L'indépendance belge

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16 december 1918
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s.n. 1918, 16 December. L'indépendance belge. Geraadpleegd op 04 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/k649p2x57k/
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Lundi 16 décembre 1918. 10 centimes 89e année. L'INDEPENDANCE BELGE TÉLÉPHONE < Direction • • •••••••••+ Â 2278 Administration m « » - B 73 Rédaction. .. .. .. .. B 75 Adresse télégraphique i LINDEBEL-BRUXELLES Fondée en 1829 ADMINISTRATION ET RÉDACTION : RUE DES SABLES, 17 ABONNEMENT i BELGIQUE 9 Un an, 24 fr. % àx mois, 12 fr. ; trois moi*, 6 francs, « ÉTRAKGEK i Ua an, 40 fr.) six mois, 22 fr.< trois mois, 12 francs. L'AVENIR Il y a l'avenir immédiat, celui qui, la guerre terminée, s'ouvre. Celui-là, malgré l'incertitude, malgré l'obscurité de l'heure présenta, on l'a préparé pendant la tourmente, audacieueement, comme fait le laboureur qui ensemence le champ, quand même, comme s'il était assuré de ne pae :1e voir dévaster avant la récolte, comme s'il était sûr de pouvoir moissonner lui-même.Dans les conversations où cet avenir s'élaborait, passaient des clartés, jusqu'alors inconnues, des sentiments de civisme, des générosités hardies. Personne ne parlait le même langage qu'auparavant, chacun faisait le sacrifice d'un antagonisme,d'un intérêt- Dans des groupes où étaient rassemblé des catholiques et des anticléricaux, des réformateurs et des conservateurs, des interventionnistes et des maochestériens, de Wallons et des Flamands, du moins des hommes naguère étiquetés ainsi, on agitait tes graves problèmes qui allaient se poser; et l'on se mettait d'accord sur des solutions, sur tout ce qui, quelques mois auparavant, paraissait insoluble. Certainement, il y a, il y aura demain des partis encore, des aspirations divergentes; cela est nécessaire; mais il y aura une bonne volonté nouvelle, un désir de cohésion II y a une préoccupation au-dessus de celles qui dominaient; elle impose un désir d'entente. Il y a une reconnaissance mutuelle parce qu'il y a eu un effort commun et des souffrances communes, et de l'erotr'aide. Des hommes de science, des hommes jusqu'à présent demeurés en dehors de l'action qu'ils jugaient trop mes-quinei, sont résolus à collaborer à l'œuvre collective, à apporter à la chose publique le concours de leurs volontés pures de ressentiments, Quoiqu'il arrive, l'atmosphère sera assainie, au moins pour un temps. On dcàt aux morts de faire en sorte qu'ils n'aient pas donné leur vie pour rien, d'accomplir l'œuvre qu'ils ont rendue ' possible. Le pays pour la conservation duquel ils ont dormé leur sang, ne peut appartenir à quelques-uns : ils l'ont légué à tous. L'avenir immédiat ne ressemblera point ail passé. Mais combien différent encore sera l'avenir lointain, celui en lequel les enfants d'aujourd'hui seront des hommes. Ces jeunes garçons et ces fillettes qui, pendant l'occupation chantaient à voix basse la " Brabançonne » et la « Marseillaise », étaient graves, reeuçips, accomplissaient une sorte de. rite. , En les écoutant on se rappelait : îoirsque nous avions leur âge, à 1 école, mjus chantions l'hymne national en l'affublant -de paroles moqueuses; et, il y 4 cinq ans, les éooliers de Bruxelles tra-<zsltes. <iu chant de Gevaert ; « Vers l'Avenir »; c'était même très laid : « Dieu protège la libre Belgique, après moi «. Les écoliers maintenant respectent les hymnes. Ils n'attachent pas d'importance aux paroles hélas ! sans souffle; mais ils ne songeront plus à les maquiller, à plaisanter sur cette musique; à elle seule, pour eux, elle a désormais un sens : elle évoque tout ce que, depuis des mois ils entendent raconter; elle évoque l'horreur et l'héroïsme, les larmes et les espérances, et elle dit un inébranlable vouloir. Elle les transporte soudain dans une foule dont ils font partie, qu'ils aiment, avec laquelle ils agiront. Elle est le rythme d'une action, d'une grande action illimitée; elle les conduit vera les idées Inévitablement, la mentalité de cette génération sera très différente de la nôtre, de celle qui a quarante ou cinquante ans aujourd'hui et de celle qui en a vingt. Celle-ci que nous voyions naguère avec chagrin, si détachée des idées, de la passion des idées de notre jeunesse à nous, et qui n'annonçait pas l'action non plus mais paraissait vouée aux seuls goûts du luxe et du sport — et le sport est souvent le mouvement de luxe de ceux qui n'agissent pas — celle-ci est transformée : elle a été jetée dans l'action tragique, y a découvert l'idée et a su mourir pour elle. Mais celle qui suit, celle des enfants d'aujourd'hui, les jeunes intelligences qui se sont éveillées dans l'atmosphère d'épopée! Déjà les événements ont bouleversé les esprits mûrs, transfiguré les hommes faits, dispersé les opinions en eux depuis longtemps formées. Quelle empreinte ils ont exercée, pour toujours, sur la pensée naissante des enfants ! Durant des années encore leur imagination sera nourrie de colère, d'enthousiasme et d'héroïsme; pendant des années encore, au lieu de s'alimenter, comme ce fut la cas pour nous, de littérature, de subtilités intellectuelles, elle aura l'histoire pathétique, les faits formidables... Les enfants auront assisté au drame gigantesque, ils s'y sont sentis mêlés, ils ont su que, de son issue dépendait leur destinée, ils onit frémi de l'angoisse éparse autour d'eux, et su que cette angoisse, partagée par des .milliers d'hommes avait pour objet une idée, quelque chose d'abstrait pourquoi leurs pères, leurs frères, leurs amis donnaient leur sang. 116 commencent la vie dans un . poème épique. Quel .changement, chez nous, surtout chez nous où, depuis longtemps, ce poème était, de la pure imagination, où les enfants l'apprennaient comme une fable ! Que de peine, on se donnait, et si souvent en vain, pour leur apprendre l'importance et. la noblesse de certaines abstractions, la grandeur de l'idée! Il ne faudra plu6 leur expliquer. Ils savent ; l'action leur a fout révélé. Peu},-être elle seule en était capable, et la puissance de l'idée s'affaiblît-elie à mesure que le souvenir de l'action s'éloigne. Les enfants ont connu eh même ■temps l'une et l'autre. Et l'on peut espérer que l'avenir pensera et agira résolument puisqu'il sera fourni par les enfants attentifs et vibrants d'aujourd'hui. G. V. Z. I m I n VY- -r Au Cimetière des Martyrs Depuis que nos tortionnaires sont partis, le petit coin de terre du Tir national où sont inhumés les Belges qu'ils fusillèrent pour leur patriotisme est devenu un lieu de pèlerinage. Chaque jour des centaines, des milliers de personnes défilent devant les quarante petits tertres de cette nécropole plus tragique que toutes les autres, apportant l'offrande de leur souvenir ému à toutes ces victimes de la tyrannie prussienne. A ces hommagos individuels succèdent, certains jours, des manifestations -collectives de cercles, d'associations. Deux de ces cérémonies ont eu lieu dimanche ; la première, à 11 heures du matin, était organisée par le personnel de la police bruxelloise sur la tombe de l'agent Pierre Poels, fusillé le 29 septembre 1915. Une foule énorme y assistait, notamment les délégués de toutes les divisions de police de Bruxelles et des faubourgs, avec leurs drapeaux. Plusiers discours ont été prononcés, après quoi des couronnes furent déposées sur la tombe du martyr, dont le fils et la fille étaient présents. L'émotion du public fut peut-être plus vive encore quelques minutes plus tard, quand le Go-mité Schaerbeekois de la Croix-Rouge vint manifester devant les tombes des deux femmes que fusillèrent les Allemands : Miss Cavell et Ga-brielle Petit, celle-ci une jeune fille de dix-neuf ans à peine. Des discours furent également prononcés ici et des fleurs amoncelées devant les petites croix do bois blanc. NOS DISPARUS LE GÉNÉRAL W1ELEMANS On fête depuis un mois les vainqueurs revenus de la grande guerre, les chefs qui ont conduit nos troupes à la victoire, tous ceux qui, dans la grande aventure, ont été les artisans de l'épopée. Et le moment semble bien choisi pour associer à ces héros, dans une même pensée de reconnaissance et d'admiration, ceux qui, par leurs hautes qualités, ont contribué à nous donner le triomphe qui nous transporte et qui nous éblouit. Parmi ces hommes, à qui la Belgique doit un souvenir ému, il en est un qui, plus que tout autre, a été le grand ouvrier des premières batailles. C'est le général Wielemans, mort en janvier 1917. Au moment de la déclaration de guerre, il était chef du cabinet militaire du ministre de la guerre. Son rôle, à cet instant, n'était pas encore décisif; mais, au bout de quelques semaines, après les rudes combats de la Gète, quand l'armée belge se fut retirée dans la place-forte d'Anvers, le colonel Wielemans — il n'était encore que colonel - fut appelé par le Roi aux fonctions de chef d'état-major de l'armée. Dés lors, véritable généralissime, sa personnalité se dessine. Dans l'heure tragique, il devient l'âme de la résistance. Tout de suite, il a su qu'Anvers ne pouvaitétre défendu contre les masses énormes des armées allemandes, et son génie militaire éclate avec force. C'est lui qui ordonne les grandes sorties, qui doivent tenir l'ennemi en haleine, notamment la deuxième, qui, au moment où Joffre réalise le miracle de la Marne, immobilise en Belgique des forces allemandes considérables. Enfin, quand le cercle s'est resserré autour d'Anvers, quand l'étreinte devient menaçante, c'est lui qui décide la retraite, cette retraite fabuleuse qui doit sauver l'armée ; et c'est lui qui la conduit, avec calme. avec]énergie,avec sang-froid. Cette retraite d'Anvers, qui allait permettre la résistance de l'Ysep, personne ne pouvait y croire; et plus tard, quand on lui p^rlaif de ces moments terribles où, joignant l'audace à la bravoure, il avait sauvé soixante mille hommes de la capitulation, il répondait avec un sourire modeste : "Je n'ai rien fait d'extraordinaire. Cette retraite était antithéorique. On me donne du génie parce (pie j'ai réussi; mais si j'avais échoué, on me traiterait d'imbécile....» Ce fait'd'arme conquit l'admiration de Cadorna, alors généralissime des armées italiennes, et de Joffre, qui tint à lui exprimer la reconnaissance de la France. Api;ôs Anvers, après la retraite, c'est l'Yser, où pendant huit jours, avec des troupes épuisées, manquant de tout, il barra la route de Calais. C'est à l'Yser qu'il est nommé général. Et le général Wielemans ne fait pas moins que n'avait fait le colonel. L'armée était décimée et désorganisée. Il la remet sur pieds, il la réorganise, il en fait cette légion d'élites qui plus tard, au moment décisif, jouera le rôle qu'on connaît. Le général Wielemans a été le grand organisateur de la victoire ; il a été le premier artisan de nos succès, et il mérite dans le souvenir, de tous les Belges, une place à part, toute chaude d'émotion et de reconnaissance. Si le soldat était énergique et grand, l'homme était doux et bon. Froid, calme, consciencieux, connaissant parfaitement la situation mauvaise, il n'avait rien perdu de son optimisme qui affirmait, mieux que tout, sa haute valeur morale. A Anvers, déjà, à l'heure la plus critique, il disait : — «. Ayons confiance. » Au cours de la retraite, mêlé aux troupes, relevant les courages défaillants, animant chacun, officiers es soldats, de sa grande volonté agissante, il répétait : — '> Ayons confiance. » A Ostende, le 14 octobre, quand les avant-gardes arrivaient à marches forcées, il dictait ses ordres, place d'Armes, à ses officiers d'ordonnance; et calme, la pipe aux dents, il avait toujours le mêmé mot : « Ayons confiance. » Et les soldats qui l'aimaient se sentaient ragaillardis. Ils avaiens foi en ce chef dont ils sentaient sur eux toute \sl sollicitude. Ils avaient foi en cet homme qui partageaient leurs travaux, qui prenait sa part de leurs souffrances, et qui, dans les tranchées boueuses, sous les rafales de mitraille, leur donnait cette confiance en eux-mêmes, grâce à quoi ils devaient un jour forcer la destinée. C'est là, dans les tranchées, qu'il contracta, au début de janvier 1917, la pneumonie qui devait l'emporter. Ironie cruelle du hasard qui tuait ce chef, ce soldat, de la mort obscure des civils. Et, cependant, l'armée faisait une perte irréparable. Mais son œuvre lui survivait. Il avait doté la Belgique d'une force qui allait agir bientôt ; il avait préparé le triomphe ; et, à présent que, sur les pas des armées allemandes défuites, les bataillons organisés et dressés par lui ont reconquis notro beau pays'de Belgique, il est juste que la patrie se souvienne et dresse à son souvenir le monumeut de reconnaissance qu'il a largement mérité. • . _ « , Dinant, Ville morte i Quand survint le désastre, Dînant menait, une vie normale, simple él douce. Cité de plaisante, agréablement assise entre le rocher et .'e fleuve, carrefour merveilleux de routes somptueuses, centre touristique privilégié, reléant les forêts et les vallons de PArdenne aux verdoyantes plaines de I'Entre-Sambre-et-Meuse, la petite vNle prenait, pendant les mois d'été îles alliures d'une capitale de viLîégia.t/u.re. ' Nous avons tous connu Dinant sous cet aspect pimpant et son joli souvenir nous hante. Une joyeuse animation réve&Hait. Une fête perpétuelle agitait sa vie estivale. C'était l'époque des excursions charmantes, sur' les roùtfes poudreuses,- au cœur des bois 'accueillants ou bien encore dans les dédales ténébreux die Mont'at. C'était le moment des promenades en barque, parmi les herbes'dorées de soleil. C'était l'heure aussi de • la, jrêcbe miraculeuse, au bord de l'eau, sous les peupliers solitaires. Dînant était en quelque sorte l'espoir et Se « but des familles, plus ou moins modestes qui devaient mesurer l'étendue de lieur besoin d'idéal à la profondeur de leur bourse et ainsi, pendant les vacances, la bonne et vieille cité des copères devenait pour quelque temps et pour certaines âmes inquiètes, un petit coin de paradis terrestre... Mais les jours radieux ont une fin et l'on peut répéter >la chanson du poète: C'est le premier jour de l'automne ; Les beaux silences de. l'été Ont fait place aux vents monotones Qui soufflent de l'éternité. *** Certes, cette prospérité relative, n'avait) rien qui pût évoquer l'âpre et jalouse richesse de l'ancienne ville, avant-poste industrieux du pays de Liège, centre manufacturier important aux XII®, XIII0 et XIVe et au début du XV® siècle, alors que Dinant était la rivale . insolente et agressive de Bôuvignes. La tour de Montor-gueil surveillait la vie commerciale de l'a petite cité namuroise, et" Pirenne rapporte que souvent la lutte prenait des allures meurtrières-, car' les bombardements de ' Montorguéil ne demandaient qu'à . atteindre Bôuvignes et Crèye-cosur, et Poilvache ripostaient aux attaques avec non moins d'empressement. Les batteurs de cuivre de Dinant et de Bôuvignes se discutaient la prépondérance économique. La population de Dinant était énorme pour d'époque et l'on comptait dans la ville douze églises et sept abbayes. Les Dinantais étaient, aussi ardents à défendre leurs.droits politiques qu'avides de conserver tours privilèges commerciaux, conquis sur les marchés du monde. De tout cela, -il ne restait rien 1 Le» vrais copères n'existaient plus que de nom. C'est à pein* si l'on travaillait encore le cuivre ! En 1907, une école de Dinanderie ,éoole industrielle communale du ouivre, fut fondée. Trois ans plus tard ,elle ferma ses portes. Rouverte en 1913, sous la direction de l'architecte communal, M. Léon Pequet, elle subsistait donc au moment de la destruction de la ville. Un Dinantais,. 'M. Victor Poncelet, travaillait le cuivre avec un certain succès:il fut l'une des premières viotiimes du sao de Dinant . Ce n'est donc pas dans l'industrie du cuivre que la population pouvait essayer de trouver Jes. ressources qu'elle devait chercher en dehors de ce que lui rapportait son commerce avec les étrangers et les touristes. Dinant entretenait aussi, avant la guerre, un commerce important et permanent avec les habitants des campagnes voisines. D'autre part, depuis quelques années, une industrie nouvelle s'était implantée dans la région. On comptait, en effet, trois 'usines importantes, — la Manufacture de Tissus «Je Leffe, qui fut le théâtre de scènes tragiques et dont le vénérable directeur, M. Hiira-mer, fut fusillé; le tissage « Le Mérinos », situé au faubourg de Neffe, c'est-à-dire sur la rive1 gauche, et le Tissage d'Anseremme, à l'extrémité dii térriloire de la ville, au delà du Rocher Bàyand. Elles ont été toutes trois détruis tes : leur population ouvrière était assez dense, et le travail, qui, chaque jour, s'y effectuait, était pour la classe laborieuse une source de salaires assez acceptables. Le budget communal de Dinant était modeste : Quelques centaines de milliers francs, environ 1,700 foyers pour une population de 7,650 habitants, — exactement 7,(>i9 au 31 décembre 1913. *** Aujourd'hui ,il n'y a plus que des ruines. La population a diminué, — il reste à Dinant de 4,000 à 5,000 habitants, — mais les tombes, au cimetière, sont plus nombreuse^. Il y a des fusillés, en les compte par centaines II y. & les émigrés et 'les disparus. Les maisons giisent 0à,: en tas. Les foyers sont à jamais détruits, car partout il y, a des absents — des absents que des yeux de femmes ou d'enfante pleurent silencieusement.Ceux qui ont survécu à l'effroyable débâcle conservent un courage résigné qui n'est pas exempt d'inquiétude, mais qud n'est pas non plus dépourvu de grandeur. Qu'apportera demain? Oui, dans le regard de ceux qui vous partent, on lit la détresse des terreurs passées, et l'appréhension des douleurs prochaines . Quel contraste émouvant entre la ville d'hier et celle.qui subsiste aujourd'hui! La cité n'a presque rien perdu du caractère qu'elle a -révélai depu-is son grand deuil. Sans -doute d'impression devait-elle être plus pénible, plus profonde quelques jours après le sac, quand les décombres fumaient encore et encombraient 1*5 ruelles de la vieille v&le. Des cadavres gi-. saient ça et ià; le jardin .du procureur du Roi, M. T'Schoffen, servait- d'annexé au cimetière; l'âme héroïque des fusillés chantait dans, le cœur urcéré des survivants... Main/tenant, l'aspect de Dinant est moins tragique, mais il est tout aussi triste. Autour de da gare, déjà, les ruines arrêtent le regard, j H y en a partout. Dans ce quartier. Saimt'-Mé-dard, si vivant, 'si animé naguère, il y a eu — chiffre officiel — trente-sept immeubles incendiés et vingt-neuf atteints par do bombardement. Il ne reste guère que l'agence de la Banque iNa'tionale, un vaste hôtel particulàçr transformé en confortable « kommandantur », quelques cafés et restaurants et une couple de magasins. Tout le reste a disparu. Des ruines partout. Dans le flanc de la colline qui borde la ligne dfu chemin de fer, touchés par de bombardement ou par l'incendie, déjà remis en état, en aperçoit le château des Roches, habité naguère par M. de la Hault ,l'Institut du docteur Couso't, sénateur provincial de Namur, et le Collège de Belle-Vue, où déjà d'heureux emplâtre recouvrent de hideuses plaies. Rue de la Station, des pans de murailles dressent leur carcasse lamentable. L'Hôtel des Postes, où s'arrêta le roi Albert pendant les manoeuvres de 1913, est tout à fait dévasté. En face, perché sur le coteau, l'I-Iôp'ital civil dérobe sa morne silhouette. De ce côté, ila route de Phi-ldppeville monte vers la droite au tournant) qui précède l'entrée du pont : la destruction, là aussi, révèle des vestiges douloureux. L'ennemi poursuivit par là sa marche triomphale... Les Aiiiemands ont rétabli et consolidé, dès les tous premiers jours, le pont de Meuse, — que l'occupant a dénommé « pont de S3xe », à la gloire des soldats saxons. Quand en te traverse, - on embrasse d'ensemble de ce qui fut Dinant. L'impression, ici, est poignarJtte. On ze sent le cœur crispé. Le cerveau, devant l'image d'un tel spectacle, se contracte. La pensée s'arrête. Et on contemple avec stupeur le panorama désolant de la ville morte. II faut quelques secondes pour se ressaisir et pour reconnaître, dans cet amas de ruines informes, le corps et l'âme de la patrie aimée des copères, de la jolie vlllte de plaisance que fut Dinant... La collégiale se dresse devant le rocher: Un boulet "a amputée de son capuchon bulbeux. Mais, stoïquement, elle a résisté, et la voilà •saute, toute seule, abandonnée, au bord '."u fleuve, car rien ne l'a sépare plus de la Meuse, puisque les vieilles maisons qui lui faisaient lace • orrt disparu.' Cette église Notre-Dame Garait . si. petite... Elle semble écrasée, sans toiture, contre la roche et elle domine de ses pier-rfs augustes les échappes modestes qui l'eiwi- i ronnent humblement et où des propriétaires des magasins détruits essaient de satisfaire la clientèle des campagnes. La place, au moment où j'y passe, est déserte. Tout y est silencieux. Atteinte, amputée, elle exis^p tout de même , et cela console un peu les Dinantais de leurs malheurs, car il leur semble qu'iis sentent battre le cœur de leur cité. Et, en effet, la collégiale, sur la Grand'Place, apparaît comme la sentinelile vigilante qui garde les ruines et leur parle d'espérance et de vie nouvelle. Elle reste seule au milieu de ce quartier# Mont-Ferrant, — jadis au pied .du château' de Montfort, qui traçait comme une guirlande autour d'elle et qui s'étendait à gauche vers le quartier Saint-Pierre et à droite vers le quartier Saint-Nicolas, — du nom des églises élevées jadis : dans ces..faubourgs. H. Dr ECHOS Un groupe de dames bruxelloises vient de lirendre l'initiative d'une souscription « Adolphe Max », qui sera organisée dans toutes les, écoles de l'agglomération bruxelloise. Une cotisation modique — dix centimes — sera sollicitée de chaque écolier et écolière et la somme ainsi recueillie sera remise au bourgmestre de Bruxelles, qui en disposera en faveur d'une ou de plusieurs oeuvres de son choix. Des personnalités appartenant au mouvement flamand, se sont réunies à Bruxelles afin d'examiner la question de l'Université flamande. On y a. paraît-il, sérieusement et longuement discuté une proposition tendante à créer l'Université flamande à Malines, afin d'effacer toute trace de l'université allemande de Gand. On assure que cette solution de conciliation rencontrerait des sympathies dans les milieux parlementaires. Le bourgmestre de Bruxelles, dans son ordre de service qu'il vient d'adresser à la police de la capitale, s'associe aux sentiments qui ont guidé les anciens collègues de l'agent Poels, fusillé par les Allemands, en allant manifester au cimetière du Tir national. M. Adolphe Max expose, dans son ordre de service, que si l'on a conservé provisoirement à ce cimetière son aspect actuel, c'est pour ne pas lui enlever sa signification émouvante. Mais la ville ne perd pas de vue les devoirs sacrés de la collectivité envers les martyrs enterrés au Tir national. Une sépulture monumentale consacrera l'hommage qui est dû à ces braves. M. Victor Reding, étant revenu de Paris, où il s'est occupé de recruter sa troupe, on espère que le théâtre du Parc pourra faire sa réouverture au commencement de janvier. On proteste contre la façon par trop barbare àvec laquelle sont traités les açbres du parc idu Cinquantenaire. j L'élagage des arbres, qui devrait être fait par des hommes du métier est, paraît-il, confié à des ouvriers des ponts et. chaussées, dont l'ignorance; en cette matière est complète. Les érables qu'on martyrise en ce. moment auraient dû pouvoir continuer librement leur croissance. On leur coupe des branches inférieures énormes, on les muiile, et il serait heureux que l'administration, soucieuse de la décoration de nos squares, prenne des mesures pour que les élégages nécessaires soient entrepris par des spécialistes, qui respecteraient l'architecture florale de nos jardins publics.Des artistes, des écrivains, des savants, des esthètes, émus par les dévastations de monuments et de sites, par les pertes artistiques qui ont appauvri le pays, et, prenant aussi en considération la crise qui atteindra les artistes, se sont réunis et ont décidé la fondation de r «r Association pour la rèconstitution du patrimoine artistique, historique et pittoresque de la Belgique a. De précieux et hauts appuis, tant à l'étranger qu'en Belgique, sont dès à présent acquis à cette œuvre de renaissance, dont le promoteur est l'archéologue brugeois bien connu M. C. Tulpinck. - Aussitôt que les circonstances le permettront, des sections seront établies dans les centres de notre pays et des pays alliés. Le siège de l'association nouvelle est établi 1, rue Wallonne, à Bruges, dans l'unique grande cité d'art ancien qui ait survécu intacte à la guerre. Un sous-officier français nous adresse une requête. Il appartenait à l'un des régiments français, qui ont passé par Bruxelles le dimanche 8 décembre. Il a constaté qu'on photographiait son régiment au: passage. Et lui et ses camarades voudraient voir au moins une épreuve. Il nous demande d'insérer cette note : « Le sergent (amateur photographe) de garde dimanche au drapeau du 226e régiment d'infanterie française, s'adresse aux sentiments de camaraderie de ses nombreux confrères, amateurs ou professionnels, pour obtenir une ou plusieurs épreuves de leurs clichés. Remerciements anticipés. » Charles Marc, sergent au 226® régiment d'infanterie, 13e compagnie. Secteur postal 128.» Voilà. Nous n'avons rien à refuser à un «r poilu ». Les hôteliers d'Ostende vont se réunir, dans le but de prendre des mesare's communes. Ils songent même à demander qu'il leur soit permis de se rendre dans la partie occupée de l'Allemagne et d'y prendre dans les hôtels, en échange des bons de réquisition qu'ils possèdent, l'équivalent de ce qui leur a été enlevé car, on leur a tout pris, jusqu'aux rampes des balcons, et jusqu'aux appareils des W.-C. ! Or, il est urgent de ravitailler les hôtels du littoral. Déjà, des soldats et des aviateurs américains qui passent en Belgique retiennent, pour des familles des Etats-Unis, des appartements à occuper dès le mois de mai. Depuis le départ des Allemands on a eu à déplorer, un peu partout, des accidents plus ou moins graves, résultant de la manipulation, par des mains inexpérimentées, d'objets de guerre dont l'explosion peut semer autour d'elles la mort et la désolation. C'est ainsi que, tout récemment encore, des enfants se sont tués ou blessés grièvement en jouant avec des grenades trouvées on ne sait où. Il est temps que ces jeux dangereux prennent fin, et il importe encore une fois de faire appel au bon sens de la jeunesse tout en attirant l'attention des instituteurs sur la nécessité qu'il y a pour eux d'influencer leurs élèves de manière telle que ceux-ci se garderont à l'avenir d'approcher de ces engins de mort. Les parents ont, eux aussi, une responsabilité à laquelle il est bon de leur demander de réfléchir. C'est de toute leur autorité qu'ils doivent user pour empêcher leurs enfants de ramasser, au hasard, dans les .terrains va-, gues, surtout à l'abord des gares, des grenades à main, des mines diverses, des cartouches, des obus, des fusées d'obus, etc.,, tout ce que nos ennemis y 'ont'« oublié. » avec le secret espoir de nous voir otmb'er dans leur sinistre piège. • : Le: pays d'aujourd'hui et de demain-a besoin de tous, ceux qui peuvent servir les intérêts de la collectivité. Moins que jamais il ne faut faire bon marché de la vie humaine. Ne serait-il pas possible aux parents de le comprendre ? Et aux enfants de l'apprendre ? Essayons. Il est des familles qui, en ce moment, pleurent de jeunes, fils, qui se sont ainsi sacrifiés aux. cours d'accidents stupides. Il ne faudrait plus ' que ' cela se renouvelât, car on pourrait imputer aux parents "une part de-responsabilité dans leur propre malheur. Une grande quantité de charbon est arrivée à Bruxelles, ces jours-ci, pour la consommation publique. Les chiffres donnés sont : 11,985 tonnes — par 40 trains de 300 tonnes environ. Les derniers soldats ' belges internés en Hollande auront rejoint leurs foyers dans quelques heures. En effet, lundi, de grand matin, un train spécial quitte Leeuwarden, dans lequel ont pris place les groupes de nos compatriotes qui étaient éparpillés et travaillaient dans différentes localités de la province. Ils gagnent la frontière -par Essen; à" Meppel, prennent place, dans le même train,, les internés belges de la province de Groningue. Certains couloirs et certains locaux de la caserne des guides ressemblent en ce moment à des salles d'attenté pour émigrants. C'est là que sont dirigés non seulement tous les soldats réformés pendant la guerre et restés en Belgique occupée, mais aussi les prisonniers belges internés en Hollande,- et les prisonniers militaires qui reviennent des camps allemands.C'est un spectacle assez triste. Tous ces hommes, aux uniformes divers, disparates, tous ces débris vivants de la grande guerre sanglante, attendent- patiemment leur tour d'être à nouveau- inscrits sur les listes de l'armée. Certains reprendront leur service. Mais, beaucoup d'entre eux, aussi, hélas ! devront abandonner l'espoir qu'ils ont, de porter encore l'uniforme, car, quatre ans de privations les ont tellenient affaiblis qu'ils sont là, pâles, comme hébétés, toussant douloureusement, incapables de comprendre. Nous avons vu, parmi ces êtres fatigués, dont la plupart couchent à la caserne avant de savoir ce qu'on fera d'eux, aussi des' déportés, hâves, de qui" les vêtements usés attestaient le dénuement et la misère. L'impression qu'on emporte-de ce spectacle est pénible.. Mardi prochain, un nouveau train sera mis en marche pour Termonde. L'heure du départ, à Bruxelles-Nord, est fixée à 8 h. 50. Le service tend, d'autre part, à s'accer^tuer vers Paris. Il est probable que mardi, également, un nouyeau train circulera, viâ Bruges, entre Paris et Bruxelles, où il arriverait à 15 h. 30, ppur repartir vers Paris à 22 heures -xt* m> t'Utoiip ,uirj cii • :-j A-t-on remarqué que nos officiers ne portent plus l'épée ? Ils l'ont remplacée, comme les officiers anglais et français, d'ailleurs, par une canne, qu'ils manient avec désinvolture. Cette mode n'est pas déplaisante. Elle enlève à l'allure militaire ce qu'elle avait d'un peu cassant. Elle est bien en rapport avec le nouvel uniforme, qui diffère aussi peu que possible du costume civil. Tout cela identifie de plus en plus l'armée et la nation. Les télégraphistes hollandais se plaignent de leurs bas salaires et du refus du gouvernement de remédier à leur situation. Cette situation a engendré un assez singulier incident : . Une centaine d'employés du télégraphe, à Amsterdam, se sont adressés, télégraoln'que-ment, cela va sans dire, au gouvernement belge, en le priant de leur dire s'il y a possibilité pour eux d'entrer au service de l'Etat belge... Une pareille action serait préparée à Amsterdam et à La Haye. Un propos de jeune fille, de toute jeune fille, entendu dans un « thé », Des officiers français, distingués, élégants comme savent l'être nos amis, quittaient l'établissement. L'un d'eux était particulièrement « beau ». Et comme la jeune fille le mangeait des yeux « Holà I s'exclame la maman, ne t'emballe; pas, il porte une alliance. » — < Dommage, riposta la ' fillette ; un bel officier ne devrait jamais se marier. » O chance dé ceux qui ont' conquis la gloire ! Voici que tous les journaux de France nous reviennent, un peu à la fois. Et non seulement les journaux, mais aussi les hebdomadaires illustrés et les livres. Parce que nous en avons été privés pendant tant de semaines, nous les voyons avec une véritable joie. Les livres-surtout, bien qu'ils coûtent encore cher, attirent les curiosités. On les contemple à l'étalage des libraires. On lit et on relit les litres, les noms d'auteurs, parmi lesquels plus d'un est un « homo novus ». Plusieurs en sont déjà à leur dix-huitième, à leur vingt-deuxième édition. Tous ont ému ou instruit d'innombrables lecteurs, là-bas, de l'autre côté, du front. A leur tour, ceux qui veulent se mettre au courant de la production littéraire vont devoir les lire. Et d'autres continueront à paraître; et les soirées seront trop courtes. Les soldats, retour du front, causent volontiers, mais avec modestie. — Oh I nous disait hier l'un d'eux, un artilleur, bien cambré dans l'uniforme seyant, vous, vous avez souffert. Mais, nous à peine. Les souffrances physiques ? A quoi bon en parler. Bien nourris, chaudenient habillés, les fatigues et les intempéries n'avaient guère de prise sur nous. Quand on est bien portant, qu'importe tout cela ! — Alors, vraiment, c'était supportable? Et vous voudriez recommencer 2 — Ali ! non ! Il eut un sourire très doux. Son regard semblait, au fond de lui, vouloir chercher, des souvenirs. — Quand c'était dur, c'était quand les nouvelles du pays étaient mauvaises. Alors, oui, on souffrait. On avait des larmes au cœur, et, souvent, il arrivait que pendant de longues journées, nous restions silencieux, enfermés dans notre angoisse... C'est de çà surtout qu'ils ont souffert, nos soldats : des mauvaises nouvelles du pays, de savoir l'ennemi installé dans leur maison, à leur foyer; et c'est ce qui a fait leur résistance plus opiniâtre et plus tenace, et c'est ce qui les a jetés irrésistiblement en avant lors de la grande poussée de septembre dernier.On se souvient — trop, hélas ! — des durs moments que nous vécûmes pendant l'occupation, alors que, le ventre presque creux, nous voyions se goberger les officiers allemands.Les temps ont changé, et ce sont maintenant les populations allemandes qui connaissent cette petite vexation, stomacale. Il parait, .en effet, que les cuisines, de l'armée belge, installées dans les rues d'Àix-ïa-i Chapelle et des autres localités que nous oc-! cupons, débitent en plein vent à nos-«.jass_»!j •de savoureux repas, tandis que les habitants,) réduits à la soupe de rutabagas, ne peuvent;: que humer, avec envie, les délicieux relanfe-de bouillon gras, de beefsteaks et d'autres! « delicatessen » belges. ? j « Sic transit gloria mundis!... » Traduisez-.# ainsi changent les joies stomacales dwf monde... ■ ."/ ■ Un comité s'est formé, à Barcelone, sur l'i/a}- ' tiative de Mm» Sylvi'a Mouvet de Blaach,:.d$( nationalité belge; pour la constitution d'iinesî « Œuvre de secours immédiats aux Belges 1W bérés ». • L'œuvre se trouve sous le haut patronage, de MM. Eudore Lefèvre, consul de Belgique;! comte de Caralt, ancien ministre ; Manuel Mo-j raies Paroja, alcade de Barcelone, et José) Roig y Bergada, sénateur. Elle se propose de! venir en aide, le plus promptement' possible,; aux familles belges, nécessiteuses. Dans son manifeste, le comité rappela la&f longues souffrances endurées par la Belgique pendant la guerre, et fait un appel pressant aux Espagnols, afin qu'ils apportent lêur aidei aux membres, de la classe moyenne .btïlge dont: la situation en ce moment est dés; plus, pré, caires. Un merci fraternel à nos excellents amis de Barcelone. — 1 La Santé publique L'ENFANCE C'est elle qu'il faut préserver, avons-novxs, dit, car elle est la réserve de demain, car élite-est l'avenir de la race. On n'y a pas manqué pendant Toccupatfon., Si les . œuvres qui naissaient spontaném-enti pour venir en aide aux misères chaque jour, accrues s'adressaient à toutes les catégories! d'individus, il y en eut qui s'occupèrent;-uni-? quement de l'enfance, et ce ne furènt ni lési moins actives ni les moins prospères. C'était d'ailleurs une nécessité absolue. Dès/ 1915, les constatations faites, par les méde~j cins des écoles de Bruxelles révélaient quei plus de &) p. c. des écoliers étaient anémiés») Beaucoup présentaient des accidents ganglio-e naires; 2 ou 3 p. c. d'entre eux étaient déjà1! fortement atteints du mal terrible qu'on re* trouve partout : la tubèrculosp Dans certaines communes des. environs de Bruxelles, la situation était - plus.;, critique en-* core-: on y constatai# jusqu'à -80- p. c. de. gan-glionaires parmi les enfants des écoles. Eti les autres provinces n'étaient pas ^avantagé! épargnées. Dans le£ régions agricoles, aussîj bien que dans les contrées industrielles dur pays, le mal avait fait en quelques mois cbasl progrès tels qu'une immédiate action dev^itf être entreprise. D'autres constatations avaient été fai'teg dans les hôpitaux et les maternités. De nombreux enfants devèriaieùiv raçKSfcpj' ques. Le poids des nouveaux nés était tôiw' jours inférieur à la moyenne;-et là", erïcôré*: s'imposaient dés mesures rapides de prësêtJ vation. L'enfance, chez nous, aurait été éprouvée, sans espoir, si tout de suite le Comité National, qui remplaçait les pouvoirs publics, -ne*1 s'était ému de cette situation et si, faisan# largement crédit aux nombreuses . œuvres^' d'assistance : «Petites Abeilles», «Ligue çonl tre la tuberculose», «Préservation de l'Enfanv ce», il n'avait permis à ces organismes, d''àil-ieurs mal armés et créés spontanément, de commencer la lutte. Nous lavons dit déjà : des dispensaires furent créés, qui étaient les organes dépisteiïrs;, des cantines d'enfants débiles, des cantines maternelles, des colonies, qui nourrirent, soignèrent et sauvèrent plus de 20,000 mères nourrices et futures-mères et plus de 100,000 enfants, fonctionnèrent rapidement. Je me souviens encore d'une visite faite pendant l'hiver 1917, a l'un des dispensaire^ de l'agglomération bruxelloise. C'était en1 fév vrier. Le gel craquait. Il y avait quatre semai-' nés que le thermomètre marquait-invariable* ment de 15 à 10° sous zéro. Et ce froid, in-»! tense, sur les organismes affaibli^, avait des répercussions terribles. Là-bas, une centainef d'enfants se présentaient à la visite,' dans la petite salle bien chauffée;' aux murs blàn'cs* où la lumière entrait, joyeuse; une'petite s al-; le qui ne rappelait en rienM'hospice. Et tous, ces enfants étaient pâles, avec .des yeux vreûx, agrandis de bistres. Des maigreurs! plaquaient la peau translucide sur les- paii-*' vres os. Nus jusqu'à la ceinture, ils offraient; i de lamentables torses aux omoplates îùyàn-i tes, au thorax écrasé. Certains portaient âji , l'aine des plaies /achitiques. Et tons; ou pres-l que tous, avaient des ganglions; et tous OîJ fraient, un spectacle douloureux de lamenta-, ble déchéance physique. On touchait là du; doigt le fond de la misère humaine, toute.im3 misère étalée devant laquelle le médecin <ie-'; meurait impuissant. — Ce qu'il faudrait, me disait-il, c'est à man* ger. Tous les jours il en vient autant. Nous) sommes débordés; c'est une'marée inépuisa-^ ble... Et cette marée a cru ; mais elle a pu être endiguée.Ce problème qui se posait depuis toujours ^ 1 attention des spécialistes : la préservation^ de l'enfance, a trouvé, malgré les difficultés de 1 heure, une solution. Si l'on se trouvait dans l'impossibilité de donner à ces tout• pe-a tits la nourriture abondante et saine qui seu* le pouvait les sauver, on leur procura, cepen-^ dant ce qu'il fallait pour enrayer le mal, poui* les maintenir suffisamment résistants. Tous les rapports techniques qui seront présentés un jour prochain par les différentes oeuvres; de préservation de l'enfance, marquerbirt les' phases de cette-lutte, qui assurait la 'Victoire de la vie, tandis .que là-bas,- sur "les champs de bataille, l'oeuvre rude des canons amoncel-1 lait la moisson de la mort. Ces constatations en appellent d'autres* pour l'avenir. Pour- que la préservation de l'enfance soit assurée avec succès, il Taut que toutes'les initiatives s'unissent et constituent une organisa* tion rationnelle et complète, capable de pourjj suivre la lutte avec méthode. Les efforts faits jusqu'ici doivent être agrandis encore, et l'action menée dans toute l'étendue du pays doit être entreprise concurremment avec celle deL ployée contre la tuberculose de l'adulte. Car !e contamina leur par excellence, c'est» i adulte, l'adulte qui est un danger pérmamen-G' pour awtrui, et contre lequel il faut se prémunir.C'est dans ce sens que doit s'orienter l'orge. niisat!-on an ta-tuberculeuse de demain. Cette ten-i dance s'est manifestée déjà à La Ligue nationale: contre la -tuberculose; c'est d'elle que s'est in-', spiré le Comité national quand il a subvention^ né, avec une générosité sans précédant, les ces* vres antituberculeuses. Et l'on doit espérer que demaiji^.dans.la paix, reconquise, /.armement . esquissé pend'aa# lsr,

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Dit item is een uitgave in de reeks L'indépendance belge behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1843 tot 1940.

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