L'indépendance belge

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15 december 1916
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s.n. 1916, 15 December. L'indépendance belge. Geraadpleegd op 26 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/542j679q37/
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L'INDÉPENDANCE ROYAUME-UNI Ï ONE PENNY CONTINENT: 15 CENTIMES (HOLLANDE: fi CENTS) — . — ADMINISTRATION ET REDACTION : BUREAU A PARIS : (UDOP HOITSE. TIJDÛK ST.. LONDON. E.C. u- -PLACE DE LA BOURSE ! TELEPHONE: CITY 3960. TELEPH. : j | ^ 7 et — VENDREDI 15 DECEMBRE 1916. En vente à Londres à 3 b le jeudi 14 dec. , ( 3 MOTS, 9 SHILLINGS.) ^ _ ABONNEMENTS : J 6 M0IS, l7 SHILLINGS. f CONSERVATION PAR LE PROGRÈS. Il AN 33 SHILLINGS. J LA SITUATION. K, Jeudi, raidi. La Note des Puissances Centrales que I le Berliner Tageblatt " appelle une s-'l "habile manœuvre de conciliation," n'est pas encore parvenue à destination ■> que l'opinion publique l'a déjà jugée et condamnée. Avec une rare unanimité, la presse britannique et française (l'appré-IB 'dation des autres journaux alliés man-12 que), repousse l'idée d'une {)aix qui ne serait pas basée sur le droit, et même la ■ presse neutre reconnaît l'impossibilité qu'il y a, pour les Alliés, de songer à _ une paix qui consacrerait la politique militariste et agressive des Empires Centraux.La seule appréciation officielle de la part des Alliés est tombée de lâ bouche dé M. B ri and qui, exposant hier à la Chambre française la politique du nouveau cabinet, a réaffirmé la volonté de la France de lutter jusqu'à la victoire et a mis en garde ses collègues du parlement contre le piège qui leur était tendu par l'office des affaires étrangères de Berlin. Chez nos adversaires, l'annonce de _ l'envoi de propositions de paix a suscité «: des scènes d'enthousiasme qui trahissent l'impatience de la population civile de voir finir une guerre qui exige tous les jours des sacrifices plus grands. Devant le Reichstag, une foule énorme était assemblée et l'émotion du chancelier était telle, après la lecture de son discours, désormais historique, qu'il âtait sur le point de faiblir. Dans les rues de la capitale l'excitation était à son comble, on s'arrachait les journaux, et le public lisait avidement les détails de ta »,éanee. Il est à remarquer que la discussion sur le discours du chancelier et > sur la paix a été repoussée par le gouvernement avec l'appui du centre catholique.Le gouvernement a évidemment peur î.j de voir le mouvement pacifiste prendre I ■£'' p"cp A'ii-an OVKÏCÔ tu- îtu^Utt: I . apparemment de ne plus pouvoir arrêt jr-j I demain les clameurs de paix qu'il a =us-• citées. î- Quant à l'origine . des propositions de 'é paix, elle a été dévoilée par le comte 5 Tisza à la Chambre hongroise, qui a annoncé que c'est sur l'initiative et à la demande du gouvernement hongrois que des ouvertures de paix ont été faites aux gouvernements alliés. . Ce fait est important, car il vient confirmer de façon éclatante, ce que nous savions déjà, c'est-à-dire que l'Autriche-Hongrie, épuisée, a besoin d'une paix immédiate si elle ne veut pas sombrer dans la- catastrophe. L'empereur Charles est, nous dit-on, aussi pacifiste et libéral que François-Joseph était belliqueux et sectaire, et nous avons de"S raisons de croire que le froid subit qu'a pris Guillaume II à Vienne lorsqu'il arriva, dans la capitale autrichienne pour y assister aux funérailles de son impérial complice, n'a pas eu d'autre origine qu'une conversation 'I orageuse entre Guillaume II et son nou-| vel associé qui n'entend pas jouer le rôle ®| de dupe que ses compères allemand et j bulgare voudraient lui imposer. ' I Le ton des journaux austro-hongrois reflète également une grande lassitude de la guerre et nous croyons que si les pro-■» positions de paix actuelles n'obtiennent pas le succès escompté, l'Autriche-Hongrie et peut-être aussi la Turquie seront bientôt contraintes d'abandonner la lutte. La crise ministérielle qui vient d'éclater à Vienne pourrait bien nous donner des aperçus nouveaux sur la situa-t ifln. La crise française a eu une solution rapide et le nouveau cabinet a obtenu, après le discours de M. Briand, un vote d 1 confiance qui a réuni 314 voix contre 105. L 3 Premier a fait part à la Chambre des changements apportés dans la ges-t on administrative du pays, et dans le haut commandement des armées de terre el de mer; il a fait allusion au grand effort préparé par l'ennemi pour le printemps prochain, et à la possibilité de voir lia "nouveau iront" s ajou.Lr ceux iy a existent. Enfin,'i M. Briand a indiqué la néces-si; 6 de la suppression de l'alcool et cette monaçe est sans doute pour quelque chose cans l'importance du nombre des voix 1 hostiles à M. Briand, vu l'influence électorale des bouilleurs de cru, La question du haut commandement a été solutionnée par la nomination du général Joffre comme conseiller technique du Comité de Guerre, qui comprend MM. Briand, 1 .'x>t, le général Lyautey /le nouveau n; rustre de la guerre), l'amiral Lacaze et M. Thomas. C'est le général Nivelle, h vainqueur du Kronprinz à Verdun, qui devient commandant-en-chef des armées françaises du Nord et de l'Est, et le général Lyautey, le pacificateur et 1 l'organisateur du Maroc, est remplacé comme résidant-général par le général Gouraud, qui fut jadis son bras droit. Enfin, l'amiral Dartige du Fournet, le commandant-en-chef de la flotte française de la Méditerranée, est remplacé par le vice-amiral Gauchet qui jouit de la réputation d'un homme d'énergie et de décision prompte. ., w.«<%»5Lseules .raison? ».q«lo&. paisso- -fai-sa-. valoir plausiblement pour le remplacement du général Joffre dans le haut commandement des armées d'occident est son âge avancé. " Papa" Joffre, comme l'appelaient familièrement les poilus, qui l'adoraient, a 67 ans, et il faut une santé plus que robuste pour résister, comme l'a fait le généralissime français, aux fatigues physiques et à la tension d'esprit de deux années et demi de guerre. De toute façon le général "Joffre est et restera l'homme qui a sauvé la France et l'Europe sur la Marne et dont l'effort patient, la prudente et vigilante tactique a permis aux Alliés, d'abord, de résister à un ennemi supérieur en tout, p>uis, de s'organiser. Le général Joffre a fait des miracles et son jugement sain sera certainement d'un précieux concours au nouveau Comité de Guerre. Quant au général Nivelle, il a donné d'assez nombreuses preuves de sa science, de son esprit d'initiative et de la sûreté de son coup d'œil pour qu'on puisse dire qu'entre ses mains exjjertes l'armés de nos Alliés ne fera pas de sacrifices inutiles. En fait de généraux et d'hommes d'Etat, la France n'a que l'embarras du choix, et la difficulté n'est pas de trouver le meilleur—ils se valent—mais de limiter son choix. La situation militaire ne s'est modifiée qu'en Roumanie, où l'ennemi, avançant toujours, est signalé à 60 kilomètres au nord-est de Bucarest, Sur les autres fronts, de fortes chutes de neige mettent un arrêt forcé aux opérations. LES DÉPORTATIONS. CE QUE J'AI VU A WAVRE. K Icit par un témoin oculaire d'un épisode des déportations en Belgique. -> f,® ' L'avis des Allemands. 15 novembre 1916. L'ordre qui convoquait à Wavre la xymlation mâle, entre les âges de 17 et B ans, des 22 villages du district—en-fai'vron 10,000 hommes—'affiché le 14 no-B' timbre au matin, dit : L AVIS. T ' Tous les hommes de 17 jusqu'à 55 il •' «us inclus de la Commune de sont tenus de se trouver le 15 noverri-bre 1916, à 8 heures du matin (heure se* allemande), à Wavre, place cfu marché. Le bourgmestre devra être présent. Les intéressés devront être porteurs de leur certificat d'identité, et, le cas r: * Le district <1<? Wavre (Brabant) comprend o, 22 communes; il y a- 2,800 communes sn Bel- i«o sfiqua. ;t.l échéant, de leur carte de contrôle (Meldekarte). a 11 est permis d'apporter de petits ba-t gages à main. Ceux qui manqueront au contrôle se-. ron.t immédiatement transportés, sans délai, et par voie de contrainte, aux lieux où ils devront travailler. En outre, on pourra leur appliquer de fortes pei-3 nés d'emprisonnement et des amendes • é'cvée.s. (Les ecclésiastiques, les méde- - cins, les avocats, les instituteurs et les professeurs ne doivent pas venir au dit contrôle). Ottigxies, le 3 novembre 1916. - Der Kaiserliche Kreischef von Nivelles, GRAF VON SCHWERIX. ! C'est dofic pour le îe ndetn a in. Et l'affiche n'a été a,poosée au'à ? heures du matin, heure à laquelle les hommes qui ne chôment pas sont déjà à l'usine ou sur le chantier. On ''attendait, on l'ap-; préhendait cet ordre. Mais, sans doute, ' en avait conservé obscurément l'espoir de le voir ajourner, i n, espoir vague, un de ces espoirs que l'instinct maintient souvent, contre toute raison, dans l'âme des foules. Sans doute, on ne pouvait l' pas croire... on n 'avait 'pas cru, puisque, e l'affiche apposée, c'est soudain, parmi les femmes et les enfants, la désolation affolée de la surprise, e Tristess© çi misère. e II faut prévenir ceux qui travaillent et ,e qui ne savent pas ;il faut les prévenir afin cf qu'ils aient le temps de se préparer, afin t. que l'on puisse passer avec eux cette r journée— la dernière peut-être—et pren-x dre ensemble les mesures, les pauvres, les maigres mesures possibles, de prévoyance. Les femme-., en pleurant, vont les chercher, les ramènent au logis. Et là,- ce sont des scènes poignantes, poignantes et admirable - par les sentiments ~ de dévouement simple et stoïque qu'elles révèlent. La plupart de ces logis sont 11 pauvres: deux annéés de guerre, de vie chère; de rationnement, ont amené le dénûment; il n'y a d'ans la maison que e la part de nourriture -.trictement mesurée • pour chacun; et demain, si le père, si u le grand fils sont emmenés, il n'y aura ,e plus de ressources. (' -la ne fait rien ; on ne pense qu'à l'être' menacé; dans le l' baluchon que l'on prépare, on met le dernier vêtement chaud, la dernière cou-:c verturc, on met le pain qui reste, tout.,, •t d'ailleurs, demain s'il est parti, on n'au-'* ra pas envie de marner... e ^ . Torture e misère. Il faut être à Wa. re à 8 heures, dit l'ordre. Et, pour la j iupart des appelés, ^ la route est. longue jusqu'au chef-lieu du ^ canton : une heure, deux heures. If n'y a e plus de voitures attel es dans le pays; il j. n'y a pas de trains. 11 faut marcher en portant son bagage, il faut donc partir tôt. Dès 6 heures, le léfilé, l'intermina-2 Die et ia mérita oie ■clefu'e corrimericê, sur les routes, dans le sinistre matin de no-l" vembre, dans le froid glacial, dans le 11 vent cinglant, car précisément le temps est cruel, un temps de drame qui fait la nature pleine de menaces et accentue e l'angoisse dans les cœurs serrés. 6 Mais on veut être fort. Il ne faut pas x donner le spectacle du désespoir. La plu-part des hommes ont défendu que leur & familles les accompagnât : le" déchire-a ment de la séparation ferait croire à de ■ la faiblesse. Il ne faut pas... Presque tous ■i donc vont partir seuls. On ne voit guère, '-' gravissant le calvaire, que des groupes t' d'hommes, marchant en silence et pe-'- samment, comme si le pauvre et chétif - baluchon était très lourd. Quelques fem- - mes seulement, qui n'ont pas pu se maî- - triser, suivent en pleurant. Wavre cernée par K's troupes, t Voici Wavre. La petite \ ille est grise p et grelottante dans_ce triste matin. Elle 6 est cernée par des troupes qui, à toutes ;s les issues, forment barrage. Les hommes s'engouffrent péniblement dans les rues étroites conduisant à la place du marché, la vaste place aux maisons basses, aux façades pantelantes, douloureux vestiges de la sauvage invasion. Elle a été entièrement évacuée, et toutes les rues qui aboutissent sont vides. On aperçoit seu-® le ment au bout de ces rues, derrière les barrages, la foule d'où partent des ap-J pels ; on entend crier des noms, des mots ® d'encouragement, ou déjà des adieux, aux pauvres gens, parqués, village par village, et qui attendent, mornes, pi- - toyables dans leur impuissance et leur humiliation. Certains d'entr'eux remarquent, avec un sourire douloureux : "Hier, à la même place, il y avait le marché aux porcs. ' ' L'opération du choix, L'opération du choix a commencé. Par groupes d'un millier, les hommes s sont conduits dans un bâtiment d'école où siègent les agents de l'autorité allemande. Pour arriver à cette école il faut suivre une rue que borde la Dyle. C'est e le coin pittoresque de Wavre. En temps normal, on goûte là une impression de gaîté paisible, de douceur. Ce matin, aux fenêtres des maisons se montrent des visages angoissés de femmes, d'enfants, de veillards en larmes. Il y a des S gens sur les toits. .Tous regardent avide-v ment le cortège qui passe. Ils veulent > voir encore l'époux, le père, le 'fils, le frère ou le fiancé, peut-être pour la der-s nière fois. s Conduit à l'école. t Après avoir attendu quatre heures, le village est enfin conduit à l'école. J'observe les hommes. Je connais un grand nombre d'entre eux. J'en vois beaucoup dont le visage est soudain devenu très pâle. Oh ! ils marchent avec fermeté. IMais ils sont blêmes, ils sont blancs. On sent au'nne inrmiétnde 1ns fig'c. arrête le sang dans leurs veines. Ce sont les hommes mariés, ce sont ceux qui viennent de quitter la femme, les enfants, et qui se demandent s'ils vont les revoir tantôt, ou si, pour longtemps, où on ne sait pas... pour toujours... Les autres, les jeunes gens, marchent la tête haute, dans leurs yeux il y a du défi. Comme on approche du bâtiment d'école, toutes les têtes se dressent, attentives. On a perçy une rumeur qui grandit, grandit. Ce sont... oui, ce sont des chants. On dirait la "Brabançonne"... Et voici la "Marseillaise." Cela vient de la cour de l'école. Eh effet, au fond de cette cour dans laquelle on pénètre est le groupe des hommes déjà pris. Ce sont eux qui chantent, qui hurlent les hymnes belge et français. En nous apercevant» tous crient : "Ne signez pas... ne signez pas..." Ils sont beaux. Il n'y â plus chez eux d'angoisse. lis sont maintenant dressés, pleins de bravade, de fierté rude, de mâle volonté. Il n'y a pas une plainte. Lorsque ''un d'entre les hommes voit passer un ami, il lui demande seulement de prévenir sa famille, de dire qu'il est emmené ; et puis il se remet à chanter éperdu ment son chant de défi. On entre dans une première salle. Un médecin est là qui examine les hommes munis de certificats médicaux. Il paraît indulgent, assez large ; il prononce des libérations. Le sort se décide. Une seconde sallè.- C'est.ici que le sort de chaque homme va se décider, brusquement, .mécaniquement, en quelques secondes et sans appel. Un mot tranchant, et ce sera la liberté ou l'esclavage. Il y a là de nombreux uniformes : Kreischef, commissaire civil, officiers. Et tout a la rigidité inflexible de l'autorité militaire, qui ne discute pas. Les trois délégués de la Commune— .généralement le bourgmestre, un échc-vin et lé secrétaire communal—autorisés à assister à l'examen de leurs ad-ministrés. ne peuvent évidemment rv°r! Deux officiers, qui se partagent la besogne, décident. Placés chacun d'un côté de la salle, ils examinent rapidement, en commençant par ■ les jeunes gens âgés de 17 à 25 ans. Lis regardeiu la carte d'identité, qui mentionne le métier, dit sommairement la situation sociale; ils enveloppent l'homme, d'un regard, comme pour peser sa force, sa valeur animale. Une question, du bout des lèvres, peun la forme: "'Etes-vous chômeur?" Et, touit de suite, que la réponse soit négative ou affirmative, l'arrêt, inexorable. Si la carte mentionne un métier qui peut servir là-bas l'officier crie : —A gauche ! Et l'homme est perdu. Soin, sort a été . décidé par la seule volonté d'un autre homme, en, 7, 8, 10 secondes. C'est fini. — A gauche ! A gauche; c'est la route de l'Allemagne. Pour sortir de la salle il faut franchir une porte divisée en 2 étroits couloirs par une barrière et gardée par deux Soldats. Le cculrKr de gauche donne accès à une salle où passent ce'ix qui partent. Si l'officier crie : "A droite !" c'est 1a liberté. L'homme passe alors devant un sous-officicr qui appose un cachet sur la carte d'identité. Le couloir de droite conduit à une fenêtre ouverte devant laquelle est une table. Il faut escalader- la tabie, passer sur une autre table placée au dehors, et sauter da'nsja rue; on dirait une évasion et 'c'est en .effet l'impression d'une, fuite. Ce n'est pas celle d'un soulagement, car le cvur demeure longtemps ser-'é à la pensée des. autres, des pauvres autv et puis, le cauchemar n Y t pas terminé. On va contempler encore de l'abominable, de la tenaillante douleur, on va recueillir d'ineffaçables souvenirs fie pitié et d'indignation paralysées.Dans l'anxiété. Au bout d'une ruelle, voici la foule. Elle a grossi. Cela durait trop longtemps. C'était trop d'anxiété; de tous les villages les femmes sont venues : les mères, 'es épouses, les fiancées éplorées.' Elles s'accrochent à celui qui revient, elles réclament, en pleurant, des nouvelles : est-il pris, celui qu'elles'attendent, celui qu'elles chérissent, le chef, le soutien, l'homme dont le départ ferait s'effondrer tout? On ne sait pas, on ne peut pas répondre, on se débat au milieu des implorations, au milieu de ces pauvres êtres qui sanglottent, car elles san-glottent toutes, mêmes celles qui peuvent étreindre l'homme qui leur est rendu. Pendant ce temps, que se passe-.t-il à gauche, à gauche, dans la salle où sont restés ceux qui doivent partir? Là, on demande d'abord a' chaque homme qui arrive s'il veut signer un engagement, c'est-à-dire, consentir à travailler uour les Allemands, moyennant un, gros salaire. S'il consent il donne son nom, sen adresse; et il est autorisé à rentrer chez lui, afin de faire ses préparatifs et de partir au bout de quelques jours. S'il refuse—et c'est le cas de l'immense majorité—il est menace d'à toutes les calamités, et il va rejoindre., le troupeau agité de, ceux qui furent, comme lui, dignes et intraitables, et qui l'accueillent par des acclamations, comme pour une v;ctoire, la victoire de l'homme qui subit, mais qui ne se soumet pas. On attend encore. On attend que le groupe soit suffisamment dense. Quand il l'est, .on l'entoure de soldats, baïonnette au canon, on l'encadre de cavaliers. Et, en route vers la gare ! Deux officiers, marchant un peu à l'écart, la cravache—o~ui, la cravache—à !a mai l. On suit des rue'les. De temps à autre une femime en larmes, un vieil hprbme, parvenu jusejue là; au prix de quels tenaces efforts, réussit à se glisser dans les rangs, pour une suprême recommandation, pour un dernier adieu, mais tout de suite les soldats les repoussent, tout de suite, souvent même avant l'étreinte souhaitée. Sur la grand'route que l'on at-tein1". aux fenêtres des maisons se pressent de pauvres gens qui regardent, regardent de leurs yeux fiévreux, rougis par les larmes, et qui, presque machinalemen1, agitent des mouchoirs. Mais ceux qu'ils saluent ainsi ne veulent pas pleurer. Est-ce pour raffermir le courage des êtres chers qui les voient, est-ce pour ne pas montrer une-défaillance devant les soldats qui leS surveillent? Presque tous marchent la tête haute; ils agitent leur casquette, et ils chantent, ils chantent inlassablement comme ils chantaient dans la cour de l'école. Mais il y a des voix rauques et des voix mouillées. On tente de fuir. I!> marchent. A chaque coin de. rue, il y a un bref tumulte. Toujours l'un ou l'autre des prisonniers tente de fuir, mais "tàùjours aussi un cavalier le poursuit et le rejette dans le rang, à moins que d'un coup de cravache l'un dés officiers ne l'y ait i j ,té déjà. Et alors, l'homme, blême, les poings serrés,.pendant quelques instant-, se tait. Que se passe-l-il en lui? Qu- se passp.-t-iljd.ans le cœur de ces autres qui, passant devant leur demeure, se précipitent dans les bras de leur femme, embrassent leurs enfants et sont arrachés d'eux par un soldat? Ils se taisent aussi. Mais bientôt, de nom eau, ils chantent d'une voix plus rude encore. Ils ne pleureront pas ! Enfin le cortège atteint un passage à niveau. On le fait s'engager sur la voie du chemin de fer, entre deux talus. La gare est proche ; un train de wagons à bestiaux attend. On ne voit plus rien. On entend seulement des clameurs, dès chants, la " Brabançonne " et la " Marseillaise " encore. Cela dure long temps, très longtemps, des heures. La nuit est tombée. Vers six heures, tout-à-coup, les voix qui chantent sont couvertes par 'un bruit de fanfares. De la musiqje? Oui, oni a amené c'ans la gare une musique de régiment, e* c'est elle qui sa',ae des accents d'une marche militaire, te départ'du train 'uigubre sans lumière, ce ce train dont ''apparition au passage à ■niveau va provoquer une émotion si désespérée que ides femmes et des \ ieil-lards tomberont en syncope, aux sons ironiques de la marche allègre exàspé-rante.Partis, pour où? Ils sont partis? Pour où? On ne sait pas. Pourquoi faire? On ne sait pas. Reviendront-ils jamais? On ne sait pas,; on ne sait pas. Ce que l'on sait, c'est que do(rénavant\>n vivra avec l'obsession de ce souvenir déchirant et de l'angoisse. Et môme s'ils reviennent, plus jamais on ne retrouvera la sécurité dans laquelle on vivait jadis, jadis, quant on, croyait que ces choses n'étaient plus possibles. LA MORT LENTE PAR LA FAIM Deux convois assrz importants de rapatriés, venant du Nord de la France, qu'ils avaient quittée deux jours auparavant, ont traversé Berne les 5 et 6 décembre.Les déclarations suivantes ont été faites par eux à la presqu'unanimit.- et sans contradiction Quatre mille civils belges se trouvent actuellement à Laon. Les trois premiers jours de leur arrivée ils n'ont reçu aucune nourriture. Le quatrième jour, ils ont reçu une ration composée d'un mélange de blé et de betteraves crues. Actuellement ils sont fort mal nourris et d'une façon insuffisante. Il est complètement interdit à la population française de leur fournir la moindre nourriture. . Une infract'on à cet ordre est ounie. soit $7ème année. No 297

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Dit item is een uitgave in de reeks L'indépendance belge behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Londres van 1914 tot 1918.

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