Le matin

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20 november 1918
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s.n. 1918, 20 November. Le matin. Geraadpleegd op 08 mei 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/5h7br8ng06/
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^MeP8r»di 20 Novembre Mil —— DIX CENTIMES _ ADMINISTRATION 39,VIEILLE ROURSE, 3S 1 ANVERS Téléphone Administration : S 61 C. de CAUWER, Directeur Annonces : Annonces la petite ligne, fr. 0.33& Annonces financières id. » 1 OO Bâclâmes ia ligne, » 1 .£îO g S^alts divers corps id. » 3.00 ■ Chronique sportive id. » 3.00 Fait# divers fin id. » S OO 1# Ville id. » S OO Emissions Prix â convenir. Les annonces de la France, de l'Angleterre et de l'Amérique sont exclusivement reçues à Bruxelles chez Mm. J. Lkijègue & Co. \ LE MATIN JOURNAL QUOTIDIEN RÉDACTION ! 39,VIEILLE BOURSE, 39 ANVERS Téléphone Rédaction t $lf Abonnements ■*, l Un an fr• Anvers ' Six mois . . : m. f Trois moi» . I Un an . . . f £ , Intérieur ; Six moi» . . * > , I Trois mois . . t . ^ Étranger : France, Angleterre,. Allemagne et Union postale, par trimestre, fr. ' : Hpll&nde et Grand-DuchiS, par trimestre L'abonnement se poursuit jusqu'à refus formel. L'Entrée triomphale du Roi ZjSl population anversoise a fait à la Famille JRoyale une réception délirante L'arrivée au pont de Burght — Vers l'Hôtel-de-Ville — La réception — La promenade triomphale — Le défilé de l'armée — A la Cathédrale — Le départ. AU PONT CE BiSRJàHT Tj11 temps de gris, coupé de loin en loin par des balayées Je soleil. Malgré tout, la route est encombrée depuis huit heures du matin déjà. Des curieux ont liasse le pont et s'échelonnent le long de la route, à perte de vue. Vers la rive gauche, l'entrée du pont est décorée de trophées aux couleurs nationales. A la rive droite, un peloton de lanciers 6Jaligne et attend. — Nous avims vécu des heures de repos plus mouvementées, nous déclara l'un des cavaliers. Les pralines lancées par les canons n'étaient pas inof-î'ensives, mais on demeurait, attendant les ordres. A ce moment son cheval fait un écart,. effrayé par le ronflement du moteur d'une auto. — Tranquille... stop.... brave bête, va. Elle s'effraye d'une auto, d'un camion... mais elle ne bronche iras au feu. Voioi qu'arrive l'escouade des agents de police anversois, pour assurer l'ordre, conduite par M. Drianeourt. Des voitures suivent amenant les memb.-es de la Députatiou permanente, MM. M011-tens d'Oosterwyck, Caron, M. Van Olmen, représentant le Bureau, M. de Cock de Rameyeri. Le général Divubbel passe, accompagné de la mission militaire française. L'imperméable bleu d'un des officiers à la suite jette une note de lumière heureuse et gaie parmi les uniformes khaki. Le gouverneur de la province, M. van de Werve et de Schilde, arrive à- son tour. Le,', officiers belges saluent le général français Tîonquerolles, chef de la mission. Parmi le public plusieurs personnes le prennent pour le général Léman. — Notez ceci, nous dit aimablement l'un des officiers, votre vaillant compatriote, l'héroïque défenseur de Liège, /" LE SÉRIÉRAL LEftlAfi arrive aujourd'hui même à Bruges, où il est attendu.LE CSRTÈGE ROYAL Une sonnerie de cavalerie stride dans l'air. A clieval. C'est que le cortège royal est annoncé. En tin clin d'œil, tous les soldats ont mis^abre au olair, présentent les aimes, et les automobiles du cortège royal, — huit en tout, — sont déjà là. A la sortie du pont, arrêt. Les acclamations s'élèvent, joyeuses. On acclame le Roi, la Reine, les Princes. Sa Majesté Albert, silhouette très martiale, (écoute les paroles de bienvenue qui lui sont adressées, il s'incline en même temps pour répondre aux acclamations de la foule et salue encore de la main les curieux qui, m;^ré la haie de soldats, arrive jusque sa voiture. La Reine est coiffée d'une toque de fourrure blanche. Sa délicate silhouette se détache dans l'ensemble gris du paysage comme un délicat et fragile camée. Des fleurs, des orcliideés mauves iui sont offertes en même temps que deux jeunes filles remettent au Roi deux brassées de lauriers enrubannées aux couleurs tricolores. Le prince Léopold, très crâne d'allure, demeure effacé dans l'angle de la voiture, passant 1-es fleurs à notre Reine, en un mouvement câlin et plein de caresse, à la fois ferme et douce. Un coup de clairon. Des acclamations plus'vio-lentes et plus triomphales encore et le cortège s'éloigne.— Tiens, il pleut! Voilà déjà cinq minutes que nous étions chapeau. en main, près l'auto royale et nous ne nous étions pas encore aperçu de la participation réglementaire de la pluie nationale à notre joie nationale.A L'HOTEL DE VÏLLE Dès 10 heures les abords de l'hôtel de ville sont noirs de monde. C'est d'abord la fanfare « De Broedrebar, d », qui vioi. p ondre place à côté de. la statue de Brabo. L'hôtel de ville a pris son air des grands jours, du plus grand jour qu'enregistreront les fastes de la métiropole. Partout une profusion de fieurs et d'oriflammes. Au fond de la -Salle des Pas Perdus sont placés les bustes du Roi et de la Reine entourés de lira peaux belges et de ceux de nos Alliés. Tout ce qu'Anvers compte d'autorités est présent. Nous notons tout le Conseil communal, le gouverneur de la province, les sénateurs, tout le corps consulaire, les membres du tribunal, le barreau, >?tc. Vers midi les acclamations annoncent l'approche de nos souverains. Le bourdon sonnant à toute vo- I iée, accompagne la Brabançonne carillonnée. Le Roi et la h'eine, précédés du Bourgmestre, font ïeur entrée à l'hôtel de ville par le grand escalier d'honneur, le long duquel se trouve la police à Cheval en grande tenue, sabre au clair. Au haut de l'escaiie»!', la Reine est complimentée au nom des dames anversoises par Mme Oster-ïieth, Mlles Bunge et Soeten, qui remettent de superbes gerbes d'orchidées à la Reine, tandis que Mme Osterrieth Lui souhaite la bienvenue et exprime toute la reconnaissance des Anversoises à îaotre Souveraine, qui pendant ces quatre terribles lannec^ de guerre a été la vaillante mère de n.o» Ikr» % eti soldats. Le Roi et la Reine sont accompagnés des princes JArpoîd et Charles, et de la maison, militaire. notons encore: le général François Ronque-frollcs, et son chef de l'état major Bouvard, le major anglais Vivian, le colonel américain Cresson. Le Roi et sa suite se rendent dans la salle attenante à l'auditoire du Conseil communal où il lui J*t servi une oollation. I . ^Les Souverains se rendent ensuite dans la salle j ys. Toutes les personnes massées dans la salle j i pas-perdus leur font de vibrantes ovations. (Jtm&d l'enthousiasme s'est un peu calmé, le < pcrargtbïstre prend la parole. Il prononce le dis- i Jciïm suivant; e B1S08USS 033 BOURGiiyîESTRE Sire ! Madame ! Altesse Royale ! A l'heure solennelle où Vos_»Majestes font leui entrée, dans Anvers redevenue libre, c'est pour l'édilité un, honneur inestimable de leur présenter ses hommages et l'impérissable reconnaissance de notre Ville. Pendant quatre années nos troupes ont combattu avec un courage imposant pour la liberté de notre chère Patu-ie. Chaque jour notre population a suivi, souvent le cœur serré mais toujours avec un courage indomptable' les formidables événements qui se déroulaient; elle a fébrilement attendu la victoire, le triomphe du Droit ,mais par-dessus tout elle avait devant les yeux la fidélité à la Patrie et la grande figure de son Roi héroïque. ePndant que nos vaillants soldats bravaient toutes les horreurs inimaginables de la guerre, ils étaient soutenus par la présence du Roi et de la Reine; ils savaient la parole chaudement rele-'vante et le sourire aimable de leur Roi; ils savaient qu'il se ti$uvait au milieu de ses soldats qui combattaient; que Sa Majesté la Reine 6e tenait au milieu des blessés, et que le monde avait les yeux fixés sur le Roi et la Reine, symboles vivants de la lutte et des souffrances de la Belgique. Le peuple savait ainsi que si les combattants avaient un héros pour chef, nos gas blessés trouvaient une mère compatissante et portait partout l'espoir et l'a consolation. Et bien avant l'âge, Vos Majestés ont offert à la Patrie leur plus cher trésor, Vous, Altesse Royale, qui vous trouviez sur le champ de bataille comme le plus jeune parmi de plus anciens frères d'armes- Dans une union étroite avec nos héroïques alliés, notre armée a obtenu la plus formidable victoire de l'Histoire. Le monde s'est trouvé en admiration devant notre petit pays qui'a montré tant de grandeur dans la résolution et dans les actes et dans sa lutte pour le Droit ! La défense de. Liège, les batailles autour d'Anvers, la retraite stratégique de toute notre armée de campagne, les faits, d'armœ formidables à l'Yser et, tout dernièrement l'attaque triomphante de l'armée en Flandre, voilà qui, à côté des actions d'éclat de nos ancêtres, vivra pour toujours dans l'imagination des générations futures. Notre déjà si glorieuse Patrie sort de la lutte, plus grande que jadis en considération et en gloire, grâce à la vaillance du Roi et do son peuple, Sire, la Ville déclare solennellement que la plus profonde reconnaissance envers notre illustre Maison pirincière et l'armée belge restera gravée dans le cœur de la population anversoise. Elle a versé des larmes amères pour la mort héroïque de nombreux concitoyens, car tous les rangs de la société ont été durement frappés, et le peuple pleure les héros qui vc'.-sèrent leur jeune sai'ig pour la Patrie et qui dorment maintenant leur éternel sommeil dans la terre de Belgique. Honneur à leur mémoire! La Belgique n'oubliera jamais ses fils! Les années d'épreuve ont lourdement pesé sur Votre peuple, Sire; et une longue route doit encore être franchie avant que les soucis et les privations soient complètement finis et que la prospérité soit rétablie, mais la population dont le cœur déborde de joie et de fierté nationale, n'a en ce moment qu'un vœu : faire revivre la Belgique et, par un travail actif et paisible, se montrer digne de ses Souverains et de la glorieuse Armée belge! Vive le Roi! Vive la Reine! Vive la Famille royale! Vive la Belgique! Le Roi répond en disant combien 1! si l'tureux de se retrouver à Anvers, dont il a toujours admiré la fidélité. Sa Majesté exprime l'espoir de voir notre viile mondiale reprendre bientôt tout son essor, que notre fleuve reviendra" à la vie et sera plus puissant que jamais. Il est procédé ensuite aux présentations. Le Roi s'entretient particulièrement avec MM. Strauss et Franck. Au. dehors, la foule impatiente réclame ses Souverains. Quand le Roi paraît au balcon entouré de la Reine et des deux princes, une ovation formidable éclate. Tout le monde agite mouchoirs et drapeaux, tandis que le Roi salue de la main et que la Reine, la figure éclairée d'un lumineux sourire, incline la tête. C'est un moment d'émotion intense et tous ont les larmes aux yeux. Le Roi et la Reine reprennent place dans leur auto, qui tout aussitôt est couverte de fleurs que l'on jette de toutes parts. Lentement, au milieu des acclamations enthousiastes, le cortège reprend sa route vers les-avenues où a lien la revue des trou [tes . LA REVUE Toute la foule revenant de Burght, à l'entrée en ville, se disperse vers l'avenue du Sud, et vient grossir de son affkienee les innombrables curieux qui se sont placés déjà le long de l'artère centrale, attendant patiemment le moment du défilé et ovationnant avec une vigueur toujours renouvelée les détachements de soldats qui vont prendra leur place.L'aspect du boulevard est d'un rare pittoresque. Des échappées de soleil font scintiller les extrémités dorées ou argentées des hampes, les drapeaux déploient harmonieusement leurs couleurs. Les poteaux-soutiens des fils du trolley supportent les grappes d'hommes et d'enfants. Les curieux Les plus aptes aux prouesses gymnastiques ont envahi les arbres et se sont commodément installés .ur les maîtresses branches, régardant d'un œil go-rnefiard la foule ne jouissant pas de premières lofes à'Ussi rustiques. Une estrade a été dressée pour la Famille royale t les délégués militaires; une seconde estrade 6st éservée aux invalides de la guerre: un rang de o'idats mutilés occupe les chaises de face et k l'ar rivée de chacun d'eux, la foule, empoignée d'émoi, pousse un long cri d'enthousiasme: Vive l'armée belge! Vive nos soldats! Les estrades ont été édifiées exactement à l'endroit habituel des « parade-marches » d'il y a quelques mois. Au lieu des lourds coups de bottes, de la raideur mécanisée à outrance des soldats aujourd'hui disparus, en une exode sans grandeur, mais (iétenant tout de même le record de la marche en arrière, nous entendrons dans quelques minutes le pas. alerte, dégagé, nerveux de nos troupes, défi-.lant en marche accélérée, d'un, effet auquel nous n'étions pas habitués avant la guerre. .Quelques minutes avant une heure, au lointain, vers l'avenue De Keyser, s'élèvent les cris acclar mant notre Famille Royale. La rumeur en arrive jusqu'à nous, grossissant à chaque seconde. Ce sont les automobiles royales, toutes fleuries qui ajipa-raissent, avançant lentement, malgré que la voie soit absolument dégagée. C'est une véritable joie pour la foule. Elle a le temps do se griser les yeux de la vue du Roi, de la Reine, des jeunes Princes. Elle a le temps de les acclamer, en des élans de joie frénétique, car chacun y va franc jeu, s'ima-ginant naïvement que son cri, arraché au cœur par toute la passion heul'euse de revoir des Souverains aimés, sera distinct du même cri poussé par le s ' isin. .. . autos s'arrêtent. Le Roi prend posément place \ is à vis du fauteuil qui lui est destiné. La rai-, dc-iu' d'attitude des cérémonies officielles d'autrefois a complètement disparu de ses attitudes. Celles-ci sont empreintes d'un calme paisible, souple, n'excluant pas la force bien disciplinée. A peine arrivée, la Reine entr'ouvre son manteau de pluie. Frêle et gracieuse et toute mignonne, elle apparaît ainsi, se détachant dans le fond sombre de la tribune, comme une radieuse vision, une œuvre de Tanagra symbolisant la-bonté, mieux encore: la charité. La sveltesse élégante du prince Léopokl attire tous les regards. Chacun admire l'aisance pleine d'une crânerie de bon aloi avec laquelle chacun de ses gestes s'exécute. L'uniforme de marine, de drap sombre, du prince Charles détache nettement sa physionomie blonde et accentue l'étonnante ressemblance maternelle, un peu triste, un peu rêveuse.A une heure précise, après une longue sonnerie, le défilé militaire commence. A titre documentaire, les troupes de la revue étaient placées sous les ordres du général Gillain et furent présentées à Sa Majesté Albert 1er par le général Drubbel, qui se plaça durant tout le dé-■ filé à la gauche de la tribune royale, dans laquelle avaient encore pris place les membres de la mission française et les autorités civiles supé»ieures. Notons encore la présence des généraux Greindel et Arnold. Les cavaliers- ouvrant la marche apai«'tenaient aux lanciers. Venait ensuite la musique du 6e de ligne, envoyant auv échos les notes allègres et martiales, frisson de gloire et de vaillance : la marche d'Entre-Sambre-et-Meuse. L'état-major de la première division était sous les ordres thi lieutenant général Drubbel, celui de la 2me division d'infanterie était commande par le général Cabron. Nos soldats ont gaillardement défilé dans l'ordre suivant: le 6me régiment de ligne, fort de trois bataillons; un bataillon du 5me de ligne; un bataillon du 15me de ligne. Après ce défilé, la musique du 7me de ligne remplaça celle du 6me et la revue se continua par l'état-major de la Sme division d'infanterie, sous les ordres du général major Détail. Suivirent alors le 7me régiment de ligne (3 bataillons), un bataillon du 16me de ligne, un autre du 17me et le 8me régiment du génie. Passèrent ensuite l'état-major du commandant de la division d'armée sous les ordres du général maior Ivestens, un groupe d'artillerie de 7,5, un groupe d*ob"usiers de 105 et un groupe d'obusiers de 155 et clôturant la revue, uu groupement léger comprenant une compagnie cycliste, deux escadrons de cavalerie et des autos-mitrailleuses. L'IMPRESSION DE LA FOÏILE Affranchissons-nous Un instant d* l'emballement, de l'ivresse heureuse qui nous travaillent depuis plus d'une huitaine. Une constatation s'impose: jamais encoVe il nous avait été donné d'accla-_mer une revue militaire méritant au plus haut point tous les bravos. Certes, autrefois, avant le déchaînement de la guerre, les revues offraient un coup d'œil plus chatoyant. Les -ors dès galons, le coloris des équipements avaient un caractère pictural indéniable. Mais combien aujourd'hui la vision de jadis est dépassée en grandeur, en majesté, en force. Nous avons vu défiler, 11011 plus des gris-vert de campagne, à la marche paradante scandée avec une lourdeur de mastodonte, mais des bataillons alertes, fringants .légers, impeccables au défilé, sans un ordre lancé trop haut, exécutant tous le même geste un peu pareil à un signe d'adoration voulue de plein gré, d'un même élan du cœur: face au Roi, co pendant que chaque officier, d'un geste d'une même dramatique ampleur, saluait de l'épée. Nous avons vu défiler les glorieux étendards tricolores, les uns encore frais et frangés d'or, les autres ternis et déchirés par les rafales de plomb sous lesquelles ils ne s'étaient pas abaissés, mais tous portant dans leurs plis glorieux des noms désormais célèbres, que nos petits-fils épèleront avec émotion parce qu'ils sont les jalons de notre marche à la victoire, parce que ce furent eux qui obligèrent la libération de notre territoire: Yzer! Moorslede ! Reigersvliet ! Et voyez leur prestigieuse influence, à ces noms de gloire, notre foule, à laquelle trop fréquemment l'on reprochait son apathie, se découvre d'un même geste, vis-à-vis de chaque drapeau, acclame longuement l'armée et les cris d'allégresse, toujours aussi vibrants, se terminent chaque fois en apothéose dans un appel d'ivresse et de prière ardentes: Vive le Roi! Vive la Famille Royale! Bien des yeux se sont mouillés durant le défilé militaire, bien des lèvres ont tremblé fébrilement de profonde émotion, tous les sentiments éprouvés par la foule se résolvant en urne adoration sans borne et pour nos vaillants enfants d'une armée véritablement nationale, et pour leurs officiers, ces autres vaillants du devoir, et pour celui qui incarne toutes nos espérances : le Roi. LES CHIENS DU RÉSUMENT Tout le monde se rappelle l'inévitable incident de chaque revue d'autrefois. Au moment précis oti le champ réservé au défilé des troupes était nette- , ment dégagé, un chien, régulièrement un représentant de toutes les races canines réunies en lui, franchissait lès cordons d'agents de ville et se faisait admirer avec une insolence pi'ès de laquelle celle des barons Zeep actuels ést insignifiante. L'inévitable cabot n'a pas paru, cette fois. Il s'est terré, honteux, penaud, devant l'allure des chiens de régiment Chacun de ceux-ci possède en effet un brave toutou, imperturbable oomme un vétéran, adoré comme une petite maîtresse. Ils ont défilé également, hier après-midi, arborant au collier le ruban tricolore et trottinant, en volontaire personnage sur lequel la discipline n'a pas d'influence, soit à. côté de la musique soit auprès du drapeau, risquant parfois une randonnée tout autour du régiment dont ils connaissent et aiment tous les hommes.Naturellement la foule suivait avec amitié le va et vient des braves bêtes, admirant leur allure désinvolte.Les attelages de chiens des mitrailleuses eurent aussi un gros succès. C'est un réel plaisir à vclr toutes les bêtes donner du collier dans un effort précis, sans flottement et, de loin en loin lever leur grosse bonne tête vers l'un des conducteurs, qué-mendant une rapide caresse de la main, qui leur est toujours rapidement accordée. L'ARTILLERSE Ce fut également un très gros succès de curiosité. En voyant défiler les obusiers de 155 la même pensée naissait dans l'esprit de chacun: Quel effroyable vent de mort doivent semer ces engins! et, à cette pensée chacun faisait un retour ému, en pensée, vers ceux que ces formidables engins avaient fauché. Les sentiments de la foule ont la mobilité des caprices féminines. En voyant les servants d'artillerie, commodément installés, le fusil entre les jambes, la mine un peu goguenarde, en reluquant au loin les fantassins s'éloignant au pas relevé, chacun, enviait, momentanément, la veine des artilleurs, paisiblement véhiculés. Clôturant le défilé, les cyclistes ( irent également leur part du succès populaire, ainsi que les deux escadrons de cavalerie et les quelques autos-mitrailleuses, une nouveauté, généralement pour la foule. La FAILLE ROYALE Dès les débuts de la revue, le Roi qui s'était reposé un instant, se redressa, en même temps que la Reine et les Princes et que les autor'tés militaires entourant le groupe royal A chaque régiment qui passait, comme à chaque drapeau s'incùnant en salut, le Roi et les deux Princes saluaient, militairement, la Reine s'inclinait d'un geste de douce souplesse et parfois plaçait un mot auquel le Roi répondait fréquemment par un sourire. S'apercewmt à un moment que les deux Princes étaient assez éloignés d< lui, le Roi les rapprocha, d'un mot, et dès cet instant le groupe se trouva bien homogène, bien uni, dans la vision de toute la foule, con me il vit tout entier dans le cceur de chacun. LES HYftINES NATIONAUX La revue est terminée. Le général Drubbel fait avancer son cheval vers le Roi. Celui ci lui adresse quelques paroles. Le général fait "-citer sa monture, traverse le boulevard, lance un bref ordre et immédiatement la musique militaire entame la Brabançonne Ah! l'inoubliable minute! Quelle iragnifique re-van'che de toutes nos misères passées. Comme cette minute paie les tristesses, efface des regrets et des rancœurs. C'est que la Brabançonne ne "chante pas seulement pour nous l'heure enfin venue de la victoire. C'est qu'elle ne dit pas, dans ses clairs accents, nos espoirs renouvelés au-j jurd'hui. Elle nous raconte, parce qu'elle planait aussi au-dessus des champs de bataille, comment elle pansait, par ses rythmes vibrants, les blessés tombés dans l'action, comment elle leur insufflait la vaillance stoïque de souffrir pour la patrie et la liberté. C'est qu'elle venait enfin, pieusement recueillir le dernier soupir des mourants et que ses accents chéris, bénis, adorés, vibraient et emiortaient avec •ieux leurs derniers soupirs, vers cet empire où la mort même est impuissante ét nulle: la Gloire! Immédiatement après s'envole la Marseillaise. Pouvons-nous cesser de pleurer, tant notre émotion est poignante? Ici c'est l'étertiel chant de rébellion contre l'oppression, hymne f gaiement sacré pour tons ceux qui sentirent pe er sur eux un quelconque joug. Et nous avons mesuré sa pesanteur, stoïque. gardant intactes nos idoles, notre Roi, notre Liberté. Le jour est enfin arrivé, ô bénie Marseillaise ! Le « Go-d save the King » vibre à son tour. Il dit à nos cœurs la calme endurance.et la volonté inébranlable qui animait tous nos allns du Royaume-Uni et, finalement, l'air natknal américain «Stars and Stripes » grave, d'allure sévè e. semble une large et mouvante invocation adressée au Droit Avoir vécu ces quelques i: stants compense largement tout ce que nom avons supporté depuis près do cinq années. Les ans peuvent - ajouter aux ans, l'oubli de ces minutes est désormais impossible.LE RET01IR VERS LA VILLE Immédiatement après, les autos s'avancent. Léger remous dans la foule qui franenit les cordes et entoure le véhicule royal. Les acclamations repartent de plus belles ce pendant que nos souverains se placent. Le cortège s'éloigne vers le Théâtre flamand et nous coupons au plus court, par la place de Meir. Mais voici que l'escorte royale des lanciers arrive au grand trot, s'arrête et t%,ut à coup, avançant au pas de promenade, le cortège royai apparaît. directement cette fois en contact avec la foule. Ah! Sire, comme vous avez dû ser.tir, à ce moment que tous les cœurs battaient à '.'unisson du Vôtre, que Vous étiez plus même pour nous tous que le Roi, que Vous étiez l'incarnation de la Pâtre!Permettez à un modeste journaliste de Vous faire connaître ce détail de reportage. Il y avait, proche votre auto, une humble femme du peuple^ les mains jointes, en un geste de touchante adoration, et qui disait, — non, qui priait: — Madame, la Reine... notre bien-aimée Reine... notre Reine de bonté... et ses fils, ses braves enfants... Et dans un mouvement 6pontaré, l'humble femme osa ce geste suprême, audace permise pour elle, se sachant perdue dans la foule : elle envoya deux baisers fous, mouillés et sanc 'fiés des larmes qui sillonnaient son visage, à vous, ô Reini, et à vos fils, nos Princes. A L'HOTEL de SCHSLDE Après la revue, le cortège rcyal se rend à l'hôtel de Schilde, au Kipdoiq., où le gouverneur de la province, comte van de Werve ot de Schilde, reçoit Leurs Majestés et leur suite et où un lunch a lieu. De là, le cortège royal se rend A LA CATHÉDRALE Dès 1 heure, la foule a pris possession de t;rtt le parcours qui menait de l'hôtel do bchidle à la cathédrale. La foule attend sur tout le naroourB. Elle ne s'impatiente -pas, on «*ult.e an contraire! la joie est peinte sur tous les visagee; un ar.-ent patriotisme fait battre tous les coeurs. Mais le temps passe; il est i heures quand 1» clairons annoncent l'arrivée du oortège royal. Le Roi, la Reine et les deux Pri .ces «ont reçus sous le grand portique du temple par'le cardinal Mercier, entouré de tout le dergé en grande twi-ue d'apparat. C'est le cardinal Mercier qui oouhaité la bienvenue aux Souverains et à lerars sugsste# enfant. « Sire, ainsi s'exprime le cardinal, hier, grâce à votre bravoure et à votre ténacité, vous jjous avez soutenus dans le chemin de l'Honneur, de la Gloire et de la Vertu ; aujourd'hui nout vous suivrons dans la voie de lu paix et de 'a fraternité. » S'adressa-nt à la Reine Mgr .Merci»]1 J.ul dit combien tout le pays a sans cesse admiré ses nobles vertus. Notre Reine sera un grand exemple d'a.b-négation dans notre histoire. Elle s'est sacrifiée avec un dévouement sans pareil pour soutenir et encourager nos soldats; Elle- fait l'admiration du monde entier. Le Roi remercie chaleureusement le cardinal et> précédé de tout le clergé, le cojtple royal accompagné de ses enfants, se rend dans la nef pour assister au Te Deum. A ce moment, le carillon lance les aooents de la Brabançonne dans les airs et tout à l'heure, quand, après le Te Deum, le cortège royal quittera ia cathédrale, les grandes orgues aux sons puissante et pénétrants feront retentir sous les nef* majestueuses le chant national' de? Belges. Dire l'émotion qui étreint en ce moment ton# les assistants serait impossible. Des larmes perlent à toutes les paupières... C'est encore un moment d'émotion interne... LE DÉPART Après le Te Deum, le cortège royal, en suivant l'itinéraire que nous avons publié hier, et ton-jours frénétiquement acclamé par une foule énorme, regagne le pont de Burght pour se rendre à Ga'nd. P. L, La Ville Une manifestation Les société» anversoises s'apprêtent à îètor brillamment la victoire des alliés. Une réunion de toutes les sociétés dramatiques, littéraires, musicales et populaires s# tiendra aujourd'hui à 8 h. 1[2 du soir au local El-Bardo. A l'ordre du jour : organisation d'une grande manifestation populaire et patrioti-que.Les sociétés sont priées d'envoyer chacune deux délégués. * * Ârachné à l'œuvre Mais que faire en un gîfe Sinon que de songer... Certes, nos dentellières flamandes n'ont guère pensé de même durant le lustre terrible et sanglan t qui vient de se dérouler: et. tout au moins celles qui n'ont pas du fuir devant les hordes envahissantes, semant la destruôJS^p tion, le pillage et la mort sur leur passage, sont restées au gîte fermement,obstinément. Sûrement, elles n'oublièrent pas le père, le fils, le frère, le fiancé défendant avec uuo ** ' énergie'farouché, une gloire impérissable le lambeau de Patrie auquel l'Yzer avait marqué une infranchissable limite. Malgré que leur esprit s'égarât ver.- las champs de bataille, où la mitraille faisait rage, .et dont leurs oreilles percevaient le tonnere lointain et angoissant, leurs doigts n'en couraient pas moins agiles, maniant fébrilement, le fuseau ou l'aiguille sur le cous* sin, tandis qu'une larme discrète s'échappait, de temps à autre, do leurs paupières au souvenir des absents. C'est ainsi que pendant que nos braves conquéraient à la Belgique un renom inégalé, les obscures dentellières tissaient des chefs-d'œuvre qui font, eux aussi, honueur à notre pays. Nous en avons vu un peu partout de ces chefs-d'œuvre dont l'idée dominante est celle de la P atrie : armoiries des pays alliés, écus-sons de nos neuf provinces, blasons do la Belgique, portraits do nos bien-aimés Souverains et de leurs Enfants ; ils iront porter bien loin l'affirmation que la femme belge, si ingénieuse, si réellement artiste, ne le cède, en rien, au point de vue patriotique à nos vaillants soldats. V * * * Bons de réquisition Il parait probable que des dispositions spéciales seront prises incessamment en ce qui concerne les bons de réquisition délivrés par les Allemands, on ce qui concerne aussi les propriétés ou matériel détruit ou saisi pour lesquels des bons de réquisitions réguliers n'ont pas été délivrés, des prêts éventuels seraient consentis aux intéressés. * * * L'armée belge à Paris Une division de l'armée belge ' figurera dans l'entrée triomphale des A-lliés à Psris. * * * Le Roi à Bruxelles C'est décidément le vendredi 22 novembre que le Roi Albert fera con entrée triomphale à Bruxelles. Le Roi entrera dans !a capitule À la tèi« „ de ses troupes. Il sera accompagné d'uu âé-

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Dit item is een uitgave in de reeks Le matin behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Anvers van 1894 tot 1974.

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