lerc Année.—No. 26 Dimanche, 21 Novembre 1915 La Belgique Domelle abonnements Continent. . 1 an 10 fr. 6 mois 6 ïr. 3 mois 4 fr. on s'abonne: 43, CHANCERY LANE, LONDRES, W.C. Tout ce qui concerne la Direction ou la Rédaction doit être adressé au Directeur. Téléphone : Holborn 212. "Plutôt mourir de franche volonté Que du Pays perdre la Liberté Le Numéro Hebdomadaire: Royaume-Uni, 1 Penny; Continent, 10 Centimes—Pays-Bas, 5 Cents. Registered ai the G.P. 0♦ as a. Nés^spaper* abonnements: Royaume-Uni, 1 an. 8 sh. 6 mois 5 sh. 3 mois 3 sh. On s'abonne: 43, CHANCERY LANE, LONDRES, w.c. Tout ce qui concerne l'Administration ou les Annonces don être adressé à l'Administrateur. , Téléphone : Holborn 212. LL.MM. le Roi Albert Ier et la Reine Elisabeth Pour un peuple dans l'infortune, c'est une douceur, un grand bienfait moral que de pouvoir être fier de son chef. Ce bienfait, la Belgique, au milieu de ses épreuves, le connaît et l'apprécie. Et chaque occasion qui naît pour ses fils de saluer leur roi les trouve unis •— quelles que soient leurs opinions—dans la gratitude et dans l'enthousiasme. Lundi, ces sentiments se sont éloquemment affirmés à Londres, par la voix de M. Paul Hymans, au cours d'une émouvante démonstration patriotique. Notre ministre a tracé du roi Albert une silhouette inoubliable. Il nous a montré le héros qui veille, " dans un modeste logis, au milieu de ses troupes, à quelques kilomètres des tranchées, ignorant de sa gloire, et n'ayant d'autre souci que l'accomplissement du devoir quotidien. Exemple auguste, a-t-il ajouté, de simplicité, de fière et silencieuse abnégation, d'honnêteté chevaleresque, de constance et de dignité." On ne pouvait mieux dire. A l'heure la plus sombre de notre histoire, le jeune monarque un peu timide qui avait vécu jusqu'à son avènement dans l'ombre de son militant prédécesseur venait à peine de faire son apprentissage du pouvoir lorsque l'obligation s'est brusquement impsée à lui de prendre au nom du 'g pays une résolution dont dépendaient l'honneur et les destins de la patrie. Peut-être le Kaiser se flattait-il d'en imposer aisément à ce cadet en royauté si courtoisement modeste et débonnaire. C'est qu'il le connaissait bien mal. Le roi timide n'a pas hésité une seconde à prendre le parti le plus désespéré parce qu'il était le seul honorable. Il s'est montré résolu assez pour fortifier dans leur confiance les plus énergiques, et la nation galvanisée par l'exemple d'une telle foi dans éa force morale s'est sentie grandir devant le monde de tout l'héroïsme de sa résistance et de sa loyauté. Le roi venait de lui donner une âme en lui donnant un but. Sa volonté, en formulant le vœu commun, a, dans l'espace d'un éclair, réalisé jusqu'à l'heure des réparations et des renaissances, l'indissoluble union sacrée. Et la Belgique douloureuse lui devra d'avoir été surhumaine, inoubliablement, et d'avoir- sauvé l'héritage moral du monde civilisé. Soldat au milieu des soldats, il est depuis quinze mois resté tel qu'à la première heure. Ce qu'il a fait est tout simple : il a voulu vivre de la vie des braves qu'il commande. Mais si c'est chose simple, ce n'est pas banal tout de même... Combien le troupier doit aimer un chef aussi tranquillement valeureux, aussi exempt de morgue, aussi prompt à s'exposer et à se dépenser ! Il parcourt la tranchée, il aide à transporter les blessés, il inspecte, il s'informe, et rien ne lui échappe. Et dans les loisirs de l'attaque, il s'occupe —■ avec quelle activité fervente ! — de la réorganisation du pays reconquis. C'est tout simple, et c'est admirable. Et puis, à côté de lui, attentive et vaillante, infatigablement, veille la Fée de qui, aux beaux jours des Joyeuses Entrées, nous saluions parmi les vivats des foules, la frêle grâce souriante. Elle non plus n'a pas hésité... Le sacerdoce de bonté qu'elle exerçait avant la guerre, elle s'y est consacrée avec plus d'ardeur encore, pour soulager les mille souffrances que la grande tourmente a fait éclore autour d'elle. C'est la sœur de charité, la Sainte à côté du Héros, et ce couple royal qui donne au monde une si belle leçon remplit d'orgueil ému les Belges, qui peuvent l'acclamer avec une piété un peu plus familière. Au chevet des blessés et des mourants, dans la tranchée même où elle allègue que les obus ne l'atteindront pas parce qu'elle est trop petite, la Reine se prodigue en dépit de sa santé délicate, et vraiment on dirait que sa volonté d'être secourable lui a donné de miraculeuses réserves de résistance. Voilà de magnifiques et consolants enseignements, et la simplicité, la paisible et presque farouche simplicité avec laquelle ils nous sont proposés les rend plus précieux encore. Soyons heureux — que nous soyons royalistes ou non — de posséder, Belges, un tel roi, une telle reine, au milieu d'une telle armée. Sur cet îlot qu'est la minuscule Belgique encore inviolée — et qui le rèstera — ils incarnent la Bravoure, l'Honneur et la Bonté, ils représentent aux yeux du monde éblouï comme la quintessence la plus pure, comme l'âme, exaltée et sublimée par le malheur, de la Patrie impérissable. La fête du roi à Londres La cérémonie organisée lundi au London Opéra House, par la Ligue des Patriotes Belges de Londres, à l'occasion de la Fête du Roi, comptera parmi les démonstrations patriotiques les plus réussies que nous ayons eu à enregistrer depuis le début de la guerre. Une foule très nombreuse de Belges remplissait l'immense et splendide salle où, sur la vaste scène, avaient pris place les délégués des sociétés belges, entourant le docteur Cl. Philippe, secrétaire général de la Ligue, qui avait à sa droite M. Paul Hymans, l'éminent ministre de Belgique, et à sa gauche M. Bauss, président de la Belgica. La princesse Clémentine assistait à la fête dans une avant-scène du premier étage. Après une courte allocution de M. Cl. Philippe, M. Bauss a donné lecture de l'adresse au roi par laquelle les sociétés belges de Londres exprimaient au monarque l'ardeur de leur loyalisme. Voici le texte de ce document dont la lecture a été vivement applaudie : A Sa Majesté Albert, Roi des Belges; Sire Tandis que le joug brutal d'un ennemi qui ne connaît ni le respect de la foi jurée, ni le remords, ni la pitié, s'appesantit chaque jour davantage sur notre malheureuse Patrie et tâche vainement d'asservir par la terreur dès âmes que rien ne peut fléchir, Vous restez debout à la tête de votre admirable armée, fièrement campé sur le sol natal, prêt à chasser l'envahisseur quand l'heure des réparations aura sonné. Et Vous êtes ainsi mieux que le symbole de nos droits et de nos Libertés, Vous en êtes le Défenseur réel, partageant les fatigues et les souffrances de vos soldats, prêt à sacrifier Votre vie même, s'il le fallait, pour nous rendre l'intégrité du territoire et notre indépendance complète. Réunis par le malheur sur une terre amie et hospitalière qui n'est cependant pas le sol natal, incapables de collaborer à la Victoire prochaine autrement que par l'ardeur de nos sentiments de patriotisme et la manifestation de notre volonté sans cesse répétée de ne jamais accepter la domination ennemie, nous sommes heureux de pouvoir aujourd'hui à l'occasion de votre fête patronale concentrer plus spécialement nos pensées sur Celui qui a si admirablement et dès la première heure représenté aux yeux du monde émerveillé toutes les vertus du peuple Belge. Conscients des difficultés de l'heure, pénétrés de l'obligation de doubler à travers cette longue épreuve toutes les formes du courage civique, soucieux de défendre par la dignité de notre vie en terre d'exil le bon renom de notre chère Belgique, nous Vous adressons, Sire, aux acclamations des milliers de Belges qui se sont réunis à Londres dans cette pensée commune, l'expression ardente et renouvelée de notre inaltérable dévouement et de tous nos vœux pour que Vous receviez bientôt la juste récompense de Vos héroïques efforts. Londres le 15 Novembre 1915. Ch. Bauss, Président de la Belgica. A. Yonckheere, Président du cercle Esperanza for Belgian Fund. Gust. Daij, Président " Pour le commerce avec les Alliés." Alf. Joye, Secrétaire de la Fédération des avocats de Belgique. A. Vermeirsch, Président, Belgian Widow Fund. Dr. Jacobs, Président d'honneur de la Société belge de médecine en Angleterre. E. Foulon, attaché à la Présidence du Conseil économique Belge. Dr. Clément Philippe, Secrétaire général de la Ligue des Patriotes. Butaye, notaire à Ypres, Président de la Fédération des notaires Belges en Angleterre. Cr. Godchaux, Président, chambre de Commerce De Strycker, délégué de l'œuvre du Shilling pour la chaussette du Soldat. Boine Pierre, Président Fondateur de l'association des Artistes lyriques et dramatiques. A. Borboux, Président du comité des magasins centraux pour- officiers et troupes au front. Jean Delville, Président de la Ligue des Artistes belges à Londres. M. Paul Hymans s'est ensuite levé et, après avoir en quelques paroles pris acte de l'adresse, a prononcé, avec cette éloquence lapidaire et substantielle qui caractérise son talent, un discours vibrant d'hommage au roi et à la dynastie. Il y a admirablement mis en relief la grandeur morale du rôle stoïque accepté par le roi et par la nation. Déjà grande par ses initiatives avant la guerre, la Belgique a depuis, alors qu'on pouvait la croire débilitée par l'habitude de la richesse et de la sécurité, et par ses âpres divisions, montré qu'elle était résolue à tout plutôt que de se rendre ou de se vendre. Son armée et sa population civile ont donné de hauts exemples de courage civique. Son roi s'est identifié avec elle ; dans la lignée dynastique, après Léopold 1er, Nestor des rois, et Léopold II, incomparable professeur d'énergie, il devait incomber au roi Albert de guider la Belgique dans la plus terrible des épreuves. Mais le malheur nous a fait sentir et aimer le pays. L'espoir de la délivrance doit bannir de nos esprits les petites pensées. Faisons nos âmes hautes, spacieuses et pures, pour "y abriter comme un trésor, l'image sacrée de la glorieuse Belgique. * > ■ Faut-il dire que ce discours exaltant a profondément ému l'assistance et qu'il a provoqué d'enthousiastes bravos ? Après ces minutes d'ardente communion patriotique, la partie artistique a permis d'applaudir deux de nos plus éminents virtuoses, MM. Arthur De Greef et Edouard Deru, qui ont prodigué le meilleur de leur talent notamment dans le récitatif et le final de la sonate pour piano et violon de Franck. Des poèmes de circonstance par Mlle Al. Philippe et M. R. de Smet ont été déclamés par Mme Bianca Conta Boyne.

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