Publication autoris�e par l'Autorit� militaire. Troisi�me ann�e. � N* 18. � Juin 1918. ENTRE NOUS Bulletin des anciens El�ves du Coll�ge N.-D. d'Anvers, Directeur : F. DE RAEDEMAEKER. Z. 190 6' O % � BONNE CHX^y^^ � Bonne chance, mon vieux! �, telle est la phrase �chang�e � la vol�e avec une poign�e de mains � un croisement de passerelles ou un �angle de boyau Mais ces h�tifs passants, quel sens attachent-ils � ces mots lanc�s aux cama- rades qui vont au pays du danger et des mor- telles aventures? Les uns souhaiteront un heureux hasard, les �autres prononceront un adieu. Et quelle diff�- rence de sentiment ! � Bonne chance, mon cher �, articulent des l�vres insouciantes avec tr�moussement corres- pondant de la. cigarette qui y pend. Puisse ta bonne �toile faire en sorte que ce ter ou cette balle ne te tombe pas juste dessus, et si cela arrive, c'est le sort imb�cile, h�las, qui a voulu supprimer un intelligent personnage. Ne t'en fais pas, il fallait qu'une pierre tomb�t juste sur ton cr�ne � tel moment! � Mais par d�cision de qui?... de cette brique, bien s�r ! Les autres par contre, en s'engageant dans le �d�dale insaisissable de petites circonstances et de menus �v�nements insignifiants en eux- m�mes, mais souvent d�cisifs, ne penseront pat d�gringoler la pente du sort, b�tement, en sou- bresauts, comme un tonneau cahot� et roulant sa masse imb�cile au gr� des cailloux. Ils ne penseront pas s'en remettre de leur per- sonne � la brutalit� aveugle et la cruelle fatalit� du monde ext�rieur, sans autre protecteur ou garantie contre la pierre d'achoppement, le serpent qui se glisse, le tranchant qui coupe, le feu qui d�vore, le miasme qui s'insinue, l'il- ONDER ONS. Oorlogsblad der oud-leerlingen van het O.L.V. College, Antwerpen. Maria Mater gratia* Tu nos ab hoste protege. lusion qui trompe, le d�sir qui enflamme, l'inertie qui appesantit, les sens qui se fourvoient, que son pauvre esprit humain. t Adieu, mon vieux � voudront-ils signifier, � Dien l'on se remet, � Celui qui � ordonne � ses anges de vous garder dans toutes vos voies et de vous porter dans leur main de peur que votre pied ne heurte contre la pierre �, quand on met en Loi sa confiance et son refuge, car a si le juste tombe, il ne se blessera pas, car le Seigneur �tend la main pour le soutenir �.... t�ut cela sous-entendu, en puissance virtuelle, en compr�hension muette dans le mot (chance t. Il n'y a pas � dire, en ces temps o� nous rencontrons plus souvent la mort sur notre chemin, soit que, visiteuse redout�e, elle frappe bruyamment � la porte, ou que telle une gu�pe affol�e elle vous siffle � l'oreille, soit que les clairons sonnent son arriv�e sournoise sur le char muet des brises nocturnes, soit que la mer la eouve ou que les airs la portent ronronnante du f�lin plaisir de d�truire, ou que les riants arbrisseaux en dissimulent le froid . regard d'acier, soit que la maladie l'apporte, lente et tra�tresse, � en ces temps on se demande si vraiment la vie d�pend ainsi de bagatelles..... capitales. Comme ce soldat qui revenait la nuit de la tranch�e et pensait voir l'artilleur ennemi pr�- parer sa pi�ce � tel moment, la r�gler sur son passage, apporter l'obus fatal, charger, dire en- core un mot, se disposer � d�clancher en cette seconde le projectile qui le frapperait � mort... et voil� qu'un malicieux insecte venait occa- sionner un �ternuement inattendu chez l'artil- leur, qui devait se reprendre.., et l'on �tait pass� quand l'obus arrivait !

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