26 JUILLET 1914. TRENTE-ET-UNIEM E ANNÉE. — N» 30. LE MOUVEMENT GEOGRAPHIQUE ABONNEMENTS Belgique .... 12 francs par an. Union postale . . 15 — — On s'abonne au siège du journal et dans tous les bureaux de poste. JOURNAL PARAISSANT TOUS LES DIMANCHES PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE A.-J. WAUTERS, SECRETAIRE GÉNÉRAL DE LA COMPAGNIE DU CONGO PODR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE BUREAUX ADMINISTRATION ET REDACTION 13, rue Bréderode, à Bruxelles. Adresse télégraphique : « Congo » Téléphone n° 564. SOMMAIRE : Bruxelles et ses faubourgs. — L'Albanie. — Les chemins de fer africains. — Makoko II. — Nouvelles et informations. — Chronique géographique. BRUXELLES ET SES FAUBOURGS TROISIÈME ARTrCLE. (Voir le plan publié dans notre n" du 12 juillet dernier.) S&jWs les deux articles précédents nous avons décrit les sept communes limitrophes de Bruxelles: Schaer-beek, Ixelles, Molenbeek-Saint-Jean, Anderlecht, Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-Noodeet Laeken qui, jusqu'en 1795. furent soumises à la juridiction de Bruxelles, considérées comme ses faubourgs et dont les agglomérations de maisons voisines des fossés de la ville formaient sa banlieue. Il nous reste à passer rapidement en revue, sept autres communes qui.sansavoir appartenu à son ancienne «cuve», sont aujourd'hui considérées, dans les statistiques officielles, comme appartenant à l'agglomération bruxelloise. ETTERBEEK. Etterbeek, — que, au xne siècle les documents appellent Itterbecca ou Itterbeke —paya à la ville l'accise de la bière, depuis le règne du duc Jean II Sous tous les autres rapports, le village resta indépendant de la capitale. « Heureux, dit-on, les peuples qui n'ont pas d'histoire ». S'il en est des faubourgs comme des peuples, Etterbeek doit être la plus fortunée des communes de l'agglomération bruxelloise. « L'industrie de la bâtisse y est dans tout son épanouissement », dit en terminant un rapport, le collège échevinal. Or, quand le bâtiment va, tout va. Les constructions continuent à s'élever le long de la chaussée d'Auderghem, du boulevard Militaire, de l'amorce de la belle avenue de Tervueren, immédiatement après l'arcade du Cinquantenaire. Le territoire d'Etterbeek a été amputé, en 1852, en faveur de la ville de Bruxelles, pour l'aménagement du champ de manœuvres ou s'élèvent actuellement les musées et le parc du Cinquantenaire. Le nouveau champ de manœuvres qui s'ouvre devant les casernes de cavalerie, d'artillerie et gendarmerie, demeure sur son territoire. En 1786, la population de la commune était de 1,114 habitants, en 1831 de 2,237, en 1846 de 3,084. Elle en compte actuellement 35,211 groupés sur une superficie relativement restreinte — 292 hectares — ce qui donne à la commune une densité de population de 120 habitants par hectare. FOREST. Très ancien village des environs de Bruxelles, dont les premières maisons se groupèrent autour d'une abbaye consacrée au vne siècle, qui fut par la suite desservie par des religieuses bénédictines et qui resta florissante jusqu'à la Révolution française, époque où elle fut supprimée et vendue comme bien national. En 1786, la population de Forest était de 740 habitants, de 993, en 1831 et de 1,324, en — 379 — 1846. Depuis 1890, elle a progressé dans les proportions suivantes : 1890 6,352 1908 21,170 1POO 9,509 1910 24,398 1902 11,896 1912 27,346 1904 14,774 1913 29,110 1906 17,894 Sous le règne de la duchesse Jeanne, Forest fut admis aux libertés et privilèges de Bruxelles. La charte d'union est datée du 25 avril 1394, elle subsista jusqu'en août 1795. Dans ces derniers temps, Forest a été dotée du beau parc public de M. Duden. UCCLE La tradition rapporte qu'en 803, c'est-à-dire sous le règne de Charlemagne, le pape Léon III consacra une église à Uccle, mais ce détail historique ne doit être admis qu'avec réserve. La chaussée de Charleroi prolongée par l'avenue Brug-mann, belle artère coupée par la chaussée de Waterloo et par l'avenue Molière, rattache à travers un quartier richement bâti, la ville au plus vaste de ses faubourgs (2,293 hectares), qui est aussi l'un des plus riants en même temps que celui qui renferme quelques-uns des points les plus élevés de l'agglomération bruxelloise (1). L'observatoire royal (altitude 102 mètres) et l'hippodrome dit de Boitsfort se trouvent sur le territoire de la commune. Uccle a été administrée par M. Vanderkindere et l'est actuellement par M. Paul Errera, qui tous deux ont été recteurs de l'Université libre de Bruxelles. L'artistique mémorial élevé au premier de ces magistrats communaux, est dû à la collaboration de M. Acker et de Mlle Sylvie Vanderkindere, s'élève sur l'un des carrefours de l'avenue Brugmann. Les belles artères de la commune se bordent de riches villas, en même temps que s'accroît rapidement la population. Celle-ci était au dernier recensement de 30,561 habitants, que la salubrité de la commune, l'agrément de ses plantations publiques, la beauté de ses points de vue et la faculté des communications, ne peuvent manquer d'augmenter rapidement. JETTE-SAINT-PIERRE. Du xic au xve siècle, on trouve dans les archives le nom de cette commune successivement orthographié : Jetta (1095), Jhet (1220), Jette (1389), Yetle (1435). Elle doit le nom de Saint-Pierre, au patron de son église. En 1786, Jette ne formait avec Ganshoren, sa voisine, qu'une seule commune peuplée de 1,140 habitants. En 1846, Jette seul en possédait déjà 1,981; elle en avait 7,496 en 1,900, et en compte aujourd'hui 15,873. Du haut des collines qui environnent le village, on embrasse d'un coup d'œil les paysages les plus riants, notamment un beau panorama de Bruxelles. Au village de Dieligem, près de Jette, s'élevait jadis la célèbre abbaye prémontrée de ce nom, fondée vers 1095, saccagée en 1580, supprimée en 1796. Au temps de sa (1) Le point le plus élevé de l'agglomération bruxelloise dans les limites de notre plan, est l'ancienne campagne Capouillet, à Solbosch (commune d'Ixelles) : altitude 105 mètres, soit 3 mètres de plus que l'Observatoire royal. — 380 — splendeur, son monastère était riche en œuvres d'art, dont plusieurs ont été recueillies par le Musée de Bruxelles (1). KOEKELBERG. Ce hameau doit son nom à une famille bruxelloise qui s'y fit bâtir, vers le xie ou xne siècle un manoir, lequel devint plus tard la propriété du chevalier Jean de Locquenghien, bourgmestre de Bruxelles, créateur du canal au Rupel et à l'Escaut. Depuis le règne du duc Jean Ier de Brabant, la seigneurie était comprise dans le rayon où Bruxelles percevait l'accise sur la bière. De temps immémorial, Koekelberg et le territoire voisin de Berchem-Sainte-Agathe ne formaient qu'une seule et même commune. Mais les lourdes charges que la classe ouvrière et pauvre de Koekelberg imposaient au bureau de bienfaisance,mécontentaient la population agricole des autres parties de la commune; une loi du 16marsl8il, donna satisfaction aux habitants de Berchem en prononçant la séparation de Berchem-Koekelberg en deux communes distinctes. Pendant de longues années cette dernière a lutté péniblement contre les ravages toujours croissants du paupérisme, tant et si bien que, parmi les faubourgs voisins de Bruxelles, elle était traitée en paria. Elle se relève petit à petit de sa misère passée, grâce aux embellissements et aux développements poursuivis par la ville de Bruxelles de ce côté. Le voisinage des stations de l'AUée-Verte et du quartier ouest sur le territoire voisin de Molenbeek, l'ouverture plus récente du boulevard Léopold II jusqu'au plateau qui domine Bruxelles, la création du vaste parc Elisabeth dans le voisinage de la nouvelle église de la commune, vont parachever le réveil de ce faubourg délaissé, dont la population réduite, longtemps stationnaire et qui s'élevait en 1890, à 6,638 habitants, en compte actuellement 12,738. WOLUWE-SAINT. A l'est de Bruxelles, se trouvent trois communes appelées Woluwe, du nom du ruisseau (affluent de la Senne) sur lequel elles sont situées et que distinguent les noms de leurs saints patrons : Etienne, Lambert et Pierre. La dernière se trouve sur la route qui conduit à Ter-vueren. Nous ignorons pourquoi Woluwe-Saint-Lambert a, dans les dernières statistiques officielles, le privilège d'être considéré comme faubourg de Bruxelles, tandis que cette distinction échappe à Woluwe-Saint-Pierre. Les constructions du chemin de fer de Bruxelles à Tervueren et de la récente et très pittoresque avenue de Tervueren, qu'on doit en partie à M. Parmentier-Gilbert, un des prête-nom du roi Léopold II, traverse les deux communes, qui vont leur devoir une partie de leur prospérité future, comme lieu de plaisance et de villégiature des Bruxellois. Depuis longtemps déjà la vallée de la Woluwe et les bords des nombreux étangs qu'elle alimente étaient parsemés de maisons de campagne; malheureusement celles-ci étaient séparées de Bruxelles par la ligne de faite entre le Malbeek et la Woluwe, plateau longtemps dénudé et désert où s'élèvent actuellement l'Arcade du Cinquantenaire, ainsi (1) A.-J. Wauters : " Corneille Van Coninxloo et la triptyque de l'abbé de Tuegèle au musée de Bruxelles », dans la Revue de Bruxelles, 1909. — 381 —

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