La patrie belge

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lre Année N° 7 BUREAUX de la Revue BRUXELLES : Boul. Lambermont, 460 ANVERS : 28, Courte rue Neuve, 28 La Patrie Belge Revue paraissant le Samedi Directeur : Joseph DE GEYNST. — Secrétaire de la rédaction : Charles TYTGA1 Abonnements Belgique : un an fr. 25 Étranger, port en plus. Pour les annonces S'adresser au bureau de la Revue. La Reddition d'Anvers Pendant les quatre années d'occupation, j'ai fait mon devoir sans ostentation; j'ai défendu avec énergie les droits et la dignité de la commune, ainsi que les intérêts de ses habitants. La satisfaction du devoir accompli et les nombreuses marques de sympathie de la population, surtout des employés de l'administration communale qui ont vu de près le travail des dirigeants, ont été ma récompense. Sous le despotisme allemand, j'ai laissé à ceux qui entravaient ma politique des principes, toute liberté pour vanter leur conduite dans les journaux germanophiles publiés en Belgique et en Hollande. Je me suis tu, ne voulant pas écrire ou faire écrire, sous la surveillance de la censure, ni donner à l'ennemi la satisfaction de constater une désunion parmi les Belges. Après mon retour d'Alle-magne, après l'armistice, la situation changeait. Toutefois, le moment de parler n'était pas venu. Je ne voulais pas troubler la joie de la délivrance. Mais le singufier exposé, présenté par le Collège au Conseil communal, le 18 novembre 1918, m'imposa le devoir de dire quelques mots, de faire des réserves, de signaler qu'on semble vouloir fausser l'histoire de l'occupation. On veut créer des légendes. Depuis ma protestation, beaucoup de journalistes ont voulu m'interviewer; je ne m'y suis pas prêté; le moment de parler ne me semble pas encore venu. La Patrie Belge m'a fait l'honneur de me demander de collaborer à sa publication. J'ai répondu qu'il fallait attendre. Hier, sa direction m'a demandé un article sur la reddition d'Anvers. Le public, m'a-t-elle dit, vient d'entendre le soii d'une cloche et voudrait entendre ceiui de l'autre; le sujet est de grande actualité. Soit, je cède pour cette question. Le soi-disant interview d'il y a trois ans, publié seulement ces derniers jours, n'est pas la première narration faite par les intéressés; c'est leur troisième version. La première fut donnée dans le journal germanophile, le Nieuwe Rotterdamsche Courant, par l'entremise du correspondant de cette gazette, un fonctionnaire de la ville, auquel le Collège imposa, en septembre 1914, le devoir de donner sa démission de correspondant et, à l'occasion de cette démission, lui infligea une suspension de huit jours. Le lendemain de l'occupation de la ville par les Allemands, ce fonctionnaire reprit immédiatement ses correspondances, comme organe de l'Intercommunale, pour plaider en Hollande le retour des réfugiés et pour défendre la démarche de Contich. La seconde version se trouve dans le tract publié le 8 février 1915, au nom du Collège et de la Commision Intercommunale, publication que j'ai refusé d'approuver. La nouvelle version, la troisième, n'est guère plus explicite que les deux premières. Pour raconter l'histoire de la reddition d'Anvers, il faudrait remonter au 2 octobre 1914, quand un des chefs du parti clérical, parlant du bourgmestre d'Anvers en termes peu aimables, donna l'idée de la constitution d'une Commission consultative, composée des élus de l'arrondissement, afin de combattre le découragement de la population des 72 communes de la position fortifiée. J'avais approuvé la constitution de ce Comité consultatif; le Conseil communal s'y rallia. Malheureusement l'on ne tint aucun compte de sa décision et la commission devint immédiatement une institution agissante; c'est ainsi que s'explique l'intervention de Messieurs Franck et Ryckmans pour la reddition de la ville. Le 4 octobre 1914, le Conseil communal avait voté à l'unanimité la motion exprimant au Gouvernement et à l'autorité militaire l'inébranlable volonté de la population anversoise de voir se poursuivre jusqu'au bout la défense de la position fortifiée, sans autre souci que celui de la défense nationale et sans avoir égard aux dangers courus par les personnes ou les propriétés privées. Le même jour, l'administration communale remit au Consulat Général des Etats-Unis la liste des monuments historiques essentiels qui devaient être épargnés, conformément aux conventions de La Haye. Parmi ces édifices à l'abri du bombardement se trouvait naturellement l'hôtel de ville. La première bombe fut lancée sur Anvers le Mercredi soir, à minuit moins dix minutes, et le lendemain vers la même heure, on parlait de la reddition de la ville. Le bombardement dura toute la journée du jeudi. La population avait fui ou s'était réfugiée dans les caves ; dans les rues, on ne rencontrait que des chiens et des chats abandonnés par leurs maîtres. En revenant à l'hôtel de ville, après le repas de midi, j'appris du Conseiller communal, M. Stroum, que la retraite de nos troupes avait amené du désordre au port, qu'il fallait y envoyer des ouvriers pour faire le nettoyage des quais. Je priai M. Stroum, qui s'était mis à ma disposition, de faire le nécessaire. On travailla ainsi sous les hangars, malgré les bombes. Je ne puis assez rendre hommage aux Conseillers communaux Stroum, Verrept, Langhor, Delannoy qui, pendant cette période, me secondaient avec le plus grand zèle, avec le plus profond dévouement. Le bourgemestre me fit savoir que je devais rester à l'hôtel de ville la nuit, le Collège pouvant être appelé à délibérer. En revenant à la maison communale, vers 7 heures, je descendis dans le souterrain, où l'on soupait. On y avait placé des lits. La place manquait d'air et j'ai demandé à l'employé Van Cant de faire mettre le lit qui m'était destiné, dans mon cabinet de travail. Vers minuit, une dame éplorée vint se réfugier à l'hôtel de ville, avec son neveu et deux domestiques : le feu avait pris dans'une des maisons de son beau-frère ; elle croyait, à tort, que c'était dans celle où elle s'était réfugiée. Suiexcitée, elle

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