N° 2175. XLle ANNÉE. N° 43 LE NUMÉRO FR. 0.50 DIMANCHE 2 AOUT 1914. LA FédérationArtistique BELGIQUE : 15 francs par an. JOURNAL HEBDOMADAIRE FONDÉ EN 1873 ETRANGER : 1R fratirs rar an. BRUXELLES RUE DE LA VICTOIRE, 56. TÉLÉPHONE A 6162 Directeurs-Propriétaires : Edm.-L. DE TAEYE, VURGEY, VAN CLEEF Dépôts du journal : 7, galerie du Roi et maison Beethoven, 17, rue de la Régence et à Gand, à la Librairie Van Goethem.— Les abonnements prennent cours à toute date. — Il est interdit de reproduire nos articles sans eu indiquer la provenance et l'auteur. — Les manuscrits ne sont pas rendus. — Les auteurs sont seuls responsables de-leurs articles. * SOMMAIRE. — A VEglise de Leliendael ou des Fères Jésuites, à Malines : Ed.-L. de Taeye. — Les origines de VArt: G. van Wetter. — Lettre de Gand: Paul Bergmans. — Lettre de Liège : Aden. — Figures littéraires belges: Charles Conrardy. — Bibliographie : V. — Notes et Paroles.— Memento musical. — Bulletin des Expositions. A L'ÉGLISE DE LELIENDAEL OU DE5 PÈRES JÉSUITES, A MALINES Dans cet intéressant édifice que l'on doit, coramé tant d'autres, au talent fécond du Malinois Luc Fayd'herbe, on a placé, tout récemment, deux grandes compositions picturales qui font honneur à l'art à la fois serré et libre, traditionnel et moderne, de leur auteur : Jean Rosier. Aujourd'hui ou confond si souvent la noble et graude peinture religieuse avec l'horrible imagerie d'un catéchisme bourgeois autant que banal, qu'il est agréable, sinon utile, de signaler les œuvres qui, dans ce domaine par excellence du grand art, restent fidèles aux belles traditions et ne donnent pas cette impression d'écœurante insignifiance. Le premier de ces tableaux a pour sujet Saint Ignace devant Tanl IH et le second-Saint-François Xavier baptisant un prince indien. Celui-ci bien qu'admirablement composé et parfait en ses moindres détails, a cependant uu aspect moins émouvant, moins religieux que celui-là. Il est d'uue floraison plus libre et rappelle plus une page de genre, d'ailleurs sévère, traitée en pleiu air. Saint Ignace devant Paul III constitue, à notre avis, une page parfaite, une page d'une dignité souveraine. Assurément la séduction des ligues y frappe l'attention, mais cette séduction s'harmonise avec l'âme de l'époque loyo-litique à laquelle se rapporte le sujet traité, par ailleurs, il est vrai, comme certaines pages italiennes du XVIe siècle. Au surplus, à cette élégance serrée se mêle le sentiment de fervente exaltation mystique du groupe figurant saint Ignace et ses disciples tandis que le pape et son entourage se précisèrent, au contraire, nar un caractère de fière et noble dignité accusé encore par les rouges rubéniens qui prédominent dans cette composition. Ces tendances so,nt conformes à la tradition. La papauté, c'est le roc. Ignace de Loyola, au contraire, c'est l'illuminé, l'extatique visionnaire fondateur de la Compagnie de Jésus (ad majorent Dei gloriam) dont le pape, puissant, solennel et bou, vient d'approuver les statuts. Un somptueux cadre d'architecture, de riches étoffes et une échappée lumineuse sur les jardins boisés du Vatican, complètent les beautés calmes et puissantes de cette page eurythmique dont certaines parties sont d'un style magnifique. Le thème se rapportant au disciple principal de saint Ignace de Loyola à Paris, est d'ailleurs, lui aussi, largement traité. L'Apôtre des Indes a de l'éloquence et le cortège du prince converti une dignité tout orientale. Les deux pages sont d'une technique superbe et valent aussi par leur colori, plus accentué et plus chaud que dans certaines œuvres antérieures du maître. D'autre part, ces compositions religieuses tout en étant strictement raisonnées au point de vue orthodoxe, ont un aspect de modernité qui prouve que l'art sérieux peut toujours se concilier avec la tradition. Or, eu ces temps de productions rapides et à peine indiquées ou de 11 paysagisme » à jet continu,en ces temps d'impressions fugitives ou de notes fantaisistes, il est consolant de trouver encore des maîtres sérieux capables de fournir un pareil effort dans des pages éloquentes essentiellement faites pour exalter la foi et faire naître cette émotion profonde qui seule justifie encore aujourd'hui la grande peinture religieuse. Et'c'est là surtout ce que nous voulions constater. Ed.-L. de Taeye. LES ORIGINES DE L'ART t (Reflexions didactiques) III Le chasseur primitif s'est également paré de colliers et de couronnes en coquillages (d'origine souvent lointaine) ou de dents animales et de fragments d'os troués accommodés en pendeloques. Dents et fragments osseux paraissent avoir été

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