La renaissance du flamand a cte l'œuvre des classes lettrées : ce fait seul montre son caractère artificiel ; il prouve que cette tentative est tout à fait contraire à l'espr it de l'époque, puisquç c'est une langue conservée, non pour son utilité, ce qui est la seule raison de la continuité d'être une langue, mais parce quon la regarde comme une curiosité littéraire, un jouet philosophique. A.-H. Sayce, trad. E. Jovy. N° 2403. XLVIe ANNÉE. N" 5. LE NUA\ÉRO FR. C.25. DIMANCHE 22 DÉCEMBRE 1918. LA FédérationArtistique BELGIQUE : 15 francs par ^n. JOURNAL HEBDOMADAIRE FONDÉ EN 1873 bruxelles 56, RUE DE LA VICTOIRE. TÉLÉPHONE A 6162 ÉTRANGER : 18 francs par an. Il est interdit de reproduire nos articles sans en indiquer la provenance et l'auteur. — Les manuscrits ne sont pas rendus. — Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles. Le journal est envoyé à V essai pendant un mois. Les personnes qui s'abonneront avant le 1" janvier, recevront le journal gratuitement jusqu'à cette date. La pénurie du papier nous oblige à paraître sur quatre pages seulement pendant quelque temps. LE SALON ANTiBOCHE ! La caricature et l'humour, ces armes envenimées qui tuent par le ridicule et le rire, attirent à la salle AOSliarç, un public chaque jour plus nombreux. On peut y lire, tout au long des cimaises, lé mépris et la haine qu'aura laissés derrière elle cette horde de hobereaux stupides et cruels qui s'étaient imaginés venir nous en imposer par leur brutalité et leur terrorisme. Cette débâcle, la plus lamentable de l'histoire — la plus veule aussi, où les chefs se rejettent les fautes pendant que les maîtres d'hier se récusent— devait inspirer aux humoristes, aux peintres mêmes, des pages qui auront leur grande part dans l'éducation des générations futures, lesquelles doivent conserver vivace la défiance de la race et la volonté de la vengeance. Cinglante et véridique, cette exposition tue son homme aussi bien que la balle et l'obus. Point n'est besoin pour le dessinateur habile de mitrailleuses ou de la « grosse Bertha ». Déjà en ce sens nos petits prohibés en firent la preuve ! Il faut admirer l'ensemble de Leinbygelshoven, croqué sur le vif, fruit d'une documentation amassée au cours des quatre années de labeur secret, sauvé au prix çle combien de risques et de danger. Ce que j'apprécie chez Leinbygeishoven, c'est la vérité de ses personnages. Ici, point d'exagération, mais le type dans toute sa laideur stupide et basse, esclave et complice des plus infâmes consignes :« Ceux des matelas », « .Ceux des cuivres ». Il y a aussi le panneau où se succèdent les silhouettes des quatre dernières années avec leur teinte bieu différente, jusqu'à ces mois derniers où l'on voit le fuyard chargé non de son fourniment comme le poilu, mais du lourd fardeau de ses rapines. i Les dessins de Combaz sont d'un symbolisme tragique, et l'on n'oublie pas, pour l'avoir imagiué soi-même, ce Kaiser qui se noie dans une mare de sang. lie tableau « Les vingt culs » de Roméo Dumoulin semble être le clou du salon, au point de vue esprit et caricature. Son panneau « Bolchevisme Boche » est une œuvre qui restera. Thysebaert nous montre des dessins d'une réelle portée artistique. Collin est amusant au possible : ces faces porcines, ces attitudes maniérées et ces corps semblables à des outres trop gonflées qu'on aurait essayé de vêtir, font la joie du public. Mignot est l'artiste délicat ; il serre son procédé et arrive à de jolies « trogaes » (disons même des hures) abreuvées de turpitudes, et d'une vérité étonnante, sans exagération. Et puis, voici Lyneu, le spirituel Lynen qui nous montre quelques épreuves de « Mes crachats », ouvrage qui pour n'être pas encore couronné par l'Académie, promet de fructueuses éditions.

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