L'étoile belge

951 0
27 november 1918
close

Waarom wilt u dit item rapporteren?

Opmerkingen

Verzenden
s.n. 1918, 27 November. L'étoile belge. Geraadpleegd op 26 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/rx93776r79/
Toon tekst

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

10 centimes Se Numéro L'ETOILE BELGE 10 centimes le Ma5ïîïés*o ETRANGER La démobilisation en France Une grosse question qui se pose actuellement est celle de la démobilisation, ïieaucuup s imaginent que, puisque la guerre est lime — la paix n'est pas encore près d'être signée, mais il n'est personne qui croie sérieusement à la reprise ues hostilités — rien lie s'oppose a la démobilisation immédiate de la plus grande partie Ues années. 1 La question il été discutée vendredi dernier à la chambre lrançaise. Divers depuiés réclamaient la libération immédiate des cîasses constituant la réserve 'de 1 armee territoriale, c est-a-dire des classes de iSutl à 1S97. 11 ne s'agissait donc en somme que d'une fraction encore relativement restreinte de l'armée. Le gouvernement s est néanmoins opposé à cette demande. M. Abrami, sous-secrétaire d'Etat à la guerre, a exposé que le gouvernement avait libéré 'les classes 1SS7, 1888 et 1 X8'J et renvoyé à l'intériur certaines catégories 'd'hommes des classes de 181)1 et 1892 Jainsi que les pères de cinq enfants et Iles veufs pères de quatre enfants des classes plus jeunes, il a annoncé ensuite la libération immédiate de la ^classe de 1890. M. Abrami a refusé une démobilisation plus étendue en alléguant que l'Allemagne n'exécute pas toutes les clauses de l'armistice et ergote sur un nombre considérable d'entre biles. « Aussi longtemps que l'Allemagne ;n'aura pas commencé la démobilisation, ia-t-il ajouté, ce serait nlus qu'une folie, îce serait une trahison envers le pays que * d'affaiblir la force de notre armée. » Il est bien certain qu'en présence des éventualités qui peuvent se produire les Etats de l'Entente ne peuvent pas désarmer. 11 est peu probable, nous le répétons, que l'Allemagne songe à recommencer la guerre, mais enfin c'est le devoir des alliés d'envisager cette possibilité et d'en tenir compte. Ils doi-'vent donc demeurer suffisamment armés.■ Le gouvernement, toutefois, s'inspire 'encore d'autres motifs, qu'il a d'ailleurs 'invoqués, et nui pourraient bien être les Vrais motifs déterminants de ses résolutions.! « Ce serait un autre crime, a ajouté M. Abrami, .de lancer sur le marché du travail un nombre formidable de travailleurs avant que celui-ci soit prêt à les recevoir. » Et il a expliqué que ce serait d autant plus dangereux que la France va devoir recueilli" 574,000 prisonniers de toutes les nations que l'Allemagne renvoie en masse pour ne plus les nourrir.La démobilisation, cependant, se fera le plus tôt possible. 430,000 à 800,000 hommes par mois seront rendus au marché du travail. On accordera une certaine préférence aux hommes mariés par rapport aux célibataires, aux pères de famille par rapport aux hommes ma; riés sans enfants. M. Abrami a terminé en disant que « le rouvernement s'entendra avec les associations ouvrières et le ministre du travail en vue de la réorganisation du marché du travail en faveur d'hommes qui ne peuvent être 'es chômeurs après avoir été les sauveurs du monde ». On sait que la chambre s'est rangée à l'avis du pouvernement. C'est donc en réalité surtout pour éviter une crise de chômage intense que le gouvernement et la chambre ont décidé de retarder la libération des classes de la réserve territoriale et d'échelonner le renvoi des autres classes quand on jugera venu, le moment de la démobilisation.Il peut paraître étrange que l'on redoute un excédent considérable de bras, alors que l'œuvre de reconstitution qu'il va falloir accomplir est réellement formidable. Il semblait qu'on dût craindre plutôt un manaue de main-d'œuvre, surtout en France, ce pays devant, déjà avant la guerre, faire largement appel aux ouvriers étrangers. Au surnlus, le ministre du travail de la république, M. Colliard, est optimiste. Il a exposé à un de nos confrères de Paris les raisons qu'il a de voir les industries françaises prendre un essor merveilleux. Mais,, a-t-il ajouté, «vaut que les usâmes de guerre scient pu se transformer, que les laiMcatims elle paix aient remplacé celles <le guerre, ill y aura urne période transitoire ■pendant laquelle des ouvriers, et surtout des ouvrières, auront été licenciés et m'auront pu étire immédiatement réoccuipés. D'autre part, il peut se faire que tes fabrications de paix ne s'installent pas au môme endroit que les usines die guerre et qu'il y ait. chômage dans certaines régions, pénurie de main-d'œuvre ailleurs. Pour parer à ce danger, le ministre a déjà pris certaines mesures qu'il ne considère d'ailleurs lui-même que comme un palliatif. Le véritable but, c'est de fournir du travail à l'ouvrier. De sorte que la question qui se pose véritablement est celle de savoir s'il v aura du travail pour tous les démobilisés. Il paraît bien difficile de la trancher pour le moment, car l'attitude du gouvernement et le vote de la chambre ne concordent pas très bien avec les déclarations du ministre du travail. ALLEMAGNE En faveur de la Constituante Le gouvernement hessois a vivement In-.sisté auprès du gouvernement central alle-' mand pour la prompte convocation de l'As-' semblée Nationale. Il ne veut pas échanger contre l'autocratie militaire prussienne, heureusement détruite, une dictature prussienne partiale. Le gouvernement badois s'est associé à la manière de voir du gouvernement de la Hesse. La groupement des partis i Les partis bourgeois allemands continuent à se grouper. Le parti progressiste vient de se rallier au nouveau parti républicain démocratique et un important groupe de nationaux-libéraux suit son exemple, mais le comité directeur de cette dernière fraction fait bande à part et Vient, comme nous l'avons dit hier, de faire paraître son programme. Ce document est toutefois conçu dass un sens démocratique. Il demande même le rachat des entreprises particulières par l'Etat et la suspension de la propriété privée, dit le correspondant berlinois' du « Nieuwe Rotterdamsche ». De cette manière, ajoute-t-il, l'organisation des gros industriels semble avoir trouvé son groupement, pour autant qu'elle ne se Boit pas ralliée déjà au parti conservateur. Le gouvernement sous le contrôle des soviets Il a été convenu ce qui suit entre le comité exécutif du conseil des ouvriers et des soldats de Eerlin et le gouvernement : 1. L'autorité politique repose entre les mains des comités d'ouvriers et de soldats de la république socialiste allemande. Leur tâche est de maintenir les résultats de la révolution contre la contre-révolution ; 2. Jusqu'à ce que l'assemblée des délégués des comités d'ouvriers et de soldats ait élu un comité exécutif pour la république allemande, le comité exécutif de Berlin exercera les fonctions émanant des comités d'ouvriers et de soldats du Grand-Berlin ; 3. La constitution d'un conseil de représentants du peuple par le comité d'ouvriers et de soldats du Grand-Berlin signifie le transfert de l'autorité exécutive de la république ; 4. La nomination et la révocation des membres du cabinet de la république, ainsi que de la Prusse, jusqu'au règlement définitif de la situation en Prusse, ont lieu par le comité central exécutif, qui possède également le droit de contrôle. 5. Le comité exécutif doit être consulté également pour la nomination des ministres professionnels (sous-secrétaires d'Etat) par le cabinet. ANGLETERRE Dissolution du parlement Le roi a signé lundi une proclamation dissolvant le parlement. M. Hoover se rend à Paris M. Hoover, ministre américain du ravitaillement, est parti lundi de Londres pour Paris. Les lois sur le service militaire Le gouvernement anglais a fait connaître : que les lois sur le service militaire cesse- l ront leurs effets le jour même où le traité de paix sera signé. Pour le désarmement dos navires de guerre allemands Reuter télégraphie de Londres, lundi ( 14 h. 25 : Une flottille de dragueurs de mines a quitté le Fifth of Forth ce matin afin d'ouvrir le passage à l'escadre britanni- ; que qui se rend à Kiel et "VVilhelmshaven afin de surveiller le désarmement des na- : vires de guerre allemands. PAYS-BAS-Pour offrir du bétail à la Belgique Le conseil de direction de l'Union Néerlandaise des marchands de bestiaux a décidé de prendre l'initiative de la réunion des capitaux nécessaires pour pouvoir offrir du bétail en Belgique. RUSSIE Un gouvernement pan-russe Lies journaux héritais font connaître que des négociations politiques importantes viennent d'avoir lieu à IekateRniosSav. Des délégués du centre de la reconstitution de l'unité TOsse, à Kiev, et de l'aimée indépendante y ont pris .part. L'armée indépendante a été déclarée le centre de la reoon-stâhMm taritiomale de la Russie. On a décidé la constitution d'un gouvernement pan-cuisse auprès de l'étet-majotr de l'armée iinidâpeinidiaiKte et dé le désigner provisoirement sous la dénomination d'assemblée spéciale. Les portefeuilles ont éié répartis comme suât : général Dragomirof, ministre président ; générai Loutoomski, ministre de la guienro ; Sasmof, aux affaires étrangères ; Ajstarf, à l'intérieur ; StefamOf, 'au commerce, et Choubeirsky, aux voies de com-muiq&aitian.Le conseil des ministas a formulé le programme suivant : 1. Rétablissement de la Russie unie sur dies bases fétfératives, avec maintien de tous les droits de l'Oukratae à une autonomie gouvernementale et nationale ; 2. Maintien et consoMatûon de l'ardre civil en Oukraine, ce qui n'est possible que par la protection de l'Etait contre l'anarchie ot le bolchetvisme ; 3. Prompte promulgation d'une toi relative à la représentation poputiaire et aux élections sur une base démacra.fique; 4. Réformes agraires sur la base de la note du 29 octobre de l'hefanan ; 5. Protection ouvrière, amélioration des conditions d'existence des ouvriers ; 6. Suppression de la radiation du mono-poie des céréales ©t des prix maxima ; 7. Introduction faooradïtionnelle de mesurés pour le rétablissement de la circula-lion des chemins de fer ; amélioration de la situation du personnel. Une attaqii9 concentrée tîes alliés On mande de Helsingfors à la « Deutsche Allgemeine » (ex-« Norddeutsche ») : Il résulte d'une communication faite à Helsingin Sanomat par un diplomate de l'entente que l'attaque concentrée des alliés contre la Russie des soviets a commencé. L'armée de Salonique, comprenant des Anglais, des Italiens, des Français et des Serbes, au total 710,000 hommes, s'est mise en marche dans la direction du Nord-Est. Des troupes roumaines se sont jointes à elle. Les avant-gardes ont déjà atteint la Bessarabie et des divisions indépendantes Odessa. D'autres troupes s'avancent sur Kiev à marches forcées. Le général Ber-thelot, qui doit commander l'expédition, est arrivé en Roumanie. L'apparition de gardes blanches à Pekof et d'Anglais à la côte de Mourman signifie sans doute une attaque du côté de la riv» septentrionale du golfe cfe Finlande. Cinq cents officiers assassinés Des nouvelles d'Hèlsingfors, adressées à la « Gazette de Cologne » mandent que les bolchevistes russes auraient assassiné pendant les derniers jours 500 ancien s officiers. Des étrangers ont été arrêtés et contraints de nettoyer les rues. rKTTÉZRIETTIR- L'ABANDON DE LA NEUTRALITÉ Jusqu'en ces derniers temps 'avant la guerre, on pouvait dire que la Belgique n'avait pas de politique étrangère. Nous vivions tranquilles au milieu de l'Europe en armes, sans trop nous préoccuper de ce qui se passait au delà de nos frontières. Absorbés par notre politique intérieure et par nos petites agitations électorales, nous relevions rarement la tête pour écouter les bruits du dehors. Les grandes puissances n'avaient-elles pas garanti notre indépendance? Ne dormions-nous pas naisiblement sur l'oreiller des traités et par conséquent était-il nécessaire d'embastiller nos places fortes et de faire servir la nation tout entière? Rien ne semblait devoir troubler notre quiétude et si parfois nous nous penchions à la fenêtre pour regarder du côté de l'Allemagne, de la France ou de l'Angleterre, c'était en spectateurs désintéressés, presque en badauds friands du rnit-divers ou de l'anecdote destinés à défrayer les canuetages mondains ou les discussions de brasserie. Aujourd'hui, depuis la guerre, on sent qu'un grand changement s'est opéré. Non seulement les événements nous ont démontré que nous avions tort de dormir sur l'oreiller des traités,mais encore il résulte des déclarations gouvernementales que nous devons avoir désormais, comme toutes les puissances souveraines, une politimie étrangère. En effet, la Belgique semble d'accord avec les grandes puissances alliées pour abandonner le système de la neutralité armée qui lui fut imposé après la révolution de 1830. L'Europe renonce donc à la tutelle qu'elle exerçait sur nous; elle proclame que notre petit pays ayant atteint l'âge de la majorité .internationale, est le maître absolu de ses destinées. En d'autres termes, la Belgique pourra, dans la plénitude de son indépendance, conclure des traités et déclarer, la guerre. Ce Changement est gi'an'd et nous impose,-vis-à-vis de nous-mêmes, de nouveaux devoirs. Le cadeau que l'on nous fait, même si nous l'avons sollicité, est flatteur et de nature à nous inspirer une légitime fierté, il est flatteur mais il est aussi dangereux. Sans doute le système de la neutralité n'allait pas sans froisser un peu nos sentiments d'indépendance, mais en échange, il nous protégeait à la fois contre les aaressions du dehors, et contre les entraînements de l'opinion publique au dedans, et dans l'hypothèse même — réalisée en 1914 — où i'une des puissances garantes violerait notre territoire, nous assurait l'alliance et l'intervention des autres. Ce système était donc à la fois un bouclier contre l'étran-,ger et un recours contre nous mêmes. Mais nous n'en sommes plus aux regrets : la cause est entendue, comme on dit au palais, et désormais, 'étant majeurs, nous devons nous conduire de manière à prouver que l'on n'a pas eu tort de nous offrir le don de majorité. Il nous faudra donc, comme nous Ie_dj-sions plus haut, avoir une politique étrangère. Il nous faudra être attentifs à tout ce qui se passera dans le monde et acquérir une fermeté assez souple pour ne pas nous aliéner de puissants voisins, dont les intérêts sont contradictoires. Il ne faudra pas trop non plus escompter le renouvellement de toutes les alliances d'aujourd'hui. Les alliés d'à-présent peuvent être demain des adversaires et après-demain des ennemis. Les institutions pacifistes et les tribunaux d'arbitrage international sont assurément de belles inventions, mais qui sentent un peu l'idéalisme d'académie. Le plus certain est donc de compter sur nous-mêmes et de faire une grande provision d'esprit diplomatique et de sagesse.— La division de granit à Bruxelles La division de granit, c'est la 41" division d'infanterie française qui, du 28 septembre de cette année jusqu'à la fin des hostilités, combattit côte à côte avec les troupes belges et, en leur compagnie, chassa les Allemands de la Flandre. Elle a pour emblème une roche surmontée de sapins, ©t, en vérité, elle fut l'un des rochers inébranlables contre lesquels s'écrasa d'abord l'ennemi, et qui, se mettjant ensuite en marche, le broyèrent définitivement. Elle est venue hier de Dilbeek, par la chaussée de Ninove, acclamée partout et saluée, à son entrée dans la ville, par M. le bourgmestre Max, entouré des échevins en uniforrtie. Voici en quels termes M. Max a salué le général Ba-blon, commandant les troupes : Mon Général, Au nom de la ville de Bruxelles, je viens au-devant de vous, avec les échevins de la capitale, pour vous souhaiter, ainsi qu'aux vaillantes troupes placées sous votre commandement, uns cordiale et chaleureuse bienvenue. L'accueil enthousiaste que rencontrent partout en Belgique les armées de la France témoigne de nos sentiments de reconnaissance et d'admiration pour les incomparables soldats qui, dans cotte guerre, ont si puissamment contribué au triomphe d'une cause dont dépendait l'avenir de l'humanité. Mais devant vous, mon Général, et devant les troupes qui marchent à votre suite, notre émotion est plus intense encore, car nous savons quelle part fut la vôtre dans la suprême offensive des Flandres, où Français, Anglais et Belges, enflammés de la même passion, cimentèrent dans la victoire leur féconda fraternité d'armes. Je salue les hérûs de cette grande bataille qui, par ses résultats décisifs, libérh la Belgique du joug odieux qui pesait sur elle depuis plus de quatre années. Êt c'est dans un sentiment d'ardente et sincère gratitude qu'au seuil de la capitale, je vous accueille, mon Général, vous et vos soldats, au nom de tous mes concitoyens, par ce cri qui part du plus profond de nos cœurs : Vive la France I Vive la France T répéta. longuement la foule I Vive l'armée française 1 Vivent les poilus I... D'une voix claire, vibrant© d'émotion, le général Bablon répondit en rappelant la courageuse et patriotique attitude du bourgmestre de Bruxelles au cours de la guerre et en fiadsant un vif éloge de nos soldats, donit il a admiré l'héroïque entrain sur les champs de bataille. Vive la Belgique I s'écria-t-il en terminant. La foule, de plus en plus nombreuse, lui répondit par de nouveaux Vive la France I et la musique joua la Brabançonne suivie d'une Marseillaise, reprise en chœur par les centaines de spectateurs.De l'a porte de Ninove a ïà porte 'die Namur, en passant par la giacre du Midi, une double haie Àe curieux acclama les soldats français ; comme ils passaient devant l'école du boulevard du Midi, les écoliers et les écolières jaillirent brusquement sur le trottoir, agitant leurs mouchoirs, tendant les bras vers les libérateurs. Le général Bablon, souriant, les salua du sabre, et tous, offi- cieirs et soldats, rendirent en sourireai affectueux le salut gentil des enfants. \ A la porte de Namur, un temps d'ar-< rôt. Profitons-en et passons La revue. Iï y a là, tenant la tête avec le général, lel 11° escadron 'de chasseurs à cheval, puis viennent le 128* régiment d'infanteri3 (4 citations à l'ordre de l'armée), le 43* (4 citations), le 23° (5 citations), deuï compagnies du génie, le 1er bataillon dit 54' territorial — des poilus au poil déjà! blanchi — le 41° groupe des brancard diers divisionnaires, l'ambulance 208,' et enfin le 4° régiment d'artillerie d*; campagne, suivi du 107* d'artillerie lourde, qui clôt la marche. Au total,] près de 12,000 hommes, en y comptant' le service du charroi, lequel traversa la .vil.3 par des voies plus commodes. Les drapeaux sont couchés sur les faisceaux des fusils, entre les sacs ; il» sont déchirés d'héroïques blessures,et ou y lit des noms d'épopée : Polotsk, La, Beresina, Lutzen, Bauitzen... ■ Il faudra:; en ajouter d'autres, et combien I C'est' la 41° division qui, Btu début de la guerre, entra dans Mulhouse, et l'on «a souvient de l'enthousiasme, des espoir* fous qu'éveilla cette nouvelle, espoira qui sont à présent réalités; c'est «lia qui, de juin à septembre 1016, tint au col de Bonhomme, dans le» Vosges; qui brisa l'élan de l'armée du kronprinâ au Four do Paris, en décembre 1910 qui défendit le fort de Briment ; qui, ea\ novembre 1917, reprit la côte 344, près] de Verdun ; c'est elle encore qui prit 1« fort de Locre, au Kemmel, le moulin da ; Lafaux, au Chemin des Dames ; c'est; la 41", enfin, qui, donnant la main aux Belges, enleva avec eux Buy»ingein,-Langemark, Poelcapelle, West-Roose» beke, Oost-Nieuwkerke, Roulera ; elLa, venait de franchir l'Escaut lorsque I'a& mistice est intervenu. C'est tout cela que la ïoule eSlèBre 8$ serrant les mains des soleteits français,» en les bourrant de cigares et de cigareVj tes, on les entourant d'une sympathie»; ardente et joyeuse. Lorsque la division se remet en m» che, cette foule s'est décuplée; il y m vingt épaisseurs de curieux sur lea' flaincs des soldats ; d'autres, aussi nom«! breux, emboîtent le pas sur les terra* pleiins, sur la chaussée même, coude Sll coude, ©t tous les chapeaux sont en l'ai*] et les vivats roulent sans fin. Lo défilé, devant la légation 8c Fiiatnce, fut simplement admirable. Il « avait des milliers et des milliers de peïyj sonnes comprimées sur le boulevard, S perte de vue, il y en avait uine grapp^; à chaque fenêtre, dans les arbres, su» les kiosques des tramways, où, e'accrcyj chant à la toiture, elles semblaient un«j rangée de vivantes cariatides. Les piou»j pious défilent, alertes, souple#, les yeœfl bruns et noirs rient sous le casque dai; tranchée, le pas léger se rythme auij sons du « Vous n'aurez pas l'Alsace ef la Lorraine... », le tête-à-droite déviant 1«( général Maiseenet tourne sans raideu* ni affectation ; ce sont les soldats d»' toyens de la France qui passent. PuW c'est lo roulement des mitrailleuses, laj grondement de l'artillerie, les légers 79< les obusiers de 155 'aivec leurs nomi joyeux : le Gueulard, l'Anti-moche... El ce seraient les canons longs, si lexrti poids ne les avait empêchés de prendra! la rapwte allure de leurs confrères} ceux-là sont momentanlénienii demei* rés à Forest. Alors, comme fe Sernietr eanon "dispads raisaait avec la dernière sonnerie dâ( trompette, une manifestation inattenrf due se produisit : un cercle immenaaj se forma, et les milliers de curieux, chv' peaux bas, entonnèrent une formida.* ble Marseillaise. Le général Massenel et son état-major, au centre du cercla, demeurèrent immobiles, la main «û képi, tant que monta la vibration énor me du chant glorieux. Et puis, os fui) J DEPORTATIONS I_,E1 DÉPART Lo mercredi 24 janvier 1917, quatrième joui' des levées de <r chômeurs » bruxellois, à 6 h. 1/2 du matin, le thermomètre était descendu à huit degrés sous zéro. Dans'le ciel presque noir encore, il semblait que le froid eût figé les étoiles elles-mêmes, et par la ville engourdie, . grondait plus sonore et plus clair le roulement des premiers tramways. Quelques passants rapides, aux épaules remontées, l'oreille abritée sous le col du >pardessus. Autrefois, à pareille heure, le peuple des artisans animait la rue, sillonnée par des centaines de véhicules. 'Aujourd'hui c'est presque le désert et ,e silence. Les chevaux ont disparu vers les lignes du front allemand. Les artisans chôment et sont demeurés dans leur lit. Aussi bien n'ont-ils pas mieux à faire ; la ration a été mangée au souper de la veille, et le poêle est vide; qui dort déjeune et n'a pas besoin de charbon. Pourtant, voici le long du boulevard d'étranges personnages. Ils sont deux, coiffés de casquettes de drap épais, et chaussés de gros sabots blancs qui claquent en cadence sur les dalles de pierre. Leur marche souple annonce deux jeunes gens; mais ils sont énormes, gonflés de gilets de laine, épaissis de deux vestons et d'une couple de pardessus qu'il a été impossible de boutonner ; leurs poches sont plenes et baillent ; leur figure disparaît sous les multiples tours d'un cache-nez gris ; ils soutiennent au bout de chaque bras une valise ou un paquet bourrés à briser leurs courroies ; enfin, un volumineux havre-sac les tient cambrés, ventre en avant. En voici deux autres, qui sortent des rues latérales, puis un autre encore, puis trois, quatre... Dans la rue Henri Maus, s'avance tout un cortège ; il V a là deux cents personnes, par rangs de huit ou dix, hommes et femmes, qui rythment leur marche au chant de la « Marseillaise ! » Voici deux ans et demi que la « Marseillaise » est défendue à Bruxelles ; il suffit de la fredonner au passage d'un a polizei i — m Me ou femelle — pour se voir traîner à la « Kommandantur ®, faire six mois de cellule préventive et s'entendre finalement condamner à quinze jours de prison. Eh bien, dans le noir et le silence de ce matin d'hiver, devant le poste de police allemand installé dans la Bourse même, le cortège défile, scandant le pas, et chantant la a Marseillaise » à pleins poumons... Contre nous de la tyrannie... "Aucun polizei ne s'est montré. Sur la plate-forme d'un tramway qui roule vers la gare du Midi, se tiennent un officier et son ordonnance ; le soldat regarde son maître; l'officier affecte de regarder au loin et tire de fortes bouffées de son cigare. « Laissez donc ; je les rattraperai bien tout à l'heure... » Cela se lit clair comme le jour dams la moue méprisante où se mâchonne le cigare. Le cortège passe. A la « Marseillaise • succèdent la « Brabançonne », le « Chant des Gueux », a Sambre et Meuse », jusqu'au bout du boulevard du Hainaut. Là, il faut se disperser. Ceux qui i partent » (peuvent seuls aller plus loin. Et il n'est plus question de chanter, hélas ! Les crosses des fusils s'élèvent devant les visages des femmes, s'abattent sur quelques poitrines. « Port ! Gehen sie fort !... » C'est l'accompagnement des coups de crosse, et cela se prononce « Fourte... ». On s'embrasse rapidement sous l'ignoble menace; les hommes s'en vont vers la gare ; les femmes regagnent les trottoirs et pleurent dans leur tablier.Le jour est venu pendant ce temps, et l'on voit paraître de tous côtés des petits groupes de quatre ou cinq personnes : un jeune homme matelassé et chargé de paquets (1) marche à trois pas en avant de quelques femmes, la vieille maman, les sœurs, la femme ou la « bonne amie ». L'homme marche à grands pas mous et regarde les pavés ; les femjies trottinent derrière lui en se tamponnant les yeux de leur mouchoir (1) L'équipement des déportés a été fourni par les administrations |oomjnunaleSo ou de leur châle. Ces gens ne parlent pas ; ils vont silencieux et mornes comme s'ils suivaient un enterrement... Un enterrement! Après tout, c'est cela, pour beaucoup de ces malheureux. Au hasard, nous interrogeons. — Vous êtes sans travail? — Non, je travaillais encore avant-hier. — Et vous? — Moi aussi; je n'ai jamais cessé de travailler. Sur cinquante jeunes gens que nous abordons, quarante nous font la même réponse. Mais voici un ouvrier à barbe grise. Il tousse tant qu'il peut. — Vous êtes convoqué? — Oui. Et j'ai cinquante ans et une vieille bronchite. — Vous êtes chômeur? — Pas du tout. Si je ne suis pas « enlevé » j'irai tout de suite à mon atelier. Alors que racontent les avis allemands? Il s'agit, disent-ils, « de procurer du travail à des centaines et des centaines de mille ouvriers qui se croisent les bras et se traînent dans les cabarets; il s'agit de combattre l'amour du jeu et de la paresse, l'insécurité des biens, etc... etc...» Tout en causant, nous voici arrivés sur la place Bara. Il y a là une foule considérable, que des « pâtissiers à cheval » lance au poing, repoussent en ce moment dans les rues voisines. C'est là qu'il faut se séparer. Ah ! ces petits groupes désolés, lamentables, aux visages ravagés de désespoir, aux poitrines tressautantes, getits groupes de getitgs. gens que broie le hasard de cette honteuse guerre !; En voici quatre, entre mille de leurs pareils : le jeune homme en sabots blancs demeure silencieux, les mains embarrassées de paquets, devant trois femmes qui étouffent de sanglots, de pauvres femmes en cheveux et en tablier de cotonnade. Elles le regardent en grimaçant leur douleur, refont un pli du cache-nez, rectifient l'allure du pardessus ; suprême et dérisoire coquetterie.: Mais l'heure s'avance. — Allez! Au revoir, môuma! Un gros baiser. La <t mouma » ne peut répondre. Elle pleure tout haut, —- Au revoir zusterke ! Un baiser également, rapide et sonore. A la troisième. Pas un mot, cette fois. Le baiser se fait lent et doux ; il va d'une joue à l'autre lentement, se détache à regret, recommence. Elle laisse faire, sans bouger. Et il la contemple un moment, les yeux dans les yeux, avec une tendresse qui, valant tous les serments, semble implorer une égale promesse.Elle n'a pas dit une parole, elle ne pleure plus. Et quand il s'en va d'un brusque demi-tour, elle demeure stupide jusqu'à ce qu'il ait diparu derrière les capotes grises là-bas, à l'angle de la rue de France. Alors, c'est la frénétique et bru3ran-te douleur des humbles sans retenue et sans fard... Le cheval d'un '« pâtissier » vient mettre bon ordre à cet accès d'un sentimentalisme que réprouvent les généraux prussieng, Et ainsi, pendant des heures et de«' journées, par toute la Belgique, dos milliers de familles sont allées sanglote»! sur les places où cinglait la rafale, des*; vant les gares sales et lugubres où tant| de beaux et forts , jeunes hommes ont' pénétré, qui ne sont jamais ravenua, 1 *** 1 Voici le testé de la ctmvoe&fÎBït par les « Chômeurs » bruxellois t / ':/( Kaiserlich Deutsche Kommandantur Bruxelles (daite de la pîfetej, : Vous ■ êtes convoqué die vous trouver M 20 janvier 1917, h S heures du maitiii, <îon» la gare du Midi (entrée pao; la. rue de Frainloe).' ïa présente convocation, vous seriez exp&i dié immédiatement : par contrainte ; en ou* tre, vous seriez passible d'une peine d'eni' prismnemieiii't die trais mois au plus on d'une amende pouvant atteindre 1,000 mark,» Comme il se peut q.uie vous soyez eavoyâ fi un lieu de tauvail et ouïe, dams oe cas, voua n'auriez plus l'occasion d'entrer en relation avec les' membres de votre famille, il vous est necamimandé de vous munir d'uaa cou»' vert, d'habillements d'hiver, de «t M •haïmes ch&ns sures. .< Quiconque, souscrit un oomiforat «n BïiirewS de l'indu stoiie, rue Marie-Thérèse, 64, où d« travail en Allemagne ou en BelgdquB est o*<i fort à des conditions très avantageuses, «stj exempté de se présenter à îa gare. GRAF'VON SODEN, Dberst und Kommamdiatjfc, La' présente cauvoea-tioin est à apporter, (A > <r ' ' ■ ^ * . Mercredi 2*7 novembre 1918 69mo ANNEE. — IV0 3LC2> Mercredi S1 novembre 1918

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Toevoegen aan collectie

Locatie

Periodes