La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie

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s.n. 1918, 15 Mei. La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie. Geraadpleegd op 12 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/v40js9jt84/4
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PRIX DES ABONNEMENTS 1 mois (ju'n)» &• 3-00. Les demandas d'abonnement sont reçues exclusivement par les bureaux et les facteurs des postes. — Les réclamations concernant les abonne Jnents doivent être adressées exclusivement aux bureaux de poste, ADMINISTRATION ET REDACTION : SI, ■ontagne-atix-Herbcs-Poiagôres, Bruxelles PRIX DES ANNONCES Pet. annonces, la ligne, fr. 1.00. — Réclame« avant les ann., la lig., Ir. 2.50. — Corps du journal, 1* lig , tr. 7.50. — Faits divers, la lig , fr. 5.00« — Nécrologie, la lig., ir. 3.50. — Coin des Eleveurs, an-nonces notariales, avis de sociétés (assembléer, paiement de coupons, tirages), la lig., fr. 2.00. Bureaux de 9 à 17 houres DlrecUon et Administration : g;j° j?,VÏ i? JOS. KORE9GÉE, DIRECTEUR LA GUERRE 1,381 jour de guerre Bien à signaler. Négociations de paix Bucarest, 13 mai : Le Journal Officiel publie un décret royal aux termes duquel, sous réserve de l'approbation ultérieure des Chambres législatives, la région du delta du Danube est placée sous une 1 administration propre dont le siège sera établi & Sulina. Berlin, 13 mai : De l'Agence Wolff : — On mandé prétendûment de Moscou à l'Agence Reuter que le comte Mirbach, ambassadeur d'Allemagne, a remis au commissariat du peuple un ultimatum du gouvernement allemand contenant une série d'exigences dont l'acceptation par la Russie équivaudrait à transformer l'empire russe en protectorat allemand.Nous sommes autorisés à déclarer que cette affirmation est entièrement controuvée. Les négociations entamées avec le commissariat du peuple se poursuivent sur la base du traité de paix de Brest-Litovsk et n'intéressent que le mécanisme do la mise à exécution des accords conclus. Elles ont eu lieu sur un ton des plus courtois et ne contiennent pas l'ombre d'un ultimatum. L'intention de l'Agence Reuter en publiant cette nouvelle est évidemment d'effacer la mauvaise impression produite par les menaces de l'Entente au sujet de la Sibérie < et qui ont eu pour effet de faire rappeler l'ambassadeur de France, ainsi que nombre de consuls de l'Entente. ♦% ' Vienne, 12 mai : ; On mande de Kief à la Neue Frefe Presse que 1 la députation russe chargée d'entamer les ré- ] gociations de paix avec l'Oukraine, partie de t Moscou en compagnie d'officiers allemands, i est arrivée à Kief et y a été reçue par le het-man Skoropadski et le ministre des affaires étrangères. Les négociations de paix seront entamées l incessamment et l'on espère les.voir aboutir à i bref délai. c v Kief, 13 mai ï c Le gouvernement a décidé que les négocia- t tions de paix entre la Russie et l'Oukraine c n'o ont pas lieu à Koursk, mais à Kief même, c Les délégations se réuniront incessamment. ( # 1 La guerre navale ! ■i " I Berlin, 13 mai ï ( L'examen du croiseur anglais Vlndlctive, ] coulé lors de la dernière attaque contre Os- 1 tende, a démontré que ce navire n'était pas 1 chargé de ciment et que ce n'est pas son équipage qui l'a fait sauter. Il a été, au contraire, 1 coulé par le feu de nos canons. Berlin, 14 mai : } Un prisonnier échangé rentré de France dit * au sujet de la perte des deux navires d'avant- ï garde coulés à l'ouest d'Ostende le 21 mars ( qu'ils ont été torpillés, que les Anglais ont as- 1 sisté impassibles à la noyade des équipages 1 sans leur porter le moindre secours et que ce ' lut un petit croiseur français qui réussit à re- ^ cueillir huit naufragés. L'attitude des Anglais f mérite d'autant plus d'être flétrie que tous les * témoins de l'affaire, à l'exception de quelques- ( uns, ont trouvé la mort dans les flots. L'équi- 1 page s'était jeté à la nage, et le sauvetage pouvait par suite s'en opérer sans grande difficulté. « 1 Paris, 13 mai i D'après le Temps, le ministre de la marine, l M. Leygues, a fait à la Commission compétente de la Chambre un exposé détaillé des s conséquences de la guerre maritime. Parlant c des sous-marins, il a dit que, grâce à l'éner- c gique intervention des marines alliées, la situation s'est améliorée, mais qu'elle n'en reste pas moins critique et qu'il s'impose de rendre ( plus efficace encore la lutte contre les sous- ( marins, d'autant plus que les Puissances cen-' ^ traies projettent de mettre de nouveaux sub- c mersibes en service et préparent une offensive 1 de grande envergure. Copenhague, 13 mai : Le vapeur norvégien Dux (1,349 tonnes) a ( 'été coulé par un sous-marin allemand. Le va- 1 peur Naparima, du Lloyd suédois, a été tor- 1 pillé à la côte anglaise, près de Scarborough, ( par un sous-marin allemand : il n'a pas J coulé, mais son équipage l'a abandonné et rencontré plus tard flottant à la dérive; il a été remorqué dans le port de Scarborough. La Haye, 14 mai : Le vapeur américain Chatta Choochee (8,700 1 tonnes brut), qui vient d'être torpillé, était ' l'ancien vapeur allemand Sac'nsen, de la Hnm- ' burg-Amerika Linie. Trois des navires allemands saisis par les Etats-Unis ont déjà été torpillés jusqu'ici. Lima, 13 mai : Le gouvernement a interdit aux navires de commerce de voyager sans en avoir obtenu au préalable l'autorisation spéciale. Exception toutefois est faite pour les voyages à destination des ports de l'Amérique dil Nord, de l'Amérique centrale et du Sud-Amérique. EN ITALIE Rome, 13 mai : La mission militaire russe résidant à Rome vient d'être définitivement dissoute. De nom- * l>reux fonctionnaires militaires et civils, parmi t lesquels le général Gesko, sont retournés à g Pétrograd. Lugano, 13 mai : ^'arrestation de M. Parodi, président de la Fédération de6 armateurs italiens, parait ( Revoir entraîner d'autres arrestations en-core. Le scandale semble devoir prendre j une plus grande extension. •*» Berne, 13 mai : On mande de Rome à l'Agence télégraphique r de la presse suisse : , — Il rési/ite d'un procès qui vient de se ter- j miner à Arizano qu'au mois de mars de cette r année des émeutes causées par la faim se sont c produites dans le village abruzzien Luco Dei r Marsi, qui a été dévasté par le dernier tremblement de terre. Pendant trois jours, l'état de siège a été proclamé au village parce que des bandes do femmes voulaient s'opposer à l'en- t lèvement du blé chez les cultivateurs du vil- t lage, qui en étaient eux-mêmes très- pauvre- p ment pourvus. On a procédé A de nombreuses c arrestations, et quarante et une femmes ont eu r à repondre d'entraves a la réquisition, de ré- i sistance à la police, d'attroupements et' de p dommages causés aux bâtiments publics. Les c prévenues ont été défendues par un socialiste s i qui a pu obtenir l'acquittement de toutes, r quoique le ministère public ait réclamé des r peines d'emprisonnement. R0me, 13 mai : Les agitateurs socialistes Fario, Pace, Sot- q teria, Szn.crnitti, ainsi que l'anarchiste Monte- g ratios, arrêtés à la suite tf une per- n opérée dans le local de la Chambre r I syndicale de Rome, viennent a etre acquittés et ont été remis en liberté. , I M I g! ' Rome, 13 mai : Les dépenses de guerre extraordinaires de l'Italie se sont élevées 'jusqu'il; 31 mars 1918 ù 40 milliards 287 millions de lire. Les dépenses mensuelles se sont élevées de 22G millions de lire à 1 milliard 530 millions de lire. Dans le « Corriere délia Sera », l'éeono-misle Einaudi calcule que les dépenses de guerre, qui s'accroissent constamment, atteindront prochainement 1 milliard 800 millions de lire par mois. Jusqu'à fin 1918, le total des dépenses de guerre extraordinaires de l'Italie atteindra environ 55 milliards. DÉPÊCHES DIVERSES Berlin, 13 mai. — Officiel : L'empereur d'Autfiche et roi de Hongrie a endu hier visite à S. M. l'Empereur, au rand quartier général. Il était accompagné u comte Burian, ministre des affaires étran-êres, du comte von Arz, chef de l'état-major énéral, et du prince de Kohenlohe, ainbassa-eur d'Autriche-Hongrie à Berlin. Assistaient l'entrevue, du côté allemand, le chancelier e l'Empire, le feld-marécliul von Hindenburg t le général d'infanterie Ludendorff, ainsi ue le secrétaire d'Etat von Kuhlmann et le omte Wedel, ambassadeur à Vienne. L'entrevue fut des plus courtoise, et les ques-Lons -politiques, économiques et militaires, aht actuelles que futures, intéressant les rapports des deux monarchies,^ donnèrent lieu à ine discussion approfondie.*Il est apparu que 'accord le plus complet s'est fait sur toutes es questions, avec le ferme dessein de conso-ider encore et d'étendre l'alliance conclue en-re les participants. Les grandes lignes des louveaux accords à conclure ont été définiti-rement arrêtées. Au cours des discussions, il . été donné de constater une fois de plus quels leureux résultats a produit, pour chacune des arties, la glorieuse et ancienne alliance in-ime entre l'Autriche-Hongrie et l'Empire alle-land.«•** V-''v ' Berlin, 13 mai : Le correspondant à Paris du Manchester uardian écrit que la seconde lettre de l'em-ereur Charles ne présente pas l'importance e la première. L'Empereur y déclare être con-aincu qu'il pourra amener l'Allemagne à coulure la paix sous condition de voir les coalisés vacuer les territoires occupés et rétablir l'in-épendance de la Belgique. La Belgique aurait onné son adhésion à cette proposition. A la emande de l'Empereur, le gouvernement rançais aurait donné sa parole de conserver 3 secret de cette démarche. M. Poincaré au-ait, au cours des pourparlers, proposé ù. la lonarchie danubienne de lui céder la Silésie n échange de Trieste et du Trentin. L'empe-eur Charles répondit que la monarchie occu-ait Trieste et le Trentin, tandis que.la France l'avait pas pris pied en Silésie. A une question posée par la Commission des ffaires étrangères, M. Ribot répondit qu'il vait été placé devant l'alternative de décliner offre de la monarchie ou de rompre avec l'Haie. M. Ribot ajouta que M. Lloyd George avait ésité longtemps avant de s'associer à la ré-onse déclinatoire de M. Sonnino. M. Lloyd mis l'avis qu'il ne fallait pas laisser échapper teorge, à diverses reprises, a fait ressortir importance des propositions autrichiennes et ne aussi belle occasion de faire la paix. M. 'oincaré, cependant, insinua continuellement es objections d'ordre constitutionnel contre Dûtes négociations de paix et maintint sa onviction que la guerre ne pouvait se fermier que par la victoire pleine et entière des Jliés. Le correspondant du Manchester Guardian joute qu'au cours du dernier été de nouvelles ropositions ont été faites cette fois à M. riand. Le correspondant rappelle sa commu-ication antérieure dans laquelle il disait que [. Ribot avait délibéré à ce sujet avec tous ïs alliés. Les gouvernements russe et améri-ain, cependant, n'auraient été avisés qu'après ue les propositions avaient déjà été déclinées, L'Agence Wolff note en marge • — Le Bureau télégraphique I. et R. apprend e source autorisée qu'il n'existe pas de se-onde lettre de ''empereur Charles à laquelle article précédent fait allusion. On se trouve onc vraisemblablement en présence d'une ouvelle manœuvre de l'Entente. » « * * Berne. 13 mai : La Commission des affaires étrangères de la ;hambre française a adopté par 14 voix contre L une motion disant que la lettre de l'empe-eur Charles et les pourparlers qui l'ont nc-ompagnée ne constituaient pas une base suffl- ante pour des négociations de paix sérieuses. •*# Berlin, li mai*: On transmet de Genève au « Berliner Lo-al Anzeiger» des nouvelles de Bordeaux et 'autres départements disant que des pluies ^cessantes y ravagent les champs cultivés t que les dégâts causés jusqu'ici sont ex-rêruement élevés. ♦% Berlin, 13 mai : Le professeur Quidde déclare inventée de jutes pièces une information du Daily Mail ui le représentait comme ayant été chargé ar le gouvernement allemand d'entrer en renions avec le président Wilson par l'intermé-iaire du professeur Herron, de Genève, ami ersonnel du président des Etats-Unis. S'il est rai qu'en compagnie de M. De Jong van Beek [ ait rendu visi'ts au professeur Herron. il n'a imais été question entre eux de conditions de aix â offrir à l'Entente, et la scène pathétique écrite par le Daily Mail n'a existé que dans imagination de son reporter. •** Berlin, 14 mai : Au cours de la discussion en troisième îec-jre du projet de loi relatif à la réforme élec->rale, la Chambre des députés a rejeté par Ï6 voix contre 185 l'article 3 établissant le affrage universel pur et simple. *** Berlin, 13 mai : Le Conseil fédéral de l'Empire a décidé, eu gard à la vie chère, de porter de 3,000 à ,000 mark la rémunération annuelle des dé-utés au Reichstag. *** Vienne, 13 mai : Avant-hier, dans !e courant de l'après-îidi, six avions anglais ont attaqué le port lilitaire dans la baie de Cattaro et y ont îté force bombes sans provoquer de pertes i de dégâts quelconques. Un des avions a té descendu et ses occupants faits prison-iers.*** La Haye, 14 mai : Il résulte des informations publiées par la resse anglaise que le gouvernement anglais 'aite de plus en plus l'Irlande en pays ennemi, on seulement les passeports sont devenus bligatoires, mais les lettres et les télégram-îes sont censurés ; en outre .il faut une auto-sation spéciale depuis quelques jours pour asser d'Angleterre en Irlande du cuir, du jivre, du fer, de l'acier, du phosphore, du jufre, du coton, de la glycérine, etc., toutes latières nécessaires â la fabrication du maté-el de guerre. **• La Haye, 14 mai : Le Daily News annonce que le général Shaw, ^commandait jusqu'ici une division an-talse sur le front à l'Ouei t, a été nommé com-lûndant des troupes anglaises en Irlande en împlacement du général Manon. Londres, 12 mai : Les nationalistes irlandais considèrent comme un symptôme inquiétant la démission du général Mahon, ci-devant commandant en chef des forces britanniques en Irlande. **• Manchester, 14 mai : Le Manchester Guardian annonce que ni le service obligatoire ni le Home Rule no seront i établis en Irlande. Bâle, li mai : Du Uasler Anzelger : — La défaite subie par les' Anglais en Palestine est plus grave et plus complète encore qu'il n'apparaissait tout d'abord. D'après les dernières informations, la cavalerie turque a franchi le Jourdain au sud de la route de Jéricho à Tell Nimrin; elle est ainsi arrivée sur les derrières du front principal anglais établi vers le nord. Si l'opération prend une plus grande extension, les Anglais risquent de reperdre Jérusalem. Tokio, 13 mai: Le Parlement a approuvé à une forte majorité la politique du nouveau ministre des affaires étrangères qui a déclaré qu'il n'était^ pas possible au Japon d'abandonner les mesures de sûreté prises â Vladivostock, et a annoncé de nouveaux envois de troupes sur le continent. OPINIONS ET COMMENTAIRES Annexionisme belge. Sous ce titre, de la revue hebdomadaire hollandaise De Toorts : — Le Nieuwe Ratlcrdamsche Courant contient la dépêche curieuse que voici, qui lui a été adressée du Havre : « Le Conseil des ministres s'est réuni hier soir sous la présidence du baron de Broqueville, et après avoir examiné la situation politique et militaire, a adopté un arrêté-loi d'après lequel les fils et petits-fils des habitants de la partie du Lim-bourg qui a fait jadis partie de la Belgique peuvent prendre du service dans l'armée belge. » Tout incroyable que cela soit, nous devons supposer qu'il est question ici du Lim-bourg hollandais, lequel, il est vrai, n'a jamais fait partie de la Belgique, mais que le gouvernement belge s'est efforcé jusqu'en 1839 d'annexer ù la Belgique. Nous ne pouvons croire que le gouvernement belge ait escompté un résultat pratique de cet arrêté pour le renforcement de l'armée belge : on reste même dans l'obscurité quant aux personnes qui sont visées par «les fils et petits-fils des habitants», et l'expression telle qu'elle est conçue semble viser les générations futures. Mais la véritable portée de l'arrêté est évidemment de donner corps aux prétentions belges sur le Limbourg hollandais. » Les vrais « défaitistes », Du député socialiste Mistral, dans l'« Humanité » : — Nous sommes adversaires de la politique inaugurée pjy M. Clemenceau, parce que nous avons conscience que cette politique, loin de nous assurer la victoire, précipitera la retraite. M. Clemenceau parlant devant les commissions réunies des affaires étrangères, de la guerre et de la marine, a caractérisé ainsi la situation: ((Ou nous écraserons l'Allemagne, ou l'Allemagne nous écrasera.» Ecraser l'Allemagne ! Anéantir l'empire allemand et la monarchie danubienne! Vraiment, est-ce bien l'heure de leurrer l'opi-uion avec ces fariboles ? Ne nous grisons pas plus longtemps du refrain : « Nous les écraserons quand nous voudrons et où il nous plaira. » Ne nous payons plus 4e mots, et regardons les choses en face. Il est plus que temps que le Parlement se ressaisisse, qu'il ouvre les yeux à la lumière, qu'il rende la parole au bon sens. Son devoir est tout tracé : il faut qu'il renvoie les mauvais bergers. Le salut suprême de la Patrie l'exige. Nous aussi, nous voulons la victoire; l'idée seule de la défaite nous empoigne le cœur. Au^i n'est-ce pas dans nos rangs qu'il faut chercher les-«défaitistes ». Les défaitistes sont assis au banc du gouvernement : ce sont ceux dont le critérium patriotique se résume en ces mots : Ecrasons l'Allemagne ! et qui en font la base de la politique de la France 1 » Les tentatives de paix. M. le député Jean Longuet critique vertement, dans le Populaire, l'attitude des gouvernements français et anglais qui, à l'en croire, ont laissé échapper à plusieurs reprises, l'cc1 casion favorable de mettre un terme au massacre.— Les événements militaires, dit-il, redoublant d'heure en heure nos angoisses, ceux de nos compatriotes qui ont conservé un atome de bon sens se demandent pourquoi nos gouvernants ont laissé échapper l'occasion de nous sortir de cet enfer. C'est à bon droit que l'opinion s'est étonnée d'apprendre, par la lettre de l'empereur Charles, que l'Autriche-Hongrie — et peut-être aussi l'Allemagne — était disposée à conclure la paix en avril et en mai 1017. D'autres occasions se sont présentées qui, pour n'avoir pas fait autant de bruit, n'en étaient pas moins de nature à mettre fin au conflit. Pourquoi ont-elles été passées systématiquement sous silence? Il est de notoriété que l'influence du parti modéré était prépondérante en Allemagne à l'automne de 1916, quand le président Wilson offrit ses bons offices pour négocier uno réconciliation : or, c'est à ce moment même que M. Lloyd George prononça le fameux discours dans lequel il déclîya QUe les Alliés n'auraient, pas de cesse qu'ils n'eussent anéanti l'Allemagne. Quelques semaines plus tard, M. Lloyd George devenait premier ministre et occupait ce poste quand le président Wilson s'adressa aux belligérants pour leur demander de faire connaître leurs buts de gUerre. L'Allemagne proposa la réunion d'une Conférence; les Alliés répondirent par des prétentions exorbitantes et dangereuses et repoussèrent le projet allemand, ne voyant dans la Conférence proposée que chausse-trappes et embûches. «Peu de temps après que l'empereur Charles écrivît sa lettre historique et durant tout l'été de 1917, Kerenski s'efforça vainement de faire reviser par les Alliés leurs buts de guerre. Le socialisme international demanda ce r et à cri l'autorisation de se réunir à Stockholm. On lui refusa brutalement ses passeports. A son tour, le Souverain Pontife adressa un chaleureux appel aux belligérants pour lts prier de conclure une paix basée sur l'arbitrage international et la limitation des armements. Trotski les supplia de venir prendre place autour du tapis vert de Brest-Litovsk, pour ne pas laisser la Russie seule en fête à tête avec les Puissances centrales. On ne daigna pas même lui répondre. Le président Wilson, revenant à la charge, publia les quatorze articles de son Credo pacifiste, la pi esse du monde entier, et en particulier la presse ennemie, proclama que le syllabus wilsonien était une base idéale pour l'ouverture de •••égoeia-tions. L'Entente y répondit par sa déclaration de Versailles. M. Wilson résuma ses .jUAtorze articles en quatre points fondamentaux : derechef, l'opinion publique en Allemagne et en Autriche se déclara d'accord avec loi et derechef les gouvernements alliés laissèrent é< happer l'occasion propice, alors que l'idée de »jaix commençait à s'ancrer dans les esprits. Si bien que cette paix tant désirée, que nous avons eu si souvent à portée de la main, e't aujourd'hui plus que jamais éloignée de ncus et qu'on se demande avec un serrement ce cœur ce que nous apportera la paix qui tôt ou tard devra se conclure tout de même... » coimiumouÈs orncsELS Communiques des Puissances Centrales. Berlin, li mai. — Officiel de ce midi : Théâtre de la guerre à l'Ouest. Sur les fronts de bataille, la canonnade, qui était devenue plus violente à l'aube, a diminué d'intensité dans la matinée ; le soir, elle s'est ranimée sur un grand nombre de points. Au nord du canal de La Bassée, après une violente préparation d'artillerie, les Anglais ont tenté le soir de fortes attaques locales contre nos positions établies au nord et au sud de Given-chy ; ils ont été repoussés et ont subi de fortes pertes. Grande activité des détachements de reconnaissance. Rien de nouveau à signaler des autres théâtres de guerre, ' " " **♦ j. H Berlin, 14 mai. — Officiel : Un de nos sous.-inarins ayant son port d'attache en Flandre et commande par le lieutenant de vaisseau Lohs, a encorB coulé j dans la partie orientale de la Manche, au cours d'une expédition qui a duré 100 heures, 6ept vapeurs armés jaugeai t au total 22,500 tonnes brut. Il y avait parmi ux deux-grands navires précieux de 3,000 tonnes, armés de plusieurs canons. Tous, sauf un, étaient chargés et l'on peut affirmer avec certitude, vu l'endroit où le torpillage a eu lieu, que leur cargaison comportait surtout du matériel de guerre. Cette expédition de l'habile commandant constitue un exploit remarquable. **# Vienne, 13 mai. — Officiel de ce midi : En Italie, les opérations continuent à être actives sur le front des montagnes. *** Vienne, 14 mai. — Officiel de ce midi : En Italie, les opérations sont toutes pareilles à celles des fours précédents sur le front de montagne* *% Sofia, 10 mai. — Officiel : Sur le front en Macédoine, près de Bitolia, dans la boucle de la Czerna et à l'est du Dobro-polje, la canonnade a été plus violente de part et d'autre par intermittence. Dans la région de la Moglena, nous avons dispersé de fortes patrouilles serbes. A l'ouest du Vardar et près de Doiran, la canonnade ennemie est devenue plus violente. Dans le terrain qui s'étend devant celles de nos positions établies à l'est de Doiran et au sud-ouest de Seres, nous avons dispersé des détachements de reconnaissance anglais. f v v ^ Sofia 13 mai. — Officiel : Sur le front en Macédoine, à divers endroits dans la boucle de la Czerna et sur le Dobro-polje, la canonnade ennemie a été plus violente. Dans la région de la Moglena, des détachements d'assaut serbes ont attaqué nos positions après une préparation d'artillerie; ils ont été mis en fuite par notre feu. Près de Huma et au sud de Gevgeli, la canonnade a été plus violente de part et d'autre à certains moments. Entre le Vardar et le lac de Doiran, les opérations sont devenues plus actives. Après une violente préparation d'artillerie, plusieurs compagnies anglaises ont tenté à deux reprises d'approcher de nos tranchées établies au sud de Doiran ; elles ont été chaque fois repoussées par notre feu avant d'avoir atteint nos obstacles et ont subi de fortes per>es. Au nord du lac de Tahlno, nous avons dispersé par notre feu des détachements d'infanterie et de cavalerie. Dans les vallées du Vardar et de la Strouma, grande activité aérienne ennemie. Berlin, 13 mai. — Officieux : Dans le courant d'avril, nos. ennemis ont perdu 271 avions et 15 ballons captifs. De notre côté, nous avons perdu 123 avions dont 87 tombés en dehors de nos lignes et li ballons captifs. Parmi les appareils ennemis, 22 ont été descendus en combat aérien, 42 par nos canons spéciaux et G à coups de fusil ; 122 avions sont restés en notre pouvoir. En outre, nous avons forcé 20 avions ennemis à atterrir fortement avariés au delà de nos lignes, dont 8 par nos aviateurs et 12 par nos canons spéciaux. Berlin, 13 mai. — Officieux : La nuit dernière, l'ennemi a, dans la région du Kemmel, prononcé des attaques continuelles en vue de reconquérir le terrain" perdu et d'approcher de la colline. Malgré une énorme dépense de munitions d'artillerie précédant chaque. a~ aut et la mise en ligne de renforts considérables et renouvelés sans-cesse, il n'a pa9 atteint son but. Le 11 mai, à 6 heures du matin, après une très violente préparation d'artillerie contre le front de Voormezele-Kemmel, d'importantes forces anglaises et françaises ont prononcé un-e nouvede attaque sans toutefois l'étendre sur toute la .^rne indiquée. L'attaque visait le terrain que nous avons conquis le 8 mars, et surtout la ferme Vrouwelyn. Après une bataille acharnée qui a duré toute la journée et une grande partie de la nuit, la ferme est restée entre nos mains. les troupes d'assaut ennemies décimées par notre feu avaient réussi, la bataille terminée, à se fixer au pied des collines qui se dressent immédiatement à l'est «lu ruisseau de Vyver et à faire approcher quelques avant-postes, de la hauteur 44, Une contre-attaque de flanc débouchant de la roule Vierstraat-IIallebeek les a refoulés plus loin, en même temps que dans la région de la ferme de Vrouwelyn, nos troupes nettoyaient la plupart des nids de tirailleurs les plus avancés. Les combats engagés pour la possession de certains endroits où des Français restent nichés ne sont pas encore terminés. Des hommes d'une de nos compagnies restés longtemps coupés à l'ar-* rière du front ennemi, s'y sont opiniâtrement défendus et ont infligt; à l'ennemi de très fortes pertes*; après quoi, l'ennemi ayant été refoulé, ils ont pu rejoindre leur compagnie. L.a communication avec eux avait d'ailleurs été établie -.u préalable par nos aviateurs d'inlanterre qui étaient descendus très bis.Nos va Munis soldats ont témoigné à leur retour que l'infanterie ennemie tenue constamment sous le feu de notre a.r>-tilierie de gros calibre, avait perdu beaucoup d'hommes Le 12 mai, à l'aube, la canonnade ennemie s'est tout a coup rallumée avec une violence telle que nos troupes s'attendaient ù une nouvelle attaque, que le feu de notre artillerie a toutefois empêché de se produire. De nombreux Anglais et Français de diverses armées ont été faits prisonniers la nuit. Ils avaient été tout le temps mê.és soit en allant au feu, soit en partant comme renfo-ts, et s'étaient battus sans se prêter la moindre aide les ur,.s aux autres. Par la suite, comme il arrive d'habitude, ils se sont rejeté mutuellement la faute de leur capture et de l'échec de l'attaque. I*ur surexcitation était telle que la présente des soldats allemands ne les retenait pus de s'injurier et de se menacer même de voies do 'a;ts Nous avons dû les transférer à l'arrière en colonnes séparées. Tous sont d'accord pour dire que les perles des Anglais aussi bien que des Français en morts et en blessés ont atteint un niveau effrayant pendant la nuit d'hier et aujourd'hui.*** Berlin, 13 mai. — Ofliclâix : Une violente canonnade ennemie a continué hier à sévir avec de courts intervalles tout le long dv front depuis le canal de l'Yser jusqu'à i'ouest ùe Dranoelcr. Vers le soir elle est devenue très violente entre le canal de l'Yser et la région de Baiileul, puis a repris ce matin avec une nouvelle intensité contre la colline du Kemmel. Au nord du canal de la Bassée, une opéra-lion tentée par des patrouilles ennemies a échoué et leur a coûté de fortes perles. Les mines de Nœux ont été bombardées pa'1 nos canons de gros calibre. L'esprit des troupes américaines . est caractérisé en termes significatifs par un officier américain que nous avons fait prisonnier avec deux de ses soldats pendant une attaque de patrouhes contre. nos Ignés. Son témoignage ^ confirme qu'on est absolument las de la guerre {£ dans les rangs de ses camarades et il va jusqu'à : àt dire : « Je suis convaincu que de tout mon régi- ! 3U ment il ne reste pas un seul homme qui demande e à se battre. » Quant à la preuve dê l'impor tance i^ de l'action de nos sous-marins, qui obligent jS l'Amérique à faire des tours de force ; -.ur éco-, nomiser Une tonne de tonnage, on la trouve net- ; ,s tement exprimée dans une leltre trouvée suç un ; [e prisonnier. Cette leltre, expédiée le 13 mars 1918 | de Rochester, annonce à son destinataire que les ! colis adressés aux membres du corps expéditionnaire ne sont acceptés par la poste que moyen- , nant un avis du commandant du régiment al-flrmant l'urgence de l'envoi. *t ^ ^ j e Berlin, 13 mai. — Officieux j é Dans le secteur de l'Avre et de l'Oise, l'activité u de l'artillerie et des patrouilles s'est restreinte h aujourd'hui à cause de la piuie et du temps cou- vert qui a gêné l'ennemi plus encore que notre 1 x feu destructeur, dirigé avec violence contre les h camps, les routes, et les lieux de concentration ! ,f des troupes françaises. Des patrouilles de recon-r naissances ont été facilement repoùssées dans le e secteur de Montdidicr et de l'Oise. Dans la rô- j gion de Sugoy, une attaque prononcée par no.us [_ a pleinement réussi, malgré la vive résistance n des Français. N'ayant subi nous-mêmes que des : pertes minimes, nous avons ramené des posi- j tions françaises de nombreux prisonniers et des ; mitrailleuses. e *** Berlin, 13 mai. — Officieux : Le 10 mai eu soir, des troupes d'attnque françaises, fortes d'une compagnie, ont attaqué nos s positions établies dans la vallée supérieure de la g Munster (Vosges). Leur attaque s'est éoroulée devant notre première ligne sous le feu de notre artillerie et de nos mitrailleuses'. L'ennemi a subi de fortes pertes et a été forcé de regagner ses l tr anchées de départ. Pour toute perte, nous n'a-vons èu qu'un soldat légèrement blessé. L'opérait tien ennemie a complètement échoué, quoique e les Français aient lancé plus de 5,000 grenades sur nos lignes, employé des obus à gaz et dirigé ■s un feu de diversion sur une partie de notre po-e s tion voisine de leur secteur. ° Communiqués des armées alliées e Paris, 13 mai. — Officiel de 3 heures : Activité des deux artilleries en quelques points du front au nord et au sud de l'Avre. , En Lorraine, nos drétachements ont pénétré s dans les lignes ennemies au nord de No-' meny et ramené une vingtaine de prison- : niers. Dans la région de Saint-Dié, un coup de main ennemi a échoué sous nos feux. Nuit calme partout ailleurs. *** l Paris, 13 mai. ■— Officiel de 11 heures : Aucun événement important à signaler en . dehors de bombardements assez vifs de , 5' part et d'autre, notamment sur les deux n-ves de l'Avre. à s Londres, 13 mai. — Officiel ï Dans la vallée de la Somme et^dans certains r secteurs entre Locre et la forêt de Nieppe, ; l'artillerie ennemie a été active. La canonnade r allemande a été des plus violente ce matin , au nord de Serre ; toute la journée, elle a été u intense sur la partie méridionale du front bri-^ tannique, ainsi que dans les secteurs situés au nord du Kemmel. Pour le reste, rien d'important à signaler. *** u Rome, 13 mai. — Officiel i La nuit du 12 mai, après une violente pré-^ paration d'artillerie, l'ennemi a attaqué nos j nouvelles positions près du monte Cormo. Ar-n rêté par notre feu et sous nos contre-attaques, q il a dû Se retirer et a subi de fortes pertes. e Sur le reste du front, activité habituelle de s l'artillerie et des patrouilles. e tïTfTT, wii .BnrmwnMamn^i«n w i * i i mmm Les événements de Russie Paris, 13 mai : u Les journaux annoncent que la disette s'ac-^ centue de plus en plus à Pétrograd. La ration de pain ne serait plus que de 51 grammes par e jour. La viande et les légumes font presque t entièrement défaut. La foule a plusieurs fois ^ assiégé les magasins de vivres, mais la Garde Pvouge a chaque fois rétabli l'ordre par une in-^ tervention sanglante. Les ouvriers des fabri-ç ques de munitions, surtout ceux des Usines Poutiloff, refusent de reprendre le travail. * Dans plusieurs petites localités situées près de Pétrograd, la population n'a pas reçu de pa*n pendant quatre jours consécutifs. Des révoltes ont éclaté.'Les soviets locaux n'ont pu procurer qu'un peu d'avoine à la population affamée. a y. * ^ Stockholm, 14 mai : s D'après un télégramme de Helsingfors, le e total du butin de.guerre fait en Finlande est r extrêmement considérable : il atteindrait une ' valeur de 6 milliards de mark. La famine est imminente à Helsingfors et à Viborg. r .t « * * Stockholm, 13 mai r s Un journal russe publié à Helsingfors et in-a spiré par la chancellerie russe annonce que a M. Chichérine a chargé son ambassadeur à [■ Berlin de porter à la connaissance du gouvernement allemand et du ministre de Finlande à e Berlin la nomination du colonel Kwarko en qualité de ministre de Russie en Finlande et de protester contre, la saisie pur le gouvernement finnois des navires de la Croix-Rouge s russe. Le même journal prête au commissaire russe pour la marine la déclaration officielle suivante : 1 — Nos rapports politiques se sont dessinés clairement. L'intervention allemande en Fin-s lande se borne à faire respecter la clause du traité de paix qui assure à la Finlande l'autonomie et l'indépendance, l'Allemagne ayant P déclaré elle-même n'avoir aucune visée sur ce pays. » 9 PETiTES NOUVELLES é s LES RESTAURANTS DU HAVRE a Dans un journal belge, M. Heinzman-Savirto 1 décrit comme suit la situation alimentaire au 1 Havre r e — Gîte introuvable et, dans les hôtels, prix e à l'avenant. Le Havre est bondé d'Anglais et 1 d'Américains qui, les, premiers surtout, dépensent sans comptcr. On ne se montre pas 6 regardant pour le présent quand l'avenir peut être court. Aux tables des restaurants, comme ; partout, le pain est sûr et indigeste. Mais là où s'assoient les Britons, la plupart officiers 3 et beaucoup accompagnés de leur femme, 5 presque toujours le Mumm ou le Keidsick 1 montrent par-dessus les rebords des seaux à " glace leurs têtes dorées ou argentées. Bien entendu, cela c'est l'extra. Quant à ce que doit coûter l'extra, on peut s'en faire une idée par les prix de l'ordinaire. Dans un res-5 taurant, pas des premiers ni même des se-3 conds, où nous déjeunâmes à la carte, voici 1 ce qu'on nous a servi r Plat du jour, c'est-à-- dire carré de porc, purée de pommes (exacte- 1 ment deux cuillerées), fromage, un gruyère 2 (pelliculaire, diaphane, impondérable}... plus un verre de bière, le « tout » au prix assurément inattendu de fr. 8.50. Il convient d'ajou- '} ter que ce total comprenait 1 franc de couvert ? et 50 centimes au garçon, lequel à ce taux du ? pourboire ne .jugea pas nécessaire de re- 3 mercier.» | PETITE GAZETTE " Où j'en suis?... A devoir condamner ma porte. Je suis 1£, r dans mon bureau, et je n'y suis pas : j'ai donné e un tour de clef à l'intérieur et, au moment o même où j'écris, j'entends s'éloigner le pas de' e Dieu sait quel malheureux qui, vainement, est à venu frapper à mon huis. J'ai pris, il y a dix - minutes, la résolution de ne plus être là pour e personne. Je sais bien qu'il y a des chances e pour que je ne tienne pas cette résolution it pendant longtemps r on se connaît ou on ne se '- connaît pas. N'ai-je pas pris hier soir, sous - couleur que le tabac coûtait les yeux de la t tète, l'engagement de ne plus fumer de ma 8 vie ? Or, le coq qui fait le beau dans le jardinet s de ma propriétaire n'avait pas chanté trois fois ce matin que j'avais violé une demi-doq-i- zaine de fois cet engagement. C'est lamentable ;- autant que bête, mais c'est ainsi. Cependant, que voulez-vous que je dise au* gens qui viennent me raconter leurs misères, ou plutôt que voulez-vous que je fasse pour é eux ? Car on trouve toujours quelque chose à e leur dire, et même parfois des paroles utiles i- qui les consolent, qui les réconfortent, qui leur e rendent le sourire parce qu'elles leur donnent s le vague espoir que demain sera, meilleur n qu'aujourd'hui. Mais ces gens ne m'ont pwi t. quitté d'une minute qûeM'ai le sentiment très 0 net de ce qui se passe dans leur esprit. Ça .. peiit se résumer à ceci : s — Sans doute, sans doute!... Mais le moin-e dre grain de mil eût autrement fait mon af-s faire... » Or, ce grain de mil, où voulez-vous que fe s le trouve ? Ce qu'il y a de déconcertant — de déconcertant pour moi, à tout le moins — c'est qu'il y ait encore tant de citoyens qui ne se doutent pas de la misère profonde qui règne dans leurs entours. Il ne se passe pas " de jour que je n'entende ces mots sortir de la a bouche de quelqu'un : e — Pour moi, vous savez, la guerre peut durée ^ longtemps encore... » . Egoïsme ? Non pas — au sens complet et vraiment ' odieux du mot, à tout le moins. C'est plutôt " une espèce d'indifférence qui les aveugle, qui ^ les empêche de voir ce qui réellement à côté s d'eux et tout autour d'eux se passe. Il est en-é tendu — je ne sais plus quel philosophe a dit cela — qu'il ne faut pas creuser sous les fondements, mais encore ne faut-il pas se contenter de ne considérer que les apparences. — Enfin, me disait hier un ami de province avec qui, vers midi, je prenais l'apéritif à la terrasse d'un café proche de mon bureau, je ne suis pas loin de croire que tu exagères. Vois s donc toutes ces midinettes.qui passent: elles ont encore aux pieds des chaussures «pota- 1 bles » et elles ne sont pas si mal nippées que I cela. Tiens ! pige-moi ces deux jeunes filles qui bras dessus bras dessous s'amènent... » 3 Je ne sais et ne veux pas savoir où certaines femmes trouvent les moyens de s'habiller, mais pour ce qui est des deux jeunes filles que me montrait mon ami, je sais à quoi m'en tenir. Un signe, à leur passage, et elles vinrent 1 vers nous. Une minute après, elles avaient pris a place à notre table et les présentations étaient I faites. Oui, elles étaient encore convenablement chaussées et nippées, ces deux sœurs... C'est vous, ô charitable Madame X..., qui, voici près s de trois ans, m'envoyâtes ces robes et ces bottines, et vous avez ainsi non seulement fait '' couvre de miséricorde corporelle, mais peut-être encore œuvre de sauvetage moral... Car a sans cela, 6ans ces petites choses, elles au-j_ raient pu fort mai tourner, ces jeunesses, jo-' lies comme elles sont. ' Avec leur approbation, j'insinuai des bribes de leur histoire à mon vieil ami : — Oui, fit-il, mais enfin la mine de ces enfants-là n'est pas mauvaise... » Elle n'est pas mauvaise, en effet, et j'en suis fort heureux. Mais depuis deux ans, vous . m'entendez bien, ça n'a pas mangé gros comme le poing de viande ; ça n'a pas mangé ' de pommes de terre en dehors de celles qui '• leur ont été, dans les proportions que vous savez, distribuées par les services de l'Alimentation ; ça n'a pas cassé un œuf ; ça n'a pas " absorbé une tranche de lard — et c'est miracle que ça tienne encore debout et que ça puisse ! travailler dix heures par jour à faire de la couture et moyennant, entre parenthèses, un salaire de quarante sous. Je leur ai demandé si la guerre, pour elles II aussi, pouvait durer longtemps encore, ain*i r qu'elle peut durer pour mon ami : e — Nous autres, on a du courage. Mais père s est malade, mère est malade et la gamine est e malade... » J* Or, mon ami et tous ceux qui tiennent le même langage que lui ne sont que des excep-s tions. La masse parle autrement parce qu'elle '• souffre et qu'en dépit de son courage et des e apparences elle ne tient plus debout. Encore n ces deux jeunes filles ne représentent-elles pas s tout à fait cette masse, puisqu'elles travaillent l_ encore et qu'encore elles ont quelque chose à » se mettre aux pieds et sur le dos. Les lamentations qui viennent des profondeurs se font chaque jour plus fortes et plus e aiguës. Il faudrait que tous ceux « pour qui la ;t guerre peut encore durer» y songeassent et e _ jg ne parle pas de mon ami qui est l'un des plus chauds philanthropes que je connaisse — qu'ils eussent sans cesse à l'esprit et dans le cœur la préoccupation de lui venir en aide. Le patriotisme, par le temps que nous vivons, i- est surtout dans la solidarité, en dehors de e quoi il n'est que lettre morte et phrases creuses, i En attendant, j'ai consigné ma porte et donné un tour de clef à l'intérieur... i 1 Un vieux type _ Notes d'un campagnard : e Je retrouve dans mes cartons ce croquis, e vieux de dix ans. Il porte en épigraphe le pre-e mier vers d'une vieille chanson : N'allez pas si vite, si vite, si vite. C'est le portrait du défunt cycliste, aujour- - d'hui oublié. Je ne change pas un iota i ma 1 prose jaunie comme une charte d'Albert de Cuyck : 4 — Coin ! coin !... Drigne !... Hep là 1... et puis 2 rouf!... il passe comme le vent, il est déjà loin ; c'est le cycliste objectif. Il a une jolie machine toute neuve, de course naturellement — aujourd'hui, on n'est pas vé-loceman sans machine de course — ou une vieille bécane ridicule et tintamarresque qui crie comme un chien qu'on rosse et sur ia- 3 quelle il se fait littéralement crever ,iour i'hen-J neur de ses jarrets et de son souffle. Dans le second cas, il rêve d'en avoir une neuve (de t course) dans quinze jours, un mois: ce sera t une date de sa vie, l'achat de cette machine. Le cycliste objectif est le roi de la route, s l'éternel souci des mères, l'objet de la haine t des piétons, le croquemitaine des petits en-e fants, qui répètent tout le temps en allant à i l'école : « Maman a dit de marcher sur le bord s du chemin, sur le trottoir... » Quatre-vingt-dix; , pour cent des vieux ouvriers et des mendiants. des béquillards et des culs-de-jatte, des ma-i lades en convalescence et des sourds, des conducteurs de charrettes à chien ou à baudet, e sont atteints de cyblophobië. Il écrase chiens, e et poules, et piétons, tombe et se ramasse, ré- - coite des ecchymoses et parfois des peignées !- soignées, et repart de plus belle, auréolé d'un i nuage de poussière ou crotté de boue. Il s'en- - traîne. Il est très fier de sa maigreur et ne pèse que a trente-cinq kilos — un jockey ! —■ quarante- 5 quatre avec sa machine. Sa machine, mon - Dieu !... C'est sa seule amoureuse, sa machine; - pour elle, il est devenu mécanicien ; pour elle, t il a les mains sales; pour elle, il néglige sa i femme. Il irait dormir avec sa machine; ses - rêves sont constellés de machines. Je ne dis pas vélocipède, ni même vélo : vélo est su- Eiïorcrerîà 15 19*8 3 JOURNAL QUOTIDIEN — Le Numéro : 15 Centimes 5* Année. — w 1254

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Dit item is een uitgave in de reeks La Belgique: journal publié pendant l'occupation sous la censure ennemie behorende tot de categorie Gecensureerde pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1914 tot 1918.

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