La semaine d'Averbode

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A SEMAINE dflVERBODE , Dieu Famille Patrie ABONNEMENTS : Belgique | £; fJJ;| BïitarÊ S J» Averbode, 31 Mai 1914. Pauvres esclaves ! . a vraiment un aspect engageant, ce cabaret, dont l'enseigne « Au Bienvenu » semble annoncer l'accueil réservé au client de passage. L'intérieur en est gai et d'une très grande propreté. Chose rare, au lieu de ces chromos graveleux qu'on voit un peu trop dans les salles de cabaret, il y a un Christ appendu au-dessus de la glace de la cheminée. Une des tables est occupée par deux ouvriers tellement absorbés dans une passionnante discussion, qu'ils en oublient leur verre de bière. — C'est dimanche à trois heures l'installation du syndicat et il faut absolument que tu y sois, Jacques. — Ne compte pas sur moi, Jean-Pierre, je n'y assisterai pas. Je te l'ai encore dit l'autre jour, jamais je ne ferai partie de ton syndicat socialiste. — Alors tu ne veux pas t'unir aux autres pour la défense de nos intérêts communs? Tu sais pourtant bien que le syndicat est le seul moyen de nous défendre contre la rapacité des patrons qui vivent et mènent la vie M| grâce à nos sueurs. — Je sais et je comprends que le syndicat est une excellente chose pour Bn l'ouvrier. Si celui que tu vas inaugu- SK rer était uniquement professionnel, je W& n'hésiterais pas une minute de m'y g affilier ; mais jamais je n'entrerai dans &ÊÊ un syndicat où l'on devient fatalement l'esclave de chefs qui n'ont d'autre but que leur intérêt personnel. — Et si c'était un syndicat fondé par le curé ou par un calotin ou l'au- tre, tu en serais un des premie;s.... ph1 — Sûrement, parce que je serais jgs certain de ne pas être exploité et que P| mes intérêts seraient en bonnes mains. Dans vos syndicats socialistes, on ne parle jamais que de nos droits, mais gy jamais de nos devoirs, alors que les uns ne vont pas sans les autres ; on D n'y est nullement libre, car on doit | s'y soumettre aux décisions prises par des | I chefs qui ne vivent pas notre vie et sans | 1 avoir consulté les vrais intéressés. — Si on se choisit des chefs, c'est bien leurs idées qu'il faut suivre, et ils sont bien plus malins que nous autres pour diriger nos affaires et défendre nos revendications.— Alors, mon vieux, quand on se choisit un patron qui paie un salaire raisonnable, ce sont ses iiées et non les nôtres qu'on doit suivre ; il est aussi plus malin que nous pour diriger son affaire et nous fournir de la besogne en temps voulu. Il doit bien sûr retirer un profit du capital qu'il a engagé et des peines qu'il se donne ; c'est de la justice cela. Si, d'autre part, il nous paie un salaire rémunérateur, il fait droit, dans toute la mesure du possible, aux justes revendications que nous lui présentons, pourquoi devrions-nous lui jeter la pierre, lui susciter des ennuis parce qu'il mènerait une vie plus large que la nôtre ? Ne fait-il pas ainsi marcher d'autres commerces qui font vivre d'autres ouvriers,?... — Je comprends, Jacques, que si ce patron-là ne faisait pas droit à tes revendications, tu ne te mettrais pas en grève. — Je ne dis pas cela. Si nos revendications étaient justes et fondées et que tout moyen d'entente était devenu impossible, alors la grève serait juste et nous pourrions nous en servir pour la défense de nos intérêts, tout en nous cantonnant dans les moyens légaux. La grève ne profite à personne, car si le patron y perd un peu d'argent pendant sa durée et des commandes dans la suite, nous, ouvriers, nous y perdons immédiatement des salaires et des chances de travail dans l'avenir. On dit, en justice, qu'il vaut mieux un mauvais arrangement qu'un bon procès ; on pourrait en dire autant dans les luttes entre le capital et le travail, et c'est pourquoi, si les deux parties raisonnaient d'après ce principe, je crois qu'il y aurait souvent DURAZZO, LA CAPITALE DE L'ALBANIE. — Une rue du quartier du port conduisant'au konak ou palais royal. s- Année ~ \ HUMÉRO 22 <

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