N° 2171. XLIe ANNÉE. N° 39 LE NUMÉRO FR. 0.50 Dimanche 5 juillet 1914. LA FédérationArtistique BELGIQUE : 15 francs par an. c - - ■ JOURNAL HEBDOMADAIRE FONDÉ EN 1873 BRUXELLES etr RUE DE LA VICTOIRE, 56. TÉLÉPHONE A 6162 ecteurs-Propriétaires : Edm.-L. DE TAEYE, VURGEY, VAN CLEE1 etranger: 18 francs par an. Dépôts du joui nal : 7, galerie du Roi et maison Beethoven, 17, rue de la Régence et îi Gand, à la Librairie Van Grûethem. — Les abonnements prennent cours il toute date. — Il est interdit de reproduire nos articles sans en indiquer la provenance et l'auteur. — Los manuscrits ne sont pas-tendu s. — lies auteurs sont seuls responsables de leurs articles. SOMMAIRE. — Le Salon de VArt décoratif au Cinquantenaire: Charles Henry. —• Figures littéraires belges : Charles Conrardy. — Gymnastique rythmique : Ch. Delgotjefre. — Lettre de Paris: M. D..— Lettre de Rouler s : Vidi. — Bibliographie : Emile Baes. — Notes et Paroles.— Mémento musical. —• Courrier théâtral. — Bulletin des Expositions et Concours. LE SALON DE L'ART DÉCORATIF AU CINQUANTENAIRE Après plusieurs semaines de retard le Salon de l'art décoratif s'est enfin ouvert. Disons tout de suite que si les intentions qui présidèrent à son arrangement furent excellentes, si l'impression d'ensemble est bonne, rares sont les œuvres qui méritent ce titre, qui dépassent l'ébauche, l'exquisse à peine indiquée. Hélas, là est le mal actuel ; tout artiste qui a donné un coup de pinceau, un coup d'ébauchoir, s'arrête et s'extasie devant ce qu'il vient de créer. Dans ce Salon où les pensées sont rares, le métier est presque toujours nul ; les médiocres s'étalent et les loufoques triomphent. J'ai vu une chambre à coucher du meilleur mauvais goût année 1850 avec « glands à franges » sculptés en bois et peints en jauue, qui m'ont fait me demander si l'on ne nous réservait, aggravées, les productions de la période la plus néfaste pour l'art. On y voit, encadrés, des papiers, portant un trait au crayon, indiquant vaguement une tête ; quelquefois ou y a laissé couler une teiute innomable. Il y a un salon avec des décorations noires sur blanc. C'est « peint directement sur le mur » m'a dit le gardien. C'est assez triste pour le mur, me suis-je dit. Et ce néant d'idée vous donne le vertige, et l'impression d'entendre des bavards n'ayant rien à dire et qui s'expriment dans un jargon plat, bas-, vil, qui vous déchire les oreilles ! C'est l'art des médiocrités, l'art que le fils à papa peut faire entre une nuit de fête et une partie de golf, comme on fait autre chose. Ils ne comprendront sans doute jamais, eux qui étalent aussi impudemment des abominations,que quand l'art n'est, pas porté par une idée, il n'est que du métier ; que l'idée sans le métier devient une suite de cris grotesques et que les productions qu'ils nous donnent, et d'où tout est absent, ne valent pas d'être regardées. Il y a cependant des œuvres là-bas ; il y en a, puisque Fabry, Montald, Langaskens exposent des toiles magnifiques de grande allure, (Delville est absent) et que comme sculpteurs on y^voit Eugène Debremaecker qui vous montre une de ses plus belles œuvres et Canneel quia f,tif de grands progrès. Je pourrais vous citer encore beaucot noms connus depuis peu et qui disparaîtront demain a" . numéro du journal qui les porte ; renommée aussi éph e que leurs œuvres, pygmées ridicules à côté des géant d. l'art de jadis et dont la race est pour le moment presq éteinte. Eu sortant de ce Salon on revoit seules comme eh un rêve, les œuvres pleiues de vie, de beauté, de joie, d'expression et d'amour de Carpeaux, et plus près de nous, de Paul de Vigne, de Dillens, de Viuçotte, pour ne citer, comme décorateurs, que les sculpteurs dont le génie est actuellement toujours accessible à notre mentalité, dont l'influence se fit tant sentir il y a vingt ans et qui travaillèrent pour la décoration,simplement,loyalement,en altistes heureux de produire un travail, loiu de tout battage, de toute vive réclame. Je consacrerai mon prochain article aux représentants du " loufoquisme » qui jette ses dernières flammes à l'art décoratif au Cinquantenaire. Je vous parlerai aussi de deux ou trois "homes » ou «salons» dont la décoration est belle dans cet ensemble d'horreurs Peut-être est-ce parce qu'on n'y a pas abîmé la [beauté de la figure humaine. (A suivre) Charles Henry. FIGURES LITTÉRAIRES BELGES Franz Hellens Un soir Hellens, Gantois comme tant d'autres, a lu Maeterlinck. Il s'exalta, bâtit sa maison « hors le vent » et se mit à « massacrer les innocents ». Hellens ne rêve que massacre. Cette pauvre langue française en sait quelque chose. Et puis

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