Numéro 105 TROISIÈME ANNÉE JANVIER 1917 PRIX DU NUMÉRO — Élastique, de zéro à l'infini (prière aux revendeurs de ne pas dépasser cette limite). LA LIBRE BELGIQUE T'ai foi dans nos destinées; un Pays qui se défend s'impose au respect de tous : ce pays ne périt pas ! Dieu sera avec Envers les personnes qui dominent par la force militaire nous dans cette cause juste. FONDÉE no,re pays' ayons les eSards <iue commande l'intérêt gé- Albert, Roi des Belges (4 août 1914I. neral. Respectons les règlements qu'elles nous imposent Acceptons provisoirement les sacrifices qui nous sont im- LE 1" FÉVRIER 1915 ^us.i longtemps qu'ils ne portent atteinte ni à la liberté poses... et attendons patiemment l'heure de la réparation. £e nos consciences chrétiennes m a noire D^eJ^/no- BULLETIN DE PROPAGANDE PATRIOTIQUE — RÉGULIÈREMENT IRRÉGULIER NE SE SOUMETTANT A AUCUNE CENSURE Adresse Télégraphique : KOMMANDANTUR—BRUXELLES Bureaux et Administration ne pouvant être un emplacement de tout repos, ils sont installés dans une cave automobile. ANNONCES : Les affaires étant nulles sous la domination allemande, nous avons supprimé la page d'annonces et conseillons à nos clients de réserver leur argent pour des temps meilleurs. M EHCI ! Au seuil de l'an nouveau il est bon de se recueillir. Pour nous Belges, 1914 s'acheva dans le frémissement sacré des actes héroïques mais aussi dans le sang... 1915 fut une année d'épouvante... 1916 une année de larmes... L'année qui s'ouvre sera l'année non pas de l'Espérance, mais du triomphe final du Droit, de la Justice, de la Vérité... Nos amis Anglais avaient vu clair quand ils nous disaient : Il faudra trois Noël s... Trois fois le doux anniversaire a illuminé la nuit sainte. Quand reviendra dans le ciel rasséréné l'étoile d'or des bergers et du Mages, des humbles et des grands, les anges chanteront : Paix aux hommes de bonne ■volonté ! La Paix aura reconquis l'empire du monde. C'est notre incoercible foi. Notre souhait de nouvelle année n'est autre que celui-ci : AYEZ CONFIANCE, AYEZ CONFIANCE ! * ■* * L'heure n'est pas venue de remercier ceux qui ont donné et donnent à la Patrie leur sang, leur travail, leurs veilles, leur ^sollicitude; la tâche glorieuse n'est pas remplie. Elle s'achève Nous n'avons pas à remercier les Nations neutres qui ont compris à leur convenance le rôle qui leur incombait. Elles •ont dans le secret de leur conscience à peser les raisons qu'elles auront à présenter au tribunal de l'Histoire, quand on leur demandera pourquoi le glaive n'est pas sorti tout seul du fourreau lorsque notre pauvre Patrie violée luttait et tombait pour l'indépendance des petites nations; pourquoi elles n'ont pas menacé le farouche Germain lorsque la civilisation était mise en péril dans notre Belgique bien-aimée. Nous osons dire ce qu'on disait de la France en 1870, s'il y avait eu une autre Belgique, notre Belgique n'aurait pas succombé. Peu importe! Notre salut sortira de notre droit pour la défense duquel nos grands et magnanimes alliés luttent avec un courage sans défaillance, mettant au premier plan de leurs propres soucis, celui de la restauration de notre indépendance et de toutes nos libertés. La paix que l'Empereur d'Allemagne offre à ses adversaires avec ce geste et ce ton et cette morgue qu'un acteur seul sait mettre dans son jeu-aux feux de la rampe, ce n'est pas la' bonne, la douce Paix qui s'appuie sur la justice... Elle sonne faux. En vain Guillaume II parle d'humanité. Ses armées nous ont! fixés sur ce qu'il faut entendre par l'humanitarisme allemand. Nous étions fixés d'ailleurs par les sentiments des ancêtres. Quand en 1870 on suppliait le vainqueur, au nom de l'humanité, d'avoir pitié de la France, l'homme de fer répondait : « Sans doute la France est pleine de charmes, de finesse, de beaute, mais il faut une bonne fois serrer ses doigt délicats jusqu'à ce que le sang jaillisse d'entre ses petits ongles roses. » A ses propres pasteurs qui l'imploraient au nom du Dieu de paix et de miséricorde, le Grand Duc de Bade refusait toute pitié : « Es ist das Kriegsrecht. Es Kœunte noch liber zugehen. C'est la loi de la guerre Ça pourrait être pire encore ! » Ils sont tous les mêmes, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. Nous ne croyons pas à l'humanité allemande. Elle n'existe pas. * * * Quoiqu'il en soit, nous nous devons à nous mêmes de dire aux hommes de cœur qui ont bien vouiu ne pas abandonner leur poste aux heures impressionnantes de l'envahissement, à quel point leur dévouement nous touche. Ceux ministres d'Amérique, d'Espagne, de Hollande, aux ministres des Etats résidant à Bruxelles, au nonce du Pape nous offrons avec respect et avec reconnaissance l'hommage de notre gratitude immense... Pour le pain qu'ils nous ont donné, merci! Pour les secours qu'ils nous ont fait obtenir, merci ! Pour les condamnés à mort dont ils ont obtenu la grâce, merci ! Pour les larmes qu'ils ont séchées, merci! Pour les incomparables douleurs qu'ils ont adoucis, merci ! Pour leur intervention en faveur d'innombrables déportés, merci ! Pour tout ce que nous ignorons et qu'ils ont fait pour la Belgique martyre, merci ! Et puisque nous sentons l'impuissance de montrer que nous n'oublierons pas, nous emprunterons aux malheureux la formule sacrée et touchante qui remplace toutes les autres parce qu'elle prend le ciel — témoin — Dieu vous le rende! LA PLAIDOIRIE DES BRIGANDS L'esclavage dans l'exil, les travaux forcés imposés aux Belges au profit de leurs ennemis, provoquent dans le monde civilisé une énorme émotion. Nous ne pouvons en mesurer m l'intensité ni l'étendue parce que les négriers, effrayés de ce mouvement universel, nous privent impitoyablement de tout renseignement à ce sujet; l'entrée même des journaux hollandais germanophiles qui en rendent compte est supprimée. Nous savons cependant certaines choses : nous savons que le Pape a énergiquement protesté; que, n'ayant pas obtenu satisfaction, il a stigmatisé publiquement dans le dernier Consistoire les agissements criminels de nos ennemis; que les Cardinaux autrichiens ne se sont pas séparés du chef de l'Eglise dans cette condamnation, et que, comme suite de l'attitude du Souverain Pontife, les relations entre le Vatican et Berlin sont extrêmement tendues ; — nous savons que le peuple hollandais Prière de faire circuler ce bulletin.

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