La semaine d'Averbode

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Averbode, 8 Février 1914. Soyez des apôtres, Mesdames !... omment, monsieur Jules-Cé-I sar, vous arrivez en ville I par un temps pareil ? — Mon Dieu ! mademoiselle Hortense, j'aurais mauvaise grâce de me plaindre de la température, a- 1 1 » et lors que vous avez non moins bravement quitté la campagne pour venir aussi à la ville. — Il faut bien faire de nécessité vertu. Il me semble qu'il ne fait pas si froid à la campagne.— C'est un peu difficile d'en juger, vu que nous ne sommes pas des Saint Druon ; en tous cas, nous n'avons pas à la campagne ces terribles courants d'air que la ville nous offre généreusement à chaque rue qu'il faut traverser. — Et dire que, malgré ce froid si vif, on rencontre des femmes et des jeunes filles en décolletage sous leurs fourrures. — Mademoiselle Hortense, soit dit sans vous blesser, mais les femmes sont folles!... — Quoi ?... Quoi i... — Je dis que les femmes sont folles, du moins un bon nombre, car il y a, grâces à Dieu, beaucoup d'heureuses exceptions— Ne m'interrompez pas ; laissez-moi m'expliquer. Vous vous rappelez sûrement tous les changements de mode depuis une vingtaine d'années ; moi, cela ne m'intéressait qu'autant que ma moitié — « mon sacrement de pénitence », disait mon ancien tailleur, Dieu ait son âme ! — daignait me consulter. Tout récemment, nous avons ensem ble refeuilleté une quinzaine d'années d'un l journal de mode pour y rechercher un des- | sin. Ce que cette revue nous a fait faire de réflexions sur les modes, je vous le laisse à deviner. On dit, mademoiselle Hortense, que le ridicule tue ; eh bien, je suis certain que si l'on faisait une exposition du costume féminin depuis une vingtaine d'années et même plus, elle aurait un merveilleux succès et beaucoup de femmes regretteraient d'avoir porté des INONDATION A MERXPLAS. (Photo H. Gorissen, icr prix du concours : (Jn paysage.) toilettes bien ridicules en comparaison d'autres qui les rendaient si charmantes. — A ce point de vue, vous avez raison ; beaucoup de femmes et de jeunes filles sont folles de s^ faire les esclaves de la mode, par peur souvent du qu'en dira-t-on.— La folie des modes ridicules ne serait encore qu'un demi mal si l'indécence de la toilette n'était venu s'y joindre. L'an dernier, l'Oncle Jules a entamé une cam- oasne dans la Semaine à ce pagne dans la semaine a ce sujet, je sais que nombre de mères de famille et de jeunes demoiselles l'ont approuvé ; par contre, d'autres l'ont trouvé bien exigeant, « parce que c'était la mode et qu'il fallait bien la suivre pour ne pas être ridicule.... » — Je vous avouerai que j'ai approuvé de tout cœur cette campagne. Je suis tailleuse et j'ai une très belle clientèle ; j'ai fait lire les articles de l'Oncle Jules à mes clientes et je leur ai dit bien nettement que je ne voulais plus confectionner des blouses et jupes immodestes. A part deux ou trois esclaves de la mode qui se sont dès lors adressées ailleurs, j'ai eu le plaisir de constater que mes clientes se rendaient bien compte du danger de ces vilaines modes. — Mademoiselle Hortense, je ^ vous félicite ainsi que vos braves chrétiennes de clientes. Espérons qu'à la suite de la « Lettre de l'Episcopat aux parents chrétiens », que les journaux catholiques viennent de publier, nous aurons le bonheur de voir nos femmes et filles chrétiennes secouer l'esclavage de la mode et du respect humain, pour adopter désormais des toilettes décentes qui les rétabliront « reines du foyer et de la société ». — Que nos chrétiennes écoutent la voix de leurs pasteurs et elles pourront, comme en dit, « mettre une belle plume à leur chapeau ». — Nous pouvons alors comptet qu'ayant secoué la tyran nie de la

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