Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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08 december 1918
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s.n. 1918, 08 December. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Geraadpleegd op 02 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/cr5n873z37/
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Nnmnp vm ÖIIViAr^orzc. o üeosivbsskê r^ie ■ ^'Ie numero ABONNEMEDTS jpsqu'au 31 (mars 1919 & francs Directeur : CE TYTGAT L'UNION DANS UACTIQNV1NGT-QUATRIEME ANNEE TARIF DES ANHONCES Annoncescommerc, petite lignefr. 0.50 Reclames avant les annonces, la lignefr. 2.00 Falts divers • T". • . 5.00 et 4.00 Sportsfr. 2.00 Reparations judiciaires • . . » 3.00 Necrologies• •» 3.00 Nos petite» annonces, paralssantsüxroltanément dans le « XX* Siècle » et le « Journal de Bruxelles » au tarif Instaurare omnia in ChrisfOreduit de 1 FRANCIes3ligne8,chaqae ligne supplementaire 40 centimes. Redaction et Administration: 4, impasse de Ia Fidélité, 4, BruxellespaymentParanticipation. mssn&ana Les^Sotiverains belees] Une reception trlomphale. -- En route pour Elet pour Paris. — L'accuell de la popu parisienne. — Grandioses manifesto ttons. -- Les toasts de ï'Elysée. Les illuminations de Paris. (De notre envoyi spécial.) ¥@rs Bruges Bruges, 4 décembre. >"Oïr Paris après quatre années passées sous l'ótreinte teutonne, danspa' plus dou-loureuse des servitudes, et.assister dans cette grande capitale toute frémissante encore des ovations qui ont salué le Roi d'Angleterre, a la reception de notre Roi, chargé des lau-riers de l'Yser, quel rêve et quelle; joie d'avoir pu le réaliser. Il a fallu évidemment 'de tres hautes et tres gracieuses interven-tions pour nous assure^ ce privilege excep-tionnel. Mais, depuis qu'une Belgique nouvelle s'édifie sur les ruines de Fancienne, un esprit nouveau semble régner dans le pays, et la Presse dont la dignité ne s.'est jamais mieux af&rmée que pendant ces quatre années oü elle s'est tue volontairement, se voit récompensée du silence qu'elle a observe par une consideration et un prestige plus marqués. Le voyage de Paris a l'époque que nous vivons est long, mais, malgré les fatigues de l'étape, il n'est pas dépourvu d'agré- •ments et l'on sait d'ailleurs qu'il se termi-nera en apotheose. Il faut recourir a toutes sortes de combinaisons d'itinéraires, gagner Bruges d'abord, puis emprunter la voie de Dunkerque,descéndrejusqu'a Abbeville,—oü les Boches, vous vaus rappelez, espéraient, dans leur poussée/sur Amiens, couper les armées franchises et anglaises—et atteindre Paris en passant par Ch&itilly et lepönt Ma*cadet. Elides temps plus ^èMw» le voyage de Paris s'raccomplissalttpar des voies plusi ra-pides et'ïnoins compliquées mais la gujkir-3 nous . a mis a rite ;épr;èuve : eile öife a" appris a nous" assoupllr :aïix njS&^teLdu . temps et ai^fr^e^jiÖöii^i.if'; ' cOt: ft^/nos jours pour allef de- Bruxelles a BrugesA en chemin de- f er, il faut vingt quatre pantois même trente six heures, le temps qu'on met-trait en période normale pour aller a Bes moyens de locomotion plus modernes et plus sürs nous ont permis de gagner Bruges dans les trois heures. Partis de Bruxelles dans de confortables autos militaires, nous avons suivi a rebours les routes ■ par lesquelles les troupes allemandes en re- ' traite ont du refluer pour rentrer en Alle-magne avec leur materiel et leur formidable charroi. Les voitures rourent avec une aisance sou-pie par la chaussée boueuse croisant de lourds camions de guerre ou de nombreux civils qui rentrent ont pris place parmi les söldats. Bes deux cötés de la route c'est la campagne nue, noyée dans la brume autom-nale öü le paysage s'efface, oü les maisons . villageoises ont des silhouettes imprécises. On traverse Assche a grande allure, entre deux rangées de maisons aux vitres brisées, aux toitures émiettées, Vestiges irrécusables du dernier crime teuton. De Assche -on gagne Alost et Gand. C'est a peine si on re-connait derrière les vitres embuées de l'auto les villages qu'on traverse et oül'ons'étonne de ne pas voir Hotter plus abondamment les drapeaux. Le long de la chaussée d'énormes canons de marine allemande pareus avec leur camouflage a de monstrueux mirlitons gisent a l'abandon sur leurs affuts. Le soir tombe .tres vite et nous marchons maintenant sur Gand dans Féblouissante 'cïarté des phares qui illuminent la chaussée fouillent les sapinieres, éclahoussentde leurs lueurs les basses maisons paysannes déser-tées,mais oü l'on surprend déja un commencement de vie. Nous foncons dans la nuit entre une double haie de hauts peupliers-, dont les füts brusquement apparus semblent surgir de Fombre et se précipiter1 au devant de nous. Puis, Gand passé, nous nous replongeons dans les ténèbres, essayant de découvrir, a la clarté des réflecteurs, quelques traces de la tragédie, qui a fait de cette Mand-re le der-nier champ de bataille de la guerre la plus meurtrière de l'Histoire. Mais dans tout ce noir oü notre auto roule avec decision, les .'choses prennent des formes indistinctes et confuses/C'est a peine si on remarque, en entrant dans Eecloo, la silhouette trapue de l'église se détachant sur le ciel sombre. Et le seul incident du-voyage nous immobilise un instant aux portes de Malderghem oü les soldats, baïonnettes au canon, surgissent brusquement a la portiere de l'auto. cher-chant a nous confler deux prisonniers qu'ils trainent après eux et dont ils ont Fair fort embarrasses. Voici Bruges enfin, une ville animée, Joyeuse, presquebruyante,oü nos yeux déja faits aux ténèbres sont fascinés soudain par l'éclairage des magasins et le luxe un peu tapageur des vitrines. Bes soldats de toutes les armes et de toutes les armées circ'ulent dans les rues, s'attardent devant les boutiques, oü s'offrent déja mille friandises dont nous avons été pendant des années sevrés, mille articles aussi dont les prix en baisse formidable nous laissent rêveurs... Vers Paris Dans le train royal. Après une nuit confor table oü nous avons retrouvé sur la mollesse des coussins de notre * sleeping » un sommeil que le erin rude de nos paillasses ne nous avait plus permis de gouter aussi complètement, nous nous réveillons ce matin a 3 heures au moment oü le train présidentiel dans lequel ont pris place la veille au soir le Roi, la Reine et le Due de Brabant se met en marche. Et ce qui nous frappe de suite c'est Fanimation extraordinaire 'qui règne a cette heure indue dans la gare de Bruges. Bes centaines et des centainesde voyageurs sont la, dans Fattente du train qui doit les ramener au cceur du pays. Et de cette foule tumultueüse monte une rumeur que dominent par moments des vivats a l'adresse des souverains ou Fécho assourdi d'une Brabanccnne. Passé Bruges, nous retombons dans le silence et le calme impressionnant de la nuit. Mais dès que les premières blancheurs de Faube permettent de distinguer le paysage avec une sufQsante netteté, nous sommes aux fenêtres, oü se déroule le plus pittores-que et le plus impróvu des films cinémato-graphiques. C'est d'abord la vision de Dun-kerque, de son port avec ses navires a Fan-ere si curieusement camouflés, et ses in-nombrables grües dressant dans le ciel gris leurs fuselages compliqués. Puis c'est le spectacle nouveau, pour nous qui n'avons encore rien vu, des camps anglais, vastes cirques de tentes dont la blancheur crue mot une note vive dans la grisaille du jour nais-sant. Aquelque distance de la voie s'alldngent da%&araquements de planches, constructions jfr ferfaine devant lesauefles Jas^ Trnr.™^.. ^gnivr^nT a leurs ablutions. Et puis une sur/s' prise, 'un spectacle que nous avions oublié depuis trois semaines tant les choses désa-gréables s'effacent vite de nos mémoires : de longues theories de soldats miteux, pouil-leux, portant Fodieuse livrée teutonne, et gardes a vue par des Anglais, propres et corrects dans leur tenue kaki avec le képi orné du lion hóraldique. On se léve pour les regarder mieux, ces prisonniers si différents dans la servitude, la pelle posée sur Fépaule, de ceux dont nous avons subi Finsolence et la morgue. Mais on est bientöt repris par le spectacle fuyant et mouvementó qui se déroule des deux cötés de la voie: pares d'artülerie oü s'accumulent les batteries lourdes' désormais réduites a Finaction, trains interminables chargés de canons et de materiel, vastes enclos rappe-lant les haciendas de FArgentine oü paissent librement des troupeaux de chevaux, maré-cages désolés ou prairies coupées. de rideaux de saules étêtés, ïointains laiteux oü se perd la ligne d'horizon. Le Belgian Bay s'anlrme dans les gares pavoisées de drapeaux aux couleurs de la Belgique, et oü des officiers francais char-mants de courtoisie, comme ce general Gauffin de S1 Morel, gouverneur de la place de Calais, et le general Humbel, viennent saluér au passage le train royal. Et le voyage se poursuit multipliant au-tour de nous les sites et les sujets interessants. Dans une coulée de soleil, Vimereux apparait dans le gracieux désordre de ses v-ilias éparses montrant, a droits, son cime-tière anglais tout hérissé de steles et de monuments, a gauche ses baraquements anglais, blancs, bleus et noirs éparpillés et dans le fond la mer avec ses vagues ourlées d'écume. Le train suit toute la cóte jusqu'a Etaples oü le.paysage se transforme et oü l'on re-trouveïes dunes spacieuses,évocatricesdeLa Panne, aux sables hérissés de bouquets d'oyats, d'arbousiers, de saules et de pins maritimes. G'est ici que les Anglais ont in-stalló un de leürsprincipaux camps destruction, vaste cité de planches qui se perd dans la dune ou se tasse au pied de la falaise abrupte. C'est ici aussi que les Allemands ont ajouté un nouveau crime a la liste de leurs innombrables forfaits en bombardant les höpitaux militaires, faisant cent et cin-quante victimes parmi les blessés que proté-geait le pavilion de la Croix Rouge. On se rend coèpte, a voir Fanimation, le mouvement prodigieux qui règne dans cette ville de baraquements et de tentes cönia^.'es, de Fef-forc considerable qu'a requis la preparation de cette grande armee britannique qui susci-tait la risee et le mépris du colosse teuton. Be Fautre cöté de la voie s'échelonnent les hangars a avions dont les toiles grossière-ment brossées abritent, sous leur decor de theatre, les grands oiseaux de toile prêts a| prendre leur essor. Puis c'est Abbeville et la. seduction d'une mélancolie si poignante de ses marécages et de ses étangs dont les eaux immobiles parmi les roseaux reflètent la tristesse de la campagne francaise. A Chantilly, le train royal s'arrête pour permettre a la mission frangaise chargóê de souhaiter la bienvenue au Roi et a la Reine de se rendre auprès de Leurs Majes-tés. Cette mission qui se compose du vice amiral Ronarch Fhéroïque commandant des fusilliers marins sur l'Yser, du colonel Joan-hardj commandant le 6edragons, du capi-taine de frégate Portier attaches tous trois a la personne du Roi et auxquels s'est joint le chef d'escadron Muller attaché a la per-I sonne de S. A. R. le due de Brabant est introduite auprès des Souverains qu'assiste M. Paul Hymans, mihistre des Affaires étrangères. Le baron de Gaiffier, ministre dej Belgique, a Paris, est également admis a présenter ses hommages au Roi qui retient a déjeüner les deux ministres et les envoyés au Président de la République. Ce loog voyage d'une durée de 11 heures touche a sa fin, Déja le long de la voie oü le personnel du chemin de f er s'est rapproché,J avide d'apercevoir derrière les'glaces du train de luxe les notes de marque qu'il con-voie, les manifestations se multiplient et les cris de Vive le Roi montent plus nourris. On a Fimpression que tout Paris est la et qu'il s'apprète a faire un splendide accueil au sou-verain dont le nom auréolé de la gloire de ses quatre années de campagne est aujourd'hui populaire jusqu'aux confins du monde. A la gare du pols de Boulogne ^~W H est 2 heures tres exactement — car les Rois sont reputes' póur leur exactitude traditionnelle, — lorsque le train brusquement ralenti vient s'arrêter le long du qèai de la petite gare du Bois dè Boulogne gres du tapis écarlate oü les soldats de la Garde .Républicaine, impeecablement alignés, pré sentent les armes. La Brabanconne-éclite, lente, majestueuse, solennelle, éveillant d*ms la foule^ qui, la-haut, so prepare au spectacle de cétte réception,Fécho de joyeüses rumeurs. Le Roi est rapidement descendu sur le quai avec la Reine et le prince Leopold si simple dans sa tenue de fantassin avec le bonnefde police cranement posé sur son front d'adolescent. Le Roi qui est en tenue de campagne, serre avec chaleur la main cordialement tendue du président de la République et h'm-cline devant MmePoincaré. La Reine qui s'est enveloppée d'un ample manteau de velours beige recoit ensuite les hommages respec-tueüx du chef del'Etat francais et y répond avec une souriante bonne grace. Et le groupe royal disparait un instant aux regards dans la cohue des personnages, qui font rapidement cercle autour de lui. M. Clómenceau, président du Conseil s'empresse auprès de Leurs Majestés et ses traits orientaux dont Fépaisse moustache tombante accuse la ru-desse s'éclaire d'un sourire oü l'on sent plus qu'une simple manifestation de courtoisie ofiicieile, chez ce vieillard qui, a| vécu les heures les plus sombres et les critiquesde la guerre, i ~srpate dB" lUnvILriïSSCtel'èl; pre^^j la Chambre, élégante silhouette de 'pil montaire; Pichon, ministre des aÖS3r3§ "étrangères; Dubost, président du Sénat; Georgues Leygues et Loucheur, membres du gouvernement; Mithouard, président du conseil municipal, s'inclinont a leur tour. Mais les presentations ne durent pas et le Roi se hate de passer en revue les cavaliers qui, la main crispée sur la poignée du sabre, s'évertuent au milieu du fracas des cuivres, a garder leur attitude theatrale. Pendant co temps, la foule du dehors qui plonge dans la gare, en contrebas de Fave-nue, pousse des vivats oü le nom du Roi des Belges et celui extrêmement populaire de M. Ciémenceau se trouvent curieusement associés. Au moment oü se termine cette revue des troupes, M. Poincaré ofire galamment le bras a la Reine et précódant MmoPoincaré qui s'appuie au bras du Roi s'engage dans Fétroit escalier tendu de velours cramoisi menant au perron de la gare. Le cortègè oflïciel auquel les tenues des officiers francais et belges donnent un cachet d'élégance martiale suit dans un désordre assez pitto-. resque. L'accueSl de Paris . Et, dès la sortie de la gare, c'est Fovation grandiose, émouvante, a bout portant, de la foule parisienne, Faccüeil charmant de tout un peuple venu la non dans un simple désir de badauderie, mais avec le désir de témoi-gner au chef d'un petit pays, que sa bravoure a promu au rang do grande nation, l'höm-mage le plus sincere de son admiration et de son affectüeuse reconnaissance. Le mouvement aux abords de cette gare oü les voitures de la Présidence viennent se ranger a quelque chose de prodigieux. Berrière la ligne bleue des chasseurs alpins, la foule s'est agglomórée en masses profondes; Pendant que la Reine s'installe dans la première voi-ture, a la droite de M. Poincaré, que le Êoi prend place a cótó de MmoPoincaré dans la seconde, les superbes cavaliers de la garde républicaine, dans un mouvement savam-ment ordonné, viennent encadrer le cortege royal. De la foule grouillante oü crópitent les premiers bra vos, emergent les objectifs de nombreux appareils cinématographiques dont les operateurs, tout entier a leur tache, tournent fiévreusement les manivelles. Berrière les voitures prósidentielles c'est maintenant une confusion et un désordre plein de couleur. Une interminable theorie d'autos chargées de personnages officiels ou de journalistes s'allonge et les chauffeurs rivalisent d'adresse pomirejoindre au plus vite la tête de colonne que ferme la pimpante chevau-chée des cavaliers de la garde républicaine aux casques étincelants, aux amples pélerines noires. L'avenue du Bois de Boulogne,toutes proportions gardées, rappelle *par son mouvement, par la houie prodigieuse des têtes étagées en couches successives le spectacle inoubliable pour nous des rues de Bruxelles envahies par la foule exultante le jour de la Joyeuse Entree du Roi. C'est partout sur les balcpns drapés d'étoffos tricolores des grands hotels aristocratiques comme dans l'avenue, le même entassement fou, et les mêmes ruses sont mises en oeuvre par une cohue friande de tout voir. Les hauts maronniens qui jatonent Fitinéraire sont chargés de grappes humaines.Les aubettes de tramwaj sont transformed en-observatoires et de eet océan de tëtes emergent, aux carrefours, des echelles muóes en de vivantes pyra-mides. De FArc de Triomphe oü la statue de la Victoire abrite des légions de spectateurs agglomérés autour de son piëdestal, lé cortege royal dévalo par l'avenue des Champs Elysées vers la place de la Concorde. Il s'avance lentement au milieu des transports d'une foule sfdense, si enthousiaste, sitré-Pignant© qu'un francais , dont je partagé l'automobile, s'écrie dans Fémotion qui Fétreint qu'on ne ferait pas mieux pour un roi de France. Nous qui sommes arrivés de Bruxelles pour voir ce spectacle, et qui avons encore dans les yeux comme dans les oreilles la vision et le bruitformidabledes acclamations dont ont retenti les rues de la capitale, nous éprouvons quelque chose de tres doux, une impression defierté mêlóed'attendrissement a voir autour de ce jeune Roi et de ,cette jeune Reine, monter avec une telle ferveur l'enthousiasme de la multitude. Les cris de Vive le Roi! Vive la Reine! Vive la Belgique! jaillis de cent mille poitrines se fondent dans un immense brouhaha oü l'on percoit a peine le bruit des trompettes guerrières, le --roulement des tambours, Fécho des Braban-gonneet des Marseillaise que les musiques militaires jouent alternativement comme pour mieux marquer Funion intime des deux nations sceurs. Lorsque le cortege arrive a la Place de la Concorde, le spectacle, prend, dans ce cadre unique au monde, un caractère de grandeur incomparable et qui défie toute description. Il faut avoir vu cette immeuse esplanade grouillante d'une multitude impossible a dé-nombrer, ses statues históriques noires de curieus, les füts des canons allemands dominant la multitude et chevauchés par la mar--maille- des quartiers populaires, le prestigieus spectacle des troupes présentant les armes, des cavaliers ólevant sur la foule leurs lances aux flammes palpitantes, des spahis a cheval drapés avec majesté dans lours burnous, le frémissement des mou-choirs blancs agités avec frenesie, le cadre pompeux et magniflque des hotels ministé-riels décorés de cartouches et d'étendards et au milieu de tout cela le jaillissoment soudain des eaux retombant en cascades d'écume dans les vasques de bronze, pour se' rendre compte de l'insüfiïsance des mots. Le cortege -gagne lentement le Palais Bourbon pare de longues banderolles rouge, jaune et noir retombant dans Fintervalle de ses colonnades. Et ici encore on reste stupé-fait du coup d'ceil qu'offre la foule immense massée,écrasée sur ses degrés de pierre et ■#e ■i*aa*ieu.t,,qu. errs rnerc~a: BXp_nmer au mi," a la Reine, ses sentiments de sympathie. Le cortege arrive ainsi au quai d'Orsay oü, après une dernière ovation monstre, les souverains franchissent entre la haie des laquais en culotte courte et en bas blancs, le seuil du ministère des affaires étrangères. Les dépêches des agences vous auront donné sur cettè arrivée au quai d'Orsay, sur la visite de courtoisie faite par le Roi et la Reine a FElysóe et sur les splendeurs offi-cielles du.diner offert le soir par le Président de la République des precisions suffisantes et sur lesquelles il serait oiseux de revenir. L'intérêt de cette reception reside d'ailleurs moins dans la pompe traditionnelle dont on s'est plu a Fentourer que dans F affirmation extrêmement touchante des sentiments de la population de Paris. Cette population nous a ravispar sa bönne humeur inalterable, son entrain, sa patience, la joie si naïve et si débordante avec laquelle elle a accueilli nos souverains. Ces acclamations, ces transports fous, je les ai vus se renouveler avec la même frenesie devant le Grand Palais et dans l'avenue Marigny lorsque le Roi et la Reine sont partis pour FElysée. J'ai entendu autour de moi les reflexions de la foule et j'ai été surpris de Fintensité des sentiments d'admiration et d'affectüeuse deference qui se manifestaient dans ces propos Le Roi si simple dans sa tenue de campagne, la Reine si gracieuse et si préyenante ont séduit et conquis tous les cceurs.' Entre la reception du quai d'Orsay et le diner de FElysée, le Roi s'est rendu rue St-Bominique, chez M. Ciémenceau avec lequel il est restépendant trois quarts d'heure en conférence; il a fait ensuite une visite au Maréchal Joflre, le vainqueur de la Marne. Ce soir toute la ville est iliuminée comme aux grands jours de fête. La rue Royale et les boulevards ont repris, depuis la proclamation de Farmistice, leur animation et leur gaité tapageuse auxquelles s'ajoute ce soir F aspect féérique des rues scintillantes de feux multicolores. Sur la place de la Concorde les feux con-vergents des projecteurs électriques font rayonner dans la nuit les statues históriques des villes de Metz et de Strasbourg. Paris, au milieu des joies du triomphe, songe aux provinces libérécs dont les blanches allegories animées d'une vie artificieile semblent participer au couronnement de cette ;jourhee d'apothéose. P. Belandshbbre. Les toasts de ITlyséé ~ Le discours de SS. Polncars Les toasts prononcés -a FElysée se res-sentent de Faccueil fait par Paris et par les autorités de la République au Roi des Belges. Hs furent tous deux d'une allégresse contenue et d'une conflance illimitée dans Favenir sous Fégide de la plus fraternelle des ententes. M. Poincaré a pris la parole en ces ter-mes : Depuis longteinps Ia France aspirait au bonheur de recevoir vos souverains pour leur témoigner 6a gratitude et son admiration, mais tant que ne fut pas termine le long- martyre de la Belgique, ses souverains sont restés prisonniers volontaires du grand devoir qu'ils s'étaient assigné. M. Poincaré les remercie d'etre venus au lendemain même de la victoire visiter le peuple qui les aime parce qu'il aime le droit, l'honneur et la loyauté* M. Poincaré rappelle la tragique soiree du 2 aoüt 1914 oü FAllemagne a sommó le Roi de livrer passage aux troupes allemandes et le refus sublime y oppose par le ^öuverain beige. Pendant plus de quatre années vous avez attendu, sans flóchir, que la justice vint récompenser ce grand acte de courage et d'honnèteté. L'heure de la justice est venue parce que vous n'avez jamais douté d'elle. Elle ne trahit jamais ceux qui croient en elle, elle n'abandonne pas ceux qui la veulent. Dans le petit carré de sol beige, que vous avez pu sauver de l'inva-sion, vous êtes reste debout, l'épéè a la main, pendant que Sa Majesté la Reine, unissant la grace la plus ten-dre a la plus male énergie, affrontait a vos cötés le feu des batailles, secourait les réfugiés et .donnait a tous Fexemple du sacrifice dans la constance et la sérénité; M. Poincaré rappelle que pendant des années les prodiges d'héroïsme des troupes belges et francaises se sont brisés sans cesse contre un mur d'airain. La fortune des armes tournait aveuglé-ment dans un cercle sans issue. L'allemagne multipliait dans la Belgique occupée les intrigues et les vexations, et il semblait que le sort de la Belgique et de son Roi était condamné. Le Roi resta feTme et la Belgique patiënte et fidele. Un jour vint, oü sous le commandement de Votre Majesté, les divisions belges et aliiées de concert, ont appuyé vigoureusement Toliensive générale et continue ordonnêe par le maréchal Foch qui nous a valu la victoire. Devant l'Histoire, Votre Majesté a le droit d'etre |fière d'Elle, de son armee et de son peuple. La probité de la Be gique a été plus forte que la force, et lorsque s'est effondrée cette puissance impériale qui, pour usurper la domination universelle, a renié sa signature et a violé son serment, nous pouvons dire que tous les forfaits dont 1'Allemagne a subi le chatiment, l'attentat commis contre la nation beige est celui qui a révolte le plus le monde civihsó et a contrihué le plas a grouper autour de la France une si grande par tie de l'humanitó. Pour avoir donné a la guerre toute sa signification I morale, la Belgiqüa a bien mérité de ravenir. Déba-I rassée demain des'entrayes de sa neutralité, qui n'a pas I été pour elle une garantie, elle recouvrera son indépen-dance et sa souveraineté, recevra les satisfactions auxquelles lui donne droit son supplice prolongé et pourra compter sur. la reconnaissance éternelle de la France a cóté de qui elle a dófendu la liberté. La róponsa du rol Albert Le Roi lui. a répondu. Après avoir rap-pelé Funion intime qui s'est établie entre la Belgique et la France au cours de cette lutte gigantesque, il signalé que la France, qui a été au premier rang dans cette guerre, a dópensddes trésors d'héroïsme. Il fait Féloge de Farmée francaise et de ses chefs, notam-ment du maréchal Foch, dont le nom restera insciït dans l'Histoire parmi ceux des plus illustres chefs , ainsi que de Fattitude du peuple francais dont le civisme admirable s'est incarné dans la grande figure de Fhomme d'Etat oü la France entière siest-reconnue et oü le monde a retrouvó tousles traits d'espritfrancais. M, Cleraeneecui a eib avec - ie; ma^aaaïi^Fach un ^s^'rfiitfe | artisans de la liberation 'du monde. Le Roi a conelu, en disant: Monsieur le president, vous avez eu l'honneur de di-riger les destinées de la France pendant ces tragiques événements, et je vous apporte, dans cette magnifique capitale, 1'hommage d'admiration et de gratitude do la nation beige. C'est un grand honneur pour moi de vous retrouver ici en ce jour de réjouissances et d'effusion après tant d'autres rencontres dans los heures de péril et d'anxiété. Combien de fois êtes-vous venu la-bas, dans les plainès humides de la Fiandre, dans les dunes de Nieuport et de La Panne, tout pres de la ligne et pendant que ie canon tonnait, nous apporter, a la Reine et Moi, des témoignages de sympathie qui étaient précieux. Nos conversations, oü votre jugement lucide et ferme jetait sur les événements de si vives ciarfcés, m'ont lawsé des souvenirs émouvants. J'y trou-vais tpujours du réconfort et Fimpression d'une amitié fidele et durable. La Belgique, qui atoujours aiméefc admiré la France, ne pourra jamais oublier l'aocueil qu'ont recu chez elle son gouvernement et tant de families chassées de leur foyer par l'-ennemi, ce qui a cróó entee"hous une étroite solidarité morale. Nous avons ensemble soufiert, esp ér é et vaincu. La nation beige compte sur l'amitié de la nation francaise. Dégagée des servitudes internationales.que faisaient peser sur elle les traites que la guerre a ébranies pro-foadément, la Belgique doit, avec l'aide de la France et de ses allies, reconstituer saprospérité óconomique et trouver dans le statut nouveau un element de soli-ditó, d'équilibre et de durée qui lui permettront de poursuivre ses destinées. Le Roi a terminé en saluant la France, ses provinces retrouvées et ses glorieuses armées. La jonrnée de Yendredi A Faslls ds Cour be vols Le Roi Albert et le prince Leopold ont visite Fasile beige de Courbevoie oü sont hospitalises des vieillards et des soldats belges ainsi que des Francais blessés. Le Roi s'est entretenu de faconeöectueuse avec les blessés et les vieillards. Il fut salué partout par des acclamations enthousiastes. Au ministère des Affaires étrangères A l'Hdtel de Ville Le Roi et la Reine ont assisté a un dejeuner au ministère des affaires étrangères, puis, chaleureusement acclamés, ils se sont rendus a l'Hótel de ville oü une reception était organisée en leur honneur. Le Président du Conseil municipal, tra-duisant les sentiments de la ville de Paris, leur a souhaité une respeetueuse bienvenue. • Le Préfet de la Seine a compare Paris faisant echo, par ses cris d'allégresse, aux joyeux carillons qui accueillirent le retour triomphal des Souverains belges dans les :cités de Fiandre et de Brabant. Le Roi Albert a remercie. Il a fait Féloge de la ville de Paris oü, pendant quatre ans, battit plus que jamais le coeur de la France alors sure de ses destinées et maintenant victorieuse. Le Roi^a terminé en apportant a la villé de Paris le salut des villes belges dólivrées et les vceux de la Belgique pour la grandeur et la prospérité de la ville. Un lunch a été ensuite servi dans le salondes Arcades. Des toasts chaleureux ont été échangés.t- A l'höpital de Cocbln La Reine des Belges, accompagnée de MmePoincaré, a visite Fhópital Cochin. Ellé fut chaleureusement acclamée par les blessés auxquels elle serra la main et adressa des paroles aimables et réconfor tantes. Un bouquet lui fut offert. La Reine fut longue-mnnt acclamée par la föule, surle parcours. Le depart Les Souverains Belges et le due de Bra* bant ont été accompagnés a la gare des Invalides par le Président de la République et MmePoincaré. La foule a ovationné les Souverains, a leur sortie du ministère dea affaires étrangères et a leur arrivée a la gare, oü ils furent salués par M. Ciémenceau, Pichon, Leygues, les généraux Mar-dacq et Duparc, lord Derby. Un detachement d'infanterie renait les honneurs. Le Prince héritier a serre la main de MM. Poincarró, Ciémenceau et diverses autres personnaütés. Le train est parti a 19 h. 30 pour Bruges. Le Roi a conduit lui-même la locomotive, Le prince Leopold a quitte le train a Bou* logne pour se rendre a Londres. -^>-€>--' Les Nouvelles Pour nos soldats Le Foyer du Soldat — Y. M. C. A. — Anglo-Belge vient de constituer a Bruxelles une section qui est déja installée rue Fossé aux Loups dans les locaux de Fancien hotel. Mülhbauer. Des chambres confortables sont mises a la disposition des soldats allies en permission ou de passage a Bruxelles. Il leur y est servi des repas au prix cöutant. D'ici quelques jours Fceuvre prendra possession des locaux de la société Tietz, rue Neuve. Les militaires allies recevront dans, les établissements de FY. M. C. A. Anglo-Belge toutes les revues ainsi que les journaüx qui paraissent. Des attractions, concerts et representations de tous genres y seront organises. La section du Foyer du Soldat — Y. M". C. A. —Anglo-Belge estdigigée par M. Fryer qui s'est consacré- a cette oeuvre depuis le début de la guerre. Mmela comtesse de Mérode a bien voulu accepter la présidence du comité. ffl. de Sadeleer ministre d'Etat, s'est embarquéle 5 décembre a New-York pour rentrer en Europe. Bans le parti socialists Le parti socialisme publie un manifeste reclamant la journée de nuit heures et une augmentation des salaires de 100 p. c. avec un minimum de 1 franc l'heure. Les conseils provlnolaux sont, nous apprend le Moniteur, convoqués en session extraordinairepour le 17 décembre a 10 heures du matin. Pour les employés de TEtat . Ije conseil des Le « Souvenir », association patriotique créée au sein de'la garde-civilede Schaerbeek, ira déposer des fleurs, dimanche 8 courant, sur la tombe de Philippe Baucq, ancien chef de groupe de la garde civile, mort pour la patrie. Tous ceux qui ont servi dans Ia garde civile de Schaerbeek, sont priés de se réunir Place Colignon, a 1 1/2 heure. >0J? Les mar chan ds de f er de Belgique se sont groupés en chambre syndicale pour Ia defense de leurs interets. Leur bureau est compose de MM. Paul De vis, a Bruxelles, Henri Van Droogenbroeck, a Bruxelles, Maurice Dulait,de Chatelineau, Gabriel Hertsens,de Malines,Frans Derenne, de Namur, Paul Cassart, de Gembloux, Ch. Noirfalize,de Liége. Les marchands de f er du pays sont invites a faire parvenir leur demande d'adhésion : 3,9, boulevard du Hainaut, a Bruxelles. En l'iionneur d'André Brassinne Nous avons dit les innombrables services rendus pendant Foccupation, auxBruxellois, par M. A. Brassinne, conseiller communal- Un comité vient de se constituer pour témoigner a M. Brassinne sa reconnaissance par la remise d'un souvenir. Pour tous renseignements, on peut s'adresser chea M.'Moonens, 65, rue des Eperonniers, les lundis et jeudis, de 10 heures a midi. Si tous- ceux qui ont eu recours aux bons offices de M. Brassinne sont presents, il faudra faire file plus longtemps qu'a Fali* mentation. Dans l'armés Le general Meiser a été nommé comman* dant militaire du Brabant et le lieutenant-general Lechat, du Hainaut. Honoris causa Le conseil académique de FUniversité de Gand a conféré le diplóme de docteur honoraire a MM. Wilson, Ciémenceau et Lloyd George, aux maréchaux Foch et Joffre, a Famiral Beatty, au general Leman et au cardinal Mercier.- Les dsrnièrss offensives Depuis le 28 septembre Farmée blge a elle seule a fait prisonniers 302 officiers et 15,551 hommes. AUX%j& Prisonniers du gnerre firïtaniiiques Voici urne note que nous püblions a la1 dema-nde de M. le comte Athlone, chef dd» la mission britannique auprès du grand) quartier general beige : e Les prisonniers de guerre britanniqiBes qui ont été racueillis dans des maisons par-* ticulières doivent se présenter immediate-, ment au Palais d'Eté. Les blessés et lea malades qui ne peuvent se présenter en per-» sonne doivent faire connaitre, par écrit. ai la Direction du rapatriement de prisonniers de guerre, au Palais• 4'Eté, leurs noma eti Fendroit oü ils sont loges. La direction dui rapatriement des prisonniers de guerre est' seule en état de rapatrier au plus tot 1-esJ prisonniers de gmerre. Nos conoitoyens -quu donnent' encore actuellement Fhospitahté a des allies britanniqiies sont priés d*att> rer l'attentioa de leurs hótes sur le présent avis. ». .

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