, rien à faire. Dans la branche assurances, les Belges ne ■ peuvent rien faire. Tout ce qui s'assure s'effectue par des firmes allemandes comme von Bernuth, Blaess, Banspacli, Mund et Fester, Flemmig, Kurtz, etc. Et leurs eni-: ployés se font un malin plaisir de venir mettre leurs paquets de polices sous le nez de nos compatriotes. Mais ce sont là des réflexions pour plus tard. En attendant, la situation du commerçant anversois est bien triste. Les stocks diminuent à vue d'oeil. Chaque jour c'est, à l'entrepôt, une procession ininterrompue de camions automobiles allemands, qui y entrent vides et en sortent chargés à tout rompre. Des trains entiers filent vers la frontière allemande, et pendant ce temps do nombreuses allèges restent en séjour dans les bassins, pleines de grain qui pourrit et auquel personne ne peut toucher.... A Cliearleroi. Revenons un instant sur la bataille d'août ,,dite" de Charleroi. Les dragons français étaient arrivés à 6 heures du matin. Ils avaient établi une barricade à Tendroit dénommé la Planche, à l'intersection des communes de Charleroi et de Dampremy, . sur la grande chaussée de Bruxelles. Ils y placèrent des mitrailleuses. L'officier qui les commandait avait demandé aux gardes civiques, placés sous la direction du major Fourcault (inventeur du procédé de fabrication mécanique du verre), de se retirer afin de ne pas gêner les cavaliers dans leurs opérations. Notons en passant que certain bataillon de gardes civiques avait même rendu les honneurs à une patrouille de uhlans, les prenant pour des cavaliers anglais!! Aussitôt que les premiers Allemands apparurent, les Français ouvrirent le feu et jetèrent la panique parmi leurs ennemis. En réponse, les Allemands incendièrent toutes les maisons de la Chussée de Bruxelles sur une étendue j de plus d'un kilomètre. Les Allemands . ! arrivaient, à ce moment, de plusieurs côtés , à la fois. Ceux qui suivaient le chemin > Juinet-Dampreiny (c'étaient des artilleurs), 1 ! arrivés près du puits Sacré-Français, des . Charbonnages Réunis, avisèrent un houil-leur revenant paisiblement du travail et j le sommèrent de leur indiquer le che- j min. Celui-ci (et cet exemple héroïque ! n'a pas été le seul dans la région carolo- ; régienne), les mena par des chemins im- ' possibles, notamment par la rue Jules Destrée, où leurs canons s'embourbèrent. Il était trop tard pour qu'ils revinssent sur leurs pas ; les bouches à feu étaient immobili- ■ sées pour de longues heures ! Ce brave ! paya du reste de sa vie son acte de cou- ! rage: l'officier commanda qu'on lui fendit le crâne d'un coup de sabre. Saluons ici { d'une pensée émue et reconnaissante la mémoire de ce fier Wallon, dont le sacrificé n'a pas été inutile. «- « » Aujourd'hui, la situation, à Charleroi, est des plus calmes. Il y a un grand nombre ' de fiant*urs, du fait que les industries chô- i ment depuis de longues semaines. C'est la ; misère noire aux foyers ouvriers. La popu- ; lation nécessiteuse souffre de la faim, alors qu'à Namur, par exemple, le pain et les friandises continuent d'être offerts en vente. A Visé. Quelles nouvelles pourrions-nous donner de Visé dont la dévdfetation à peu près complète ! ne permet pas à ses habitants de reprendre le chemin de leurs foyers détruits à un degré tel que la charmante cité wallonne, pittores- j que et intime, s'est transformée en un vaste : ossuaire au milieu des ruines. Mais il est intéressant de connaître par le récit d'un témoin oculaire la conduite des premiers Allemands qui foulèrent le sol belge. C'était le 4 août, écrit notre correspondant. Les Allemands, à la faveur de la nuit^ avaient occupé une gare-frontière. Dès" le matin, les autorités visétoises deman- ! dèrent des hommes de bonne volonté pour abat- : tre des arbres et creuser des tranchées sur la route de Bernau par laquelle, vraisemblablement, les Allemands allaient pénétrer dans la province de Liège. La réponse ne se fait guère attendre; le village tout entier lève la cognée, manie la pioche, coupe, jette bas, scie et creuse. Le souffle patriotique a toujours animé les Wal- | Ions. Et par ce chaud matin d'août, on dirait qu'une main invisible et sûre pousse à l'ouvrage et les forts et les faibles. Le travail avance, plus vite même qu'on eût pu l'espérer. Vers une heure, deux jeunes cyclistes belges arrivent précédant, déclarent-ils, une cinquantaine de uhlans précédés eux-mêmes, à quelques centaines de mètres, par trois éclai-reurs. A Visé, personne ne veut croire à la nouvelle. Pourtant, quelques-uns décident d'aller à la rencontre des Allemands, tandis que les autres reprennent le travail - avec une ardeur nouvelle. Pensez donc! Les tranchées ne sont pas terminées que déjà les lances a fanions rouge et jaune apparaissent au loin. Les Visétois jugent qu'il est prudent de se retirer, d'autant qu'ils ne font pas partie de l'armée, qu'ils n'ont pas d'armes à feu et en vertu des recommandations n'en pourraient faire ussage. Mais MM. D. et R. et un gamin qui, à défaut de force suffisante pour mener à bien un labeur fatiguant, avait procuré aux travaileurs des Dommes durant toute la ma tinée pour étancher leur soif, décident de rester jusqu'à la dernière minute. Elle ne tarde malheureusement pas à venir, vite, si vite et les voici tous trois qui franchissent à la course quelques arbres abattus! Mais lo cavalier qui 1 les poursuit saute les embûches avec une rapidité déconcertante. Il est bientôt sur ceux ci qui n'ont pas lâché leurs outils et les menace de son revolver, criant, en proie à la plus violente colère. — Comment, vous osez couper les arbres et faire des tranchées pour empêcher nos chevaux de passer? — Nous faisons, lui est-il répondu, ce qu'il ■ est de notre devoir et, qu'au surplus, on nous 1 a demandé de faire. — Ça ne me regarde pas, réplique l'Aile- j , m and. Vous êtes mes prisonniers de guerre et vous allez me suivre. Sans çà, je vous tue. J ; Il s'agissait de débarrasser la route des [ " arbres que nous avions abattus de si grand ! coeur quelques heures auparavant. Je profite, dit notre correspondant, d'un instant d'inattention pour m'esquiver. Colère du uhlan qui me cherche en vain dans cet endroit accidenté , et qui paraît si désorienté que mon ami R. en profite pour, à sou tour, sauter une haie et se mettre promptement à l'abri d'un coup de carabine. Il entend distinctement les jurons : furieux de l'Allemand. Puis, nous courons tout d'une traite à Visé dont les habitants sont : mis aussitôt au courant. j Si les quelques premiers arbres avaient été franchis avec facilité, il n'en fut pas de même des autres, il faut croire, car plus de deux heures après notre mésaventure les premiers j uhlans descendent la rue de la Prairie et < s'arrêtent devant le pont que l'armée belge a j réussi j le matin seulement, à faire sauter, : après les essais infructueux de la veille. De' l'autre oôté de la Meuse, nos soldats veillent. Deux gendarmes sont arrivés à toutes ( pédales de Mouland, tandis que leurs caraa- ] rades rejoignaient Liège, suivant des ordres ' précis, aux cris de „Vive le Roi", „Vive la : Belgique"! ] Les deux gendarmes ne perdent pas une minute. Sautant de leur bicyclette, ils tirent , a bout portant sur les trois uhlans indécis. Deux de ceux-ci sont gravement blessés et le J troisième, qui nous avait interpellé le matin * même, est tué.. Son oheval, effrayé, fait volte- 1 face et file par la rue de la Prairie d'où dé- < bouchent précisément une centaine de uhlans. -, Une pluie de balles a tôt fait, malheureuse- ^ ment, de tuer les deux valeureux gendarmes. Mais les Allemands prétendent que le soldat tué a été victime de 1 coups do fusil tirés par les habitants. ^ Aussitôt, comme s'ils en avaient reçu l'ordre, l les envahisseurs pénétrant dans Visé par la j rue de la Fontaine et la rue de Visé déchar- ( gent leurs armes à plaisir sur les maisons. Pas j un carreau n'est épargné; pas un mur qui ne | soit criblé de balles. Ne se sentant plus en , " sécurité, tous les habitants se sont réfugiés j dans leurs caves. Le calme pourtant revient et € nous entrebaillons nos portes. Les Allemands ; 3 essaient de nous tranquilliser. Ils demandent de j droite et de gauche des cartes-vues et des ' i cigarettes. Survient un escadron. Des ordres j sont donnes: tous les habitants de Visé doivent ^ se rassembler, tandis que leurs maisons seront ■ fouillées. Il faut, disent les envahisseurs, que ( nous rotrouvions les armes des ,,criminels", j c Des officiers arrivent. Sont-ils influencés par <■ la vue des femmes inquiètes et tremblantes, des ( enfants en pleurs? Toujours est-il qu'ils nous | 1 permettent de regagner nos demeures, à con- j ( dition que nous n'en sortions pas. j Ces officiers s'expriment en un français cor- | rect. L'un deux, géant balafré, déclare que | coûte que coûte l'armée allemande traversera J là Belgique. Bientôt, les chevaux et les hommes se sont remis en marche. Il ne reste que : i quelques sentinelles au coin des rues. A ce ! ( moment, un obus tiré du fort de Loncin éclate j { dans une maisonnette à côté de l'habitation du ■ doyen, suivi d'un second obus qui tombe dans ; la cour du patronnage, voisin de l'église. Un , troisième projectile s'enterre dans le ]ardin de j M. Andriens, en faisant jaillir une telle gerbe de terre que' la route de Dalheim en est toute ; recouverte. Les Allemands, placés en sentinelle, ne se sentent guère à leur aise! Les mitrailleu- j ses crépitent, la détonation sèche des fusils claque, dans la direction de Lixhe. Nos ennemis j sont balayés littéralement et quelques-un nous 1 demandent si les troupes françaises ne coopè- ! rent pas avec l'armée belge, tant ils sont stupéfaits de la résistance de ceux que les pom- : piers de Dusseldorf devaient mettre en fuite, — j au dire de leurs officiers. Les morts s'accumu- j lenfc par centaines. C'est un massacre. Nous allons, continue notre correspondant, nous ren- J seigner de droite et de gauche sur ce qui s'est c passé et nous ne tardons pas à découvrir les J 1 cadavres du bon vieux Brocca, un quadragé- s naire, et de son fils, premières victimes de la j fureur injustifiée de l'envahisseur. Ils avaient ! c été fusillés contre le mur d'une habitation voi- j ] sine. Ah! l'horrible vision de ces faces doulou- j reuses, déjà bleues et couvertes de mouches! Nous ne tardons d'ailleurs pas à apprendre la j £ mort d'autres innocents, parmi lesquels un c vieillard, habitant rue de l'Eau. j t A Mouland, nous est-il dit, les Allemands r ont. tiré sur ceux qui creusaient les tranchées, j prétextant que ces malheureux, armés de pio-ches et de scies, comme nous même quelques , heures auparavant, voulaient s'en servir contre eux ! A ce moment débouchent de la rue Haute, 0 les ambulanciers de la Croix Rouge transpor- € tant les corps de doux gendarmes, les premières victimes belges d'une guerre qui allait nous c coûter tant de vies, tant de sang! Triste cor- ^ tège, qui nous arracha à tous des larmes j c brûlantes. Telle» est la vérité sur l'entrée des j premiers Allemands en Belgique et l'explica- i 1 tion de la légende des francs-tireurs, inventée r de toutes pièces pour mettre Visé à feu et ê à sang comme moyen efficace de semer la ter- s reur parmi les populations des villages eue l'armée allemande devait traverser. Lettre de Londres. 9 décembre. Notre confrère le ,,Daily Telegraph", en sympathie pour les Belges, a ouvert dans ses colonnes une souscription en faveur du Belgian fund, dont le total à ce jour s'élève déjà à 1.528.885 shillings. Il intitule cette c souscription : Dette d'honneur à la vail- : 5 lante Belgiaufli don de Noël au Roi Albert I pour son peuple. C'est une des nombreuses narques de sympathie des Anglais pour a Belgique si éprouvée et cela constitue un suprême réconfort pour les exilés de constater que la nation anglaise apprécie les iurs sacrifices de notre petit pays. Les manifestations de sympathie qui ne se bornent pas à des paroles ou des écrits mais lui se traduisent journellement par des ictes abondent. Le belgian flag day en fut une des plus heureuses. Le drapeau rnx trois couleurs flottait sur tous les édifices publics, tout le monde portait le petit drapeau tricolore à la boutonnière, ïans les grands restaurants les orchestres jouaient les airs nationaux et quand ce :ut le tour de la Brabançonne toute la jalle se levait pour écouter avec respect et recueillement l'hymne de Van Campen-aout. Généralement les Anglais ne se lèvent que pour le Gcd Save the King, mais iepuis la guerre notre chant national est chaque fois salué de solides applaudissements. Il arrive quelquefois qu'un de nos soldats blessés est conduit par des cama-•ades anglais dans un endroit public; aussitôt une curiosité sympathique se mani-este, des applaudissements éclatent, c'est m Belge, un brave qu'on salue et qu'on idmire. On ménage peu nos soldats, à Deine sont-ils convalescents qu'on les expé-lie au front tandis que leurs camarades anglais vont passer quelque temps dans des :amilles qui leur accordent une généreuse aospitalité. Notre confrère ,,1'Indépendan-îe' ' proteste contre cette trop grande hâte ; 1 estime que des hommes envoyés au front ït insuffisamment rétablis ne peuvent endre des services efficaces et il a parait ement raison. L'annonce de la conduite des Allemands ris-à-vis des gardes civiques anversois et 'obligation qui leur est imposée de faire erment de ne plus porter les armes contre 'Allemagne a fait l'objet de toutes les ;onversations. Malgré les conseils du gou--ernement de nombreux Belges sont retour-îés à Anvers pour mettre ordre dans leurs iffaires et ils sont maintenant dans l'im-îossibilité de revenir à Londres et sont éparés de leur famille. Cela contribuera t augmenter l'hostilité que les exilés mani-estent à l'adresse des dirigeants anversoi» 't des fameux membres de l'Intercommu-îale. Déjà ceux qui ont fait le voyage à Invers et qui sont revenus ici racontent es mille vexations dont ils ont été l'objet t cela ne donne pas le goût aux autres de etourner dans leur ville natale. Ce qui est le plus pénible pour les Belges ci c'est de ne pas pouvoir travailler; cette naction leur pèse. En effet les lois du ravail en Angleterre 6ont très strictes à ause des Trades Unions. A Londres il y . 2100 employés belges réfugiés qui deman-lent du travail et peuvent difficilement en ►btenir à cause de leur ignorance de la angue anglaise. Les associations anglaises, lans un élan de solidarité, ne s'opposent las au travail de3 Belges mais ils ne veulent >as que cette concurrence imprévue avi-isse les salaires. Les Belges doivent donc se conformer aux isages et offrir leur travail aux mêmes onditions que les Anglais. Ceux qui ne rouvent pas à s'occuper ont été hospitali-és dans des familles suivant le rang ocial qu'ils occupaient en Belgique. Les affaires en général, à part les opéra-ions financières, n'ont pas subi de ralen-issement; c'est ainsi que dans une des •lus fortes associations d'employés anglais a nombre des membres sans emploi est de :7 sur 12,000 tandis qu'en 1913 ce pour-entage était de 49 à la même époque. Une ,utre association qui compte 80.000 mem-»res n'a que 3 membres sans emploi. Cela irouve que l'Angleterre ne souffre pas leaucoup de la crise économique provoquée !ar la guerre. Dans le monde ouvrier les ?elges sont très recherchés, surtout les spé-ialistes mécaniciens; ce sont naturelle-lent les meilleurs éléments qui trouvent à e caser le plus vite. Le ,,Daily Telegraph" publie une lettre son correspondant de New-York dans a quelle il est dit qu'un vent d'indignation ouffle en Amérique depuis que le public appris que le gouvernement allemand a écidé d'exiger de la Belgique une contribu-ion de guerre de 35.000.000 de florins par •ois en plus des taxes imposées individuel-3ment aux villes. Le ministre belge à Vashington exprime l'opinion générale que i nouvelle est incroyable et qu'il refuse fficiellement à y croire avant d'avoir reçu ntière confirmation. Les principaux journaux américains éclarent qu'une pareille indemnité exigée e la Belgique est non seulement un acte .'injustice et de brutalité prussienne mais ne indication pour le monde que l'Alle-îagne avait un plus pressant bessoin d'ar-ent qu'on aurait pu l'imaginer et que sa ituation financière était des plus précaires. 1s qualifient l'acte de rapacité et d'in-umanité dont on n'avait pas eu d'exemple ans le monde civilisé. La oonduite du gouvernement allemand envers la Belgi-ue n'est pas faite pour augmenter son rédit, surtout au Canada et en Amérique u Sud. Il est vrai que cette guerre de •ligandages n'est pas faite pour imposer ï confiance. Les hobereaux allemands curront se vanter d'avoir détruit le cré-it national; quand le peuple ouvrira les eux il sera trop tard. ARMAND jJOSSE.

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Dit item is een uitgave in de reeks L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Amsterdam van 1914 tot 1918.

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