La dernière heure et la petite feuille: bulletin provisoire des journaux

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24 november 1918
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s.n. 1918, 24 November. La dernière heure et la petite feuille: bulletin provisoire des journaux. Geraadpleegd op 01 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/dz02z13f5h/
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jf BUREAUX * 19, RUE ST-P1ERRE, BRUXELLES Ouverts (Je 9 à 5 h. I Les jours fériés de 9 à midi. Les annonces et réclames 1 sont reçues aux bureaux du 1 journal et à l'Agence Havas, | S, p!ace desMartyr» (1er étage), là Bruxelles. La Dernière Heure LE NUMÉRO 1 10 CENTIMES DANS TOUTE LA BELGIQUE j PETITES ANNONCES 30 CENTIMES LA LIGNE et La Petite Feuille DIMANCHE 24 NOVEMBRE 1918 AVANT LA "LIGUE DES NATIONS,, Parmi les réalisations que noire apportera sans doute la tourmente universelle qui s'apaise, doit figurer celle de la Ligue des Nations, expression suprême et dernière du pacifisme.Utopies d'hier, réalités d'aujourd'hui ou 3e demain, certaines idées ont toujours exercé sur l'humanité, par leur logique et leur .mpérieuse valeur, une influence incoërcible-Dans le domaine physique on ne pourrait jiter comme exemple mieux que l'aviation, }ui préoccupait notre cerveau depuis la légende d'Icare; dans le domaine intellectuel, nous trouvons Je pacifisme, auquel devait déjà songer notre ancêtre des oavernes, au lendemain des luttes sanglantes entre familles et entre tribus. Un vérité, la course de la connaissance humaine est comparable à celle d'un pendule, mais d'un pendule dont les oscillations iraient s'élargissant, gagnant en amplitude et en force. L'humanité, a dit dans le même ordre d'idées un philosophe contemporain, ne suit pas à travers l'existence et le devenir une route circulaire; sa marche se figure par une ligne spirale. Jamais elle ne repusse au même point, son orbe s'élargit sans cesse. I.es concepts essentiels, les principes dont elle dépend sont pareils à des rayons divergents que chaque spire traverse en des points graduellement plus distants du centre.Ainsi en est-il de la conception pacifiste, qne nous avons cléjà vu surgir à notre horizon moral à bien des reprises, depuis l'inviolabilité de la vie des bouddhistes et du <i ne faites pas aux autres »... des chrétiens, jusqu'aux dernières organisations de La Haye, dont le shrapnell et l'obus viennent de démontrer l'inanité suprême. Il fallait mieux: encore une fois l'idée va reparaître à l'horizon élargi et ensanglanté par la grande guerre, sous la forme wilso-nienne et plus pratique do Ligue des Nations. Nous ne disons pas définitive, car par essence, rien n'est définitif en pareille matière. * * * Ce qui précède nous montre qu'il est parfois intéressant, et même utile de « remonter au déluge » Celui qui voudrait faire l'historique du pacifisme, serait obligé d'y consacrer, même en condensant beaucoup, plusieurs volumes. Qu'il suffise de rappeler que, dans son expression concrète, l'evan-gile pacifiste actuel était contenu dans l'acte final do la Conférence internationale de la paix « convoquée dans-un haut sentiment d'humanité par S. M. l'Empereur de toutes les llussies » et qui s'est réunie, sur l'invitation du gouvernement des Pays-Bas, à la Maison Iioyale du Bois, à La Baye, le 18 mai 1899. Les puissances qui y prirent part sont l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Belgique, la Chine, le Danemark, l'Espagne, les Ktats-Unis, le Mexique, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, le Monténégro, les Pays-Bas, la Perse, le Portugal, la Roumanie, la llus-sie, la Serbie, le Siaru, la Suède et la Norvège, la Suisse, la Turquie et la Bulgarie. 1/acte comprend trois titres, le premier relatif au règlement des conflits internationaux ; le deuxième à la guerre sur terre ; le troisième à la guerre maritime. Et trois déclaration» suivent, portant l'interdiction de lancer dos projectiles et des explosifs du haut do ballons uu par d'autres modes analogues nouveaux; l'interdiction de l'emploi des projectiles ayant pour but de répandre des gaz asphyxiants ou délétères; l'interdiction des balles dum-dum ! Le croirait-on? 11 est vrai que ces interdictions n'étaient reconnues valables que pour cinq ans (sic). On s'en est bien aperçu ! Dérision... * * * Cette brève évocat-.on d'un passé trompeur était réclamée par l'ironie des choses. Voilà où l'on en était au début de ce siècle qui, au lieu d'être le siècle de la paix, aura mérité, du moins dans ses premières années, le nom de siècle dp la guerre. Mais, comme nous le disions, les rétroactes ne manquent pas d'r»térèt. La conférence de La Haye provenait directement c!r> patients travaux qui, pour platoniques qu'ils furent, n'en montrent pas moins l'importance du mouvement qui devait, après avoir été officiellement consacré par la Conférence, échouer si piteusement devant l'offensive brutale de 1914. C'est en Amérique, en 181G, que paraissent, selon Frédéric Passy, s'être constituées pour la première fois des sociétés de la Paix; l'Angleterre suivit, puis la Belgique, à l'appel d'Auguste Couvreur et de Vis-schera.Une' première assemblée internationale se tint à Londres en 1843; les Congrès se succédèrent sans interruption. Celui de 18-!9 fut présidé par Victor Hugo. ' En 1856, la Conférence diplomatique de Paris, appelée à régler les conséquences de la guerre de Crimée, statua, dans une disposition spéciale suggérée par le secrétaire général de la «• Peace Society, de Londres, qu'à l'avenir les puissances contractantes et ( plies qui adhéreraient à leurs déclarations s'interdiraient de recourir aux armes avant d'avoir fait appel aux bons offices d'une nation amie. C'était là première fois, dit à ce sujet M. Gladstone, que la guerre était officiellement condamnée par les nations civilisées. Ce fut la seule fois qu'elle le fut par des diplomates réunis après la bataille; et, au point de vue de l'histoire pure, le fait a plus de valeur que la Conférence de La Haye elle-mêm'e. Il ne se reproduisit pas. 1870 vint démontrer bientôt que tout ce travail avait été fait « pour le roi de Prusse ». 11 n'en ira pas de même aujourd'hui, espérons-le ; tfest aux diplomates qui vont se réunir à donner enfin leur valeur et leur récompense à tant de nobles efforts, et de faire que les icveors pacifistes d'autrefois aient été les précurseurs d'une prospérité universelle... possible. MEMO». LE MONITEUR Le c Moniteur >, journal officiel, vient de repa raltre, 11 publie, dans son numéro du 23 novembre, 1< texte — que nos lecteurs connaissent — du discours prononcé par le Roi devant les Chambres réunies, les arrêtés royaux portant nomination de: nouveaux ministres et démission du ministère Coo reman, ainsi que ceux nommant : MM. Henry Car ton do Wlart, Paul Segers, A. van de Vyvere lïrnest Solvay, Michel Lcvie, Adolphe Max, Emili Francqul et Paul Van Hoegaerden, en qualité di ministres d'Etat. M. Gérard Cooreman est promu Grand-Cordor <ie l'(frdre de Léopold. TROP DE ZÈLE i LE PRÉSENT SUSPECT 1 IL v'e Politique offre parfois de - r-vifi t Prisants spectacles. Telle en - Ufll 06 moment l'ardeur des néo phytes dernièrement convertis - au suffrage universel, qui dans leur zèle r ne se contentent plus de le donner aux t hommes, mais veulent à tout prix en , doter aussi les femmes. Ils n'ont pas encore parlé d'âge élec-t toral pour les femmes. Mais ils leur don-1 neraient sans doute le droit de vote après leur première communion. 3 II faut toujours se méfier des gens plus " catholiques que le pape. Ceux-ci nous inspirent, faut-il le dire, fort peu de confiance. £ Sans doute, le vote des femmes est 3 dans la logique de l'évolution démocra-J tique. On doit bien, cependant, reconnaître t qu'il serait assez bizarre de voir récla-s mer le droit de vote p&ur les "femmes - par des gens qui ont toujours refusé à la femme l'égalité des droits civils et - qui s'obstinent à lui refuser l'acccssion 1 y ~ a presque toutes les carrières, à presque ., toutes les fonctions. £ Ces questions sont pourtant au moins aussi importantes pour les femmes que a le droit de vote, qui ne se mange pas ® encore, bien qu'il nourrisse parfois son - homme pendant quelques jours. r Le bon sens indique que les droits politiques aillent de pair avec le reste des droits et des devoirs. Aller donner le _ droit de vote tout de go à des citoyennes e que l'on a toujours écartées de la vie y publique et des responsabilités sociales r paraît une conduite peu logique, et non -- sans danger. a Les conservateurs qui viennent nous t vanter aujourd'hui le vote des femmes ? nous paraissent, d'ailleurs, se faire des a illusions sur son efficacité. 8 Us espèrent visiblement que ses effets j. combattront l'impulsion démocratique i- qu'exercerait l'égalité de suffrage limité ® aux hommes. Us attendent le sauvetage e de leur puissance par les femmes. ^ Qu'ils remarquent, cependant, que dans aucun pays où les femmes sont allées aux urnes, elles n'ont renforcé les £ partis conservateurs. Au contraire. Il e est vrai que dans oes pays la situation s de la femme est toute différente de ce u qu'elle est chez nous, la subordination l- de la femme au point de vue civil, les en-* traves à la liberté de son activité, étaient > préalablement à leur accession au droit de vote beaucoup moins accentuées que ;e chez nous. Les pays Scandinaves et an-! glo-saxons ont donné le droit de vote à des femmes dont l'éducation est plus ,r avancée également que celle des femmes à belges et qui sont moins soumises aux-!' influences religieuses. Néanmoins, nous .e croyons que le sauvetage de la réaction par les femmes serait de courte durée, j. C'est pour un temps seulement que i, cette réforme reprendrait d'une main ce qu'on aurait donné à la démocratie de î- l'autre. ;r Ce serait en vain qu'on essayerait d'ouvrir l'ère nouvelle de l'union des s- partis par un tour de passe-passe qui ne serait qu'une duperie pour la démocratie. », Cette dernière cartouche des adver-3" saires de l'égalité politique fera long feu. 3 LE VÉTÉRAN i: DE L'ARMÉE BELGE 3- '0 3 Nous avons eu le plaisir de revoir; hier, M. Gonne, président des Enfants des Com-[s battants de 1830, le doyen de toute l'armée belge, dont il est le trésorier général. ie La guerre qui se termine semble l'avoir ^ rajeuni, et, pourtant, il compte 66 prin-temps.j. Rappelé le 1" aoflt 1914, en sa qualité d'of-jj- ficier de réserve, il a fait toute la dernière ,. campagne. Il fut à l'armée dès les premiers [g combats de Liège. [e M. Gonne est décoré de la médaille de la 3_ canipagne de 1870 et il reste seul, dans l'armée, à être lionoré de pareille distinction. [e Comme président des Enfants des Com-3" battants de 1830, il assistait à l'arrivée du Roi. Il était à la tête de cette société, fiera s- de ses deux drapeaux : celui des Enfants des ie Combattants de 1830 et celui de la campa-ir gnj des volontaires qui vinrent, de Fleurus, le en 1830, commandés par le père de M. Gon-is ne, participer à l'attaque du parc, au cours :é do laquelle leur chef fut blessé. Le père de M Gonne était décoré de la croix de fer de 1830 donnée à ceux qui s'étaient particulièrement distingués au cours des journées de septembre. M. Gonne, au moment où nous l'avons rencontré, allait repartir pour Dunkerque afin d'assuier le paiement de la solde à nos troupes; mais il espère rentrer dans quel-a" ques jours en Belgique, le service financier de l'armée devant y être bientôt complète-le ment transféré. S CLEMENCEAU ET -0CH t MEMBRES DE L'ACADÉMIE e, 'e Paris, 22 novembre. — M. Clémenceau et ae le maréchal Foch ont été élus membres de l'Académie, à l'unanimité, respectivement >n pour les fauteuils d'Emile Faguet et du marquis Vogué. CEUX QUE NOUS FÊTONS NOUS LES FÊTONS BIEN Lorsque von Bissing, gouverneur général du pays occupé, croyait nous tenir sous sa botte, il lui arriva un jour de dire, dans une des affiches dont il maculait les murs de Bruxelles, cette phrase qu'aucun Belge n'a oubliée. c Ce que nous tenons, nous le tenons bien. > Paroles d'Allemand! Autant en emporte le vent de la victoire. Si nous n'avons rien dit alors, nous n'en pensions pas moins : vendredi nous avons eu la plus belle des revanches. Bruxelles recevait dans ses murs les soldats de la bonne cause et elle leiir a fait un accueil délirant. Nous avons préféré les actes aux paroles : « Ceux que nous fêtons, nous les fêtons bien. > Ce fut.en eB'et.une journée triomphale que celle d'hier. Jamais spectacle plus chatoyant, plus féerique ne s'offrit à nos regards. Les milliers de drapeaux flottant à toutes les fenêtres, auxquels le soleil, baignant la ville de ses rayons d'or fluide, donnait des transparences et des éclats de topazes, d'escarbouclcs, de rubis, faisait apparaître l'ensemble comme un fantastique parterre de fleurs. Quant aux rues en elles-mêmes, elles offraient l'aspect d'une incessante marée : le monde affluait de toutes parts, les flots succédaient aux Dois et l'on se demandait, non sans quelque crainte, si Bruxelles, si grand qu'il soit, pourrait contenir en son coeur celte multitude déchaînée. Grands et petits, jeunes et vieux, tout le monde était e,i marche. Et tout ce monde monta littéralement à l'as=aut de Bruxelles. Bientôt les fenêtres ne furent plus que des amas de tètes, les toits s'ornèrent de silhouettes immobiles, les réverbères se transformèrent en grappes humaines, les arbres dépouillés des boulevards se peuplèrent de curieux. La foule « s'étageait >, on montait les uns sur les autres; aux coins des rues, des échelles dreS;aient des triangles de badauds; bancs et chaises dessinaient des carrés vivants. Et quel spectacle lorsque le cortège royal passa aux sons des clairons, des tambours, des fanfares ! La foule ne fut plus qu'une hydre mouvante, ce fut un mouvement ininterrompu de têtes clamantes, de bras agitant des mouchoirs, de corps tendus. Un souffle d'enthousiasme passait en rafale, souffle magnétique qui galvanisait les cœurs et remuait frénétiquement la masse. Spectacle inoubliable, jour historique que n'oublieront sans doute jamais ceux qui sont revenus et ceux qui ont vu. D'où qu'ils viennent, où qu'ils aillent, il ne sttnble pas possible que nos braves troupes ni nos Alliés soient mieux fêtés qu'à Bruxelles. C'est pourquoi nous croyons pouvoir affirmer sans craintif de nous tromper : < Ceux que nous fêtons, nous les fêtons bien »... UNE MÂTINÉE HISTORIQUE 11 nous faut revenir rapidement sur certains détails de la réception grandiose, véritablement triomphale, que lit hier Bruxelles aux héros qui nous revenaient; seul le manque de place nous a obligé de les réserver jusqu'à présent, mais est-il jamais trop tard pour mieux faire? A travers la ville Le cortège royal gagnant le Parlement, en traversant des quartiers populeux, restera, certes, une des grandes émotions de cette journée. Jamais, en effet, on ne vit pareille frénésie, pareille liesse. Les fleurs tombaient en pluie vers nos souverains et formaient un véritable tapis sous les pieds des chevaux. Les acclamations éclataient comme des tonnerres; les chapeaux, les mouchoirs s'agitaient avec une fièvre qui tenait du délire. Les souverains en étaient émus ; cela se lisait sur la physionomie du Roi, à laquelle les années d'exil et la guerre ont donné une gravité noble et triste, dans les traits de la Reine, qu'une bonté légendaire imprègne d'une grâce mélancolique.Cette marche triomphale se poursuit et s'accentue encore au fur et à mesure que le cortège gravit, dans une allure lente, le boulevard Botanique, où la mer humaine déferle en cris poignants d'amour pour les Souverains et l'armée. Mais le spectacle plus chatoyant, le plus troublant aussi, est celui qu'offre le terre-plain de l'hôpit^ St-Jean, où d'immenses estrades ont "été dressées. Des milliers d'êtres y ont pris place; parmi les enfants des écoles et des orphelinats, apparaissent, symbole touchant de la résurrection de notre pays, des vieillards dont la boutonnière est ornée de cocardes tricolores et dont les voix tremblantes acclament le chef de l'armée et ses soldats. _ Une fillette sortie du rang des orphelines s'est avancée vers le cortège royal et remet à la Reine une gerbe de fleurs. Cet hommage touche la souveraine, qui remercie du fond du cœur cette enfant dont le père mourut en versant son sang pour la Patrie. En auto Certains journalistes avaient été ohargéb de faire oe sensationnel reportage en auto. Ceux d'entre eux qui ont vécu en exil — particulièrement au Havre — reconnurent tout de i suite ce gigantesque véhicule que, là.-bas, les fonctionnaires qualifiaient du nom bizarre de « crème de menthe... » Au passage de oet . auto jadis> trépidant, la foule, en besoin d'«acclamations, criait : « Vive la France! ' Vive la Belgique!'» Mode l'auto ne marchait guère, sous prétexte qu'elle ne pourrait virer en temps op-. portun. Partie le matin à 8 h. 3/4 de la place : de la Liberté, elle stoppa définitivement entre la place de Brouclcère et la Bourse. Quelques moments d'arrêt de-oi do-là, permit de se 1 rendre compte de l'intensité de la foule — î et de son enthousiasme. C'était du délire. Les i sentiments patriotiques longtemps contenus . débordaient, éclataient, montaient commt . une clameur vague et formidable vers le ciel bleu: Vive la Belgique! Vive l'armée! Vive la France! Vive nos soldats! Tous les cris d'amour et d'allégresse se confondaient dans une caoophonie et un tumulte d'océan déchaîné. Devant la Colonne du Congrès, déoorée de banderolles aux couleurs nationales, la foule était innombrable. C'était une masse humaine; elle couvrait toute la rue du Congrès; sur la place du même nom, c'était un écrasement. Les arbres, les réverbères, tout avait été pris d assaut. Une petite scène se produisit qui fut bien éxnotionnante. Au moment où passait un sol dat cycliste, un cri partit d'un groupe d'csi-fants de nos écoles — Papa! papa! C'était une fillette qui venait de reconnaître son ]?&re parti depuis les premiers jours d'août 1914. L'enfant étreignit son père dans ses bras fiévreux et le couvrit de baisers tandis que la foule acclamait ce brave auquel le hasard de la rue rendait son enfant! A la Chambre LA PHYSIONOMIE DE LA SALLE Le Parlement, ou nul d'entre nous n'avait plus pénétré depuis si longtemps, nous est enfin rendu ! 11 avait fallu travailler d'arraclie-pied pour le remettre en état d'y recevoir et nos honorables et la famille rozale, mais lorsque celle-fi y pénétra, toute trace semblait avoir disparu de l'sccupalion allemande. La sallo est d'une décoration sévère. La sobriété convient en ces lieux et à cette heure. Deux drapeaux tricolores ornent la tribune, attachés à des hampes de bois blanc. Entre les colonnes, les écus des nations alliées. Quelques cartels, quelques faisceaux, quatre médaillons du Roi. A roite la tribune préparée pour la Reine et les princes royaux. Les députés, les sénateurs forment des groupes sombres et animés. Mais voici que majestueux et souriant, tout ruisselant de la jiourpïe cardinalice, paraît Mgr Mercier, la calotte rouge sur la tête et revêtu de la siniarre d'apparat. Il donne ça et là à bai-i sor l'auneau pastoral où brille l'améthyste ; symbolique. On voit passer quelques ùnifor-; mes kaki. Ce sont les députés sous les drapeaux.i Dans une tribune, le Marquis de Villalo-l bar, les cheveux plats, la figure poupine, rend ses hommages aux dames, tandis que l'on compliment'? son Exc. M. Brand Wint-lock, de retour parmi nous. Les députés et sénateurs se pressent plus nombreux, s'installent à leur banc. Une voix forte annonce: « La Reine! » Le silence se fait, et la Reine paraît sou- ■ riante un peu, oar elle ne peut pas ne pas , sourire, affable, charmante. Elle aperçoit ; Mgr Mercier et le bourgmestre Max, rangés piès de l'entrée. Elle leur serre la main et va rapidement s'asseoir sous le dais royal. ^ Eue ovation sans fin l'accompagne. Elle en ' est troublée, émue et son sourire se fait ! grave. A ses côtés ont pris place le prince i Charles, la princesse Marie-José et le prin-i co Albert «le Grande-Bretagne, en uniforme • de cadet de marine. ; Mais la voix île l'huissier s'élève de nouveau : « Le Roi ! » En frémissement a couru dans l'assem-1 blés, un silence, puis soudain une acclama-' tion immense, tumultueuse, monte, s'étend, ; se prolonge. 1 D'un pas ferme, le Roi s'est avancé vers i la tribune parlementaire, grave, fort, com-i me indifférent à l'ovation qui le salue; com-[ nie la Rein-! il a salué en passant, Mgr Mercier, MM. Max et Ernest Solvay. 11 est monté à la tribune, sans parade, simplement. C'est le chef de l'armée qui vient dire à la Nation ce qu'il a fait: «Vous , m'avez coi'fié l'armée, voici ce que nous , avons accompli. » Il lit son discours, lentement, prenant . soin de bien articuler chaque syllabe. : Le Roi ; Ce n'est plus le Roi que nous connaissions ' très bon, très doux, timide et bienveillant, le buste courbé, les mains derrière le dos, ■ comme embarrassé de sa haute taille, les l yeux tris pâles et voilés, s'exprimant avec prudence en suivant lentement sa pensée, i Le Roi qui est là, droit, simple, fort, à t la tribune de la Nation, est un Roi dont . l'âme a senti passer un vent de colère, un roi qui a iiicarné l'énergie de son peuple et | aussi sa souffrance. Un destin tragique semble avoir modelé son visage viril. ■ Il parle sans geste, mais l'accent se fait , dur lorsqu'il parle de ceux qui ont été lâ-] chôment assassinés eu lorsqu'il prononce : ; « le joug allemand ». On sent la révolte d'une âme loyale et énergique et la volonté ' sombre de vaincre. A sa gauche, immobile et comme figé, le ! front incliné, presque trop grave, le prince 1 Léopold assiste impassible à la cérémonie. Il est là comme un témoin auguste, délégué . par l'armée. : Le Roi poursuit son discours de la même ■ voix fortement articulée. Une clameur s'é-, lève lorsqu'il célèbre la France, une autre ; lorsqu'il» parle (l'une Belgique <; affranchie : d'une neutralité qui lui était imposée ». Il . parle de l'égalité des souffrances qui a créé | l'égalité des droits, et la salla l'acclame. Nulle manifestation,au contraire,ne souligne le passade où il est fait allusion à la créa-' tion d'une Université flamande. Tandis que le discours continue, sur la première marche de l'escalier double qui mène à la tribune, se tiennent raides et impassibles, d'un côté le comte de Mérode, de ; l'autre le général Jungbluth. Le Maréchal de la Cour porte l'ancien uniforme, chamarré d'or, et il semble au milieu des généraux que l'on distingue à peine dans la foule, une soudaine évocation d'un 1 passé lointain. ; Mais le discours a pris fin. Le Roi, le vi-; sage tendu, tout à son devoir, salue d'une ; brusque inclination les représentants de la : Nation. 11 descend d'un pas ferme l'escalier. ^ Il sort. Il a a retrouver l'armée. ! (Voir suite au verso) FRANÇAIS ET ANGLAIS ' A WATERLOO i | i Des troupes françaises et anglaises ee sont . rendues jeudi â Waterloo et ont rendu hom-I uiasre aux soldats des deux pays tombés au champ d honneur en 1815. Le même jour une division de cavalerie est entrée dans Waterloo le matin même : poimi elle se trouvaient les « Life Guards » qui rappellent le régiment du même nom qui se distingua le 18 jum 1815. Al occasion du paseag« des troupes, les ha-, bitants avaient décoré la route de Charleroi de sapinettes parmi lesquelles flottaient taie ; multitude de petits drapeaux belges. lrc Édition : 6 h. soir 2e Edition : dans la nuit LA VIE ^ DE NOS SOLDATS AU FRONT î b< Nos premiers soldats revenus, chacun les inter- v( roge sur leur genre de vie là-bas. Ce qu'ils doi- S( vent en avoir, des choses à nous conter ! t, Sur la plateforme d'un tram 011 les voyageurs S( sont emboîtés comme des sardines, nous nous trouvons en face d'un militaire du 18e de ligne, à S( la mine intelligente et sympathique. Dans l'inti- u mité que créent les cahots de la voiture,nous l'in- jt terrogeons. C! — Je suis en permission, nous dit-il. J'avais jj hàle de revoir mes parents, que j'ai heureuse- [, ment retrouvés en bonne santé. Vous devinez la joie que j'ai éprou\ée en les revoyant après quatre i» ans d'absence. — Vous avez donc fait tcflte la campagne? — Oui. J'étais à Namur lorsque nous reçûmes ! ordre de nous retirer. Les Allemands allaient 1 nous couper. Nous n'eûmes que le temps de battre jj en retraite à la hâte. Nous nous dirigeâmes vers la France, à marche forcée, ne prenant que le repos strictement nécessaire. , — Vous deviez ctre éreintés! — Nous avions vingt ans et il vingt ans... Nous étions enfin en France Là nous pûmes prendre le train. Mais nous étions les uns sur les autres, la plupart d'entre nous devaient se tenir debout. Quelque temps après, nos régiments étaient reconstitués et nous nous trouvions derrière l'Yser. — Et quel fut votre genre de vie? — Nous attendions, nous veillions dans les tranchées. — C'était dur? — On s'habiU'e à tout. Nous restions huit jours dans les tranchées, dans l'humidité, les pieds dans l'eau, Fait curieux, quand, à Bruxelles,nous étion* légèrement mouillés par un jour de pluie, nous nous enrhumions. Là-bas, nous restions une semaine entière comme des carpes. Le huitième jour nous nous reposions et après un bon sommeil réparateur, nous étions parfaitement rétablis: pas le moindre rhume, pas la moindre petite bronchite. — Vous guérissiez le mal par le mal. Et le moral des troupe. ? — 11 a toujours été excellent. Jamais nous " n'avons douté de l'issue de la guerre, tous nous avions couliance. Mais je dois vous dire que nous étions très bien nourris et chaudement vêtus : c'est lîi une- des conditions nécessaires à l'endu-rance du soldat. ^ — Et vous avez dû être joyeux lorsquo vous a avez-ui que le succès couronnait voseflorts, quand ' vous avez vu reculer l'ennemi. — Certes, Monsieur, mais nous espérions ce moment, nous l'attendions avec patience. Les " der; ers combats ont été rudes, nous avons vu 1 hélas ! tomber des amis. Mais nous avons triom- 11 phé ! • 11 Arrivés au Nord, notre charmant interlocuteur ^ nous prie d'accepter une cigarette, et nous nous séparons en nous serrant cordialement la main. Tous les soldats belges sont, du reste, de belle humeur, ils ont le sourire. Et ils ont gardé cette bonne simplicité dont nous avait déshabitués la ] morgue de l'olïicier allemand. Oui, ils nous reviennent du front sans forfanterie et c'est là un des plus beaux joyaux de leur couronne de gloire. () BULLETIN DE L'ÈTAÏ-MAJOR ' 1: 0e Division d'armée belge. Q.G., 23 nov. 1918 e Etat-Major. 2e Bureau. (Communiqué nu 22 Novembre 1018) e (Reçu le 23/11/18 à 7 h. 30) , c Aujourd'hui,22 novembre, nos éléments avan- s cés se sont portés vers la ligne Lommel-Bourg Léopold-Diest. a » LL. MM. le Roi et la Reine, LL. A A. le prince j Léopold et la princesse Marie-José, ont fait aujour- $ d'hui, au milieu d'un grand enthousiasme, leur entré solennelle dans la capital,à la tète de détachements des armées américaine, française et britannique, ainsi que de troupes belges. Les soldats Alliés et Belges ont reçu,de la part de la popu- i lation bruxelloise, un accueil des plus chaleureux et ont été acclamés frénétiquement sur tout leur parcours. » Le Lieutenant-Général, Aide de camp du Roi, Commandant, (s) : HIEBUYCK. f e DISTINCTION A L'ARMÉE BELGE l p Le lieutenant-général Gillain, com- a, mandant en chef de l'état-major belge, d a reçu, jeudi, le « Distinguister Service n Order », la plus haute décoration mili- p taire anglaise. n C'est un hommage rendu à l'armée belge en la personne de son chef. , ti n EXPLOSION : D'UNE GRENADE A MAIN S a Il -w- k Un mort. Trois blessés Chaquj jour des accidents tragiques sont pro- d voqués par le maniement imprudent de munitions de guerre abandonnées un peu partout par * les Allemands. p Hier matin encore, un accident de ce genre S fait de nouvelles victimes. ' On sait que dans une maison de la rue Neuve, ,i située vers la place Rogier, avatt été établie une ti permanence de police allemande. 1N Le concierge de cet immeuble, actuellement li inoccupé, avait invité des amis li venir y voir le s< passage du Roi et des troupes victorieuses. P Dans une pièce du 8e étage, un farçonnet de 14 ans, Henri Scbepman, demeurant Royale- f Sainte-Marie, à Schaerbeek, fureta jSa' les ar- }c moires et y trouva parmi d'autres munitions une 1 grenade à main. Comme il la manipulait, elle fit d explosion. 3r L'enfant a eu le ventre ouvert et ur, bras em- si porté, il est mort aussitôt. q Mme Bloes, demeurant boulevard Barthélémy, et ses deux fillettes qui se trouvaient dans la mé-mo pièce ont été assez grièvement blessées par l'engin. Elles ont été admises en traitement a _l'hûpital Saint-Jean. ^ UNE GRANDE FIGURE NATIONALE ' Ernest Solvay,qui vient d'être nommé ministre d'État, est incontestablement une des gloires les plus pures et les plus rayonnantes de la l'atrie belge. Depuis répoque> lointaine déjà, où des revers - venaient freiner son effort, jusqu'à l'heure pré- - sente oii il est devenu un des rois de notre industrie nationale, Ernest Solvay n'a jamais failli à s son idéal démocratique. s l'hilanthrope, il pressentit dès les premières à semaines de la guerre, la disette qui menaçait la - Belgique des pires hécatombes : il fut le grand - initiateur du Comité national dont il, assura la création par le versement d'un premier fonds s important. C'est à lui, d'abord, que revient la palme de reconnaissance de la Belgique occupée. a Mais Ernest Solvay n'a passongé qu'a_u présent; e l'avenir du peuple,ou plutôt le demain des nations i mmmm , n i. 11 ■ M. Ernest Solvay /ont souvent préoccupé. Et le sociologue a émis les idées longuement, très longuement mûries. 11 i établi un nouveau plan social : « le producti-risme et le comptabilisme ». Encourageant tous les efforts capables de doter 'Humanité d'un meilleur devenir, accueillant aux lécouvertes industrielles et scientifiques, fonda-eur lui-même d'un institut de première valeur, îouime modeste et droit, Ernest Solvay joint a ine sensibilité de bon ^aloi et à une intelligenco l'élite, les plus hautes vertus civiques. SUR LA LIGNE BRUXELLES-ANVERS Samedi matin, vers 9 heures un quart, pour la iremière lois depuis le 20 août 1914-, un train Militaire a quitté la gare du Nord à destination l'Anvers. Des inspecteurs militaires belges, fran-;ais, anglais et américains, sont ailés examiner a voie pour décider si l'on peut remettre la ligne ;n exploitation. Ce premier convoi comportait deux locomotives it une voiture-salon allemandes. Aucun drapeau arboré. « Les jours de joyeuse iolie sont passés, nous dit-on. Maintenant on va. se remettre à la tâche. » Les autres lignes vont être vérifiées également, ifin de pouvoir organiser à bref délai les trains le ravitaillement nécessaires, particulièrement Sans certaines parties du Luxembourg. HOMMAGE fcUX POSTIERS, CHEMINOTS ET TÉLÉGRAPHISTES M. Paul Segers, vient d'adresser l'ordre le service que voici aux agents des adminis-:rat ions des chemins de fer, marine, postes 't télégraphes: « En quittant le département, j'ai îv cœur, le rendre un public et solennel hommago «ix agents de tous rangs et de tous grades 1e nos administrations des ehomins de fer, ie la marine, des postes et des télégraphes, jour leur atti tude fière et patriotique pen-lant la guerre. Ils ont fait preuve du plus ■dmirable esprit de sacrifice. Ils n'ont cessé l'opposer aux tentatives répétées de î'enne-ui la résistance la plus courageuse et • la dus farouche. Ils se sont donné mutuelle-nent des gages de la plus touchante soli-larité. Plusieurs de nos cheminots ont payé eur dévouement de leur vie. Beaucoup d'en-re eux ont été déportés. L'ennemi a pu neurtrir leurs corps... Il n'a pu dompter eurs âmes. Plusieurs d'entre eux ne sont ias revenus. Leurs noms sont inscrits au nartyrologe do la Patrie. » La grande armée de nos administrations lubliques s'est battue à sa manière. Elle a [onné un exemple inoubliable au pays. Elle , grandement honore la profession. Elle a lien mérité de la Patrie. » Je considère comme un devoir, en me éparant de ces vaillants, de les féliciter et le les remercier de tout mon cœur. » Je tiens aussi a exprimer ma gratitude " ' collaborateurs dévoués qui ont accom->agné le Gouvernement dans l'exil et aux ourageux ouvriers de nos ateliers créés à )issel pendant la guerre. » Le Gouvernement s'est efforcé, en dépit [e difficultés de tonte nature, de payer les raitements et les salaires à ses agents. Jo emeTcie les organismes constitués pendant a tf-orre et plus spécialement le Comité de eo et de prêts, qui lui ont assuré leui-irécKux concours. » 1>W arriérés restent dus. J'ai prié l'ad- ii uistration d'en établir sans retard le re-o. e de façon de permettra à l'Etat d'acquit, er au plus tôt sa dette. » Les promotions de traitement et de gra-es on*- dû être suspendues. J'ai prié do aême les services administratifs de dresser ans délai la liste des avancements depuil uatre ans. » En remerciant à nouveau les fonction-.aires,, «mployés et ouvriers des administra-ions d.i département, je leur souhaite ds îaintenir intact leur admirable esprit dtj olidarité professionnelle, sou* le soyifilo de jurs aspirations D&tjciafcww^ 2me Edition. ~ BULLETIN PROVISOIRE DES JOURNAUX « 7

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Dit item is een uitgave in de reeks La dernière heure et la petite feuille: bulletin provisoire des journaux behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in - van 1918 tot onbepaald.

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